Phil Mogg : chant
Vinnie Moore : guitares
Pete Way : basse
Jason Bonham : batterie
Paul Raymond : guitare/claviers
Nombreux étaient ceux qui espéraient que perdure le retour de l'icône Michael Schenker depuis l'album précédent des anglais, mais c'était sans compter le caractère imprévisible du grand blond et plus généralement de UFO, habitués depuis 30 ans aux va-et-vient impromptus au poste de guitariste.
La question demeure alors, est-il décemment possible de remplacer le Maître, cet artiste de la six-cordes depuis plus de 30 ans, Monsieur Schenker? A cela le promu Vinnie Moore (ex-Vicious Rumors) répond par l'affirmative, ou du moins je me fais un plaisir de l'affirmer à sa place tant sa prestation va bien au delà d'un simple remplacement ou bouche-trou de dernière minute. Le hard rock chaud et émotionnel de UFO reste bien entendu emmené par l'indécrottable tandem Phil Mogg / Pete Way, et à cela s'ajoute aujourd'hui le jeu éblouissant de Moore qui se fond parfaitement dans le moule UFO tout en laissant transparaître sa propre touche personnelle. On reconnaît ainsi son toucher extrêmement fluide qu'il a eu loisir à peaufiner lors de sa déjà longue carrière solo (6 albums), et ce sens subtil de la mélodie beaucoup plus affûté que chez beaucoup de guitaristes taxés de l'étiquette à double tranchant de "guitar hero".
En grand fan d'UFO qu'il est à la base, Moore a parfaitement compris qu'il n'a jamais été question de masturbation de gammes dans ce groupe, et le met en pratique avec brio sur You Are Here qui bénéficie en outre d'une superbe production étonnement "actuelle", et même plus chaleureuse à mon goût que celle du précédent album Sharks. Bien joué m'sieur Tommy Newton (guitariste/producteur de Victory).
La patte du groupe est instantanément reconnaissable dès ce "Daylight Goes to Town" très entraînant, où la basse de Pete Way a trouvé un tout nouveau compagnon rythmique dans la frappe intense et groovy de Jason Bonham qui pour le coup mériterait presque d'être comparé à son père. Dommage en revanche que l'on entende pas plus souvent les claviers du revenant Paul Raymond qui se fait trop discret tout au long de l'album, si ce n'est éventuellement sur "Sympathy" aux penchants atmosphériques, ou encore que "Call Me" au charme pratiquement hypnotique parachevé par de magnifiques soli. Phil Mogg quant à lui donne de sa personne quel que soit le tempo, du tonique "Give It Up" destiné à devenir un classique jusqu'à la fausse ballade "Baby Blue" tout en feeling, sa voix chaude imperturbable se marie avec les riffs lancinants de Vinnie Moore comme s'ils jouaient ensemble depuis une décennie!
Il n'a pas fallu bien longtemps à Vinnie le fan pour devenir Vinnie la locomotive d'UFO, déterminé à se faire un nom au travers de ses interventions délicieuses, si bien qu'après plusieurs écoutes je n'ai pas regretté une seule seconde l'absence de Schenker. Très polyvalent, Moore assure un travail de fond mélodique excellent ("Slipping Away"), avec de nombreux licks soyeux pour soutenir les lignes vocales ("The Wild One"), quand il ne se lâche pas sur quelques soli mortels ("Jelloman"). Vraiment la grande classe, sans exagération ni facilité, et sans commune mesure avec la réputation des branleurs de manche.
Après il reste certes 2-3 titres (sur 12) qui sentent un peu plus le remplissage, l'album manque un poil de punch parfois et il est bien évident que ce disque ne fera pas autant date qu'un Lights Out ou un Force It, l'âge d'or de UFO étant probablement derrière eux. Mais cet état de fait ne doit pas faire oublier que, loin d'être cuits, UFO sont encore capables de produire dignement le son du hard seventies le plus jouissif. Une très agréable surprise!
4/5
Des extraits sur : http://www.ufo-music.info/albums.htm
