En janvier 2004, After Forever et Nightmare, accompagnés pour l'occasion de Dark Moor et d'Amaran dans le cadre du Metallian Festival, avaient rempli la Loco. Presque deux ans plus tard, on prend les mêmes et on recommence, avec encore plus de groupes dans des styles encore plus variés, dans le cadre du festival Vibes in Paris organisé par l'association Elianor.
Par contre, cette fois-ci, l'affiche n'a pas réussi à attirer suffisamment de monde pour faire salle comble

. Certes, l'affluence était convenable et les organisateurs ont dû s'y retrouver financièrement. Mais le prix un peu élevé du concert (27€ en prévente, 30€ sur place

) avait de quoi rebuter. En plus, le fait que ce soit un dimanche après-midi avec ouverture des portes à 16h15 n'est pas non plus le mieux indiqué pour ramener le plus de monde possible. Mais on devait être quand même dans les quatre ou cinq cents personnes à la Loco ce soir-là. C'est sûr qu'on n'étouffait pas dans la salle, et on sentait parfois des courants d'air bien froids, mais l'ambiance était très sympa et conviviale.
J'arrive pour la dernière chanson de
JADALLYS, un groupe français au style assez étrange qui ouvrait les hostilités. Leur album m'avait laissé une bonne impression d'ensemble, d'autant que leur musique est originale. Mais je trouve aussi ça particulièrement glauque. Cette impression m'a été confirmée sur scène. Leurs lights étaient malsains, la musique pesante et torturée

, et surtout la chanteuse a une voix particulièrement dérangeante. Ca m'avait l'air très bien exécuté et le public leur a réservé un bon accueil. Ce groupe mérite en tout cas l'attention, mais ce n'est pas à mettre entre toutes les oreilles.
C'est au tour de
MAGICA de leur emboiter le pas. Ce groupe a la partcularité de venir de Roumanie. Ils pratiquent un heavy metal à chanteuse lyrique assez proche de Nightwish, en plus pêchu et un poil moins symphonique. Leur claviériste parle très bien français et fait la présentation du groupe au début du concert et à la fin dans la langue de Molière. Mais c'est surtout leur guitariste qui fera les speeches entre les morceaux, en anglais. Il est d'ailleurs assez communicatif. Par contre, la chanteuse n'a pratiquement pas dit un mot entre les chansons. Pourtant, on sentait bien qu'elle était heureuse d'être là, mais à part un "salut" et un "merci beaucoup", elle n'a pas du tout communiqué. Peut-être pour économiser sa voix? En tout cas, elle a très bien chanté, ce qui est le plus important. Elle a été impeccable vocalement du début à la fin, sans fausse note, et son timbre est magnifique

. Scéniquement, elle avait un peu de mal à trouver ses marques au début, mais ça s'est rapidement arrangé et elle a fini par se placer judicieusement sur la scène et faire les poses adaptées à la musique (alors qu'au début, ce n'était pas vraiment coordonné). Les autres musiciens assurent bien de leur côté, avec un set assez carrré. Du coup, comme leurs compos sont entraînantes et efficaces, le public suit. A la fin, le groupe reçoit une énorme ovation. La play-list est basée essentielement sur leur dernier album en date, "Lightseeker". Les Roumains ont également joué un titre de leur premier opus, "The scroll of stone" (chanté en dans leur langue maternelle, d'ailleurs), et un inédit de leur prochain disque, dont la date de sortie n'est pas encore fixée. Mais le moment fort a été la surprenante reprise de "Would you love a monsterman" de Lordi, avec un duo entre la chanteuse et le guitariste (dont la voix est en fait assez proche de celui du chanteur des monstres finlandais). C'était tout simplement excellent

! Bref, Magica a fait une excellente prestation. Vu l'accueil dont ils ont bénéficié alors qu'ils sont assez peu connus, ils semblent avoir gagné un certain nombre d'adeptes. J'espère qu'on les reverra rapidement, surtout qu'ils ont montré un gros potentiel (déjà entrevu sur les deux albums, qui n'ont malheureusement pas un son à la hauteur alors que les compos sont franchement sympas)

.
On passe ensuite à
MALEDICTION, premier gros poisson de la soirée. C'est d'ailleurs assez étonnant de voir les Picards aussi bas dans l'affiche

. C'est quand même un groupe qui a pas mal de fans, qui est connu pour la qualité de ses prestations scéniques, et dont les deux albums "Condamnés" et "Esclaves du vice" ont obtenu d'excellentes chroniques. Après ça, c'est sûr que le heavy metal traditionnel francophone ne touche pas un public très large, et qu'en plus le groupe est sans label depuis la fin de NTS

. Mais quand même, une place un peu plus haut aurait été méritée. Ils l'ont d'ailleurs prouvé, avec une prestation sans faute

. Pourtant, ils n'ont pas été gâtés par la technique

. Victimes de quelques problèmes de son (avec un micro vraiment trop bas), ils ont en plus eu des problèmes avec leurs instruments. Sylvain a cassé une corde de sa guitare en fin de show, ce qui a fait que le groupe n'a joué qu'à une gratte pendant un morceau. Mais ça ne s'est pas trop entendu, et ça ne les a pas destabilisés

. Le groupe est carré et affiche une belle cohésion. La play-list a été basée essentielement sur "Esclaves du vice". Il me semble qu'ils n'ont joué que "Le fils de Satan" du premier album. C'est dommage, parce que cet album ne manque pas de perles qui passent très bien sur scène. Mais leurs compos plus récentes sont très bien aussi, donc ce n'est pas très grave. Une fois de plus, Malédiction s'est montré très convaincant en live, et de nombreuses personnes n'aimant pas leur style ont apprécié.
Avec
DORNFALL, il est temps de faire une pause

! Si ce groupe joue aussi haut, c'est parce qu'il compte en son sein des membres de l'association qui organise la soirée. Mais je maintiens que ça aurait été plus judicieux qu'ils jouent avant Malédiction. Parce que passer après les Picards n'est pas chose aisée et, vu le style de Dornfall, ça fait l'effet d'une douche écossaise

. Les Parisiens pratiquent en heavy un heavy/prog assez sombre et torturé avec des paroles en français. C'est bien fait, le chanteur est bon techniquement (je n'accroche pas à sa voix que je trouve trop plaintive, par contre), c'est même assez original, très bien interprété, mais ça n'est pas entraînant pour un sou. Ca ne bouge d'ailleurs pas des masses dans la salle. N'arrivant décidément pas à adhérer à leur style, je finis par décrocher. Après ça, je n'ai rien de particulier à reprocher au groupe: ils pratiquent un style bien à eux et ils le font bien... mais ce n'est pas mon truc! Sur album, c'est peut-être pas mal, mais sur scène, ça ne le fait pas trop, surtout après deux groupes bien pêchus comme Magica et Malédiction.
Il est maintenant temps de passer aux choses sérieuses avec
NIGHTMARE! Il y a deux ans, les Grenoblois avaient fait un concert sympa. Ce soir, ils sont en pleine forme

. Ils ont en toile de fond la pochette de leur nouvel album, pour laquelle Jean-Pascal Fournier a fait un travail de maître. N'ayant pas écouté "The dominion gate" à ce jour, je ne connaissais pas les titres de leur dernier album, mais ils les ont promus de la meilleure des manières. Le groupe est hyper-motivé, avec un Jo Amore survolté qui est très en voix et court de partout. Leur nouveau guitariste assure comme un chef et l'introduction de voix death (assurées par Yves Campion, le bassiste) sur certains nouveaux morceaux apporte un surcroit de puissance bienvenu. Les morceaux de "Cosmovision", qui étaient un peu noyés sous les claviers sur album, prennent ici une tout autre dimension. Pour finir, on a droit à une bonne reprise de "Hallowed be Thy name" de qui vous savez , sur laquelle la voix de Jo Amore colle parfaitement

. Le groupe finit sous les acclamations du public. C'est la quatrième fois que je vois Nightmare sur scène, et de loin la meilleure
Enfin, la véritable tête d'affiche de la soirée,
AFTER FOREVER, assume pleinement son statut. Les Hollandais viennent de sortir un superbe album avec "Remagine", et j'étais assez impatient de découvrir les nouveaux titres sur scène. Floor Jansen est superbe ce soir, avec une tenue assez spéciale en nylon transparent avec des feuilles cousues dessus

. Elle rencontre un succès incroyable auprès des photographes. J'ai rarement vu autant d'appareils photo dans une salle française, où la règlementation est assez stricte. Les videurs de la Loco auraient-ils été plus tolérants que d'habitude? En tout cas, Floor s'est faite prendre (en photo, hein

!) sous toutes les coutures. Elle n'a pas recouru à la soufleuse pour faire voler ses cheveux au vent, comme elle le faisait à chaque fois. Mais elle est toujours à l'aise sur scène et a un excellent contact avec le public. Et surtout, elle est bien en voix! Les autres membres ne sont pas en reste, et leur plaisir d'être là est communicatif. Ils n'hésitent pas à délirer de temps en temps, comme lorsqu'ils ont commencé à reprendre "I was made for loving you" de Kiss pendant le break d'un morceau

! After Forever bénéficie d'un excellent son, bien qu'un peu fort. La play-list est excellente, avec un choix dans les morceaux très judicieux

. La part belle est faite à leur dernier album, avec cinq chansons. On a ainsi pu constater que ces nouveaux titres étaient faits pour la scène, en particulier les deux premiers, "Come" et son riff rammsteinien (idéal pour mettre dans l'ambiance) et "Boundaries are open" et son refrain accrocheur

. Mais ce qui est bien, c'est que "Decipher" n'est pas oublié: j'ai headbangué comme un fou quand ils ont joué "Monolith of doubt"

! Trois autres titres de cet album ont été joués, dont le magnifique "Forlorn hope". "Invisible circle", leur avant dernier album, a par contre été mis un peu de côté. Un seul extrait de cet album a été joué, alors qu'au Wacken 2004, les Néerlandais avaient axé quasiment toute leur play-list dessus. Mais il est vrai que ce disque est assez complexe, moins accessible, et peut-être moins taillé pour le live. Un grand moment d'émotion a été la superbe ballade acoustique "Taste the day", sur laquelle Floor chantait sans les guitaristes, mais avec une violoncelliste en guest

. C'était très beau, par contre, la chanteuse a arboré juste pour cette chanson un vêtement indéfinissable, à mi-chemin entre une cape, un manteau, une couette et un sac poubelle

! Pas vraiment du meilleur goût, quoi, et je ne vois pas trop quel effet elle a voulu donner avec cette panoplie...

C'est peut-être en rapport avec les paroles de la chanson? Mais c'était bien quand même! Pour finir, le groupe nous a gratifiés d'une reprise d'un grand classique du metal. Pas "The evil that men do" comme la dernière fois, mais "The final countdown" de Europe

! Par contre, le son n'a pas été très bon pour cette dernière chanson, et on entendait à peine les claviers. Ca a un peu gâché la reprise, mais la voix de Floor allait très bien dessus et c'est toujours un plaisir d'entendre en live cet hymne intemporel

. Ainsi s'est conclue une belle prestation des Néerlandais, qui ont été très chaleureusement acclamés par le public. After Forever est probablement le meilleur groupe de metal à chanteuse actuel, et ils l'ont encore prouvé ce soir

.
Même s'il aurait pu y avoir plus de monde, cette affiche Vibes in Paris a été une réussite: de nombreux groupes aux styles variés, tous très doués dans leurs domaines respectifs (après ça, on aime ou non, c'est une affaire de goûts personnels...) qui ont tous bénéficié d'un temps de jeu raisonnable , un timing respecté et surtout une excellente ambiance. Merci donc à l'association Elianor et au label Underclass pour avoir organisé cette soirée, en espérant qu'il y en ait de nombreuses autres.