
Dans la catégorie "curiosités qui valent le détour", j'ai l'honneur de vous présenter DragonForce ! Anglaise, la formation officie dans un speed metal de prime abord classique, à savoir une succession de morceaux très mélodiques et aux cavalcades effrénées, comme le veut le style. Sauf que là, ce n'est même plus de cavalcades dont il s'agit mais bien d'explosion du mur du son !
De mémoire de metalleux, je n'avais encore jamais entendu ça ! L'exécution des morceaux est non seulement ultra-rapide, mais elle est également sans faille, ce qui est réellement surprenant étant donné le déluge de notes qui s'abat délicieusement dans nos oreilles ! Mélodies qui vous caressent dans le sens du poil, section rythmique de tueurs, qui autorise souvent de savants breaks assassins (notamment sur l'excellent "Storming the Burning Fields"), solos interminables qui font la part belle à des duels de guitares et de claviers ahurissants, hymnes en puissance à travers les refrains "Body Breakdown" et "The Flame of Youth": tout est fait pour combler de bonheur les amateurs du style, car c'est à une véritable démesure paradoxalement parfaitement cohérente à laquelle on a affaire, d'autant plus que les morceaux sont étonnamment longs pour des titres aussi rapides (Inhuman Rampage dépasse les 56 minutes pour seulement huit morceaux: faites le calcul).
On pourrait s'interroger, à long terme, sur la qualité artistique d'un tel album. Les morceaux ne sont-ils pas juste un prétexte à une technique au final plus démonstrative qu'autre chose ? La réponse est négative, même si on sent que le groupe perd de son caractère dès lors qu'il ralentit le tempo sur la mièvre power-ballade "Trail of Broken Hearts" et affiche du coup clairement ses limites ! Cependant, les mélodies les plus speed sont terriblement accrocheuses, brillantes d'inventivité et suffisamment variées pour que l'ensemble soit digne d'intérêt en plus d'être parfaitement digeste ! Car mine de rien, les titres mais aussi les solos, aussi insensés et longs soient-ils, restent facilement mémorisables.
Alors oui, au fond, on reste dans le domaine du speed mélodique classique, les Anglais n'ayant pas cherché à révolutionner le genre, mais simplement à sortir leur épingle du jeu. Et même s'il apparaît déjà indispensable au groupe de se renouveler par la suite sous peine de s'auto-caricaturer, il n'en est pas moins indéniable que la mission est pour le coup hautement accomplie !
Verdict: 4/5
