Comme d'habitude, je le fais en plusieurs partie avec présentation/racontage de vie, et le détail jour par jour
Quand on pense à des gros festivals de metal, on a plutôt tendance à se tourner vers l'Allemagne et la Belgique. Mais il ne faut pas oublier qu'au sud, il y a aussi de belles choses, et que l'Espagne est le deuxième plus gros marché européen pour le metal après la Germanie. Chaque année, les Espagnols se débrouillent pour organiser des festivals avec des affiches splendides, largement au niveau de ce que leurs homologues du nord peuvent proposer. C'est le cas avec le Kobetasonik, organisé à Bilbao par Last Tour International, le plus gros tourneur ibérique. Ca existait l'année dernière sous le nom de Bilbao BBK Live, avec à l'affiche rien de moins que Metallica, Iron Maiden, Within Temptation, mais aussi de gros groupes de rock plus général comme les Red Hot Chili Peppers. Les organisateurs ont décidé de faire deux festivals: l'un orienté rock qui conserve le nom de Bilbao BBK Live (qui aura lieu début juillet avec des noms comme Police, REM et ZZ Top, entre autres!) et l'autre purement metal, le Kobetasonik. Et c'est tout simplement la meilleure affiche de l'année qui est offerte là aux amateurs de heavy metal traditionnel (à l'exception peut-être du Graspop et du Sweden Rock): avec Kiss, Judas Priest, Slayer, Helloween, Gamma Ray, Tesla, Apocalyptica et bien d'autres, à une centaine de kilomètres à peine de la frontière française, il était hors de question de louper ça!
Départ le vendredi matin à 7h15 à la gare Montparnasse en direction de Hendaye, en compagnie de David et d'un Powersylv qui est passé pas loin d'un drame familial qui aurait pu lui gâcher la fête mais qui a bien tenu le coup

. Je suis fier de toi, mon mignon

! L'arrivée vers 13h est très folklorique

Pantoufle, notre chauffeur, devait venir nous chercher en provenance de Pau, mais on ne s'était encore jamais rencontrés. Du coup, pour que l'on se trouve du premier coup, notre maître en banderoles à tous a brandi une immense affiche de pas loin de 1mx1m représentant mon avatar avec la mention "Defender of the bouc, wanted for headbanging"

! Il arborait également une grosse pancarte "Defenders of the faith" qu'il avait accrochée à son cou. Il faut également ajouter à cela que, pour être sûr de se retrouver, Pantoufle a également placardé l'affiche de mon avatar sur la vitrine d'un magasin en face de la garde de Hendaye ainsi que sur un arrêt de bus

. Bravo l'artiste

! Après ce grand moment, on décolle vers le pays basque espagnol

. On sent bien, en tout cas, quand on passe la frontière: les paysages sont les mêmes, mais pas l'urbanisme. Côté français, c'est magnifique, plein de belles maisons cossues. Côté espagnol, ce sont beaucoup de constructions anarchiques qui font comme des verrues purulentes sur des paysages naturels qui sont parmi les plus beaux d'Europe...

Sur le chemin, ce sont de bons délires sur AC Dixie, le groupe qui reprend du AC/DC en version country

Talasquin, arrivé la veille avec sa soeur et Lélite, me prévient qu'il nous a réservé un emplacement de camping au bon endroit et qu'il faudra le récompenser en nature vu la configuration

Il nous charge également de faire des courses, en particulier pour sa soeur et Lélite qui sont en manque de whisky

! Le voyage se passe bien jusqu'à la rocade de Bilbao, où un bouchon suite à accident dans un tunnel nous fait perdre une demi-heure

. Puis on trouve assez facilement le parking. Les organisateurs ont très bien fléché le parcours, en mettant des autocollants du festival avec des flèches sur tous les panneaux de direction de la rocade de la ville

Vu qu'on n'accède pas au festival en voiture, il n'y avait que deux possibilités: le stade San Mames (où joue l'Athletic Bilbao, pour les amateurs de foot) ou le Bilbao Exhibition Center (BEC) de Barakaldo. C'est à celui-ci que l'on va poser la voiture. Il n'est pas difficile à repérer: c'est un immense bâtiment aux formes bizarres, plus haut encore que la Grande Arche de la Défense et plus long que son esplanade, qui fait office de parc des expositions. Je crois que je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi grand

Il faut pas loin d'une demi-heure pour en faire le tour complet, et même à l'intérieur, on se sent minuscule, comme écrasé par l'immensité des lieux. Ce n'est pas spécialement beau, mais c'est à voir. Après avoir garé la voiture et demandé trois fois où se trouvait le supermarché du coin (j'avais bien compris les indications, mais la distance à parcourir à pied était surréaliste!), on va donc s'y approvisionner et apporter ainsi notre contribution à la communauté

. Ensuite, c'est une autre épreuve qui commence: refaire le tour du BEC avec nos paquets de commissions, aller chercher nos affaire à la voiture et prendre le bus qui nous mène jusqu'au festival

Les organisateurs ont en effet mis à la disposition des festivaliers des navettes gratuites. Le problème, c'est qu'il y a la queue. On décide donc que je ferais la queue et que je garderais les places et les courses, pendant que Pantoufle, David et Powersylv iraient chercher les affaires à la voiture. J'ai attendu quarante minutes en tout! J'ai pu discuter avec quelques Espagnols en attendant (j'en ai même trouvé un qui parlait bien français, ce qui est rarissime!), mais ils ne sont pas des plus causants de manière générale. Le meilleur moyen de patienter a donc été de commencer à m'alcooliser (surtout qu'il faisait chaud) en goûtant une bière espagnole dont je n'avais jamais entendu parler, l'Aurum

. Je pensais que ce serait une bière de base comme la San Miguel ou la Cruzcampo, et en fait pas du tout, elle est vraiment bonne

. Et j'ai eu le temps d'en boire un litre avant que mes compagnons de route ne reviennent

. Après ça, on n'a pas eu à trop attendre pour le bus. En haut, les concerts avaient déjà commencé mais Talasquin m'a confirmé qu'ils nous attendraient toujours quoi qu'il en soit, qu'on pouvait prendre notre temps sans souci

. Le bus mettra une petite vingtaine de minutes pour arriver, et on est bien contents d'y être après tout le temps passé à marcher dans le BEC!
En fait, le festival a lieu sur une montagne verdoyante qui surplombe la ville de Bilbao, le mont Kobeta. C'est un cadre absolument magnifique

. Pour moi qui adore le pays basque et ses paysages, je suis comblé

. Question cadre, c'est le meilleur festival que j'ai fait

. Du haut de la montagne, on a une superbe vue sur la ville, dont on aperçoit certes les nombreuses constructions moches, mais également les monuments et le très original musée Guggenheim, l'un des plus gros musées d'art moderne d'Europe. L'enceinte en elle-même est également magnifique, aménagée dans la montagne. ça peut accueillir jusqu'à 50000 personnes à mon avis, et on sera entre 30000 et 40000 en tout (surtout le deuxième jour). On trouve deux grandes scènes, assez éloignées l'une de l'autre, où les groupes s'alternent avec cinq minutes de battement en moyenne. En taille, elles sont comparables aux deux scènes principales de Wacken, et elles ont chacune deux écrans géants. Ces écrans sont d'autant plus appréciables par rapport à la configuration de l'enceinte, car les deux scènes sont surplombées par des collines boisées. On peut donc regarder de loin et en hauteur, vautrés dans l'herbe à l'ombre, et en plus de ça l'acoustique est excellente

Tous les groupes ont eu un son absolument parfait, chose que je n'avais encore jamais vue auparavant dans un festival. Il y a aussi une ballroom, qui ouvre après les concerts (donc TRES tard), derrière laquelle on trouve des tables de pique-nique. Bref, c'est un cadre tout ce qu'il y a de plus bucolique qui accueille le festival

.
Question boissons et alimentation, c'est comme en Belgique avec le système des tickets, ce qui est assez pratique en fait car il n'y a pas à attendre la monnaie. A part la bouteille de 50cl d'eau vendue à 2,50€, je trouve les prix assez raisonnables par rapport à d'autres festivals. La bière, c'est de la San Miguel, donc une bière de base mais pas pire que la Kro, la Heineken ou les pils immondes de certains festivals allemands. On peut avoir les boissons au format 40cl à 3€, ou pour un litre à 8€. Inutile de préciser quelle formule je prenais

! Ils proposaient aussi des alcools forts (mais pas de vodka) et des boissons énergétiques (du Dark Dog à la place du redbull). En général, je prends souvent de la vodka redbull en festival. J'ai essayé avec du rhum à la place, je le déconseille car c'est franchement dégueulasse

.
Le seul domaine où les organisateurs ont été mauvais, c'était pour la nourriture. Sandwiches dégueu et en quantités insuffisantes, c'était franchement limite

. Alors qu'en Allemagne ou en Belgique, les stands de nourriture sont en abondance (ce n'est pas toujours bon, mais au moins, il y en a!), là il n'y en a qu'un seul et mal approvisionné. Bref, la copie est à revoir.
Le camping est pas mal. Rien à voir avec les immenses champs du Wacken et du Graspop ici. Deux emplacements sont prévus. Celui que Talasquin nous a réservés est idéalement placé car il est accolé au festival et qu'il y a les sanitaires à proximité. Ceux-ci ne sont pas top (on est quand même en Espagne!), mais au moins, et même s'il faut une heure de queue pour aller sous la douche, ils existent. L'autre camping est situé à 800 mètres de là, et en hauteur. J'imagine que le panorama doit y être encore plus beau, mais ça doit être galère pour ceux qui y campaient, surtout que le bus ne les montait pas jusque là et qu'ils devaient tout se taper à pied. Par contre, comme il n'y avait pas de voitures, pas d'autoradio à fond la caisse pour la musique, et donc pas vraiment d'ambiance.
Un mot sur l'ambiance, quand même: les metalleux espagnols sont assez particuliers

. Ils sont tous ancrés dans les années 80. En terme de "old schoolitude", ils pourraient donner une bonne leçon aux Allemands

. La plupart des mecs présents n'auraient pas dépareillé au Keep It True ou au Headbangers Open Air. Les permanentes, les jeans ultra moulants en spandex et les tee-shirts moches délavés sont de rigueur, de même que les vêtements roses

. Mention spéciale pour la Kiss Army débarquée en force le deuxième jour, où une quantité non négligeable de festivaliers était grimée. A côté de ces fossiles des années 80, on trouve aussi des mecs dans le style "latin lover metalleux"

, qui prennent super soin de leur look avec une coiffure soignée et la barbe ou le bouc soigneusement entretenus, chose qu'on ne trouve pas trop en Europe du nord. Il y a aussi beaucoup de filles dans le public, qui viennent d'ailleurs quasiment toutes en couple, certaines magnifiques, d'autres immondes, sans vraiment de juste milieu. Bref, on trouve pas mal de looks funs

. J'avais dit à Talasquin qu'un metalleux espagnol, c'était un Allemand teint en brun

! Mais il y a quand même une différence fondamentale: le sens de la convivialité et de la fête. Les metalleux espagnols ne sont pas spécialement avenants ni festifs

. C'était très difficile de lier un contact avec eux. Pourtant, Talasquin avait encore sorti une tenue de gala, avec un tee-shirt Paris 2012, une casquette verte fluo, des tongues et un caleçon Boule et Bill sur le short

. Sa soeur faisait des rots bien sonores, David chantait un nombre de conneries impressionnant... Bref, normalement, vu le nombre de délires qu'on a eus sur le camping, ça aurait dû être filmé et se retrouver sur Youtube, et n'importe quel Allemand se serait joint à nous en nous offrant à boire en prime

. Là, tous les gens qu'on interpellait au passage, ils nous regardaient bizarrement et nous répondaient à peine

En fait, la seule personne hispanophone avec qui on aie réellement sympathisé était une Vénézuélienne! Et comme le public était composé de 95 à 99% d'Espagnols, on est donc restés surtout entre nous. Ca change d'un Wacken où je rencontre toujours habituellement une trentaine de personnes de toutes les nationalités. Mais on était un bon petit groupes de Français, donc ça ne nous a pas empêchés de passer un super festival
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