Coup de bol : là ou certains n’auraient pas hésité à en faire des tonnes, Crystallion, puisque c’est bien de ce groupe dont il s’agit, se la joue plutôt minimaliste. Certes nous n’échappons pas ici à l’intro narrée, mais celle-ci possède une utilité réelle, se contentant de rappeler des faits historiques et permettant ainsi de comprendre le contenu des paroles de cet album, le très justement nommé ‘Hattin’, deuxième offrande des speed-metalleux allemands. Eh oui, Crystallion joue du speed metal, bien entendu, what else ? Un speed mélodique assez basique, mais vraiment très inspiré. Et alors que les piliers du genre évoluent vers des rythmiques plus lentes (Edguy, Sonata Arctica) ou splittent carrément (Stratovarius), cela fait vraiment du bien à entendre ! Crystallion ici n’invente rien, mais remet tout simplement au goût du jour la Grande Charte Immuable du speed mélodique :
-Des compos pied au plancher tu joueras : Elles sont ici bien présentes, et composent évidemment la majeure partie de l’album, à l’image du morceau d’entrée, ‘Wings of thunder’, sans doute ce qui a été fait de mieux dans le style depuis ‘Babylon’ d’Edguy, qui date tout de même de 1999.
-Quelques variations de rythmes néanmoins tu apporteras : Eh oui, un album de speed metal sans son morceau mid-tempo, c’est comme un Lemmy sans verrue : impossible ! Sur ‘Hattin’, Crystallion nous propose un ‘Under siege’ au riff très hard rock, assez éloigné du format ‘tube’ classique, puisque durant tout de même 6 minutes.
-Le morceau épique et long tu n’oublieras pas : Et bien entendu, le mieux est que ce morceau soit placé en fin d’album. Avec ‘Preach with an iron tongue’ et ses 11 minutes au garrot, Crystallion respecte parfaitement ce commandement : Une intro acoustique sur laquelle vient s’ajouter la voix du chanteur, puis un pont sur lequel tous les instruments explosent simultanément et le chanteur se fait castrer, avant de s’envoler dans de longs passages musicaux tantôt atmosphériques tantôt très heavy. Un sans faute sur ce point.
-De longs soli tes compos tu agrémenteras : Pas grand chose à dire ici : les soli sont tous très prévisibles, techniques mais pas trop, hyper mélodiques, mais suffisamment inspirés pour ne pas diminuer l’intérêt des morceaux.
-Un faux orchestre symphonique tu inviteras : Ah là là, petite entorse à cette régle sur ‘Hattin’. Les éléments symphoniques sont ici très discrets, et se manifestent principalement lors des refrains ou épisodiquement lors des passages instrumentaux (‘Vanishing glory’). Ceci permet ainsi à Crystallion de ne pas tomber dans le jeu du speed mélodique pompeux pratiqué par bon nombre de groupes du même style, et offre aux compos une ambiance aérée et non étouffante.
-Un chanteur pratiquant les ultrasons tu embaucheras : Eh non ! Certes Thomas Strübler, le vocaliste du combo, s’envole parfois dans des aigus à la Timo Kotipelto (Stratovarius), mais reste globalement dans des médiums/graves extrêmement bien posés et très agréables à l’oreille qui, combinés à sa voix puissante et variée, font de ce chanteur une des bonnes surprises dans ce domaine.
Crystallion ne remet donc pas en cause les règles du speed mélodique, fondues dans le metal le plus brut il y a de cela des millions d’années. Néanmoins le groupe nous propose ici des compos globalement très inspirées et ne souffrant pas des même défauts récurrents que bon nombre de combos jouant dans la même cour. Ajoutons à cela un artwork vraiment splendide, et tout y est pour satisfaire amplement tous les amateurs du style. ‘Hattin’ n’est certainement pas un album original ou novateur, mais c’est un très bon album de speed mélodique, tout simplement. (4/5)
Gegers
