Je commence par la présentation générale
L’édition 2004 du Furyfest (la quatrième) est un événement dans l’histoire du metal français. En effet, c’est la première fois que l’on a dans notre beau pays un festival de cette ampleur regroupant autant de grands groupes

. Alors qu’au début, le Furyfest était un petit festival de hardcore, il a su diversifier son affiche en l’ouvrant très largement au metal, pour connaître une croissance exponentielle en peu de temps. Les noms proposés laissent rêveurs : Slayer, Anthrax, Megadeth (soit tout l’ancien carré magique du thrash des années 80 moins Metallica

!), Kreator, In Flames, Dark Tranquillity, Soilwork, Arch Enemy (qui a cependant annulé une semaine avant le festival), Dimmu Borgir, Dissection, Obituary, Lacuna Coil, Samael, Amon Amarth, My Dying Bride, Napalm Death, Behemoth… Une bonne partie du gratin de la scène metal (surtout extrême quand même) est présente ce week-end là au Parc des Expositions du Mans, au côté de grands noms du punk et du hardcore. Sans oublier non plus la présence de groupes inclassables comme Neurosis et Fantomas ! Au final, on obtient une affiche très intéressante et originale, mélangeant trois publics différents (coreux, metalleux et punks) dans une ambiance sympa et pacifique

. Il était donc inconcevable de louper un tel événement ayant lieu sur le sol français

! On se plaint souvent qu’il ne se passe jamais rien en France, que ça ne bouge pas, alors pour une fois que quelque chose est organisé, ça mérite un peu de soutien
Malgré tout, de nombreuses incertitudes ce festival planaient jusqu’à l’ouverture des portes. Déjà, deux semaines avant, on n’était même pas sûr qu’il aurait lieu dans la mesure où, du fait de brouilles internes entre les organisateurs, le dossier sécurité n’avait pas été transmis à la préfecture de la Sarthe, qui l’attendait quand même depuis un mois

. Or, ce point est fondamental quand il s’agit d’organiser un événement où 15000 personnes étaient attendues, surtout quand on voit la réputation des publics concernés et quand on sait à quel point l’administration française est à cheval sur les formalités

. On est passé à deux doigts d’une annulation pure et simple du festival, et la nouvelle s’est diffusée rapidement : les autorités ont appelé les fans à ne pas prendre leurs places tant que la question ne serait pas réglée

. Même la presse quotidienne locale et l’édition régionale du 19/20 en ont parlé

! L’incidence sur les préventes a été très mauvaise et, avant le début du festival, seuls 6500 pass pour trois jours avaient été vendus, alors que c’était sold-out l’année précédente. De plus, alors qu’une scène en plein air était prévue, la direction régionale de l’Aviation Civile y a mis son veto. En effet, le site du festival est situé à proximité de l’aérodrome du Mans, et la scène risquait de provoquer des interférences néfastes aux communications aériennes

. Les organisateurs ont donc été obligés de se rabattre sur la grande salle du Parc des Expos, qui est donc entièrement couverte mais qui a une capacité inférieure à ce qui était prévu. A cela, il faut ajouter que le prix prohibitif des entrées (105€ les trois jours ou 45€ la journée) avait de quoi rebuter pas mal de gens (notamment les étudiants), tout le monde ne pouvant pas se permettre de débourser une telle somme

. Autre problème pour le festival : la concurrence ! Ce week-end là, en effet, se déroulaient également le Graspop (un festival à l’affiche assez proche et à la renommée établie depuis de nombreuses années, qui est également intéressant géographiquement pour le public français) et le Bang Your Head (l’affiche n’a rien à voir, mais la réputation de ce festival n’est plus à faire chez les metalleux et l’entrée est beaucoup moins chère). En prime, Iron Maiden était de passage à Paris au Parc des Princes. Et pour les plus voyageurs, on peut aussi rajouter le Metalcamp en Slovénie

! Et ça ne concerne pas que le public metal, car pour le hardcore, il paraît qu’il y avait aussi d’autres festivals qui avaient lieu au même moment.
Pour toutes ces raisons, on pouvait craindre que les fans soient un peu dispersés ou tentés d’aller voir ailleurs. Fort heureusement, même si le festival n’a pas affiché complet (sauf le dimanche), le public a bien répondu présent et n’a pas eu à le regretter

. J’espère que les organisateurs rentreront dans leurs frais, car après ce qu’ils ont réussi à faire cette année, ce serait un immense gâchis si le Furyfest ne parvenait pas à avoir une pérennité financière.
Pour autant, tout n’a pas été parfait question organisation, surtout à l’extérieur de l’enceinte. Il n’y a pas eu de problèmes pour le parking (immense, car c’est celui du circuit des 24h), mais par contre, aux guichets et à l’entrée, ça a été un bordel sans nom. Entre la queue pour avoir les pass (presque deux heures en plein soleil !) et les filtrages assez peu cohérents à l’entrée (c’est à dire que suivant la file où on était, soit on passait quasiment sans contrôle, soit on se faisait fouiller trop longtemps et ça retardait tout le monde), ça a été la croix et la bannière pour pénétrer dans l’enceinte

. Autre défaut d’organisation, les changements de running order. Il y en a eu un certain nombre et la communication a été quasiment inexistante

. Par exemple, c’est complètement par hasard qu’on a appris que Cult Of Luna (déjà déplacé deux fois dans la journée) jouerait sur la Velvet Stage en même temps qu’Anthrax. Il est arrivé la même mésaventure à High On Fire, Jesu, et probablement d’autres groupes. De même, Anorexia Nervosa a commencé une demi-heure en avance. C’est énervant pour les fans et pénalisant pour les groupes, qui jouent de ce fait devant une audience réduite

. De plus, il y avait souvent des chevauchements d’horaires entre les groupes des trois différentes scènes du festival et, si on voulait tout voir, il fallait souvent quitter un concert avant la fin ou prendre l’autre en cours. Mais c’est vrai que vu le nombre de groupes à l’affiche (plus de 90 !), on pouvait s’y attendre. Il faut quand même reconnaître que la programmation était intelligemment faite, de façon à ce que les groupes d’un même style n’aient pas trop à se chevaucher. Par contre, ceux qui aiment des groupes dans chaque style représenté au Furyfest ont dû avoir quelques frustrations…
Mais une fois à l’intérieur, il n’y a pas eu à se plaindre de quoi que ce soit (à part ces problèmes de changements fréquents de running order sur lesquels peu de communication avait été faite). Le site est excellent et très bien aménagé

. On arrive sur une allée assez longue sur laquelle on trouve de chaque côté des stands de nourriture (tout à fait mangeable en général, d’ailleurs) et de boissons en tout genre. Enfin en tout genre… en boissons, le choix est limité : bière (Kro uniquement !), coca, fanta, sprite, eau, et c’est tout

! Mais il faut quand même souligner le fait qu’ils vendent de l’eau, car ça n’est pas donné dans tous les festivals

. Quand il fait chaud, au bout d’un moment, la bière et les sodas ne suffisent plus à désaltérer, donc c’est bien qu’ils y aient pensé

. En plus, c’est vendu moins cher. Par contre, je ne comprends pas qu’ils filtrent les bouteilles d’eau à l’entrée (suivant la personne de la sécurité à qui on a affaire, ils peuvent laisser rentrer avec, à condition de leur donner le bouchon !) alors qu’ils vendent la même chose dedans

! Pour l’achat de boissons, ils ont prévu un système de tickets (à un euro pièce), pas très contraignant car il y a juste à en donner le nombre nécessaire et il n’y a pas de monnaie à rendre. De ce fait, c’est assez fluide et on est servi plus rapidement. Et en plus de ça, les prix sont tout à fait raisonnables. Je ne comprends pas, par contre, ils ont différencié les tickets repas des tickets boissons, car ils étaient au même prix. Il aurait été plus simple pour tout le monde que l’on puisse tout acheter avec le même ticket

. Ce qui était bien aussi, c’est que chaque stand avait des tables avec des chaises et des parasols

. La déco de l’ensemble était très sympa, avec de nombreuses fresques. C’était encore mieux la nuit, avec des éclairages grandioses et des fresques géantes très belles faites avec un jeu de lumière (je ne me rappelle plus le terme exact de cette technique, mais c’était excellent). Les organisateurs ont sûrement fait appel à des artistes alternatifs, et le résultat est là. Esthétiquement, c’est parfait

. On trouve aussi différentes animations, comme le half pipe sponsorisé par Vans
Le metal market, ou plutôt l’Extrem Market, est dans une salle de l’allée perpendiculaire à l’allée principale. S’il n’a rien à voir avec ceux des grands festivals allemands, il est très bien fourni et il y a bien là de quoi trouver son bonheur. Outre les traditionnels stands de disques et de tee-shirts, on trouve au fond des stands de tatouages. On peut ainsi se faire tatouer sur place pour un prix assez bas. Par contre, après ça, il faut vouloir faire un festival avec un tatouage qui vient juste de se faire… On trouve également des stands de prévention sanitaire où sont distribués gratuitement boules quies et préservatifs
L’espace VIP est derrière ces stands de tatouage, et on est filtré par un mec très cool qui laisse rentrer tout le monde ! C’est un endroit très confortable (même s’il y fait extrêmement chaud) avec de nombreux canapés, rocking chairs et autres sièges ultra-design, avec en prime des baby-foots et un flipper

! Ils servent aussi à boire, pour moins cher que dans les autres stands si on dit qu’on est un artiste ou qu’on en connaît un pour qui on vient chercher un verre

!
Enfin le plus important dans un festival, c’est quand même la configuration des scènes. Elles sont toutes en intérieur, et il ne faut donc pas craindre trop la chaleur et la transpiration

. Il y en a trois : la Main Stage, la Forum Stage et la Velvet Stage.
Cette dernière est la plus petite de toutes, et aussi la plus étouffante. Elle doit pouvoir accueillir un millier de personnes et dispose de peu de voies d’aération. En plus, la scène est assez basse et il vaut donc mieux être bien placé pour voir correctement... Le tout étant de pouvoir bien se placer, vu la taille réduite de la salle ! Bref, ce n’est pas vraiment du tout confort et il faut vraiment être motivé pour assister à un concert entier (je n’en ferais qu’un en intégralité, qui sera d’ailleurs l’un des meilleurs du festival : Amon Amarth

!). Par contre, le son y est impeccable

. Elle est à l’écart des autres, car située au bout de l’allée principale. Il faut descendre une allée en pente pour accéder aux deux autres scènes, situées l’une en face de l’autre.
La scène moyenne, la Forum Stage, est magnifique. C’est une grande rotonde pouvant accueillir, à mon avis, dans les deux ou trois mille personnes. La scène est à une bonne hauteur et la déco est vraiment sympa

. Par contre, le son est souvent assez brouillon, du fait de l’acoustique particulière de cette salle toute ronde

.
Enfin, la grande scène, la Main Stage, est un immense hangar qui doit pouvoir contenir cinq ou six mille personnes. Il y a plusieurs entrées assez larges sur le côté, qui permettent donc à l’air de circuler un minimum (enfin vraiment un minimum, c’est à dire juste ce qu’il faut pour ne pas étouffer de chaleur!). Mais ça paraissait quand même un peu petit pour contenir l’ensemble des festivaliers, ce qui nous faisait un peu peur pour les têtes d’affiche…
Les conditions d’hygiène sont bonnes dans l’ensemble

. On trouve des toilettes en bon état à l’intérieur du festival (même si certains pissent partout, mais l’organisation n’y est pour rien !), et surtout des points d’eau. Il y a même plusieurs endroits où l’on peut s’arroser avec un tuyau d’arrosage, ce qui va s’avérer indispensable après certains concerts ou en pleine journée quand le soleil tape

. Par contre, ceux qui bossent sur les stands de nourriture et qui préparent les plats en fumant leur cigarette (voire autre chose), ce n’est pas top…

De même, peu de poubelles ont été prévues et tout est servi en bouteilles en plastiques ou gobelets jetables, ce qui fait qu'au bout de quelques heures, le sol est jonché de détritus

Il aurait été impensable de porter des sandales là-bas. Et même avec des docks montantes, ce n'est jamais très agréable de marcher sur des déchets... Le principe du gobelet consignable des festivals allemands a vraiment du bon, et tout le monde devrait s'en inspirer. Je n'ose pas imaginer ce que seraient Wacken, le Bang Your Head ou le Summer Breeze sans ce système

Par contre, chapeau bas aux bénévoles qui ont nettoyé l'enceinte du festival pendant la nuit, car le matin, tout était nickel par terre

... mais pour peu de temps!
Quant au public présent, il y avait une légère majorité de coreux, ce qui est logique vu que les racines du festival sont dans le hardcore, que les organisateurs sont des coreux et que la plupart de leurs contacts viennent de ce milieu. Mais les metalleux ne sont pas beaucoup moins nombreux. Vu l’affiche proposée, c’est normal, la plupart des groupes importants étant des groupes de metal. Les punks sont assez nombreux

, mais beaucoup moins que les metalleux et les coreux. Par contre, on les remarque plus à l’extérieur et pas forcément en bien. De toute façon, il n’y a pas trop de mélanges entre ces différents publics. On n’est pas à un festival allemand ici, et les rapports sont plus distants et moins fraternels. Alors qu’en Allemagne, je fais toujours la connaissance d’au moins une vingtaine de personnes d’un peu partout, là, chacun reste dans sa tribu, ou tout simplement avec ses potes sans chercher à discuter avec d’autres

. Mais il n’y a pas non plus la moindre animosité entre les festivaliers et, si les contacts ne sont pas très fréquents, ils sont toujours sympas. En tout cas, j’ai remarqué qu’il y avait une forte proportion d’étrangers

. On m’a parlé de 20% des festivaliers. Les plus nombreux étaient indubitablement les Espagnols, venus vraiment en masse. Il y avait également pas mal d’Allemands, de Suisse et d’Italiens, mais également quelques nationalités de pays plus lointains comme la Croatie et Israël (une fille originaire de ce pays m’a ainsi dit que c’était la deuxième année consécutive qu’elle venait et que, même si c’était cher, ça en valait vraiment le voyage) ! C’est impressionnant que des fans fassent ce déplacement d’aussi loin, mais c’est un très bon signe quant à la réputation que le festival commence à acquérir

.
Quant au camping, je ne pourrais rien en dire personnellement dans la mesure où j’étais hébergé chez des potes de Didi à une trentaine de kilomètres du Mans

. Je n’y ai donc pas été, mais il paraît que l’ambiance était géniale, que ça chantait de partout, jusqu’à ce que des punks bourrés (je précise que je n’ai rien contre les punks en général, simplement les mecs qui ont fait ces conneries en étaient…) s’amusent à casser les toilettes et à essayer de balancer des portes sur la route

. Heureusement que quelqu’un les a empêchés de faire ça, mais la sécurité a mis beaucoup de temps avant d’intervenir...
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