Sur les plaines d’Irlande frappées par les vents, le guerrier se relève. Epoussetant sa tunique et vérifiant l’état de son glaive, miraculeusement épargné par l’oxydation, Waylander esquissa un mince sourire. En sept ans d’absence, de nombreux prétendants avaient tenté de prendre sa place au sommet du cairn metal celtique, et certains y étaient presque parvenus. Ah, ces petits effrontés de Cruachan et Eluveitie, Waylander allait bientôt leur faire mordre la poussière. Car en sept ans, le guerrier n’avait aucunement vieilli, mais avait au contraire pris le temps puiser la force et l’énergie nécessaires pour revenir encore meilleur. Le solstice d’été allait bientôt arriver, et les nombreuses heures passées à guerroyer sous le soleil timide mais régénérateur d’Irlande avaient décuplé ses forces. L’heure de l’offrande aux dieux était arrivée. Et cette offrande, qu’elle serait belle. Les deux précédentes étaient déjà magnifiques, le guerrier les ayant chargées de toute sa hargne, de sa haine envers ces intrus se proclamant chrétiens et voulant mettre un terme au paganisme ancestral du peuple d’Irlande, mais aussi de toute sa douceur et de sa mélodie. Néanmoins celle-ci n’aurait rien à voir, et les dieux eux-mêmes se prosterneraient devant la majesté du guerrier. Celui-ci ne négligerait pas (comme il avait pu le faire par le passé) la forme qu’adopterait cette offrande, la dotant d’un visuel le représentant lui, en contre-plongée, bouclier et glaive à la main. Et puis il lui faudrait aussi une production idéale, mettant en avant de façon égale tous les instruments ainsi que sa voix death, bien souvent rageuse et écorchée, mais sachant également se faire subtile et nuancée.
Mais surtout, et ceci l’importait plus que tout, le guerrier devrait offrir aux dieux un contenu immensément riche et varié, dans lequel chaque note, chaque son, chaque instrument, serait un petit bout de lui-même, et représenterait sa personnalité multiple et cyclothymique. Le guerrier baserait tout d’abord cette offrande sur des riffs bruts et crus, saisissant à la gorge, sur lesquels il grefferait des mélodies à la guitare épiques et séduisantes, avant d’y apposer sa voix death intelligible bien que parfois un peu en retrait. Mais surtout, et le plus important, le guerrier devait insuffler une âme à cette offrande, en instillant plusieurs ambiances au sein d’un même morceau. Le long morceau ‘To dine in otherworld’ serait la quintessence de tout cela, mêlant riffs agressifs et mélodies acoustiques, sur lesquelles de nombreux passages joués à la flûte et à la cornemuse offriraient une variété bienvenue et permettraient à cette offrande de ne faire alors qu’un avec la nature et les éléments. Le guerrier se transcenderaient également sur les refrains, parfois peu évidents mais également bien souvent entêtants (‘Galloping Gaels’). Tous les morceaux, et en particulier ‘Walk with honour’, ‘Elemental chaos’ et ‘Usurpers of our legacy’ surpasseraient les précédentes offrandes du guerrier et renverraient à leurs études les usurpateurs se proclament nouveaux maîtres du genre. Waylander parviendrait, il en était maintenant sûr, à établir un lien avec le monde des dieux, notamment grâce au dernier morceau instrumental dans lequel reposerait une incroyable force spirituelle (‘Brü na böinne’). Et alors, l’Irlande rayonnerait à jamais sur les sept royaumes celtiques. (9/10)
Gegers
J'attends de trouver un jour l'album correspondant au Gibert comme d'autres albums que j'ai acheté des années après avoir accroché sur un sampler de l'époque 
