

* 1 - "When We Pray" - 3:38
* 2 - "Messenger" (featuring Jeff Loomis) - 3:58
* 3 - "Obey" - 3:14
* 4 - "Lucretia My Reflection" (The Sisters of Mercy cover) - 4:38
* 5 - "Let You Down" - 3:53
* 6 - "August" - 3:48
* 7 - "Your Chosen Misery" 4:09
* 8 - "The Day the Rats Went to War" (featuring James Murphy) - 3:37
* 9 - "Brother" - 3:23
* 10 - "Patterns" (Paul Simon cover) - 4:00
* 11 - "This Old Man" - 3:43
* 12 - "Equilibrium" - 3:52
* 13 - "Everything is Fading" (Limited Edition only)
Warrel Dane a beaucoup de choses à exprimer, peut-être même trop pour un seul groupe, ce n'est pas un secret pour quiconque connait le répertoire du chanteur de Nevermore.
Alors comme on pouvait s'y attendre, après 3 décennies au sein de Sanctuary et Nevermore il a choisi de se dévoiler un peu plus dans un premier album solo à son image : introspectif, mélancolique, cynique, poétique, nuancé et surtout personnel comme il ne l'avait pas été depuis son mélodrame sentimental mis en musique pour l'album Dreaming Neon Black.
Car s'il y a bien un sentiment qui revient régulièrement sur Praises to the War Machine jusque dans son titre, c'est celui de l'impuissance, du désemparement face à l'éternelle malice de la nature humaine, ce dès ce l'excellent "When We Pray" des plus cyniquement réalistes en ouverture.
Tour à tour vindicatif, sensible ou lui-même mis à nu, Warrel Dane déverse une émotion à fleur de peau dans des compos écrites autour de ses lignes vocales, rendant ces dernières un peu plus coulées et moins agressives que dans Nevermore, moins poussées regretteront certains. Mais plus nuancées et variées que jamais, Dane explorant des domaines moins connus de son registre tels que les tonalités très graves de la succulente reprise métallisée du tube des Sisters of Mercy ("Lucretia My Reflection"), les passages très lents ou quasi-parlés, ou encore le long refrain de "Equilibrium", seul morceau véritablement rentre-dedans et dans lequel Dirk Verbeuren (Scarve) peut pleinement s'exprimer.
La comparaison avec Nevermore n'a donc pas lieu d'être tant les compositions ont une approche plus simple (sans être simpliste) et accessible, mais également plus groovy, un peu trop à mon goût parfois. Dans l'ensemble Peter Wichers effectue un boulot remarquable en tant que compositeur-producteur-guitariste, mais il amène forcément son passé avec Soilwork dans ses bagages et en particulier une poignée certes négligeable de riffs néo-moderno-chiants comme sur la pénible "Obey". Titre très ironique par ailleurs, se jouant de nos addictions (religion, drogues) et de notre vaine quête de rédemption, alors que Dane a lui-même été confronté à des problèmes de dépendance jusqu'à récemment. Jusqu'à ce que la vue de son entourage en déchéance ne le pousse à réorienter sa vie comme on le comprend dans "Your Chosen Misery", ballade semi-acoustique très personnelle aux sonorités étonnamment alternatives mais qui manque d'un brin d'étincelle.
Davantage enflammé et fidèle à sa verve, Dane tourne en dérision la victimisation et la propension à ne jamais accepter ses erreurs ("Messenger"), ainsi que la tendance à la surdramatisation de notre existence sur un "Let You Down" autant sarcastique qu'entêtant. De toute évidence il ne serait plus lui-même sans quelques élans sur la perversité et l'hypocrisie criminelle des influents de ce monde sur "The Day the Rats Went to War", un des meilleurs morceaux et choisi à l'origine comme titre de l'album. Tout aussi métaphorique mais thématiquement opposé, "August" nous dévoile à travers de superbes lignes de chant sa fibre poétique au sujet d'un parent défunt, peut-être héritée de Paul Simon (& Garfunkel) dont il reprend une nouvelle fois un obscur morceau avec brio ("Patterns").
Au fur et à mesure de ce plongeon dans ses pensées, les moments les plus éthérés finissent par nous faire basculer dans les arcanes de sa vie : "Brother" est un appel désespéré en même temps qu'un amer réquisitoire contre son frère qui l'ignore et renie sa famille depuis toujours, il y a quelque chose de terrible à entendre Warrel l'implorer entre rage et résignation, prêt à tout laisser tomber pour créer ce lien qui n'a jamais existé. On ne peut pas non plus rester indifférent au conte de "This Old Man", superbe chanson narrant l'histoire d'un vieil homme voisin de Warrel Dane alors gamin, veuf et abandonné par ses propres enfants alors qu'il avait renoncé à tous ses rêves et ambitions dans la vie pour les élever dignement. Ereinté par ce destin cruel mais revivant à travers l'attention du jeune Dane, ses récits de sagesse et désenchantement ont probablement planté la première graine de mélancolie dans l'esprit d'un Warrel Dane qui allait en faire germer d'autres.
40 ans plus tard, qu'il ait ou non exorcisé tous ses démons Warrel Dane nous aura gratifié d'une belle œuvre introspective et authentique. Malgré quelques faiblesses et des musiciens pas toujours à la hauteur de son talent, Praises to the War Machine et son flot d'émotions fortes se révèle néanmoins bien plus intéressant à explorer que tous ces albums unidimensionnels où rien ne dépasse tels que l'exige le marché, ces produits sans défaut mais sans substance. La perfection n'étant pas de ce monde, Warrel Dane a laissé s'exprimer son humanité.
4/5
PS : L'édition digipack est assez chouette et contient surtout un bonus track qui vaut le coup : "Everything is Fading"
