Bref il est là, j'ai bien pris le temps de l'écouter, de laisser reposer, d'y revenir, et de me lancer dans cet exercice délicat qu'est la chronique.
D'entrée, bel objet (pour l'édition limitée). Un joli carton , orienté bizarrement, mais respectant quand même globalement un format classique, c'est bien, ils ont pensé aux psycho-rigides du rangement de CD (

Bon, passons à la musique. Comme pour chaque album du groupe, la première piste est une introduction orchestrale et symphonique, avec une narration encore faite par Christopher Lee. Cette nouvelle cuvée est bien réussie, et la montée en puissance se fait progressivement et dramatiquement, jusqu'a l'arrivée de "Sea of fate". PAF, prends toi un riff de malade dans la tronche! Ca commence très fort, ce n'est pas sans rappeler la fureur de "emerald sword", mais là le son est encore plus tranchant, ça va vite, la basse de Patrice Guers est vrombissante, bref, ça déchire. Les riffs tout au long du morceau sont assez variés et ont une structure intéressante, ça change de la double pédale à donf tout le temps avec du 0-0-0-0-0-0-0-0 à la guitare rythmique. Par contre, le refrain un peu sirupeux qui arrive directement à 50 secondes, c'est peut être trop. Il a quand même une ligne vocale intéressante, et puis bon, c'est pas le single pour rien. Le solo est absolument génial, varié, mélodique et technique. Staropoli nous gratifie d'un joli solo aussi, et on a même un solo de basse, un plan en tapping bien sympathique! Ca déchire!! J'ai l'impression que Turilli a encore progressé, et je sais pas comment cela peut être possible vu le niveau déjà hallucinant qu'avait le bonhomme. En tout cas une entrée en la matière qui arrache.
Ca enchaîne très vite sur "Crystal Moolight", avec une intro plus heavy et moins speed mélodique. De bons breaks de batterie, encore des riffs travaillés, syncopés, et tout s'enchaîne pourtant très fluidement. Le solo est un autre moment de pure delectation, bien que outrageusement pompé sur les plans de Cacophony.
Bon, on monte encore d'un cran avec "Reign of terror". Intro discrète crescendo avec des chœurs et le clavier, avant de se retrouver propulsé encore à 200 bpm avec un riff bien puissant, une partie lead intéressante qui mène carrément à ... DES BLAST BEAT!!! Oui oui, des blast beats dans rhapsody. Le chant sur un dialogue entre choeurs et Fabio Leone, qui nous gratifie même de GROWLS BLACK METAL!!!!!! Oui oui!!! Sur le coup, ça rapellerait le vieux Children of Bodom. Et le morceau est vraiment plein de contrastes, entre les choeurs très présents, la violence dans les vocaux, la vélocité... La construction harmonique est très intéressante, la guitare lead tranche tout, jusqu'a un break en arpèges à la guitare classique avec un Leone qu'on retrouve tout doux. Un morceau impressionnant de la part de Rhapsody. Jusqu'à présent je suis plus que comblé!
Comme il faut bien faire retomber un peu la pression et aérer, vient le morceau chanté en italien, "Danza di fuoco e ghiaccio". Un joli travail de guitare classique, dans une tonalité médiévale, avec un refrain assez entêtant. Intéressant mais sans plus, je lui préfère par exemple Guardiano del destino sur SOEL 2 ... MAIS à noter la présence d'une partie solo complètement incroyable en son clair (nouvelle innovation chez Rhapsody). Cette réalisation peut paraître presque déplacée, voir carrément HS, mais finalement, ça s'emboîte parfaitement, et le resultat est frais et original.
On retourne aux choses sérieuses avec "Raging starfire", du rhapsody pur jus, pas grand chose à rajouter. Puis vient la "vraie ballade" du disque, "Lost in cold dreams". On reprend les éléments incontournables du genre, des guitares classiques, un chant avec une exagération de trémolos, un joli solo harmonisé.... bref, rien de neuf sous le soleil, anecdotique.
On enchaîne avec "On the way to Ainor", un nouveau retour à la vitesse et aux guitares leads dans tous les sens. Enfin, le morceau commence comme ça, mais s'articule sur une duo piano/ch(i)ant . Puis finalement retour au rhapsody classique. Comme pour "raging starfire", on tourne sur de la valeur sure chez rhapsody, avec des choeurs épiques, et un autre solo de fou...
On arrive à la grosse pièce du disque, "the frozen tears of angels". Bon, alors je le dis d'office, j'ai toujours eu du mal avec les morceaux "longs" du groupe, que je trouve trop pompeux, ou trop longs à démarrer ou alors qui n'en finissent pas.
Là ça commence encore, doucement, par de la narration sur des violons tristounets, puis c'est du déjà-vu , un morceau mid tempo, assez épique, des envolées vocales de Leone sympathiques, un clavier qui soutient toutes les lignes de chant. c'est joli, ça passe bien, c'est plus tendu harmoniquement, beaucoup moins pipeau metal, quand même, y a pas à chier. Par contre le pré refrain m'ennuie assez prodigieusement. Bon par contre, encore une fois, Turilli me met à terre avec ses symphonies de solos, Pareil quand Staropoli et Guers s'y mettent aussi, ça joue, ça joue ça joue, et ça fait pas semblant. Par contre, ça se finit presque brutalement, ça fait bizarre.
Pour l'édition limitée, elle comporte en titre bonus un instrumental "Labyrinth of Madness", qui me rend tout dur, car bon honnêtement, ça aurait pu être sur un troisième album de Cacophony, et c'est réalisé avec une telle classe et maestria...









C'est à vous dégoûter pour toujours de faire de la guitare (ou au contraire vous motiver à apprendre... enfin, bon courage, hein).
Le dexième titre est la version "orchestrale" de "Sea of fate" : en gros vous prenez tout ce qui est bien dans la version originale (le travail de guitare, la vélocité, la rythmique de killer) et vous le remplacer par des samples orchestraux mous de la bite, et vous obtenez cette soupe affreuse.
En conclusion, un excellent album selon moi, bien meilleur que triumph or Agony, en tout cas. Pour ce qui est de le "situer" dans la discographie du groupe, je dirais que c'est la suite logique de SOEL 2 , mais comme pour chaque nouvelle offrande des transalpins, la musique varie suffisamment d'un album à un autre pour que chaque pièce soit originale et à part. On reste en terrain archi-connu, ça faut pas se leurrer, Rhapsody fait du Rhapsody, et c'est reconnaissable entre 1 000. Toutefois, ici le son est beaucoup plus heavy, frais et tranchant. Mention spéciale vraiment, vous l'aurez compris à Lucas Turilli qui vient en l'espace de 61 minutes de redonner aux solos de guitare une flamboyance qui manquait depuis quelques années dans le heavy et le speed. Franchement bravo. Malmsteen peut reprendre du gras, Becker peut aussi bien débrancher son respirateur artificiel, et Friedman ferait mieux de retourner vivre à Hawaï et de se refaire pousser la moustache pour jouer dans un groupe de glam anecdotique.
Je dirais aussi que le groupe a vraiment fait l'effort d'aérer sa musique, en alternant passage symphoniques et heavy, ou en les imbriquant intelligemment. Mais toujours passer de mou à rapide du début à la fin peut légèrement agacer... ou rendre l'album très digeste (il passe en boucle sans problèmes).
Un bon 4/5.









