[LP] GRAVE DIGGER : Heavy Metal Breakdown (1984)
Posté : 22 avr. 2007, 15:48
Je m'extirpe de mon lieu de résidence, remontant vers la surface où j'ai pour habitude de vagabonder de temps à autre, lorsque je me retrouve comme enrôlé par une force qui m'est externe et qui par de multiples et impondérables événements m'a conduit inéluctablement ici. Parmi les derniers rescapés d’un monde digne de ce nom, parmi les détenteurs de la flamme éternelle, parmi les défenseurs de la foi métallique.
Cette communauté m'a immédiatement semblé encline à loger tous les métalleux en mal de partage de leur passion. Je m'y suis donc immiscé.
Aussi, l'envergure de ce territoire me laisse à penser que j'aurai peut être la plaisir de trouver parmi tant d'érudits, une ou deux âmes égarées au bon goût, qui auraient franchi le Royaume Des Morts en manquant le chemin qui mène au Sanctuaire Des Fossoyeurs. Je propose donc à tous les admirateurs effervescents des légendaires creuseurs de tombes, de se rejoindre à mon Sanctuaire, puisqu'il est désert les derniers temps, aussitôt qu'ils en auront l'envie et la motivation. Le portail d'entrée se situe à cette adresse. Merci à tous les défunts qui me rejoindront...
Voici à présent, comme promis, ladite chronique :
A l'aube des années 80, quelque part dans les limbes profonds d'un territoire inconnu des hommes, quatre âmes venant d'être déclarées inaptes à séjourner au Royaume des Morts pour avoir commis un nombre incalculable de péchés se réunirent et allèrent implorer le conseil de l'ordre de leur donner l'autorisation de se repentir. Elles soumirent aux membres du prétoire leur noble dessein : former un groupe de heavy-metal morbide au service du Royaume des Morts, et dont l'intention première serait de convertir le maximum d'êtres humains à la cause du métal.
Après une concertation qui s'était éternisée sur près de quatre longues heures, leur demande fut approuvée. Les quatre âmes ayant une imposante propension pour la mort, elles se vêtirent de toges et autres accoutrements de nature monastique rappelant ceux des fossoyeurs moyenâgeux. Elles se mirent alors en marche...
Ce fut un soir où l'éclat de la lune était particulièrement intense, et où la voûte céleste resplendissait de vivacité, qu'un cimetière situé au fond de la campagne germanique se révéla damné par l'Enfer. Une tombe portant le nom de Chris Boltendahl se désagrégea, et une main cadavérique en sortit. Dans l'obscurité de la nécropole, nos quatre fossoyeurs firent leur ascension vers la surface. Souriant et riant, ils baptisèrent cet instant le jour des fossoyeurs. Ils s'encensèrent et dansèrent toute la nuit à l'idée qu'ils venaient de vendre leurs âmes pour la plus aboutie des causes. Bientôt, leur prestige envoûterait les vivants, et les transmuerait en métalleux avertis...
Sans perdre une minute, les creuseurs de tombes mirent en commun le peu de sensibilité dont la putréfaction ne les avait pas amputés, et rédigèrent un manuscrit nommé Heavy Metal Breakdown. Les écrits constituant cette première rondelle d'acier allèrent au but primaire que s'était fixé les Gravedigger : la conversion des mortels au bon goût. Ainsi, des textes tels que ceux de Headbanging Man, Heavy Metal Breakdown ou encore We Wanna Rock You vont à l'essentiel sans esquisser un semblant de recherche alambiquée d'enjolivement littéraire : "We wanna rock you, we wanna roll you, every night !". Cela ne fait aucun doute, ils sont en bonne forme nos creuseurs de tombes. Les rythmiques de l'intégralité de cet album sont taillées dans un alliage de béton armé et de molybdène, et sont d'une sauvagerie à réveiller les morts !
Qu'en est-il à des compositions à proprement parler ? Et bien, avec cette première galette on a droit à un savoureux mélange de speed et de power metal ultra efficace. Il hurle le Chris, il hurle tellement qu'il finit par ne plus savoir où donner de la voix ! Les trois titres précités peuvent difficilement souffrir de reproche tant l'énergie qu'ils dégagent est salvatrice pour le métalleux émérite. Ils fondent, avec la collaboration de leurs acolytes Legion Of The Lost, Tyrant, 2000 Light Years From Home et Heart Attack, la phase speed de Heavy Metal Breakdown. Sept titres destructeurs, d'une brutalité novatrice pour l'époque, avec un chant s’opposant radicalement à la mélopée de base, mais qui au final, manquent quelque peu d'originalité. Bien que, précisons-le, la plupart des titres qui composent cet album nous laissent déjà entrevoir les prémices de ce qui vaudra la future renommée du groupe : les refrains sublimes et épiques dont il nous gratifiera avec un abus succulent durant la suite de sa carrière. Ajoutez à cela le très sombre, l'oppressant et heavy à souhait Back from The War, qui s'octroie même une influence progressive plutôt agréable, et vous aurez une idée de la haine de nos quatre âmes de fossoyeurs, qui a conduit les membres du conseil à leur refuser une place au Royaume Des Morts. Paix à leurs âmes...
Et ô, châtiez-moi si j'ose passer sous silence le petit dissident de cette première bâtisse. Yesterday est bel et bien présent pour nous rappeler que ces âmes écrivent avant tout avec leurs coeurs. Cette ballade semble émerger du reste de l'album de par son coté semi romantique, mais toujours muni de la patte si ravageuse de nos fossoyeurs favoris. Un (tout petit) peu de douceur dans ce monde de brutes...
Le principal reproche que l’on peut faire à ce premier édifice métallique est le son excessivement brut, parfois tant souillé qu'il finit par en vicier la qualité des chansons au point de rebuter les oreilles de l'auditeur, et au risque de le faire passer à coté des pièces sublimes que le groupe bâtira par la suite. Certes, cela entre sans difficulté sur le compte de l'époque. Mais, hélas, ce manque sanglant d'épuration a privé Heavy Metal Breakdown de la baignade - devenue rituelle pour la plupart des albums suivants - à l'intérieur de la fontaine de jouvence. Un album bien ridé, aujourd'hui...
Vous l'aurez compris, ce n'est pas avec ce premier album que Chris et ses compères graveront dans l'esprit des métalleux l'archétype de référence en matière de heavy-metal "Gravediggerien". Un album néanmoins prometteur...
Et vous, que pensez-vous de Heavy Metal Breakdown ?
Cette communauté m'a immédiatement semblé encline à loger tous les métalleux en mal de partage de leur passion. Je m'y suis donc immiscé.
Aussi, l'envergure de ce territoire me laisse à penser que j'aurai peut être la plaisir de trouver parmi tant d'érudits, une ou deux âmes égarées au bon goût, qui auraient franchi le Royaume Des Morts en manquant le chemin qui mène au Sanctuaire Des Fossoyeurs. Je propose donc à tous les admirateurs effervescents des légendaires creuseurs de tombes, de se rejoindre à mon Sanctuaire, puisqu'il est désert les derniers temps, aussitôt qu'ils en auront l'envie et la motivation. Le portail d'entrée se situe à cette adresse. Merci à tous les défunts qui me rejoindront...
Voici à présent, comme promis, ladite chronique :
A l'aube des années 80, quelque part dans les limbes profonds d'un territoire inconnu des hommes, quatre âmes venant d'être déclarées inaptes à séjourner au Royaume des Morts pour avoir commis un nombre incalculable de péchés se réunirent et allèrent implorer le conseil de l'ordre de leur donner l'autorisation de se repentir. Elles soumirent aux membres du prétoire leur noble dessein : former un groupe de heavy-metal morbide au service du Royaume des Morts, et dont l'intention première serait de convertir le maximum d'êtres humains à la cause du métal.
Après une concertation qui s'était éternisée sur près de quatre longues heures, leur demande fut approuvée. Les quatre âmes ayant une imposante propension pour la mort, elles se vêtirent de toges et autres accoutrements de nature monastique rappelant ceux des fossoyeurs moyenâgeux. Elles se mirent alors en marche...
Ce fut un soir où l'éclat de la lune était particulièrement intense, et où la voûte céleste resplendissait de vivacité, qu'un cimetière situé au fond de la campagne germanique se révéla damné par l'Enfer. Une tombe portant le nom de Chris Boltendahl se désagrégea, et une main cadavérique en sortit. Dans l'obscurité de la nécropole, nos quatre fossoyeurs firent leur ascension vers la surface. Souriant et riant, ils baptisèrent cet instant le jour des fossoyeurs. Ils s'encensèrent et dansèrent toute la nuit à l'idée qu'ils venaient de vendre leurs âmes pour la plus aboutie des causes. Bientôt, leur prestige envoûterait les vivants, et les transmuerait en métalleux avertis...
Sans perdre une minute, les creuseurs de tombes mirent en commun le peu de sensibilité dont la putréfaction ne les avait pas amputés, et rédigèrent un manuscrit nommé Heavy Metal Breakdown. Les écrits constituant cette première rondelle d'acier allèrent au but primaire que s'était fixé les Gravedigger : la conversion des mortels au bon goût. Ainsi, des textes tels que ceux de Headbanging Man, Heavy Metal Breakdown ou encore We Wanna Rock You vont à l'essentiel sans esquisser un semblant de recherche alambiquée d'enjolivement littéraire : "We wanna rock you, we wanna roll you, every night !". Cela ne fait aucun doute, ils sont en bonne forme nos creuseurs de tombes. Les rythmiques de l'intégralité de cet album sont taillées dans un alliage de béton armé et de molybdène, et sont d'une sauvagerie à réveiller les morts !
Qu'en est-il à des compositions à proprement parler ? Et bien, avec cette première galette on a droit à un savoureux mélange de speed et de power metal ultra efficace. Il hurle le Chris, il hurle tellement qu'il finit par ne plus savoir où donner de la voix ! Les trois titres précités peuvent difficilement souffrir de reproche tant l'énergie qu'ils dégagent est salvatrice pour le métalleux émérite. Ils fondent, avec la collaboration de leurs acolytes Legion Of The Lost, Tyrant, 2000 Light Years From Home et Heart Attack, la phase speed de Heavy Metal Breakdown. Sept titres destructeurs, d'une brutalité novatrice pour l'époque, avec un chant s’opposant radicalement à la mélopée de base, mais qui au final, manquent quelque peu d'originalité. Bien que, précisons-le, la plupart des titres qui composent cet album nous laissent déjà entrevoir les prémices de ce qui vaudra la future renommée du groupe : les refrains sublimes et épiques dont il nous gratifiera avec un abus succulent durant la suite de sa carrière. Ajoutez à cela le très sombre, l'oppressant et heavy à souhait Back from The War, qui s'octroie même une influence progressive plutôt agréable, et vous aurez une idée de la haine de nos quatre âmes de fossoyeurs, qui a conduit les membres du conseil à leur refuser une place au Royaume Des Morts. Paix à leurs âmes...
Et ô, châtiez-moi si j'ose passer sous silence le petit dissident de cette première bâtisse. Yesterday est bel et bien présent pour nous rappeler que ces âmes écrivent avant tout avec leurs coeurs. Cette ballade semble émerger du reste de l'album de par son coté semi romantique, mais toujours muni de la patte si ravageuse de nos fossoyeurs favoris. Un (tout petit) peu de douceur dans ce monde de brutes...
Le principal reproche que l’on peut faire à ce premier édifice métallique est le son excessivement brut, parfois tant souillé qu'il finit par en vicier la qualité des chansons au point de rebuter les oreilles de l'auditeur, et au risque de le faire passer à coté des pièces sublimes que le groupe bâtira par la suite. Certes, cela entre sans difficulté sur le compte de l'époque. Mais, hélas, ce manque sanglant d'épuration a privé Heavy Metal Breakdown de la baignade - devenue rituelle pour la plupart des albums suivants - à l'intérieur de la fontaine de jouvence. Un album bien ridé, aujourd'hui...
Vous l'aurez compris, ce n'est pas avec ce premier album que Chris et ses compères graveront dans l'esprit des métalleux l'archétype de référence en matière de heavy-metal "Gravediggerien". Un album néanmoins prometteur...
Et vous, que pensez-vous de Heavy Metal Breakdown ?