Nous sommes en 1984:en ces temps antédilluviens,la scène metal hexagonnale est particulièrement vivace,avec TRUST,SATAN JOKERS,WARNING et autres SORTILEGE qui font résonner de riffs plombés la France frileuse de Drucker et son Champs Elysées!
En cette belle année donc,les mecs de VULCAIN sont déjà de vieux routards de la scène,et ce boulet rouge qu'est "Rock'n Roll Secours" va à tout jamais changer le paysage du hard-rock de chez nous,ainsi que la vie de milliers de métalleux comme votre serviteur!
Musicalement qu'en est-il? Voix graisseuse (aux antipodes du chant de castra typique des groupes de metal Français d'alors),basse ronflante,rythmes pied au plancher et influences rock omniprésentes...vous l'aurez compris,le modèle avoué s'appelle MOTÖRHEAD qui règnent alors en maitres sur le royaume des décibels,et VULCAIN est donc le premier groupe de "speed" comme on disait à l'époque à sévir sous nos douces contrées.
"Ebony"sur laquelle le groupe règle quelques comptes avec son ancienne maison de disques ouvre le bal et annonce la couleur:riff ultra-rapide et refrain entêtant.
Pas le temps de souffler avec "Le King" et son refrain en écho sur rythmique à 100 à l'heure.
"Les Damnés" offre un petit répit,ce titre lent aux paroles poignantes à la gloire de la classe ouvrière n'étant pas sans évoquer TRUST.
On repart sur les chapeaux de roue avec le redoutable et un peu mysogine "Pile ou Face" qui débute avec une basse grondante,puis part sur un rythme saccadé et débridé rappellant quelque-peu "Iron Fist" de qui vous savez.
Vient alors le titre éponyme qui commence sur une intro heavy et menaçante,avant de foncer sur la roue arrière avec un riff répétitif et implacable ainsi qu'un refrain hurlé:véritable hymne qui deviendra incontournable lors des milliers de concerts que donnera le groupe.
VULCAIN se paie ensuite un petit délire égrillard avec "La Digue du Cul",vieille chanson paillarde qui elle aussi sera systématiquement interprêtée en live!
Suit "Le Fils de Lucifer",véritable pièce d'anthologie avec sa structure à tiroirs et son côté épique.
La forge continue à cracher fer et feu avec "Vulcain",titre le plus rapide de l'album sur lequel VULCAIN flirte avec le speed-metal proche d'un METALLICA naissant.
"L'Enfer",avec ses couplets accompagnés d'une seule batterie effrénée et son refrain blindé d'un riff implacable est un hymne à la gloire du père Lemmy.
L'album se termine avec deux derniers brûlots:"Overdose" et sa rythmique en triolets overspeedés et "Bosser" ou le groupe fustige le patronnat,doté d'un leitmotiv de guitare obsédant et imparable.
Alors certes,le son est celui qu'il pouvait être en 1984 et il faut remettre les choses dans leur contexte,mais ce skeud n'en reste pas moins une bombe de speed-rock (ou appellons-ça comme on voudra) qui 23 ans plus tard continue à tourner dans mon lecteur sans que jamais la lassitude ne pointe.
En 1985 VULCAIN sortira le très bon mais plus nuancé "Despérados" qui en ce qui me concerne marquera la fin de mon idylle avec le groupe,ce dernier suivant par la suite une voix qui me séduira moins.
Depuis,VULCAIN,lassé d'un contexte Français assez peu propice au hard-rock a raccroché les gants,mais aura marqué au fer rouge l'histoire du hard-rock Français,et même du hard-rock tout court!
En fait moi aussi j'adore "Desperados",c'est avec "Big Brothers" que j'ai commencé à décrocher.
