

chant : Andy Kuntz
guitares, basse, claviers : Stefan Glass
guitares, claviers : Michael Krauss
batterie : Andreas Lill
Abydos n'est pas un groupe à proprement parler mais un projet solo de Andy Kuntz le chanteur des allemands de Vanden Plas, accompagné par le batteur de ces derniers et quelques musiciens renommés de la scène Prog allemande tels que Stefan Glas qui a déjà travaillé avec VP. Sans s'écarter à mille lieux du Prog Metal mélodique de VP dont Kuntz est membre fondateur après tout, Abydos nous rappelle surtout qu'il est depuis longtemps acteur de théâtre à ses heures perdues. En effet cette facette de l'artiste est mise à profit sur ce disque conceptuel et introspectif qu'on pourrait considérer en quelque sorte comme un Opera Rock, même s'il ne fait appel qu'à un seul chanteur (hormis quelques vocaux féminins). La trame s'axe autour d'une fiction métaphorique sur les rêves ainsi que les peurs conscientes et inconscientes, au sein d'une histoire rocambolesque trop compliquée pour être résumée en quelques mots

Musicalement la direction très théâtrale de l'album se rejoint avec les influences principales de son géniteur, Abydos est un projet ambitieux mais accessible qui s'inscrit dans la lignée des Genesis, Yes, Pink Floyd et Queen d'antan, dans une version plus Metal bien sur, et également plus moderne sous bien des aspects. Non il ne s'agit pas d'un énième clone de Dream Theater mais bien d'une œuvre très variée qui possède sa propre personnalité teintée de mélancolie, alternant aussi bien les penchants pour le Prog Metal lourd et emphatique ("Silence") que les ballades 70's émotionnelles ("Far Away from the Sun"), ou plus généralement l'alliance équilibrée de tous ces styles et différentes influences par des arrangements soignés ("Wildflowersky"). Quelques titres bénéficient d'orchestrations (samplées) comme le très épique morceau éponyme ou le superbe "You Broke the Sun", mais il serait abusif de parler de Metal symphonique, du moins dans le sens actuel du terme. Qui s'attendrait dans du Metal sympho à découvrir des sonorités de clavier aussi variées, empruntant aussi bien aux sons 70's qu'à de surprenantes touches électro, sans oublier cette batterie programmée sur la bien nommée "Radio Earth", sans que cela ne paraisse superflu? Les protagonistes d'Abydos ne se sont pas fixés de limites et se plaisent à expérimenter comme sur le psyché "Hyperion Sunset", s'inscrivant alors dans la démarche originelle du courant dit "progressif".
D'autres sympathiques surprises émaillent le disque (dont une rigolote en français) et je ne me risquerais pas à toutes les citer, mais si l'ensemble est forcément un peu long à digérer (70 minutes), on y revient avec plaisir ne serait-ce que pour toute la chaleur des mélodies vocales d'un Andy plus libre que dans Vanden Plas, plus expressif aussi à mon avis.
Tout en étant à la fois typé 70's, contemporain et tout ce qui existe entre les 2, Abydos s'adresse encore davantage aux fans de Rock progressif 70's ou de Metal 70's qu'à ceux de Prog Metal, dans le sens où la richesse des arrangements et la démarche de créativité propre à cette époque révolue prévaut sur la "simple" complexité instrumentale, même si tous ces aspects sont présents en substance dans l'album.
Plus simplement, Abydos représente pour moi le meilleur disque sur lequel Kuntz a pu chanter à ce jour, et l'un des plus attachants albums conceptuels sortis ces dernières années en matière de Metal mélodique, supérieur à mon avis aux Avatansia, Genius, Aina et consorts. Franchement des side projects comme celui-ci on en voudrait plus souvent, une excellente découverte à ne pas manquer pour les mélomanes.
4,5/5
