1981 : mon frère écoute pas mal de trucs comme Bowie, Supertramp, Eagles… mais un beau jour un pote lui ramène « smoke on the water » et des cassettes d’AC/DC, mes oreilles ne tardent pas à se délecter de ces sons différents…
1982 : un petit nouveau dans ma classe va vite me faire passer dans un autre monde en me faisant écouter ces deux albums favoris du moment « british steel» et « breaker »… je me procure sans tarder tout ce qui touche à ces deux groupes et découvre vite Maiden, Scorpions, Saxon, etc…
Printemps 1983 : ma frangine a la lumineuse idée de se maquer avec un hardos bien branché, il débarque un beau jour de printemps avec le 1er numéro d’ ENFER Mag, puis voyant mon intérêt naissant pour les trucs les plus violents, me prête quelques mois plus tard deux vynils très marquants « black metal » et « kill ‘em all » ; grâce à ce druide instructeur, je découvre vite Manowar, Slayer, Death SS, Heavy Load…
1984 : premier concert en Octobre à l’Espace Balard avec IRON MAIDEN/Mötley, quel émerveillement, l’un des plus beaux jours de ma vie de gamin sans aucun doute… puisque bien accompagné et à peu près sécurisé par le mec de ma sœur, j’en profite pour enchainer le mois suivant sous ce même fameux chapiteau avec METALLICA (+ Tank)… mais par contre putain pourquoi n’ai-je pas fait le fameux concert de SORTILEGE peu après ?
A cette époque, être hardos n’est pas toujours simple, tant le style est diabolisé, méconnu, médit… si c’est pas un punk ou un skin qui te cherche des embrouilles, ce sera un djeunz lambda plein d’à priori ou une nana qui t’aurait bien plu qui te regarde de travers ; ce n’est pas un solo d’Eddie Van Halen pour Mickael Jackson qui y changera grand-chose. Mais au moins le hard et le metal sont unis comme une grande famille, le temps des divergences n’est pas encore venu, même si Metallica et consorts ne sont au début considérés par beaucoup que comme des ados boutonneux maladroits de leur mains…. Le hardos et le metaleux sont encore indissociables.
Printemps 1985 : séjour linguistique en Allemagne, outres certaines spécialités gourmandes (arrrh, la petite Birgitt !), je découvre le heavy/thrash local et revient avec pas mal de trucs sympa ; je suis marqué par le fait que le METAL là bas ça parle déjà à beaucoup de monde et c’est respecté.
1985/1987 : j’enchaine sur tout ce qui bouge avec une nette orientation pour le heavy/speed, le thrash et ce qui va très bientôt s’appeler le death metal. L’époque de Juke Box à Montparnasse, les sorties Black Dragon, New Renaissance, Mausoleum, Ebony… à côté de ça, beaucoup de concerts des grands du moment ( Accept, Dio, Saxon, Judas, Böc, etc…. )
Eté 1985 : 1er festival à Choisy le Roi « France Festival », un souvenir bien marquant avec toute la crème du hard français de l’époque (sauf H Bomb et Sortilège

) et la nouvelle vague (Adx, Killers…)
1er concert à l’étranger fin 1986 avec SLAYER à Zurich : je n’en suis pas revenu le même, je n’achète dès lors quasiment plus de hard « grand public », même si je prends encore plaisir à voir quelques groupes encore non pratiqués (Aérosmith, Whitesnake, Purple… )
Tout ce qui me plait maintenant doit être violent, très violent !
1987 : découverte du death/thrash/grind Underground via la lecture de quelques fanzines dont notamment DECAYIN’ MAGGOT, j’achète des démos, commence à faire du tape trading avec des acharnés du monde entier…
1988 : 1er fanzine Raging Metal, pas facile les premiers pas, mais je me démerde suffisamment bien pour choper dans le 1er n° quelques interviews intéressantes dont une de NECROVORE !!!
1989 : Après un 2ème numéro, j’enchaine sur un autre zine IN MY VEINS, ça décolle bien… je reçois des nouveautés tous les jours, c’est du délire perpétuel, la factrice demande à ce que l’on adapte la taille de la boîte aux lettres et une augmentation substantielle de ses étrennes !
1990 : EURODEATH festival à Paris, le 1er vrai gros festival death metal sur Paris, avec Carcass, Entombed, Pungent Stench, D.O., Atrocity…. Une monstrueuse tuerie avec surtout les 2 premiers nommés ; durant les 4-5 années suivantes, c’est la période dorée du death, je fais tout ce qui ce passe à Paris et un tas de concerts en Belgique, festivals en Hollande…
Le temps des festivals sur une seule scène où un Gorefest succèdait à un Urban Dance Squad, avant de laisser sa place à un Kyuss ou The Organization… les goûts de chacun étaient plus diversifiés et surtout respectés ; entre chaque groupe, on avait largement le temps de parler, échanger, faire tourner…
1992 : j’arrête mon zine après 5 numéros, pour donner un coup de main à ASTRAL RISING qui débute ; très enrichissant et différent, je passe un peu de l’autre côté de la barrière, découvre l’univers des studios, répétitions, concerts foireux, contrats bidons,… des moments difficiles mais d’autres exceptionnels, des concerts en hollande et Allemagne, de bons délires avec des groupes comme Mutilated, Massacra, Ancient Rites, Samael, Mirror Of Deception…
Je découvre aussi la jalousie, le mépris, la bétise dans le metal ; mais après tout, pourquoi serait il épargné par cela ? peut être est ce tout simplement une fatalité à partir du moment où tu fais quelque chose de différent ?
1996 : A.R. splitte, entre temps je me suis bien ouvert au doom (forcément), mais je n’achète plus grand-chose et ralenti considérablement les concerts metal… le hard est au creux de la vague, le death s’essouffle, le black fait de la peine, l’odeur du néo sent aussi bon que les dessous de bras d’une femme de ménage velue en fin de journée…
1997 : ma collec va subitement fondre comme neige au soleil, puisque la sève n’est plus là et que j’ai des envies pressantes d’aller voir ailleurs ce qu’est la vie hors metal, puisqu’il paraît qu’il en existe une. Je vends pour environ 20 000 frs de matos et pars les claquer en Norvège et au Québec.
1997-2005 : j’en profite pour rattraper le temps perdu à avoir complètement occulter toute autre forme de musique extérieure au metal, et vais ainsi voir un tas de groupes en concerts, de Bowie à Wu Tang Clan, en passant par Sinead O’Connor, Pierpoljak ou Moby… les seuls trucs metal qui tombent encore régulièrement sont les promos d’Holy que Phil me transmet religieusement à chacune de nos rencontres.
Depuis 2006 : quelques comebacks et nouveaux groupes intéressants me poussent à revenir dans le circuit, je me remplume petit à petit dans ma discographie, mais tellement de trucs sont gravés à jamais dans ma petite cervelle de piaffe que je n’ai pas de regrets, ce que je voulais vraiment je l’ai à peu près récupéré. Je refais des concerts, beaucoup de choses ont changé…
Les divisions sont trop marquées, les passions parfois trop exacerbées. L’ère internet accentuant le peu de discernement, beaucoup de blablatitude critique en méconnaissance de cause, gratuite et peu objective…
Rien de bien grave néanmoins, si encore chacun savait accepter/ respecter les différences, ou alors, si c’est trop demandé, juste faire preuve d’indifférence.
Paradoxalement, bien que son image se soit très nettement améliorée avec les années (hormis quelques exceptions radicalistes), le HARD rock est en voie d’extinction annoncée avec ses dinosaures en fin de vie, alors que le METAL lui est plus vivant que jamais, mais la grande famille n’est déjà plus et le mouvement en général ne se respecte plus assez lui-même, à travers beaucoup de déviance, de médisance et parfois de mépris… et ça, ça fait CHIER !