By farmers for farmers.
Le festival prend place dans un décor idyllique, un plateau sur les hauteurs de la Forêt Noire. Des chemins étroits serpentent entre les fermes isolées, ça et là des champs et prairies alternent avec des parties boisées.
Quand on arrive là-haut, on trouve un premier parking - qui n´est pas indiqué comme tel - à main droite, puis quelques centaines de mètres plus loin un second - pareil - à main gauche et c´est là qu´en l´absence de personnel pour donner des indications nous choisissons judicieusement de nous poser. Si au lieu de ça on avait continué sur la route, étant donné que tout droit elle se transforme en chemin menant à une ferme, il aurait fallu tourner en descente vers la droite en suivant les indications "parking". C´est ce que nous faisons donc à pied. Nous dépassons ce faisant le parking indiqué comme tel à gauche, une prairie légèrement en contrebas du chemin. L´entrée est déjà bien boueuse, j´imagine sans peine de quoi ça aura l´air après la prochaine pluie et le passage de quelques centaines de bagnoles...presqu´en face le parking pour mobilhomes et assimilés, même constat. Derrière celui-ci, on prend le chemin qui part vers la droite et mène à l´infield et au camping tentes...sur lequel il y a des véhicules aussi.
Premier point négatif: la communication du festival est pour le moins nébuleuse. Les informations concernant le camping et les divers tickets proposés est tout sauf limpide et sur certains points aussi contradictoire. Par bonheur c´est un problème avec lequel nous n´avons pas dû nous confronter, ayant fait le choix de rentrer dormir chez nous.
Aussi au sujet communication, nous demandons au bénévole en fonction au parking où s´effectue la pose préalable des bracelets (il était annoncé qu´on pouvait procéder à la pose des bracelets de 13 à 15h, ce que nous souhaitions faire pour ne pas rater Sydra qui jouaient à 17h30 après une ouverture des portes de l´infield à 17heures seulement). Réponse du gars: pas au courant. C´est une fille qui passait par là qui a pu nous indiquer la bonne tente.
L´infield est un rectangle relativement petit sur une pente naturelle qui ressemble vaguement à un amphithéâtre. 3000 personnes parquées comme du bétail dans un enclos. Il n´y a aucune possibilité de s´asseoir ailleurs que par terre. Or dans ce décor et avec ce type de public de bourrins bourrés, on est déjà en permanence en danger en position debout. Assis, ça donne: une famille avec petits enfants assis sur des couvertures, deux grands gaillards modèles boeufs bourguignons bien alcoolisés qui font les cons autour et vu la pente, c´est la chute sur la famille avec la mère qui a juste le temps de se jeter sur sa progéniture pour la protéger. Debout ça donne: Mr. ChaNoir et madame regardent Any Given Day, ChaNoir se ramasse un gars bourré (plutôt petit et mince heureusement) sur les cervicales. Je ne sais pas s´il marchait à reculons ou comment il a fait son compte, de toute façon 99% du public est à l´image de la famille de fermiers qui organise: une population de barriques pleines et mal dégrossies. Je n´ai jamais vu de toute ma vie une telle proportion d´alcoolémie générale. Ma fille a dit: en fait c´est comme une grosse fête de village sur le thème du lemetal. Bien vu.
Du coup, il est impossible de rentrer dans un concert, parce qu´on est constamment sur ses gardes. On peut te tomber dessus à tout moment et ça peut venir de toutes les directions. Les secours tout comme la sécurité (jamais vu un festival avec autant de personnel d´une firme de sécurité, et ce n´était pas sans raison) ont eu fort à faire tout au long du week-end, il y a eu des chutes que je n´aurais sincèrement pas voulu encaisser moi-même, les conditions météo étant venues en rajouter une couche là où il n´avait vraiment pas besoin. Il n´y a pas de recoins ou de bord de terrain disponibles non plus pour se mettre au moins le dos en sécurité: tout est occupé par des stands, des entrées et sorties, les toilettes (j´y reviens dans un instant), le coin pissoir pour les hommes, la scène ...il n´y a pas un seul mètre de libre, on ne peut que se tenir au milieu, ce que je déteste.
Parlons des toilettes: à l´entrée côté camping, il y a 5 ou 6 dixies, déjà dans un état repoussant le vendredi à l´arrivée. Dans l´infield même, il y a en haut 2 wagons de wc, ce qui est bien insuffisant et conduit à une longue file qui ne faiblit jamais, à aucun moment des deux journées il n´a été possible d´accéder à ces "commodités" sans faire une file qui s´annonçait longue. Nous ne les avons donc pas utilisées, aucun de nous 3. En bas à droite de la scène un enclos avec une rigole où pisser pour les hommes. J´ai entendu deux femmes qui discutaient sur le sujet et partageaient notre point de vue: pour pisser il faut aller dans les bois. Ces deux dames faisaient partie du pourcent de public resté dans un état humain, pour les autres l´association alcool/situation sanitaire a conduit à un nombre de fesses et de bites à l´air au milieu du chemin jusqu´ici inégalé dans ma chronique personnelle.
Sans transition

: la nourriture est correcte, rien de raffiné mais pas mauvais, pour un petit prix: la portion de lentilles vegan avec tranche de pain complet pour 3,5€, hamburger végé pour 4,5€, le rhum cola à 4,5€ également, c´est un des rares bons points. Pas de frites ni de gaufres ou crêpes ou quoi que ce soit pour les sucrés par contre. Et puis le problème revient: on ne peut pas manger tranquille puisqu´il n´y aucun endroit où se poser ou même ne fût-ce que se mettre un instant à l´écart, du coup on avale debout en surveillant tout le monde tant bien que mal du coin de l´oeil.
Et enfin, ce qui va avec le tableau brossé jusqu´ici et le complète malheureusement presque de manière logique, c´est la prédation sexuelle. Nous avions déjà tiqué au Baden in Blut ma fille et moi, signe que c´est aussi un problème d´époque et non de lieu uniquement, mais disons que là-bas c´était encore modéré en nombre et presque subtil quant à la manière en comparaison de ce que nous avons enduré ce week-end: nous avons été à chaque pas évaluées comme on jauge du bétail et de nombreuses fois apostrophées, provoquées, voire insultées.
Sur les derniers mètres avant l´entrée de l´infield, on subit aussi un groupe d´estoniens qui harcèlent les gens pour vendre leur cd. Ils s´en prennent principalement aux femmes, à qui ils font du charme suave avec leur blondeur, leurs yeux bleus et leur candeur feinte. Quand ça ne marche pas comme avec nous, ils harcèlent plus agressivement avant de passer finalement aux insultes à caractère sexuel. Ils sont restés là toute la durée du festival, même en repartant de Cytotoxin à 2h45 ils étaient encore là. Je ne comprends pas que l´orga tolère ce genre de chose.
Parlons technique pour clôturer la partie généraliste avant de passer aux groupes. Visiblement, l´organisateur a limité les coûts pour l´infrastructure au maximum comme on l´a vu en détails plus haut. Quelques sculptures géantes sur bois réalisées à la tronçonneuse (art répandu ici) font office de totems façon Wacken ou Hellfest à l´entrée (que pas mal escaladeront pour la photo en dépit ou peut-être au contraire suite à leur état d´imbibation) et quelques ballots de foin empaqueté en guise de tables, et c´est tout. L´argent a été massivement investi dans la technique: c´était le meilleur son de festival que nous connaissons, toutes tailles de fests confondues, et les jeux de lumières étaient dignes de feux d´artifices grandioses. C´est tellement dommage de ne pas pouvoir profiter d´une telle qualité à cause de tout le reste.
Le vendredi:
Sydra
c´est leur seconde apparition sur un festival de cette taille mais la première fois qu´il y a autant de monde pour eux devant la scène, déjà facilement 500 personnes je dirais. Du coup ils sont un peu nerveux sur les deux premiers morceaux, pas de gros pain mais moins fluide que les dernières fois. Ils se ratrappent très vite et ça finit en un très bon show, la part belle aux nouveaux titres, mieux travaillés et qui permettent d´exploiter la large palette de possibilités vocales. Top!
Ils ont très bien vendu leur merch ensuite d´ailleurs
Stellaris
les tchèques proposent un metalcore assez groovy avec des growls féminins rappelant Infected Rain ou Arch Enemy. Pas ma came nénamoins gros intérêt du public, belle réception.
Vision of Atlantis
un concert et un show de toute beauté. Je ne suis pas cliente de ce genre de choses mais il faut reconnaître ce qui est: parfait. Les voix se répondent avec harmonie, la chorégraphie est hyper bien pensée, le décor aussi,et pourtant cela ne fait pas trop routinier, c´est bienveillant et ça semble naturel même si ça ne l´est évidemment pas. La seule petite critique, c´est que les sollicitations à participer sont non seulement très répétititves mais surtout aussi formulées d´une manière que je ne cautionne pas "it´s the first day of the festival, you cannot be tired, and it is not even late, you MUST have the energy to do this..." ou encore "let´s see who of you is a real true...are you true?"
Any Given Day
font du metalcore de bonne facture. La voix est belle mais live je ne reste pas longtemps dedans: il me manque une cohésion visuelle et puis je n´aime pas cette attitude assez bad boy des temps modernes. Après quelques morceaux, nous optons pour la pause à l´auto oú je m´endors avant d´être réveillée par un orage apocalyptique. Au loin devant on voit les voitures par centaines qui défilent vers la sortie, des dizaines de gens à pied qui tentent de rejoindre leurs véhicules, on n´entend plus de musique au loin: le site est évacué. Nous restons où nous sommes. Lorsque l´alerte est levée plus d´une heure plus tard, fillotte reste au chaud dans l´auto tandis que Mr et moi-même reprenons courageusement le chemin de l´infield.
Malheureusement le show reprend là où il s´est arrêté et on se tape encore une heure des coreux. Je trouve particulièrement antisocial, au vu du retard subi, de prendre tout son temps en blabla inutile au lieu de tenter de limiter le retard pour les deux groupes qui passeront encore après
Un bon point quand même: le morceau Home Is Where The Heart is en version acoustique (le chanteur et un gratteux avec guitare sèche seuls sur scène) dédié à Peter Haag/West, décédé il y a dix jours et qui aurait du être sur cette scène le lendemain. Cela a été à ma connaissance le seul geste à ce sujet, silence radio du festival, ce que j´ai trouvé personnellement vraiment choquant (quand on sait que d´autres festivals ont honoré sa mémoire avec grandeur et dignité, mais encore une fois ce n´est pas étonnant venant de beaufs pareils). Et du coup moment d´émotion pure et chair de poule.
Nachtblut
on change radicalement de style et de décor. Le show est très léché mais qu´est-ce que c´est stérile bon sang! Tout est parfaitement tacté, c´est joli à voir mais c´est du spectacle pur, pas de l´art à mon sens. Eux au moins ont le bon sens d´écourter fameusement leur set (55 minutes au lieu de 90)
Il est 02:10 quand
Cytotoxin commencent à jouer. Ils auraient dû finir leur set à 01:50. Ils ont eu le bon goût ou le bon sens ou les deux de réduire le soundcheck et l´installation de matos au strict minimum: 12 minutes et c´était plié, joli, respect. Il y a encore environ 150 personnes au début. J´aime beaucoup l´emploi d´un panneau de giratoire pour signaler le départ du moshpit. Au troisième morceau une pluie torentielle s´abat sur nous tous, les techniciens courent pour sauver le gros du matériel, les câbles sur scène baignent dans plusieurs centimètres d´eau. Niveau musique et show, c´est très très chouette, j´aime aussi leur humour et puis j´adore l´accent de l´est qui est celui que je préfère en Allemand. A fond dedans sur un morceau, mais au quatrième je jette l´éponge: je suis trempée jusqu´aux os, le jeans pourtant bien épais a percé, on jurerait que j´ai plongé toute habillée dans la piscine la plus proche. J´ai deux souvenirs de gigs particulièrement bien arrosés (King Leoric à Gifhorn et Rage à l´Alcatraz), mais à ce point-là c´est vraiment une première pour moi. Alors qu´on s´éloigne en essayant de ne pas tomber dans la boue en remontant la pente, il nous lance "hey vous là-bas, je ne vous en veux pas, je ferais pareil á votre place". Quand on arrive en haut et qu´on se retourne, des dizaines de personnes ont pris le même chemin et gravissent ou rampent vers le haut, il reste 30 pelés en bas, respect à eux aussi.
Bonne nuit, couchés à 4h30 non sans avoir mis nos fripes à sécher sur un fil, le repos sera court.