CR de la date parisienne
[Concert #313] MONSTER MAGNET / THE BLACK SPIDERS, samedi 26 novembre 2011, La Maroquinerie, Paris
Pour une raison inconnue, je suis resté longtemps complètement hermétique à ce que proposais Monster Magnet. Lors de mes tentatives d’écoute (au début des années 2000 essentiellement), je n'avais pas du tout accroché.
Historiquement, Dave Wyndorf, leader/chanteur/compositeur de Monster Magnet, mène sa barque depuis 1991. Son groupe évolue dans une sorte de Rock Stoner, mélange improbable de Métal et de rock psychédélique marqué du sceau des seventies. La réputation de Monster Magnet (et spécialement de Dave) a été longtemps ultra sulfureuse, le groupe prônant la consommation massive des substances illicites (en atteste le nom très évocateur de leur album "Dopes to Infinity")
Ces multiples excès n'empêchent pas le groupe d'être particulièrement productif : les albums références se multiplient, d'abord dans un Stoner très aérien et ultra barré puis ensuite, avec un rock toujours planant mais plus efficace.
Cependant, après 15 ans d'excès en tout genre, Dave Wyndorf a fini par payer l’addition. En 2006, le charismatique chanteur est foudroyé par une overdose (officiellement de somnifère … mais oui, bien sûr). Et, il va rester de longs mois en convalescence.
Monster Magnet entame alors sa traversée du désert, ne sortant qu'en 2007 un pauvre album constitué de chutes de studio, le médiocre "4-way Diablo".
En 2010, après de longues années d’errance, Dave va mieux : il est même officiellement clean ... Dans l'histoire, le chanteur a perdu son physique de playboy mais l'essentiel est ailleurs : il est vivant … et accessoirement, il a retrouvé l’inspiration ! Suit alors l'album de la rédemption, l'excellent "MasterMind".
C'est à la sortie de ce dernier disque que mes oreilles retombent de façon toute à fait fortuite sur un morceau de Monster Magnet. La Claque !
J'ai du atteindre le degré de maturité suffisant pour apprécier et comprendre la musique du Sieur Wyndorf. Suite à cette écoute révélatrice, je m’offre rapidement la discographie complète du groupe ...
Et il n’y a pas à tortiller, en dehors du sus-cité "4-way Diablo", chaque album est une pépite. Les débuts très stoners, très aériens, sont excellents… La suite, jusqu'à l'accident, est délectable avec ce rock plus accessible, construit autour de riffs très solides mais toujours avec une grosse pointe planante. J'ai plongé dans l'univers de Monster Magnet... et je n'en suis pas encore ressorti.
Le groupe s'est produit au HellFest en juin, malheureusement en même temps qu'In Flames. Gros déchirement mais j'avais finalement opté pour les Suédois. Je ne l’ai pas regretté, leur concert se révélant très spectaculaire.
Le passage des américains sur Paris est l'occasion de me rattraper et d'enfin les voir en Live. Sur cette tournée, Monster Magnet a fait le choix de jouer en intégralité leur album "Dopes to Infinity", une de leurs œuvres majeures.
Après avoir rejoint l'ami Féfé, direction la Maroquinerie (un ancien atelier du cuir emménagé en salle de concert) en plein cœur du 20e arrondissement de Paris.
La salle, située en sous-sol, présente une capacité d'environ 500 personnes. La scène est toute petite et surtout peu élevée. La fosse, profonde, est entourée de gradins en pierre : ça fait un peu arène de combat comme configuration.
A l’entrée, un micro-bar propose des godets de houblon (quelle surprise !) ... La peinte de blonde : 6,50 € ! Ouch ! Pas de doute : ici c'est Paris !!!
Armé de notre précieux liquide, nous prenons place pour la première partie : l’ami Gerland, venu de Lyon lui aussi, est déjà dans la place.
The Black Spiders
Monster Magnet est accompagné sur sa tournée Européenne par les Anglais de The Black Spiders. Leur kit de batterie est monté au raz de la scène, juste devant la batterie déjà en place de Monster Magnet. Du coup, il y a vraiment peu d'espace : si les musiciens sont nombreux, ils risquent de se bousculer. A 20H00 piles, les Brittons déboulent ... à 5 avec 3 guitares !! Marrant !
Les gars ont manifestement beaucoup écouté Motörhead, Turbonegro, Led Zepellin ou Black Sabbath, et proposent donc un mix de toutes leurs influences. Ca rocke sévère, et il y a quelques moments un peu plus planants instrumentaux.
Visuellement, tous les regards sont magnétisés par le batteur. Avec son tee-shirt crade Watain, sa crête d’Iroquois, ses grimaces hallucinantes et son amplitude de taré, le mec fait le spectacle. Les autres musiciens sont à l’avenant : à fond dans leurs trucs, envoyant des copeaux par parquet de 12 !! Le public d'abord dubitatif, se laisse rapidement séduire ... Ca pogote, ca slamme : c'est la fête !
Vu le peu d'espace dans la fosse, on se fait un peu bousculer mais rien de méchant ... A si, tiens ... voila mes 6 euros 50 de bière qui finissent par terre après avoir rencontré un slammeur volant. Il y a en particulier un fan vêtu d'une veste sans manche en fourrure bleue (si ! si ! il faut le voir) qui se lâche complément, lançant pogo sur slam sur pogo !
En tout cas, excellente mise en bouche avec The Black Spiders. Féfé me lâchera un "ça va être dur pour Monster Magnet de monter sur scène après cette déflagration ! "
Set-liste The Black Spiders
01. Stay Down
02. KISS Tried To Kill Me
03. Stick It To The Man
04. St. Peter
05. Wolves
06. Just Like A Woman
07. Blood Of The Kings
Le changement de plateau se fait hyper rapidement : juste le temps de saluer Romain "Metal Militia" présent pour son concert quotidien et de reprendre un godet de blonde à un prix prohibitif
Avec Féfé, on arrive à se faufiler au 2e rang juste devant la scène. L'endroit idéal : à l'affut. J'arriverais très rapidement à me coller directement contre la scène à 20 cm de Dave Wyndorf. La grande classe !
Monster Magnet
Le groupe arrive sur "Vertigo" ... les musiciens d'abord, puis Dave Wyndorf.
Monster Magnet joue donc l'intégralité de son album "Dopes to Infinity" mais ils ont pris le soin de proposer un ordre différent du disque. Bonne initiative

Comme ça, on commence doucement le concert par l’instrumental un peu longuet qui clôture l’album.
Physiquement, Dave Wyndorf a vraiment reçu : son overdose a laissé des traces. Le gars est littéralement obèse. De plus, sa tenue semble être un hommage appuyé au style grunge des années 90 : chemise de bucheron, pantalon trop large qui pendouille aux fesses (la grande classe ça), baskets marrons à languette, cuir ... Ouch ! Il fait mal aux yeux !
Son déguisement est complété par une guitare portée en bandoulière, gratte qu'il n'utilisera quasiment pas du concert, se contentant de tenir son manche.
Dave a les yeux complètement dans le vague ... je veux bien croire qu'il est clean mais il a du forcer sur les "Mon Chéris" en backstage alors ...
Alors, que le reste du groupe joue comme si leur vie en dépendait, Dave Wyndorf se la joue à l’économie. Il va vite se positionner au fond de la scène devant une sorte de clavier plein de potards en nous tournant le dos. Il joue de la distorsion pour nous sortir des sons totalement improbables. Il a l'air de s'éclater. Personnellement, passé la stupeur, je rentre dans le trip ! L’ambiance devient hypnotique. Le public est sous le charme.
Monster Magnet enchaîne alors avec le tonitruant "I Control, I Fly", Dave Wyndorf se met derrière son micro et balance avec assurance ses vocaux venus du fin fond de l’espace. Je suis rassuré ! ça va être énorme … Le public est complètement hystérique ! Les slammeurs volent de partout.
Alors, coup de gueule : ils sont bien gentils les slammeurs mais, un minimum de respect serait le bienvenu. Un mec viendra même s’écrouler sur scène au pied des musiciens… Vu la taille de la scène, c’est n’importe quoi … Les musicos sont furieux, expulsant manu militari le mec ! Ce qui aura le mérite de calmer un peu les vols incontrôlés des fans exubérants.
Dave ne prête pas attention à ces cabrioles : il plane à 2000 mètres d’altitude.
Cependant, malgré ses petits yeux, Dave a repéré une jolie minette juste devant lui : la Miss est superbe (quel décolleté !!!) et manifestement fan. Le chanteur va la dévorer des yeux pendant tout le show. D’ailleurs, avec des petits gestes discrets, Dave lui fait bien comprendre qu’il n’a pas l’intention de dormir seul ce soir : quel crevard ! L’histoire ne me dit pas s’il aura réussi son coup, le pépère.
Enfin, peu importe le comportement digne de DSK de Dave! Car, malgré tout, il chante comme un Boss et surtout, fait preuve d’un charisme hallucinant. Comme les autres musiciens assurent méchamment, le concert est absolument démentiel. Arc bouté contre la scène, je vis littéralement la musique ! Les titres de "Dopes to Infinity" s'enchainent à la vitesse de l'éclair dans un délire auditif. Les mélodies sont stellaires et justifient le titre de l'album. On parle bien de drogue là, mais de drogues musicales hautement recommandables !
Pendant près de 70 minutes, nos esprits sont grisés et nous atteignons tous un état d'hébétude merveilleux. Après un dernier "King of Mars" étiré dans la longueur dans un délire onirique, Monster Magnet nous fait le coup du rappel.
Ha ha ha ! Bien joué ! Mais, j'attends toujours "Negasonic Teenage Warhead", seul morceau manquant à l’appel pour que la reprise de "Dopes to Infinity" soit complète. Donc, forcement, on attend patiemment le retour des Américains.
C'est long ... En fait, c'est le temps nécessaire à Dave Wyndorf pour finir sa cigarette

Monsieur est accro à la Nicotine, c'est un moindre mal après avoir eu des addictions bien plus létales.
Mais l’attente valait la peine car le rappel va juste être démentiel ... Monster Magnet commence par balancer le dantesque"Negasonic Teenage Warhead" pour clore le chapitre "Dopes to Infinity". Le public chante à tue-tête le refrain. Ce morceau avec ses parties calmes et cette explosion rapide sur le riff principal est totalement dantesque.
Après ce grand moment de bonheur, Dave Wyndorf varie les plaisirs et nous glisse un extrait de son dernier album "MasterMind", le planant "Hallucination Bomb". A mon avis, ce n'est pas le meilleur morceau pour un rappel : pas très festif et un peu trop répétitif. J'aurais préféré un petit "Gods and Punks". Mais ne faisons pas la fine bouche ...
Les 2 dernières chansons vont déclencher une joyeuse orgie musicale à la Maroquinerie. Car, Monster Magnet va dégainer 2 de ses meilleurs cartouches: "Powertrip" et "Space Lord". L'assistance est déchainée et quelques slammeurs refont leurs apparitions, dont le fou furieux avec son gilet en fourrure bleu. Les fans hurlent les paroles à s'en péter les cordes vocales. Dave Wyndorf a la banane des grands jours. Le lascar se fait plaisir et nous avec lui.
Cette version ultra festive de "Space Lord" va clôturer ce concert totalement déjanté de Monster Magnet.
Pour résumer : un public hallucinant de fans, un Dave Wyndorf charismatique malgré son état, des musiciens ultra compacts et un album magique ont fait de ce concert un de mes très grands moments de cette année 2011
Set-liste Monster Magnet
01. Vertigo
02. I Control, I Fly
03. Look To Your Orb For The Warning
04. Dopes To Infinity
05. All Friends & Kingdom Come
06. Ego, The Living Planet
07. Blow 'Em Off
08. Dead Christmas
09. Third Alternative
10. Theme From Masterburner
11. King Of Mars
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12. Negasonic Teenage Warhead
13. Hallucination Bomb
14. Powertrip
15. Space Lord