
Décrire la musique de Savage Circus n'est pas bien compliqué, pour cela il suffit de prendre le CV des membres du line-up : en premier lieu Thomen Stauch, ex-batteur de Blind Guardian parti du groupe pour les fameuses divergences musicales, un gros risque pris afin de retourner à ses racines speed metal. A cela vous ajoutez les chanteur et guitariste des excellents Persuader (formation influencée Blind Guardian par ailleurs), et enfin Piet Sielck à la basse et à la production, vieil ami du clan Guardian et ancien partenaire de Stauch dans Iron Savior. A quoi peut donc bien ressembler le résultat? A du Blind Guardian époque Tales from the Twilight World, Somewhere Far Beyond et en particulier Imaginations From The Other Side pour la longueur des compos, mais alors avec une ressemblance de siamois qui n'est relativisée que par quelques traits de caractère empruntés à Persuader et à Iron Savior. Rien de surprenant donc, il fallait s'y attendre.
Ce copier/coller sur Blind Guardian ne me dérange pas le moins du monde puisque même si j'apprécie la nouvelle orientation musicale des bardes, ceux-ci s'éloignent progressivement et définitivement du speed metal effréné sur lequel ils avaient bâti leur carrière. Savage Circus permet donc en quelque sorte de contenter les déçus du Guardian Aveugle actuel avec des plans qui défilent à la vitesse de la lumière, des chœurs "bombastic" majestueux mais directs, des enchevêtrements de riffs tranchants et de thèmes de guitare subtils, le tout chargé de férocité et d'explosivité. La voix rageuse de Jens Karlsson est très proche de celle de Hansi Kursch dans tous les registres, peut-être plus encore ici que dans Persuader, par contre sur les lignes de chant on sent nettement l'influence d'Iron Savior. Les riffs sont au croisement des 3 groupes, parfois dans la lignée de ceux de BG, parfois lorgnant vers le registre plus thrashy de Persuader ou alors vers celui du Iron Savior des 2 premiers albums. Thomen Stauch identique à lui-même effectue une excellente prestation ultra-intense et Emil Norberg prouve qu'il est capable d'affiner encore davantage son sens de la mélodie hors de Persuader, ses thèmes et soli sont la grande force de l'album. Enfin, la production de Sielck est très pro même si déjà entendue chez 1000 groupes comme d'habitude avec lui, et sans surprise on le retrouve sur quasiment tous les chœurs.
On est donc pas loin du mime parfait à quelques exceptions près, ce qui se comprend compte tenu de la démarche simple et sincère de Stauch, à savoir faire ce que Blind Guardian ne fait plus. Mais avouons aussi que malgré la qualité de ces 9 compositions, Dreamland Manor ne peut pas prétendre rivaliser avec le niveau exceptionnel d'un Somewhere Far Beyond par exemple. Il lui manque pour cela le génie mélodique et la vision artistique plus aboutie d'un Andre Olbritch qu'il n'est pas aisé d'égaler, encore moins de surpasser.
Cela ne doit pas nous faire sous-estimer ce Dreamland Manor bourré de bonnes mélodies, de rythmiques fulgurantes, de refrains imposants, de superbes soli bien construits ("Ghost Story") et autres petits détails bienvenus, bref toute la recette Blind Guardian voire Iron Savior. La ballade n'est pas très réussie en revanche, on est bien loin de la finesse et de la magie des bardes à ce niveau là. Un titre très standard comme "It - The Gathering" n'apporte pas grand chose non plus, mais certains morceaux n'ont pas grand chose à envier aux vieux BG tels que "Evil Eyes", "Tomorrowland" ou "Born Again by the Night", ça décoiffe!
Voilà par conséquent du bon travail pour un premier album, pas exempt de défauts non plus, et qui sans surprise et quitte à se répéter est destiné (réservé?) autant aux fans de Blind Guardian que de Iron Savior et Persuader. A condition toutefois que le clonage totalement assumé et pour une fois légitime ne les dérange pas, car sinon ça sera l'overdose

3,5 / 5
PS : la version digipack contient le clip de "Evil Eyes".
:: http://www.savage-circus.de/ ::