Voici mon dernier concert de 2019 arrivant après deux dates pas franchement mémorables entre un Mayhem ennuyant et un Ghost décevant et peut-être un peu sur-côté. Heureusement que Tribulation était de la partie pour sauver un peu les meubles…
Mais mine de rien je commençais un peu par regretter un peu d’avoir pris mon ticket pour Townsend
Franchement les concerts qui ne servent à rien comme les deux cités plus haut… Cela me saoule de plus en plus…
Il faut vraiment que je sois de bonne humeur pour apprécier ce genre de shows sinon j’ai juste la sensation d’avoir perdu du pognon et du temps… Je ne sais pas si c’est l’âge qui rentre en jeu ? Ou le fait d’avoir fait plein de concerts ? Ou bien d’être plus casanier qu’avant… Mais Mayhem et Ghost, ces concerts que je ne sens pas à 98%, plus jamais…
Et c’est pour cela qu’en 2020 je vais faire l’impasse sur pas mal de shows à commencer par Testament, Exodus et Death Angel. Alors je vois déjà certains d’entre vous m’insulter et vous auriez sûrement raison compte-tenu de ce package alléchant mais je me connais, je ne suis pas un fou de thrash US et comme je le disais plus haut si je ne suis pas de bonne humeur et en forme je risque de me faire chier, voire de me barrer après trois titres en disant “va foutre !”
Bon ! Ceci étant dit ! Je n’étais pas super chaud pour voir le gentil Canadien après un Empath des plus indigeste
Beaucoup l’ont aimé, beaucoup l’ont détesté, et personnellement je me situerai entre les deux avec peut-être un pied dans le groupe des déçus. L’album comporte de très bons passages mais aussi de bons titres tels que “Why?” ou “Evermore”. Et puis on a malheureusement des moments incompréhensibles ou trop barrés comme “Hear Me”, “Singularity”, ou bien le “Genesis”, finalement bien trop schizophrène pour moi. Mais comme je connais la valeur de Townsend sur scène et que les deux seuls concerts de lui faits n’étaient que pur régal je décidai de lui faire confiance et aller le voir une troisième fois
Surtout que le génie était accompagné d’
Haken, un groupe de Metal progressif Anglais très réputé et justement placé dans le top des nouveaux groupes progressifs. Formé en 2007, les mecs en sont à cinq albums, cinq monuments d’un Metal prog complexes et jouant dans le progressif classique avec de fortes touches djent. Du moins c’est ce qui se dit parce que je ne possède que l’excellent Mountain et ai écouté en ligne Affinity qui est beaucoup plus digeste et aéré. Je me demande d’ailleurs pourquoi je ne l’ai acheté… Bref ! Haken est un excellent groupe qui fait des tournées en tête d’affiche sans soucis et qui, vu leur style, a dû être ravi de tourner en première partie de Devin Townsend. Matos de ce-dernier oblige, c’est sur une petite scène que les Anglais vont devoir se serrer et se produire mais cela n’affectera en aucune mesure leur show. Ils débuteront avec “Puzzle Box”, sûrement le seul morceau que je connais de leur dernier opus Vektor, et prouveront ce que je disais plus haut : à savoir que les types ont les épaules et la prestance nécessaires pour se produire en live une musique des plus technique sans pour autant paraître trop statique et trop concentré. Entre Griffiths très apaisé, fermant parfois les yeux pendant ses solos, Tejeida tout sourire s’éclatant et comme un enfant en sautant de sa tablette à son clavier, Jennings assez charismatique et parvenant à s’occuper durant les parties instrumentales sans pour autant paraître ridicule ou ennuyé…
Franchement c’est un groupe qui fait plaisir à voir et qui maintiendra cette qualité tout au long des six titres proposés parmi lesquels “Cockroach King”, un classique avec lequel j’ai du mal à cause du passage a capella magnifiquement bien interprété sur scène, je dois le reconnaître ! C’est “dommage” car il y a de sacrés parties instrumentales sur cette chansons : le moment le plus prog ou techniques ou encore le petit passage “jazz lounge” qui passe crème… Cela se finit avec “1985”, un titre au relent de synthwave dans les ambiances mais aussi une très très forte influence venant de Dream Theater. Sans déconner ces notes de claviers en fond, si cela ne vient pas d’un Moore période Images and Words il va falloir qu’on m’explique (et qu’on se battre !
). Idem pour ces reprises aux guitares, cela sent le Petrucci à plein nez (sauf que John fait ça tout seul !
). Rassurez-vous, je ne formule aucune critique ici, le titre est somptueux et ils ont eu raison de le jouer terminer leur concert ainsi !
D’un coup The Academy se remplit. Pouf ! Ils sont tous arrivés comme ça ! On comprenait alors le sold-out mais ce que je comprends moins c’est pourquoi les gens ne sont pas venus pour Haken ? Franchement le groupe aurait mérité un public plus nombreux… Surtout que les Anglais ne sont pas de parfaits inconnus dans le prog et que si on aime le copain Townsend normalement on a de fortes chances d’aimer Haken…
Dommage pour les absents !
Trois fois que je vois
Devin Townsend. Trois fois que le Canadien fait sold-out. Rien de surprenant ici puisque le gentil monsieur a la cote depuis des années ce qui, pour le coup, est amplement mérité et justifié. En général Devin nous sort de très bons albums. Comme je le disais : dans Empath il y a du bon et du mauvais mais on ne peut pas cracher sur le génie musical et encore moins quand on en apprend un peu plus sur l’album comme cela sera le cas lors du concert de ce soir…
Mais commençons par le commencement : la scène, aux allures d'île paradisiaque sur laquelle on passerait des vacances clichés
Les roadies firent leur taf en chemise Hawaiennes et des plantes tropicales furent disposées par-ci par-là
Un joli décorum dans lequel s’entassérent le musiciens de la tournée, portant le même style de chemises
On comprit très vite que l’Academy n’était pas bien adaptée à ce que Townsend avait prévu puisqu’avec tout ce monde la scène paraissait petite et obligea sûrement le bassiste à rester dans le fond ce qui est bien dommage vu les parties de basse que le mec envoyait. Aussi, l’écran géant sur lequel étaient projetés des images ou des clips était coupé de moitié. Ceci étant le côté négatif du show. Passons aux nombreux côtés positifs
Déjà le groupe en lui-même. On retrouva le claviériste d’Haken qui visiblement n’a aucun soucis à enchaîner trois heures de prog toujours avec un enthousiasme fou et un sourire des plus francs
Il fut le premier à débarquer et s’occupa de préparer des cocktails vodka-fruits tropicaux à ses camarades, servis dans des verres en forme de noix de coco et avec la petite paille qui va avec
Mike Keneally à la guitare, un mec dont je crois que Zappa lui-même disait qu’il envoyait du lourd. A la troisième guitare : Markus Reuter avec sa façon si particulière d’utiliser son instrument et nous délivrant des solos bien barrés et bien à lui. Je vais encore balancer une cartouche facile mais ici les trois guitaristes s’intéregraient merveilleusement bien aux chansons, sans de surplus et sans qu’un des trois ne sache pas quoi faire, tout le contraire de Ghost en gros
En chanteuse principale nous avion Che Aimee Dorval qui apparaît déjà sur quelques albums studios et possède une classe et une voix que je n'échangerai pour rien au monde, ni même pour Anneke
Citons encore les trois choristes qui appuyérent à merveille certains refrains voire à un moment une chanson entière
Tout ce joli monde pour commencer en douceur ces deux heures avec “Borderland”, sûrement la chanson qui fait le plus voyager d’Empath et il est certain que ce choix ne fut pas anodin puisque, de l’aveu de Townsend lui-même, il voulait tous nous faire voyager. Du dernier Empath juste le meilleur en fut tiré : “Spirit will Collide”, “Evermore”, “Why?”... “Genesis”, avec des images du clip, passait plutôt bien. La grosse surprise du show fut non un, ni deux, ni trois, mais quatre titres de Ki !
Ki est un album que j’adore et qui est idéal pour se reposer, on a là une musique subtile, chaleureuse et posée, une facette unique du style de Townsend. Par chance, avec ce son nickel, la basse fut bien mise en avant et renforça justement ce côté chaleureux. Peut-être que certains fans regretteront d’avoir eu autant de titres de cet opus, surtout que rien ne fut joué de Ziltoid, mais ce fut clairement le meilleur du concert pour moi. Le duo entre Che et Townsend fonctionna à merveille… Enfin, il fonctionnait déjà bien sur les autres titres mais ce fut particulièrement flagrant sur les chansons de Ki. Qu’est qu’on a eu encore ? Parce qu’entre Ki et Empath on mange déjà deux tiers du show… Boh au pire il y a setlist.com pour vous aider ! Mais “Deadhead” et “Kingdom”, celui-ci joué en rappel après deux covers (dont une de Zappa), étaient comme d’habitude grandioses
Et pour finir, le meilleur : Devin Townsend
Je reste toujours en admiration devant ce mec… Je veux dire… Comment ne pas se mettre à sourire devant un tel artiste ?
Devant tous ses sourires et ses blagues ? Comment ne pas se mettre à genoux devant son aisance à maintenir une scène, à motiver ses musiciens, à nous délivrer des prestations vocales sans aucune fausse note ?
Devin qui change de type de chant sans sourciller, en passant d’une voix calme et chaleureuses pour du Ki à des growls sur une autre chanson ? A moduler sa voix comme lui seul ne peut le faire sur un “Deadhead” toujours aussi profond et captivant ?
Et je ne parle même pas de ses prouesses à la six cordes...
Comment ne pas rire quand il se déplace à genoux comme un enfant et va faire des grimaces devant les choristes ?
ou qu’il se lance dans un monologue sur un sujet scientifique compliqué avec un débit super rapide pour se retrouver coupé par le dernier refrain de “Gato” ?
Quand il nous raconte son rêve “.. And then what I did was to fuck me by the ass and… uh wait… I cannot do that, this is not even possible… No I was doing something else, something more normal… Oh Yeah I remember ! I was fucking my father !”?
Ou quand on le voit débarquer en tutu pendant “why?” et faire le polisson en dansant n’importe comment devant autre musiciens qui esquissent alors de francs sourires amusés ?
Ou alors comment ne pas être touché par certains discours, quand il nous raconte qu’avec Empath il souhaitait simplement que les gens se rapprochent, et qu’il souhaitait combattre la dépression ? Qu’il nous demande de laisser pendant deux heures notre boulot, nos factures, tous ces trucs qui nous emmerdent au quotidien ? La dépression, qu’il connait malheureusement que trop bien, il la mentionnera plusieurs fois et dans cette tentative de nous faire voyager et nous faire oublier on ressentait une sincérité des plus touchantes, rien de faux dans ces discours. Parce qu’avant tout Devin est humain et que cela se ressent au travers sa bonne humeur hautement contagieuse ou dans son humilité qui font de lui un être des plus attachants
Beh mon couillon… Tu voulais nous voir sourire, tu as plus que réussi ! Et ça fait du bien putain !
Trois pages words cela suffira non ? Il me reste quelques lignes pour enfoncer le clou : je termine très bien l’année 2019 en matière de concerts et Devin Townsend est extraordinaire. C’est qu’il me ferait limite aimer Empath ce con...