Attention, je ne livre ici que des ressentis, il ne s'agit pas d'une vraie chronique à proprement parler, ça viendra sûrement plus tard


Et voici l'album par lequel j'ai définitivement décidé de lâcher le groupe ! A l'époque, j'avais en effet été déçu par Metropolis Pt.2, puis Six Degrees of Inner Turbulence, puis Train of Thought ... Ca commençait à faire beaucoup, et cet Octavarium a représenté pour moi le vide absolu en matière de créativité du groupe.
En effet, même si pour moi, le groupe se dispersait on-ne-savait-trop-où sur ses derniers opus, je parvenais encore à trouver certains repères, certaines atmosphères, certains titres qui me plaisaient encore, il y avait encore une patte, ce genre de griffe immédiatement identifiable et qui fait qu'on sait pourquoi on aime un groupe.
Et puis là, rien ... Hormis la superbe intro de "The Root of All Evil", qui reprend les choses là où elles s'étaient arrêtés avec "This Dying Soul" et qui me fait penser à un film de guerre, séquence operation commando, tout ce qui suit n'est que de la merde pour moi. La ballade "The Answer Lies Within" arrive au mauvais moment et se révèle à mes oreilles aussi gnangnan que pas du tout inspirée. Puis arrive le reste et là, j'ai l'impression de ne plus du tout reconnaître le Théâtre du Rêve, qui se délâbre progressivement devant mes yeux, avec des titres qui ne m'accrochent pas du tout.
Après un voyage dans le néant où j'ai l'impression que le groupe picore des idées à droite à gauche sans rien chercher à arranger arrive "Sacrificed Sons" et là, ultime regain d'espoir, je retrouve la mise en scène spectaculaire de mon Théâtre tel que je l'aime: le morceau est pesant, menaçant, inquiétant (vu le sujet traîté, difficile d'en faire une fanfare, c'est vrai). La montée en puissance est réelle, James LaBrie est redoutable de noirceur sur ce titre, la partie instrumentale est absolument énorme, haute en intensité et ouvre une des plus brillantes interventions de Petrucci sur cette espèce de riff syncopé avant l'ultime refrain ! Grandiose, tout simplement, et là, je me remets à espérer le meilleur pour cette longue pièce qui va suivre, le titre qui donne son nom à l'album: le forcément immense "Octavarium" !
Las !.. Le morceau est chiant à démarrer, chiant dans tous son déroulement puis chiant à la fin. Bref, c'est un désastre ! Je me dis: "Ok ! C'est bon, je laisse tomber ce groupe, ils n'ont plus rien à dire ! C'est fini !". Le fait que certaines subtilités semblaient de plus adressées aux musiciens (à ce que j'avais pu lire à l'époque) n'a fait qu'ajouter à mon dégoût du groupe.
J'ai laissé tomber ...
Puis on me fait parvenir ce fameux Score, qui me donne envie d'acheter le DVD. Puis vers la fin de ce brillant concert, je redécouvre le morceau "Octavarium" sous un autre jour. Le côté visuel aidant, j'arrive à mieux repérer les passages-clés du titre et, surtout, j'en découvre d'autres (comme cet excellent instrumental qui a fait l'objet d'un dessin animé, qu'on peut voir sur le DVD mais aussi ici, pour les curieux).
Ni une ni deux, je me repasse le CD ... qui ne me quitte plus depuis trois jours !!!
J'en arrive même à me demander pourquoi je n'ai pas aimé ce CD. Je pense que cela vient du fait que le groupe me décevait de plus en plus et que rien ne m'avait immédiatement interpellé sur leur dernière offrande.
Car Octavarium, l'album, est peut-être l'un des disques qui demandent le plus d'écoutes de la part du fan de Dream Theater ! Les titres, même s'ils sont plutôt instantanés pour la plupart, font malgré tout preuve d'une énorme richesse. Simplement, celle-ci est présente d'une autre manière.
Je trouvais Petrucci bien discret et, même s'il exécute effectivement mille fois moins de soli que par le passé, que d'interventions lumineuses de sa part sur tous les titres de cet opus ! Tout comme Jordan Ruddess qui se fait particulièrement plaisir, le bonhomme assurant des arrangements de dingo, même sur les titres les plus brutaux comme "Panic Attack", une merveille de speederie intense !
Et des merveilles, ce disque en est bourré finalement ras-la-gueule. Chaque titre est différent et, pourtant, il y a une homogénéité incroyable. Le groupe est quand même parvenu à faire cohabiter le pur heavy thrashisant avec des titres tubesques comme "I Walk Besides You" ou atmosphériques comme "These Walls".
A l'image de son morceau-titre, Octavarium est en fait l'oeuvre de musiciens qui ont cherché à réellement se faire plaisir du début à la fin et qui, de ce fait, ont peut-être ravivé la flamme qui animait la musique des années 70, où les groupes faisaient de la musique juste pour faire de la musique, sans se soucier si tel titre pourrait faire un bon single ou si tel autre ne sera pas trop choquant pour les fans.
Bref, voilà un VRAI disque de progressif, qui ne s'impose réellement aucune limite, le disque d'un groupe définitivement libre de faire ce qu'il veut. Un disque écrit par des passionnés à l'attention des passionnés. Un disque de musiciens, quoi !
Verdict: 4,5/5