Petit CR à mon tour :
Arrivée à Vouziers seulement pour
MANIGANCE, dont le précédent concert en première partie de Myrath ne m'avait franchement pas laissé un souvenir impérissable. Certains problèmes ont été réglés puisque Carine Pinto chante nettement plus juste qu'à ses débuts avec le groupe, globalement beaucoup plus en confiance sur scène elle va chercher toutes les notes. En bref elle semble intégrée et l'ensemble tourne.
En revanche, ils continuent dans ce non sens de se passer de claviériste alors que c'est un instrument important dans les anciennes/meilleures compositions du groupe palois. Tous les chœurs continuent d'être samplés ce qui confère et renforce un côté artificiel.
C'est dommage car la setlist tient la route, l'envie est là, mais les choix scéniques sont franchement discutables. Quant au choix vocal, s'il me fait encore regretter Didier Delseaux et qu'il y a peu de chances que je change d'avis, je dois avouer que Carine Pinto tient désormais sa place dans le groupe. C'est déjà pas si mal, sachant qu'elle risque de ne jamais être totalement acceptée après son illustre prédécesseur...
Également du sud ouest,
TITAN sont reformés depuis un petit moment déjà. Evidemment la setlist reste axée sur leur unique album et les titres des 2 premiers Killers dont les membres de Titan faisaient partie. Pour un groupe aussi vieux leur enthousiasme est saisissant et bienvenu, la passion est au rendez-vous, le speed metal aussi. Je n'en attendais rien de spécial mais ça le fait bien.
Pour autant, je dois avouer que mes titres préférés sont ceux plus contrastés et tourmentés de Killers, en l'occurrence "Délire de Mort" (jouée pour la seconde fois de leur carrière!) et bien sûr "L'Assassin". Il manquait quand même "Rosalind" à la fête, peut-être évincée du fait de ces minutes perdues pour des problèmes de guitare?
Les morceaux originaux et véloces de Titan sont sympas ("Irlande au Coeur", "La Loi du Metal") mais à mon sens restent un cran en-dessous de ceux de Killers en général, même si le registre reste identique. La voix destroy de Patrice Le Calvez est étonnamment restée dans le même esprit 30 ans après, juste un peu moins nasillarde, mais avec toujours ce caractère au rasoir.
Ce concert très énergique et sans faille particulière se termine par la reprise de "Maitres du Metal" accompagnée par Fred Leclercq à la guitare qui connait ses classiques, même s'ils auraient pu jouer du Egoine tant qu'à faire.

Blague à part, quid d'un deuxième album maintenant que la machine est relancée?
N'étant pas un fan de
FREEDOM CALL, et les ayant déjà vus l'an dernier de surcroît, je n'assisterai qu'à une petite partie. Mais cela me suffit à affirmer qu'il s'agit du groupe le plus pro et en place de la soirée, qu'on aime ou pas ce qu'ils font. Et ils le font avec le sourire.
A noter le "Hallelujah" de Cohen détourné en Freedom Call, totalement kitsch mais ils assument de jouer la partition du bisounours metal jusqu'au bout.
J'avais déjà vu
SATAN au Bang Your Head, et malgré l'affection particulière que je porte à leur cultissime premier album "Court in the Act", j'avais été un peu déçu. Ce sera encore le cas ce soir, non pas par la performance intrinsèque, mais par le côté linéaire de la setlist déjà. Vous me direz, un vieux groupe de speed metal mélodique n'a pas vocation à faire un show de doom ou de djent progressif à claquettes.
Certes, mais au bout d'un moment j'ai quand même l'impression d'entendre un peu toujours la même chose, malgré que ce soit servi par un son authentique et une interprétation juste. De plus, même s'ils passent bien, je ne suis pas autant convaincu que la moyenne par les derniers albums de la reformation, surtout le dernier. Après je ne peux pas nier que sur scène ça gratte sévère, comme en studio.
L'autre source de déception, c'est Brian Ross. Aussi "légendaire" et sympathique soit-il, il n'a toujours ni charisme ni présence. De plus ses lignes de chant sont de plus en plus limitées et répétitives avec le temps.
En un mot comme en cent, il manque selon moi un petit quelque chose à Satan sur scène pour être à la hauteur de leur réputation, pourtant fondée à l'origine, et même à la hauteur de leur talent instrumental. En attendant, ils ont parfaitement fait le job techniquement parlant.
Je ne vais pas mentir, comme d'autres je n'avais acheté mon ticket du festival que pour
SORTILEGE. Il y aurait pu y avoir en première partie 5 heures de crabcore ou l'intégrale d'Ultra Vomit en acoustique que je serais quand même venu.
Pour être honnête je m'attendais à être bien davantage déçu, car finalement si je le suis un peu dans l'absolu, ça reste un bon moment en soi. Grâce à l'effet karaoke de ces chansons bien sûr, mais aussi malgré ce qu'on peut dire du fait d'une certaine application et envie de bien faire, à défaut d'une mise en place toujours convaincante.
Je n'ai pas écouté d'album complet de Sortilège depuis des années, contrairement à une époque où ça tournait en boucle jusqu'à épuisement, et je me suis rendu compte pendant le concert que je connaissais encore toutes les paroles par cœur ou presque. Bien sûr cet effet nostalgique joue pour apprécier une prestation objectivement parsemée d'imperfections coupables, et de tempos parfois ralentis.
Dem et Lapin sont hyper concentrés et de fait en retrait, les 80's semblent loin pour eux. Farid Medjane (Trust) reprend la batterie au pied lever pour ce concert et évidemment cela a des conséquences sur la mise en place et aussi sur le feeling un peu différent, malgré que ce soit un excellent cogneur qui ne manque pas d'enthousiasme ce soir.
En voyant l'affuté Bruno Ramos soloter sur "Messager" je ne peux m'empêcher de me rappeler que dans Manigance il reprenait cette chanson il y a bientôt 20 ans sur leur première tournée, et même que Zouille les avait rejoint sur scène à Paris pour cela! Joli retournement de situation pour lui.
Zouille parlons-en, je l'avais vu une première fois au concert avec Renaud Hantson au KIT il y a 10 ans. A l'époque, c'était plus pour faire plaisir à ce dernier, il n'était pas investi dans son rôle et l'a depuis reconnu dans les interviews. Par contre il assurait et techniquement il était même un peu mieux conservé dans ma mémoire...
Désormais on sent toutefois qu'il a envie d'être là, de défendre des chansons et des paroles qui sont aussi les siennes. Bien sûr il a perdu vocalement par rapport à l'excellence qu'il représentait, et certains critiquent le fait qu'ils fassent appel à Lynda Siewicz pour reproduire ses nombreuses envolées aiguës. On peut le regretter, mais personnellement je trouve ça à la fois intelligent et digne, une forme de rare humilité d'accepter ses limites et néanmoins d'assurer une représentation de qualité. De la part de quelqu'un souvent auréolé de la réputation du meilleur chanteur de l'histoire du metal français, cela requiert du cran d'admettre ses faiblesses et sa rétrogradation. Cela permet en outre de réaliser non seulement des harmonies mais aussi les lignes vocales superposées comme à la fin de "Chasse le Dragon", pour la première fois dans l'histoire du groupe.
En revanche, Lynda aussi talentueuse soit-elle est trop mise à contribution dans ces couplets que Zouille peut encore parfaitement chanter, même si je comprends qu'il souhaite la mettre en avant et s'économiser.
Le concert a commencé avec "Marchand d'Hommes" sur lequel son grain désormais plus proéminent qu'à l'époque fonctionne bien. Ce choix n'est donc pas un hasard, pour se chauffer la voix et aussi les instruments sur cette (superbe) chanson plus lente et lancinante.
Plus tard "Quand un aveugle rêve" s'avère être un grand moment d'émotion, "Amazone" envoie encore bien et "Mourir pour une princesse" sonne moins kitsch qu'en studio.
En revanche 1h10 de live c'est bien trop court quand ils sont annoncés 1h30, conséquence "La Montagne Qui Saigne" sort de la setlist par rapport aux concerts précédents. De plus, laisser de côté un gros classique comme "La Hargne des Tordus" est un peu incompréhensible, alors même qu'ils ont joué les 4/5ème du premier EP. Bon comme j'aime à peu près toutes leurs chansons, peu importe ce qu'ils jouent dans le fond...
Tant qu'ils le jouent bien du moins. Sur ce plan certains points doivent être améliorés à l'évidence, et pourtant j'ai vraiment apprécié et cela me donne même envie de les revoir, pour réentendre un peu plus ou d'autres chansons déjà, et pour espérer des ajustements.
Ils ont intérêt à le faire car je ne sais pas si le public dont je fais partie conservera éternellement une forme de mansuétude. Les chansons ne font pas tout... même si dans le cas présent elles font déjà beaucoup.