Gojira n'est pas vraiment mon groupe préféré à la base. En fait je ne connais pas très bien et, malgré leurs innombrables passages à Paris, en province ou à l'étranger, j'ai réussi à ne jamais les voir. Comme ils passaient à Montauban et qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent en matière de metal dans le sud-ouest, surtout pendant les vacances, c'était l'occasion de découvrir ça, surtout que je n'ai entendu que de bons échos sur leurs prestations scéniques. Il faut dire que s'ils arrivent à faire tous les plus gros festivals, faire des tournées américaines en première partie de Metallica ou du co-headlining avec Morbid Angel, il doit bien y avoir une raison!
Direction Montauban en partance de Toulouse, donc, en compagnie de Mister Double T, pour aller voir ça! On y est en moins d'une demi-heure (par l'autoroute quand il y a peu de circulation, en fait, on met à peine plus de temps que pour une salle de la banlieue toulousaine), et en plus sans se perdre malgré le sens de l'orientation fabulissime que nous avons en commun

On a le temps d'arriver, de retirer nos invitations et de découvrir la salle tranquillement avant que la première partie commence. Je suis agréablement surpris par ce Rio Grande, dans lequel je n'avais encore jamais mis les pieds. C'est relativement grand (400 à 500 personnes de capacité, à mon avis), il y a une déco agréable, une scène haute et, nous allons le voir quand les groupes joueront, un très bon son. Cette salle est largement concurrentielle par rapport aux salles toulousaines et bordelaises, et vaut largement des petites salles parisiennes comme le Nouveau Casino, la Scène Bastille voire le Trabendo

Les tourneurs qui font passer les groupes par l'Espagne seraient bien inspirés de penser au Rio Grande au cas où ils n'arriveraient pas à obtenir de dates à des conditions intéressantes à Toulouse ou Bordeaux! Et là où la salle bat tout le monde à plate couture, c'est pour les consos

Outre la Kro de base à 2,50€ le demi (ce qui n'est d'ailleurs pas cher en soi, surtout quand on a pratiqué pendant longtemps les concerts à Paris...), on trouve de la Guinness (mais en canette) et surtout de la Maredsous en pression pour seulement 3,50€

Je n'aurais jamais imaginé avoir une bière comme la Maredsous dans une salle de concert, et encore moins dans une région où la bière n'est pas trop dans la culture

Bref, le Rio Grande a tout pour me plaire, même s'il faut quand même se limiter à trois ou quatre demis parce qu'il y a plus de route à faire au retour (oui j'en suis capable

)...
Il y a en tout cas bien du monde ce soir à Montauban. On avait voulu faire gagner des places à la radio, mais les organisateurs nous ont dit que c'était trop juste, et je comprends pourquoi: c'était plein comme un oeuf! Ils avaient encore des places au guichet, qui sont toutes parties. Ca circule normalement dans la salle en attendant les groupes, sauf qu'il y a le double de la population qui prend l'air dans la cour à l'extérieur (où ça hume d'ailleurs le parfum de la cigarette qui fait rire...). Bref, il ne fait pas froid!
La première partie attaque vers 21h. Il s'agit de
NEPHALOKIA. C'est un groupe toulousain, que nous avons reçu plusieurs fois dans les studios de Metal Nemesis pour les interviewer au moment où ils donnaient des concerts. Ils ont fait un album autoproduit d'assez bonne facture pour les fans du style. Je n'en fais pas partie à la base, donc je n'ai jamais été les voir à ce jour. Ils ne déçoivent pas, en tout cas. Leur style, c'est un metal moderne et barré, influencé par le death, le néo et le metalcore. Les influences les plus perceptibles du groupe sont Meshuggah, Hacride... et Gojira! Ils ont en tout cas une petite fan base qui les soutient avec ferveur, dans laquelle on peut reconnaître des membres de Psykup et de Eryn Non Dae, groupes toulousains assez connus, qui vont même jusqu'à slammer. Il y a pas mal de pogos dans la fosse et, grosso modo, ça bouge bien au rythme de leur metal moderne. Le groupe bénéficie d'un excellent son qui met bien en valeur leurs rythmiques lourdes et barrées. Le chanteur est également en voix et s'en sort bien comme frontman.
Après ça, c'est quand même pas ma tasse de thé à la base! Je trouve ça très bien fait et efficace, mais je n'écouterais pas ça chez moi. De manière objective, je trouve que le groupe a un défaut: les compos sont assez monolithiques. Ou alors c'est peut-être moi, en tant que non fan du style, qui n'arrive pas à accrocher... Quoi qu'il en soit, Nephalokia a bien assuré scéniquement. Dans leur style, ils sont très bons. Ce sont d'excellents musiciens, carrés, et qui savent bien tenir une scène. Sans adhérer vraiment à leur musique, j'ai bien apprécié la performance scénique des Toulousains. Ils ont d'ailleurs reçu un très bon accueil général tout au long des quarante minutes pendant lesquelles ils ont joué, et pas uniquement de la part du noyau de fans qui pogotait dans les premiers rangs.
Vu la chaleur qui règne, une ou deux bières et un tour à l'extérieur s'imposent! La mi-juillet dans le sud-ouest, quand le mercure descend à peine en dessous de 30°C à 21h, c'est peut-être pas la meilleure période pour faire des concerts.
Mais malgré tout, la prestation de
GOJIRA sera de qualité. Après tout, avec tous les concerts qu'ils ont pu faire jusque là, je pense qu'ils ont dû jouer dans des conditions autrement pires. Les Landais débarquent après une demi-heure de pause sur "Lizard skin", de leur premier album, et vont mettre tout le monde d'accord

Je ne connais pas bien leur discographie à la base, juste quelques chansons de ci de là... Je n'avais pas forcément accroché, d'ailleurs, sauf les extraits de leur dernier album en date, "The way of all flesh" que je trouve carrément sympas. Je venais essentiellement pour découvrir et être surpris, après tout le bien que j'en ai entendu. Leur concert de ce soir-là me permet d'avoir la confirmation de visu des qualités de ce groupe. Elles sont énormes.
Gojira est parfaitement en place et délivre une prestation efficace et sans fioriture. Leur musique est de plus bien variée, allant du gros death à des trucs plus barrés à la Meshuggah, à d'autres plus planants ou même limite indus. Le tout gardant quand même une bonne cohérence

. Leur musique est en fait assez complexe et dégage une atmosphère assez glaciale. C'est une gageure que ce soit efficace en live. C'est pourtant ce que les Français arrivent à faire, comme le prouvent les réactions générales dans la salle et les nombreux pogos

Personnellement, je trouve ça un peu trop froid et introspectif pour pogoter là-dessus, malgré la puissance que Gojira dégage, mais là c'est juste une question de ressenti... Cet aspect froid est renforcé par le visuel, avec un écran en background sur lequel s'affichent diverses images sur chaque chanson, dont elles illustrent bien l'ambiance.
Sans en faire des tonnes, Joseph Duplantier assure en tant que frontman. Il plaisante bien avec le public, en laissant entendre que pour une fois, si des gens pouvaient quitter la salle avant la fin du concert, ça les arrangerait

Eh oui, il fait très chaud ce soir et avec en plus les lights qu'ils ont sur scène, le groupe doit particulièrement en souffrir. On sent d'ailleurs à de nombreuses reprises qu'ils prennent sur eux. Mais ils ne se laissent pas abattre et font un show complet, parfaitement professionnel, qui leur vaut de sortir sous les acclamations générales.
Playlist de GOJIRA:
Lizard Skin
Clone
Backbone
Indians
A Sight to Behold
The Art of Dying
Drum Solo
The Heaviest Matter of the Universe
Flying Whales
World to Come
Vacuity
Oroborus
A la fin du concert, les mecs de Gojira ne s'enfuient pas dans leur loge, au contraire: ils viennent directement dans la fosse boire au comptoir, signer des autographes et discuter avec un peu tout le monde, tranquillement et sans jamais se la péter. Pour un groupe français ayant atteint un tel niveau de notoriété, cette gentillesse, cette accessibilité et cette absence totale de grosse tête est vraiment à signaler

Je ne sais pas si j'écouterais Gojira régulièrement chez moi, mais s'ils repassent à proximité, je retournerais les voir
