Je n'aurais jamais espéré voir Tuatha de Danann! J'ai toujours adoré ce groupe, que je suis depuis son premier album, et j'ai toujours pensé que leur folk metal festif prendrait toute sa dimension sur scène. Mais le fait qu'ils soient originaires du Brésil et qu'ils ne soient pas sur un label très important limitait considérablement les probabilités de les voir un jour en Europe. C'est donc avec un immense plaisir que j'ai appris leur venue chez nous

!
Leur distributeur français, Underclass, leur a en effet organisé une tournée dans l'Hexagone, d'une dizaine de dates, dont la dernière est à Paris. C'est l'occasion idéale pour les Brésiliens de mieux se faire connaître chez nous et de se roder pour les deux festivals allemands dans lesquels ils sont programmés: le Metal Bash et, surtout, le Wacken Open Air! Par contre, ce soir-là, ce n'est vraiment pas dans une configuration festival qu'ils vont jouer: il ne doit pas y avoir plus d'une centaine de personnes, dans une salle qui n'en contient de toute façon pas plus du double. C'était l'occasion pour moi de découvrir cette petite salle qu'est la Scène Bastille. Cette salle s'est avérée sympa, très conviviale, et en plus c'est à un quart d'heure de chez moi en métro

! Ce n'est donc pas bien grand, mais très agréable, avec une déco originale et un bon son

. Il y a en plus des écrans dans des cadres au fond de la salle et sur le côté gauche. Ca n'a pas une grande utilité vu la taille de la salle, mais esthétiquement, c'est pas mal. Par contre, le prix des consos est assez scandaleux. On peut toujours râler contre les prix de la Loco, mais là c'est encore pire! A 6€ le demi d'Amstel, c'est vraiment abusé pour une bière de basse qualité...
C'est un groupe français du nom d'
ANOHATE qui ouvre les hostilités. Ils avaient déjà entammé leur show à mon arrivée dans la salle. La chanson qu'ils étaient en train de jouer sonnait assez blues rock, mais c'était juste ce passage qui sonnait de cette manière. En fait, ce petit groupe français dont je n'avais jamais entendu parler jusque là pratique un metal progressif très bien en place, mais qui tombe un peu trop dans les clichés du genre

. C'est donc parfait techniquement, l'exécution est admirable, le chanteur a une bonne voix, mais c'est très décousu et démonstratif. On sent que ces mecs ont de nombreuses influences dont les compos sont des patchworks, mais tout ça manque de cohésion. Et ils sombrent souvent dans le piège de la démonstrativité gratuite, comme trop souvent dans ce style de musique. Il y a quand même parfois de bonnes mélodies qui se démarquent du lot, mais pas assez pour qu'on ne trouve pas trop longues les cinquante minutes et quelques pendant lesquelles le groupe a joué. En plus, ils sont très statiques et ne communiquent absolument pas entre les morceaux. Même pour le look, Anohate remplit tous les clichés du prog, puisque tous les membres, en particulier le chanteur, ont des têtes de premiers de la classe

! Bref, si la maîtrise instrumentale de ces progueux parisiens ne fait aucun doute, ils ont des progrès à faire sur scène. Mais c'était peut-être leur tout premier concert, donc on peut quand même être indulgent...
Par contre, je n'aurais pas grand chose à dire sur le deuxième groupe,
THE JONES.

Ils pratiquent une sorte de hard rock assez molasson avec, me semble-t-il, il léger côté progressif. Vu la couleur des tee-shirts du chanteur et du guitariste, ce sont sûrement des supporters du Brésil. Par contre, musicalement, dire que ça m'a gonflé est un euphémisme: au bout de trois morceaux, je suis sorti de la salle! Eux aussi vont jouer longtemps (plus de trois quarts d'heure), mais au moins, ça laissera le temps de bien discuter dehors et de voir que les mecs de Tuatha de Danann sont aussi festifs dans la vie que dans leur musique. Mais je n'ai rien de plus à dire sur The Jones, à part que j'ai trouvé ça affreusement plat. Désolé pour eux

!
De toute façon, à part leurs copains venus les soutenir, je ne pense pas que qui que ce soit dans la salle soit venu pour Anohate ni pour The Jones. Le style de ces deux groupes n'a rien à voir avec celui de la tête d'affiche, et de ce fait, je trouve qu'ils ont joué un peu trop longtemps. Heureusement,
TUATHA DE DANANN va largement rattrapper tout ça. Après deux sets en demi-teinte, on va avoir droit au grand show

! Le folk metal joyeux et festif des Brésiliens va faire mouche. Cependant, ils vont connaître quelques problèmes techniques au début: après avoir entammé le show sur la première chanson de "Trova di Danu" (leur dernier album en date), le groupe entonne les premières notes d'un titre de "Tingaralatingadun", puis stoppe soudainement en raison d'une panne de guitare de Bruno Maia (le chanteur/guitariste/flûtiste/mandoliniste et leader du groupe!)

. ça va durer plusieurs minutes, meublées tant bien que mal par le claviériste. Mais après, le groupe repart du bon pied pour ne plus s'arrêter :rhasody:! Leurs quatre albums sont passés en revue. Je ne saurais dire la play-list exacte, mais c'est un véritable concert best of représentatif de la discographie des Sud-Américains. On retrouve ainsi tous les morceaux marquants de "Trova di Danu", "The delirium has just begun" et "Tingaralatingadun", plus deux chansons tirées du premier album éponyme. La salle est moins en effervescence que ce que j'aurais pensé, mais l'accueil est quand même très chaleureux. Il faut dire que le groupe est très communicatif et visiblement de très bonne humeur. Il faut dire qu'avec tout ce qu'ils ont bu avant le concert, ils ont de quoi être joyeux

! Mais le nombre de bouteilles descendues ne les empêche pas d'être performants, car leur show est parfaitement carré et sans fausse note. Tous les morceaux s'enchaînent parfaitement: des plus festifs aux plus émotionnels, des plus rentre dedans aux plus lents, ça passe comme une lettre à la poste et on ne voit pas passer l'heure et demie pendant laquelle a duré le show. Il y a bien sûr eu quelques farandoles, notamment une jolie chenille avec Bib en tête

! Pendant une chanson qui comportait un passage en chant féminin, une chanteuse française avec une jolie voix est apparue en guest pour donner la réplique à Bruno. Il s'agit en fait d'Elodie, la chanteuse du groupe grenoblois Auspex, dont la démo trois titres est assez prometteuse

. Le groupe fera également monter sur scène Jérome et Philippe, d'Underclass, pour les faire chanter avec eux sur le rappel, une reprise énergique de "Rockin' in a free world" de Neil Young

. Le dernier rappel sera un hymne du tout premier album de Tuatha de Danann, "The bards of the infinity", au riff imparable

, qui concluera une soirée sympa et particulièrement bon enfant et conviviale. A la fin du show, les Brésiliens vont traîner un bon moment dans la salle, discutant avec tout le monde et se montrant très souriants et accessibles... si bien que le videur finira par faire sortir tout le monde (en restant souriant et très correct, ce qui est assez rare pour être signalé), fans et musiciens compris!
Voilà donc une bonne soirée bien sympathique, qui m'a permis de voir un groupe que je suis depuis plusieurs années et dont je n'aurais jamais espéré la venue en France. Vu le nombre de CD's qui sont partis à la fin du concert, le public a visiblement aimé leur prestation. Nul doute que cette tournée a été bénéfique à Tuatha de Danann. Vivement qu'on les revoie!
