J'ai 53 ans.
Je travaille pour une organisation appelée "Illuminati".
Ils m'ont appris tout ce que je sais.
Ils m'ont donné un but.
Ils ont fait de moi un assassin.
Pas un vulgaire meurtrier, oh non. Plutôt un artiste.
Mes cibles étaient connues, je les ai rendues légendaires.
Dans sept jours, je dois avoir honoré mon dernier contrat.
Sept jours, le temps qu'il a fallu à Dieu pour créer notre monde.
Mais je suis usé. Je dois me libérer du poids de mes pêchés.
Voilà. Une petite accroche qui résume le point de départ du dernier album de Mind's Eye, groupe de Métal Progressif originaire de Suède. Un concept album donc, dont l'histoire n'est pas sans rappeler par moments le fabuleux Operation : Mindcrime de Queensrÿche. A juste titre ? Pour moi, oui. Moins originale que le concept développé dans leur précédent opus (l'Evolution), l'histoire n'en est pas moins une véritable réussite, cohérente et exploitée comme rarement (jamais ?).
A travers de cet album, Daniel Flores, le cerveau du trio (et oui, seulement... quand on sait ça, le résultat est encore plus bluffant), nous prouve qu'il est un formidable raconteur. Les paroles et les compositions collent à merveille à l'ambiance noire inhérente au concept. On ressent presque personnellement le poids de la culpabilité qui s'abat sur cet hommé résigné, âgé et usé. Tout comme on se doute que son interlocuteur n'est pas juste là pour lui donner la réplique.
Pas de doute lors de l'écoute, il s'agit bien de Métal Progressif mais sans prise de tête. Ici, la virtuosité ne se démontre pas et ne se suffit pas à elle-même, elle n'est là que pour servir l'histoire que Mind's Eye vient nous conter à l'aide de sublimes mélodies. Aucun temps mort dans cet album, aucun faux pas où l'on peut se dire que le concept est trahi. L'atmosphère est lourde, pesante et lorsqu'elle semble s'alléger, ce n'est que temporaire. A noter la participation de Mia Coldheart (Crucified Barbara) dans le rôle d'une certaine Norma Jean.
Autre initiative qui devrait vraiment servir d'exemple, la forme n'a rien à envier au fond. Pour un prix "normal", le CD est accompagné d'un DVD assez intéressant contenant un reportage sur la création de l'album et délivrant de-ci de-là quelques précisions sur le concept. Ce second disque contient également le clip du titre "Feed My Revolver" et un making-of du clip. Et comme si cela ne suffisait pas, le livret, intégralement illustré par Mattias Norén, prend la forme d'une BD suivant l'histoire, chaque page illustrant un des titres de l'album. On a donc là un bel exemple d'exploitation d'un concept amoureusement peaufiné et dont la fin n'est pas commerciale : le prix ne s'en ressent pas et cette édition n'est pas limitée.
Une totale réussite.
4.5/5
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