J'ai regardé quelques concerts. Les points positifs que je retiens :
- Chouette et même émouvant de revoir le Sabbath d'origine ensemble bien sûr. L'essentiel était là.
Même si on comprend vite pourquoi ils ont joué si peu longtemps : Ozzy commençait à donner des signes de fatigue après les 30 minutes de son groupe solo, et Bill Ward (qui a survécu à 2 crises cardiaques) avait un peu de mal à tenir le tempo parfois, au point de rendre l'imperturbable Iommi légèrement confus, avec donc quelques ratés à la clef. Techniquement c'était un peu limite en termes de performance, ce line-up avec Ozzy et Ward ne peut clairement pas donner un concert complet. Mais c'était beau quand même, ils ont donné le max de ce qu'ils pouvaient faire.

- Le groupe solo d'Ozzy a probablement donné le meilleur set. Ozzy lui-même s'en sort avec les honneurs, malgré sa maladie de Parkinson à l'état avancé. "Mama I'm coming home" prend désormais un autre sens... Je n'avais jamais remarqué ce détail si c'est habituel pour lui, mais pour "Mr Crowley" Zakk Wylde pointe le ciel et donc Randy Rhoads juste avant d'entamer chaque solo.
- La présence de Jake E Lee! Sans Ozzy toutefois... Mais c'est resté un sacré guitariste qui méritait mieux.

- La plupart des groupes, dont Metallica et Slayer, ont fait le taf sérieusement. Même si c'était très court.
Maintenant, les deux gros points noirs :
- Sur toute la journée personne n'a joué "Black Sabbath", LA chanson historique, c'est une faute de goût incompréhensible. Peut-être que Bill Ward ne se sentait plus capable de jouer la partie rapide? Mais un groupe comme Alice in Chains ou même Pantera aurait très bien pu s'en charger.
- Et surtout pour ma part, je l'ai déjà dit, ce sentiment de voir un Ozzfest condensé avec 99% de musiciens américains (et 1% Gojira), déplacé à Birmingham pour faire bonne figure et promouvoir ainsi un "retour aux sources".
C'est comme si le heavy metal était américain par nature, comme si le Royaume-Uni et le continent européen n'avaient pas été influencés par Black Sabbath. Tout cela renvoie une image totalement américano-centrée de l'histoire ainsi qu'un syndrome de l'entre-soi déconnectés des origines de Black Sabbath.
Où sont les musiciens britanniques sur scène? Ronnie Wood et KK Downing pour 3 minutes? Super... Adam Wakeman à la rigueur? Sauf qu'il fait déjà partie de Sabbath de toute façon.
Surtout, où sont les groupes anglais? Deep Purple, Jethro Tull, Judas Priest, Iron Maiden, Paradise Lost et j'en passe évidemment... pas même un seul d'entre eux.
D'ailleurs le groupe américain le plus crédible pour rendre hommage à Sabbath aurait été Pentagram. Mais bien sûr ce ne sont pas eux qui vont faire vendre des tickets, et surtout ils ne font pas partie de la famille Ozzfest.
Sans parler des groupes de stoner d'ailleurs, Monster Magnet et consorts, pourtant connus.
Ou bien Blue Öyster Cult et Alice Cooper qui ont déjà tourné avec Sabbath? Non, ils ont préféré inviter des groupes qui n'ont aucune connexion personnelle ou historique avec Black Sabbath, si ce n'est d'avoir joué au Ozzfest ou d'être populaires aux USA.
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Dans le détail de ceux que j'ai regardés en entier :
ANTHRAX sans intérêt, car ils ont juste joué "Indians" puis une reprise moyenne de "Into the Void". Autant rester à la maison ou en coulisses. Le groupe avait repris "Sabbath Bloody Sabbath" de façon un peu plus convaincante sur le EP I'm the Man.
PANTERA a eu droit à un son un peu pourri malheureusement, mais leurs deux reprises sont bien choisies dont une déjà connue, pas de surprise l'expérience parle.
GUNS n ROSES trois reprises quand même, par un super line-up, mais tout cet effort est gâché par Mickey Mouse au chant. Outre sa voix portée tragiquement disparue, Axl était hors timing, pas du tout au point, à se demander s'il avait répété ou s'il improvisait. Même sur leurs propres chansons parfois... C'était embarrassant, et dommage pour les musiciens qui ont assuré.
SLAYER ultra carré et puissant comme d'hab, enchainements sauvages et une reprise de "Wicked World" pendant laquelle on entend même Araya jouer ô miracle!
METALLICA un peu moins carré mais deux reprises de choix surtout "Johnny Blade" très étonnant, puis ils ont fait ce qu'ils savent faire avec le public dans la poche. Je m'attendais à "Sabbra Cadabra" qu'ils avaient déjà repris, mais ce n'est pas forcément la plus simple.
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Les deux supergroupes : du très correct et du très moyen. Logique vu le nombre de musiciens impliqués.
Nuno Bettencourt (Extreme) a tenu la baraque tout le long, la grande classe ce gars. En tout cas le niveau baisse dès qu'il laisse sa place. Et Mike Bordin (Faith No More) puis Chad Smith (Red Hot) toujours costauds à la batterie.
David Draiman (Disturbed) s'étonne d'être hué par une partie du public dès son entrée en scène. Il poste régulièrement des tirades pro-guerre, soutient aveuglément l'envoi de bombes même sur des civils à Gaza, puis il vient rendre hommage à un groupe aux textes notoirement anti-guerre et anti-impérialisme depuis toujours. Cherchez l'erreur. De toute façon sa prestation était nulle et détachée, surtout en passant juste après une Lizzy Hale autrement plus talentueuse et impliquée.
Billy Corgan (Smashing Pumpkins) fut médiocre ou plus simplement hors propos dans ce contexte, et franchement Papa V (Ghost) peu convaincant ou pas dans son élément non plus, même si toujours pro.
Je n'ai jamais entendu parler de ce Youngblud avant, une vedette pop/rock du moment apparemment. Vocalement il était propre rien à dire, plus que d'autres avant lui en tout cas. Mais je n'aime pas trop son timbre.
Puis Steven Tyler en forme, à 77 ans, a fini par mettre tout le monde d'accord.