"Connexion Animale"
Préférant donner sa chance à l’authenticité et à la qualité artistique plutôt que viser uniquement les retours en terme de ventes, Brennus est un label qui a le don de débusquer les groupes de pur talent, même, et surtout si ceux ci ont choisi de s’exprimer en fonction plutôt de leur sensibilité que de l’ère du temps.
Nous venant de Bourg-en-Bresse, SALHEM en fait assurément partie, puisqu’ils nous proposent un album qu’on pourrait croire sorti il y a 20 ans, au sein de cette vague « Hard Rock Français 80’s », dont la saveur particulière et unique au monde, a laissé bon nombre de nostalgiques.
Autant le dire tout de suite, « Connexion Animale » est un album magnifique, qui n’aurai pas dépareillé à côté de ce que nous ont offert de mieux des groupes tels que High Power ou Attentat Rock: que ce soit l’esprit, la coloration musicale ou les textes, tout y est!
Si le chant est souvent le maillon faible des groupes de Hard Rock mélodique de cet acabit, ce n’est pas le cas ici: on est d’emblée séduit par une voix qui, sans en faire des tonnes, possède ce timbre particulier qui véhicule beaucoup d’émotions et donne au groupe une bonne part de sa personnalité; ainsi, les textes, traitant des perversions vers lesquelles plonge notre société actuelle, sont ils particulièrement mis en valeur pour nous toucher davantage.
Ensuite, on est charmé par la qualité mélodique, aussi bien au niveau des lignes de guitare au son magnifique que du chant: « Connexion Animale » est un recueil de morceaux gorgés d’inspiration, et chaque refrain a le pouvoir de se graver dans la tête, au point de se surprendre à l’entonner sous la douche.
Cependant, après avoir bien évacué l’eau de ses oreilles, on est émerveillé par la qualité des arrangements: sans doute ont-ils demandé un travail énorme, mais toute leur subtilité ne s’apprécie qu’au fil des écoutes, tant l’ensemble sonne ‘naturel’, nullement surchargé de fioritures inutiles, mais tel qu’il doit idéalement être.
Venons en au clavier: le plus souvent utilisé sous forme de nappes, il sait se faire discret mais enrichit indéniablement l’atmosphère des morceaux: comment ne pas succomber aux charmes de l’intro de « Brûlez les sorcières » ?
Voilà que j’ai beaucoup parlé mélodie, finesse et sensibilité, mais pas de fausses conclusions: loin d’être une bande d’efféminés, SALHEM insuffle à ses morceaux une grande efficacité au travers de rythmiques nerveuses, susceptibles de mettre le feu en concert (Attendez moi, j’arrive !) et qui balaieraient tout sur leur passage en album avec une plus grosse production.
« Connexion animale » nous révèle donc un groupe de grande valeur: même si, comme le souligne le texte de « Enfant du Rock », l’Hexagone ne sera jamais une terre favorable à notre musique, apportons à SALHEM notre soutien, et souhaitons leur toute la reconnaissance qu’ils méritent.
Nico
