Ça n'intéresse sans doute personne, mais c'était excellent.
Je les avais déjà trouvés super bons au Night Of The Prog, mais grâce au charme de la plus grande proximité avec le groupe dans cette modeste enceinte qu'est la Scène Bastille, et leur meilleure complicité avec le public, là c'était franchement encore un cran au-dessus.
Ayant été retenu au turbin, je n'assiste malheureusement qu'à un quart d'heure de la prestation de Paul Menel, connu pour avoir été le chanteur et parolier d'iQ entre 1986 et 1989 (soit le temps de "
Nomzamo" paru en '87 et "
Are You Seating Comfortably?" en '89), un des fers de lance de la première vague neo-prog Britannique soulevée durant les '80s.
Comme il nous l'expliquera au bar après le concert, ayant accepté la proposition d'ouverture pour Arena, et ses musiciens étant accaparés par d'autres obligations, c'est une performance minimaliste chant / guitare qui est proposée ici, le gars étant seulement accompagné de son acolyte Steven Harris (lequel s'est illustré par le passé parmi leurs collègues et compatriotes d'Ark -à ne pas confondre avec le
power trio Danois de
Metal prog-) aux sèches et électriques, le reste des mélodies de synthé étant assuré par des bandes.
Son groupe revenant en tournée au grand complet sous leur nom propre à compter du printemps prochain, on peut bien leur pardonner ce léger détail.
N'étant absolument pas familiarisé avec cette partie de la discographie d'iQ, et pour le peu que j'en ai vu, je ne saurais même pas dire si des morceaux emblématiques de cette période ont été joués.
Reste qu'au vu des moyens à leur disposition, la prestation me paraissait tout à fait honnête, quand bien même cette réduction orchestrale nuisait clairement à la cohésion du tout encore une fois ; à revoir avec le groupe dans son intégralité donc.
Mais autant dire qu'avec Arena, on passe allègrement à la vitesse supérieure.
Avant toute chose, on remarque très rapidement que le son est de très bonne facture, ce qui est loin d'être évident dans une telle salle dont les cloisons en pierre en façades exercent une réverbération des moins conciliantes en termes de sonorisation.
Aussitôt le groupe au complet installé sur scène, on en prend pour son grade :
Ça joue, ça assure grave et ça envoie des giclées de platine dans les grandes largeurs.
Non seulement les musiciens sont tous très pros et carrés, mais surtout souriants, complices et manifestent clairement leur plaisir d'être là sans aucun artifice.
On remarque que les énergiques John Jowitt à la basse (lequel a également pris part aux aventures d'Ark, mais également à celles de Frost, iQ et accompagné Paul Menel de son côté) et John Mitchell à la guitare (lui aussi dans le paysage progressif dans les sillages de Frost* et It Bites) n'en loupent pas une pour déconner gentiment sur scène dès lors que le chanteur Paul Manzi, qui a intégré le groupe en 2010 en remplacement de l'historique Rob Sowden, s'éclipse quelques minutes pour changer de tenue.
Mais que serait cette figure de proue de la deuxième déferlante neo-prog d'outre-Manche sans ses fameux Clive Nolan aux claviers (célèbre pour ses implications dans Pendragon et Shadowland) et Mick Pointer derrière les fûts (connu pour s'être illustré chez Marillion période "
Market Square Heroes" et "
Script For A Jester's Tear", qu'il reprend parfois en tournée avec son propre groupe), principaux compositeurs à bord.
De par son investissement percussif, c'est à Nolan qu'incombe le rôle de maître de cérémonie du haut de son Triton rotatif, même si Manzi régit les échanges avec le public de manière omniprésente, sans jamais oublier de nous rappeler à quel point il tient remarquablement bien la note.
Personnellement, de mon côté gauche de l'estrade, je n'avais d'yeux que pour la talentueuse dextérité de Jowitt à son jeu aux doigts sur sa merveilleuse Jazz 5-cordes bordeau, une véritable perle de rondeurs graves.
Aucun temps mort, les morceaux s'enchaînent avec verve, technique et dynamique, et la petite 1h45 arrive aussi rapidement à terme qu'elle s'est lancée.
L'attitude du groupe est exemplaire, l'aller-retour en coulisses avant les rappels étant quasi-instantané, mais les musiciens n'hésitant surtout pas à rejoindre le public une fois le concert fini pour se prêter au jeu de la pose ou de la conversation décontractée, tout en signant ça et là les diverses items tendus.
Aux côtés d'Uli Jon Roth, c'est la première fois que je vois des musiciens aussi avenants à vrai dire :
Tandis que je retrouvais au bar les vieux briscards d'Un Pied Dans La Marge déjà recroisés hier soir à l'Olympia pour Ian Anderson, Paul Menel, caméscope à bout de bras d'une main, venait de lui-même serrer les louches et causer avec les fans restés causer au détour d'un demi.
Et c'est comme ça que le chanteur nous apprend son projet de repassage en tournée prochaine ou décrivant ses relations complices avec Arena.
Et c'est en abordant le sujet du Celebr8 prévu début Mai prochain à Kingston que le gars va lui-même nous ramener Clive Nolan pour le joindre à la conversation, et ce dernier de nous préciser lancer de son côté une tournée axée autour d'un
Rock Opera pour la même année prochaine, avec un concert filmé à Katowice pour un concert événement, le film étant censé être agrémenté de divers enregistrements à venir dans la bien évidemment incontournable capitale anglaise.
À aucun moment ces gars-là ne cherchent à recentrer la conversation autour d'eux et le bien fondé de leur musique, cherchant même au contraire à échanger avec intérêt mais sans intéressement autour de notre passion de la musique en général, et ça faisait franchement plaisir à voir et à entendre.
La Scène Bastille était loin d'être remplie, sans oublier que le passage de Steve Vai a sans doute raflé une bonne partie d'un public qui aura volontiers assisté aux deux concerts, mais peu importe, Arena étaient heureux d'être là et nous l'ont bien montré.
On est loin du melon incommensurable d'un certain groupe branchouille de rouquins signés chez KScope, et dont le nom du groupe commence aussi bien qu'il termine par un "A", du reste connus pour être de sombres trouducs humainement parlant, et dont la renommée actuelle est inversement proportionnelle au mérite propre, contrairement à Arena, largement devant musicalement, et qui pourraient légitimement prétendre à une bien meilleure reconnaissance publique.
Triste monde...
Les dates restantes sur la tournée, où Arena seront toujours accompagnés de Paul Menel :
20th Germany, Reichenbach, Bergkeller
21st Germany, Aschaffenburg, Colos-Saal
22nd Italy, Lugagnano di Sona, Club il Giardino
23rd Switzerland, Pratteln, Galery Music Bar
24th Netherlands, Zoetermeer, Boerderij