
En sortant ce Use your illusions II, ce groupe charismatique, et considéré comme "le plus dangereux du monde" à l'époque, dans le sens où c'etait la vie sex, drugs and rock'n roll à fond, atteint le sommet de son art.
Oh bien sûr, c'est moins brut que "Appetite for destruction", (qui reste un des meilleurs albums de pur rock'n roll de l'histoire), plus sophistiqué et arrangé, mais à mon sens, les Guns ont transcendé leurs talents individuels, pour pondre ce qui reste un opus marquant dans l'histoire du Hard rock.
Je ne peux être objectif avec un des albums qui m'accompagne depuis mes débuts hardos, et qui me file tant de frissons prés de 20 ans plus tard, à chaque ecoute de nombreux titres uniques...
En soi, je le trouve plus homogène que le "Use your illusions I", avec pour seuls titres réellement plus faibles "Shotgun blues" et "Locomotive" (bien que l'outro soit bien trippant), et une mention "juste bien" pour "Pretty tied up" et "Yesterdays". Evidemment, je passe sous silence l'incongruité rap de la dernière plage, qui reste une enigme pour moi maintenant encore...
A coté de ces titres plaisants à ecouter mais moins impérissables, je ne peux que m'incliner devant ce "Civil war" d'intro absolument magnifique, tout en variations calmes et rageuses alternées, avec un Axl impérial, et un Slash inspiré. Ce morceau me fout les frissons, me transporte loin... Et le voyage ne fait que commencer...
"14 years" et son piano omniprésent soutenant chant et grattes, est un petit bijou assez méconnu, mais qui fait taper du pied. La cover de Dylan, "Knockin' on heaven's door", je suis d'accord, on l'a certainement trop entendu sur les ondes... Mais ca ne change rien qu'à la base, c'est une putain de bonne reprise qui booste la version originale, tout en restant mélancolique... J'en reste grand fan absolu !
Avec l'intro de "Get in the ring", on se dit que ca se ramollit cet opus... Puis on comprend vite, avec les paroles et le tempo général, qu'Axl ne va pas se priver de dire crûment ce qu'il pense de certains journaleux... Une preuve que les Guns faisaient ce qu'ils voulaient, car associer des noms à des "fuck you", et surtout, ne pas être censurés par leur (importante) maison de disque, c'est pas commun ! Un morceau qui fout la patate !
Après un "Shotgun blues" qui dénote par sa "faiblesse", je retrouve avec plaisir une de mes chansons préférées de l'album, avec le mésestimé "Breakdown", et ses lignes mélodiques qui me donne une banane terrible ! Toujours soutenu par ce piano virevoltant, avec une des meilleures prestations d'Axl à mon sens. Les trois premières minutes sont vraiment géniales.
S'ensuit un léger fléchissement qualitatif (mais en même temps, le reste est tellement de haute volée...), avec un "Pretty tied up" au refrain entêtant, et ce (trop) long "Locomotive" au chant un peu coin coin sur les couplets, répétitif, mais à l'outro réussi.
Et puis et puis... On continue le voyage vers les sommets, avec ce "So fine" doux amer, écrit et cochanté par Duff, dédicacé à Johnny Thunders, où Axl pose sa voix, tandis que McKagan se l'arrache sur les refrains, donnant un excellent contraste.
Mais c'est avec "Estranged", que le combo démontre qu'ils avaient LA classe. Ce titre, un des mes favoris tous styles confondus, représente l'aboutissement de leur maturité. Oh, on est loin d'un "Welcome to the jungle" rageur, je suis bien d'accord. Mais quand je disais que Slash etait inspiré, le mot est faible... Il va, à travers sa Les Paul, nous redéfinir le terme "mélodie". Neuf minutes de pur bonheur, et de "killer melodies". Ce titre incarne totalement ce qu'etait Guns 'n Roses à l'époque de son apogée: royal. Certains diront grandiloquents. Moi je dirai totalement rock dans l'esprit du "on fait ce qu'on veut, avec les moyens qu'on veut". La démesure en un mot ! Le clip en est la preuve, et reste dans toutes les mémoires. Quel groupe de rock contemporain a eu un tel retentissement, jouant autant de sa musique que de son image ? Une carrière courte mais si intense... Marquant une bonne génération de hardos...
Mais fi des digressions, "Estranged", je peux même pas en parler tellement ca me prend aux tripes, au coeur, à l'âme. Si on rajoute une histoire personnelle, et des paroles très justes par dessus, je vous décris même pas l'etat de transe dans lequel ce chef d'oeuvre me plonge...
Il n'y avait qu'un fabuleux "You could be mine" pour y succéder dignement, sans paraître fade. La compo la plus enlevée, la plus rentre dedans de cet album posément sophistiqué. Cette intro batterie/basse est ultime ( c'est pas "Painkiller" ok, mais les styles sont différents), et la patate qui se dégage de ce morceau devenu indissociable du film "Terminator 2", est dantesque ! Axl y est impérial, Sorum boulègue à mort, et la paire de grattes se la donne à fond ! Un des meilleurs titres de Guns, un de plus !
Mais que mettre encore après cette déferlante hard rock ?! Ben juste "Don't cry", un slow-rock (comme diraient mes parents) magnifique, qui symbolise toute une epoque infiniment heureuse de ma vie, le lycée. Ces arpèges rentrés dans l'inconscient collectif, cette voix trainante mélancolique par dessus, la batterie discrète, les choeurs parfaits, la montée en puissance qui explose dans une saturation soliste où chaque note est à sa place, sans démonstration aucune, un retour à un calme trompeur, avant le feu d'artifice final qui me laisse pantelant, fin d'un voyage mental et emotionnel qui perdure depuis 17 ans, et que je ne me lasserai jamais d'entreprendre encore et encore...
Rien que pour tout cela, vive les Guns, plus grand groupe au monde en 91-92 !
GUNS'N GANDALF