Samedi
Après une nuit agréable dans notre petit camper sur une place de village à une dizaine de kilomètres de là, la seconde journée commence bien malgré moi avec
Ivory Tower. Cette formation a pollué il y a quelques années de manière acharnée, répétitive et insistante

pas mal de groupes facebook dédiés aux échanges entre festivaliers, notamment celui du Headbangers Open Air. Jusqu´à ce que quelqu´un pète un câble et leur dise publiquement d´aller crever ailleurs. J´avais donc décidé par principe de ne pas les voir mais finalement, à l´insu du notre plein gré, nous voilà assis sur un banc, pas encore tout à fait réveillés. Au moins à l´avenir mon boycott sera-t-il maintenu en toute connaissance de cause: Power Metal lambda et mou, chant approximatif, blabla pathétique, au suivant.
Vissés à notre siège, on continue toujours un peu dans le brouillard avec
Imha Tarikat, où nous avons la surprise de voir le chanteur de The Night Eternal à la basse. J´ignorais parfaitement ce fait. C´est carré à tous points de vue mais ça manque d´accroche, rien de marquant. Pour finir d´émerger, ça convient bien.
Ensuite vient une petite pause papotage en terrasse du club de sport avec une copine, seule personne du public que nous connaissons dans ce festival si loin de chez nous. Stef est une autre membre du fan club Seven Sisters, c´est de là que nous nous connaissons, et écoute contrairement à moi exclusivement des choses heavy et mélodiques, elle est grande fan d´Atlantean Kodex également par exemple. Pourtant elle nous dit qu´elle ne connaissait pas Chapel of Disease, elle n´aime pas le chant forcément, par contre elle était bluffée par le travail des guitares et donc elle va s´intéresser quand même à la discographie. Retour intéressant, je trouve.
De là nous partons tous les trois pour
The Night Eternal. Quel bonheur de les revoir en forme et avec un bon son! Chanteur de bonne humeur, adorable comme jamais avec le public, setlist principalement axée sur le nouvel opus, logique. Final en beauté avec une magnifique chute du frontman, qui après avoir passé son impulsivité par quelques violents coups de poings sur le sol de la scène, termine le chant d´abord couché puis progressivement à 4 pattes et enfin debout.
Mention spéciale "haine et malédiction" à la poivrote qui traine sa gamine gênée et honteuse devant la scène pour faire des bulles avec une licorne en plastique. La pauvre gosse qui disait " non non non" comme la poupée de Michel en tentant d´ échapper à la honte...quand les enfants ont plus de décence et de bon sens que leurs parents, ça frise la maltraitance psychologique. Le public tout comme l´équipe organisatrice sont d´ailleurs fort branchés déguisements, girafes, lapins - rose ou clignotant selon les goûts - et fort tendance, le diadème surmonté d´une flèche jaune vif, indiquant l´endroit où le cerveau devrait se trouver, des fois qu´un organe égaré survolerait le territoire.
Gama Bomb ou la chance nous sourit. Comme on ne les avait jamais vus, j´avais bien envie de remédier à cet état de fait. En même temps, deux facteurs venaient tempérer ce désir: j´avais regardé des vidéos de live assez bof bof sur youtube et avec ça l´idée de revivre un gig dans la tente bondée me tentait plutôt moyennement. C´est alors qu´on voit la back drop de GB être installée sur la Main Stage en lieu et place de celle de Grand Cadaver. Renseignements pris, les Suédois ne sont pas arrivés à temps et changent de slot avec les thrasheurs. Voilà qui fait fort bien mon affaire. Et c´est le bingo sur toute la ligne, une magnifique claque, cette voix et ce charisme, ce talent! Un véritable amuseur public ce bonhomme. Sans rapport musicalement, je pensais quand même un peu à Rémy Bricka pour la façon d´être, le rayonnement solaire de sa personnalité. La setlist m´est malheureusement passée sous le nez mais l´heureux qui l´a obtenue nous a laissé prendre une photo
Au rayon des groupes jamais vus, il y a aussi
Dool. N´aimant pas musicalement, j´aurais personnellement fait l´impasse, mais Mr.ChaNoir quant à lui souhaite se faire son idée, ce que je lui accorde bien volontiers. Absolument rien à leur reprocher, néanmoins cette très belle présence scénique ne suffit pas à faire taire mon ennui profond et comme Mr.ChaNoir n´accroche finalement pas lui non plus, nous faisons une tenative infructueuse de nous restaurer à la buvette sportive. A quatre reprises, la dame à qui ma moitié a signalé d´emblée que nous étions pressés, passe devant nous sans prendre la commande, préférant débarrasser. Après 10 minutes nous levons le camp afin de ne pas rater la suite:
Cloak
J´en ai entendu grand bien, à voir. Notre plan était de nous positionner à gauche dans la tente, de manière à pouvoir sortir rapidement si le besoin se faisait sentir. Comme tout le monde est encore à mater Dool, nous avons l´embarras du choix quant au centimètres carrés que nous désirons occuper. Et puis contrairement à mes prévisions, lorsqu´ils commencent la tente n´est pas tellement remplie. Il y a du public juste ce qu´il faut mais on est loin du blindage irrespirable de la veille pour Scalpture. Visiblement Cloak sont encore un tuyau d´initiés, j´ai surestimé la vitesse de propagation d´une réputation de qualité en dehors de la scène purement black metal.
Les minutes qui suivent vont nous laisser pantois, bluffés, le souffle coupé. Voici qui nous en bouche un coin, comme aurait dit feu mon père. Les américains nous ont servi un menu 4 étoiles. Leur black raffiné est travaillé en plusieurs couches comme un bon vin, la note de tête étant subtilement relevée par une ligne plus douce, emprunte de tristesse, aux accents tantôt death tantôt goth, exécution au top, excellent visuel sans chichis et charisme maximum. Ils ont créé un son unique avec jusque ce qu´il faut de corrodant pour éviter le piège de la perfection chiante.
Après ça en fait, on pourrait aller se coucher. Fort heureusement, on n´en fera rien. On commence par jeter un coup d´oeil à
LIK qui ne retiennent pas longtemps notre attention, donc pause à la voiture. C´était le bon choix, à peine arrivés, la météo l´a soudainement super mauvaise et nous le fait savoir avec une longue et violente averse.
Retour sur le site en bottes et ciré pour ma part, dans les allées la gadoue rend le terrain glissant sans que ce soit dramatique. On termine le fest par une prestation époustouflante de
Uada. La nuit leur permet de toper largement le concert pourtant très bon de la semaine passée. Pas de jeu de lumières colorées cette fois-ci, tous les spots sont éteints pendant toute la durée du spectacle. Au lieu de ça, trois projecteurs de chantier judicieusement positionnés à gauche et à droite des gratteux, le troisième au pied de la batterie, illuminant celle-ci et la lune de la backdrop de leur halo blanc et faisant ressortir celles-ci ainsi que les musiciens à la manière découpée d´une carte illustrée dont le décor se déplie lorsqu´on l´ouvre. Un sans faute.
Un dernier petit bonbon pour la route: le Burning Q se termine traditionnellement par un spectacle d´artistes du feu en lieu et place d´un bête feu d´artifice, un très bon point à mon avis. Chouette show, c´est vraiment pas minable, je suis restée scotchée là tant c´était plaisant à regarder toutes ces torches qui évoluent autour des corps contorsionnés, se lancent, s´échangent, se rattrappent.
Un coup d´oeil encore à Gorza qui ne nous retiennent pas plus longtemps, assez amateur et banal, hop en route, on a 40km à tirer jusquà chez ma fille - pas fillotte, mais sa soeur - où on se pose sur le terrain d´en face en attendant le petit-déj ensemble demain.
Au revoir Burning Q, c´était sympa chez toi même si on n´a pas adhéré à tout. Je ne sais pas si on y retournera, en tout cas on en gardera un bon souvenir.
Un petit pêle-mêle d´images à priori sans ordre logique: