Tony Le Pouilleux a écrit :Suffit de regarder la France qui en quelques années s'est retrouvée avec un important festival (le Hellfest) et un important label (Season of Mist, qui me semble quand même plus imposant qu'Osmose, qui de toute façon, n'a jamais cherché à devenir un très gros joueur).
Oui, Season Of Mist s'en sort bien. Ils se sont développés progressivement, sans griller d'étapes, et du coup ils ont à leur catalogue des groupes comme Mayhem, Morbid Angel, Rotting Christ ou Septic Flesh

Sans compter tous les petits labels dont ils font la promo et la distro. Listenable Records tend à pas mal se développer aussi, en sortant du créneau purement extrême.
Par contre pour Osmose, je ne comprends pas trop leur politique depuis trois ou quatre ans. Ils ne sortent plus rien, ne font aucune promo les rares fois où ils font de nouveaux disques, aucune communication... Quand on pense qu'ils ont développé des groupes comme Immortal, Enslaved, Marduk, Samael, Dark Tranquillity, Angelcorpse, Shining, Impaled Nazarene... La moitié des groupes d'extrême influents dans les 90's est passée par chez eux et maintenant, ils ne font plus rien

D'accord ils se sont faits piquer leurs groupes par Century Media et Nuclear Blast mais avec le catalogue qu'ils avaient réussi à se constituer, qu'on ne me dise pas que ce label n'avait pas les moyens de se renouveler
Pour ce qui est du Hellfest, ils ont méthodiquement suivi le développement de Wacken, et ça marche

L'importance qu'a pris le festival et sa visibilité dans les grands médias français et à l'international (entre un quart et un tiers de festivaliers au Hellfest quand même!) font du bien à l'image du metal en France dans son ensemble. Je ne pense pas que ça suffira à ce que ça atteigne les niveaux de popularité des pays voisins du nord et du sud-ouest, mais ça contribue grandement à ce que le metal marche beaucoup mieux en France maintenant qu'il y a dix ans.
Tony a écrit :Ouais, bon, sauf que la Grande-Bretagne, c'est certains qu'ils se passent encore des choses, mais bon, à part Earache et Peaceville, qu'est-ce qu'il y a d'important au niveau des évènements, organisations, structures, etc depuis les dernières décennies? Les États-Unis, c'est un oui et non, oui ils ont beaucoup de groupes qui s'exportent bien, ils ont Metal Blade, etc, mais à part ce qui relève de la grosse industrie genre les festivals itinérants très typés core, bah c'est pas la grande destination. Compare l'affluence du Maryland Deathfest à ce qu'aurait un festival européen avec la même affiche.
Pour l'Angleterre, je ne comprends pas très bien, en fait. C'est là que sont nés le hard rock, le heavy metal, le punk, le grind, les racines du black (avec Venom). Le metal (et le rock) doivent énormément à ce pays. Je ne suis pas anglophile, mais tout ce que les rosbifs ont apporté à la musique contemporaine mérite un respect infini et éternel

Hail to England

Alors avec tout ce qu'ils ont fait, je ne comprends pas pourquoi ni comment le metal ne fait plus que vivoter en Grande-Bretagne

Depuis quelques années, ça a l'air d'aller un peu mieux, avec le succès de festivals comme le Download, le High Voltage et le Bloodstock (qui se développe à l'allemande et que ça me plairait bien de faire un jour

), mais ce n'est pas la folie des années 70 et 80, loin de là. D'ailleurs au Hellfest, la proportion de festivaliers anglais est proche de 20%, c'est assez révélateur... Et il passe maintenant moins de tournées par Londres que par Paris (c'est vrai aussi que pour un tourneur allemand, c'est plus simple de booker des dates sur le continent, quitte à faire une tournée british à part... Ce qui ne se produit qu'une fois sur trois!). Dans les 80's, il y avait pas loin d'une dizaine de gros festivals anglais avec des affiches hallucinantes, et les groupes nationaux avaient une énorme influence. A l'heure actuelle, les groupes anglais importants sont les mêmes qu'il y a vingt ans.
J'ai l'impression que la vague grunge a complètement balayé la scène anglaise, en fait. Depuis cette époque, seuls Paradise Lost et Cradle Of Filth et dans une moindre mesure Anathema et My Dying Bride ont vraiment percé au milieu des 90's, et Dragonforce et Bullet For My Valentine dans les années 2000... Et leur succès leur permet de vivre de leur musique, mais ça ne va pas tellement plus loin. Si on les compare aux Iron Maiden, Judas Priest, Black Sabbath, Deep Purple, Motörhead, Led Zeppelin ou même Saxon, leur succès est misérable (sans faire le moindre jugement de valeur sur la qualité musicale)! Je ne comprends pas pourquoi le pays où est né le metal est devenu encore moins metal que la France
P'tit Nico a écrit :Les américains et les anglais sont souvent à l'avant-garde en matière de mode. Chez eux le metal est une mode comme les autres, du coup comme toute mode il y a des périodes et donc pas de durée dans le temps. Donc pas de gros festival. Les allemands n'étant pas à l'avant garde mais étant très friands de musique américaine (The Bosshoss par exemple...), ont peut être plus tendance à garde plus longtemps les modes. Mais je suis persuadé que le metal là bas est certes plus populaire qu'en France mais c'est pas le genre numéro 1. C'est un genre parmi tant d'autre bien en dessous du pop rock niveau popularité.
C'est exactement ce que je disais: un genre comme un autre ! Et c'est le cas aussi en Espagne, en Scandinavie, en Belgique et aux Pays-Bas dans une moindre mesure... Le metal n'y est pas le style numéro 1 (à part peut-être en Finlande?) mais ça n'a pas non plus vocation à l'être. Mais le fait que ce soit considéré comme une musique normale, ni pire ni meilleure que de la pop, du jazz, du reggae ou de la variétoche, et ne pas être regardé bizarrement quand on affirme aimer ça ou quand on a un look metal, ça change tout! Du coup, comme il n'y a pas de tabou, des morceaux metal sont diffusés de temps en temps sur les grandes radios ou les chaines musicales (il y a même une chaîne allemande, RCK TV, qu'on peut d'ailleurs capter si on a Free, où les clips metal sont majoritaires). Ca entretient les jeunes fans, ça fait des portes d'entrée pour ceux qui découvrent la musique, et ça normalise le style pour ceux qui ne sont pas fans, de par le fait d'en entendre régulièrement.
Tony a écrit :Et pour l'Espagne, je ne suis pas sûr qu'au pourcentage de la population niveau popularité ils battent les pays scandinaves. Ils faudrait voir les charts.
Certainement pas la Finlande, c'est sûr! Mais pour la Suède et la Norvège, on devrait pouvoir comparer. Encore que maintenant, pour ce qui est des charts, les Espagnols n'ont plus de fric donc le marché des disques a dû s'effondrer encore plus
Mais outre les questions de conjoncture économique, l'Espagne est un pays très rock. Le punk marche très bien aussi (ce qui peut s'expliquer par la longue tradition anarchiste du pays) et au Pays Basque, le rock alternatif radical bascophone a été, dans les 80's, le plus fort vecteur de la culture et de la langue basque, bien plus efficace que les attentats d'ETA dont ces groupes partageaient plus ou moins les revendications. Donc les sonorités électriques, les Espagnols y sont familiers. Un groupe comme Mägo de Oz, comme je le disais, c'est plusieurs disques de platine à chaque album. Même des journaux de droite catho comme ABC leur consacrent des articles (imagine juste le Figaro qui annonce dans ses pages culturelles que Loudblast va sortir un nouvel album !) ! C'est sûr que la musique de ce groupe est très accessible, mais c'est quand même énorme. Pour d'autres exemples de metallitude ibérique, à Barcelone, il y a une rue où il n'y a que des magasins rock et metal, à Madrid, il y a une rue AC/DC, à Pampelune on trouve une rue du centre historique où il n'y a que des bars rock, punk ou metal... Sans oublier qu'il y a des concerts un peu partout dans ce pays: il y a plus de tournées qui passent à Madrid, Barcelone et Bilbao qu'à Paris, plus plein de dates dans les autres villes avec des groupes un peu plus confidentiels mais qui ont une bonne fan base nationale. Leurs groupes ne franchissent pas les Pyrénées, mais ils sont aussi bien soutenus par les fans du pays que les groupes allemands chez eux... contrairement aux groupes français en France !