Après une nouvelle situation d'échec pour Primus hier soir, cette fois c'était la bonne, j'ai pu mettre la main sur un vinyle !
Évidemment ça aurait été trop beau, ils avaient le petit dernier, "
Welcome To The Crossroads" et son allusion explicite au mythe selon lequel Robert Johnson aurait vendu son âme au malin pour jouer de la gratte (j'espère ne pas raconter de conneries, parce que c'est en tout cas l'interprétation que j'en avais faite) qu'en
C.D. (qui a aussi fini dans ma poche, au passage), du coup je me suis rabattu sur le précédent, "
Game Of Fools", dont, avouons-le, la pochette en jette davantage dans ce format.
Mais trêve de bavardage, et place au cirque :
J'avais sincèrement gardé un meilleur souvenir de French Kiss lors de leur ouverture pour W.A.S.P. à l'Élysée Montmartre à l'occasion de la tournée "Babylon", celui d'une résurrection fidèle du
Glam au faîte de sa gloire, toutes toisons permanentées,
denims troués ou spandex décolorés au vent, et avant tout honnête sur la marchandise.
Si l'originalité n'est pas la qualité première de ce qu'ils prétendent offrir, ce dont ils ne se revendiquent probablement pas de toute façon pas, rapport à l'hommage décomplexé qu'ils arborent ouvertement, l'impression nettement plus positive laissée la première fois a ce soir cédé la place à l'image d'un groupe sympa, mais sans plus.
À charge éventuellement un atour périphérique,
a fortiori indépendant du groupe lui-même, qui a inconsciemment nuit à l'appréciation objective de leur demi-heure de nostalgie de la mi-'80s.
Pour commencer, la mémoire encore vive de la prestation, à mes yeux quasiment exemplaire en la matière, des panthères d'acier Dimanche soir, n'a pas laissé de se hisser en élément de comparaison, pour ne pas dire en référentiel dans le domaine.
Mais surtout, comme l'a très justement souligné Polochon dans le sujet afférent, la forte concentration en mi(di)nettes enamourées à la lisière du groupisme aveugle le plus extrême dans lequel l'auteur de "
Crossroad Blues" lui-même n'aurait pas osé se jeter à corps et âme (perdus) et leur comportement de gamines se voulant libérées avant l'âge, aura peu ou prou contribué à la légère dégradation, toutes proportions gardées bien entendu, de la pourtant très bonne ambiance qui régnait alors sur les lieux.
Qu'elles déboulent en troupes se dandiner parmi les premiers rangs au rythme sucré des chansons sirupeuses et aux paroles un tantinet naïves de French Kiss, soit, c'est de rigueur après tout dans un tel contexte ; mais là ça confinait carrément et allègrement au m'as-tu-vu à la va-comme-je-te-pousse, qui plombait par voie de conséquence toute volonté illusoire de faire passer ce comportement pour de la bonne humeur assumée (laquelle aurait été bienvenue).
Et les mêmes de s'imposer sur scène plus tard, nibards à l'air, et, comme très bien précisé, dans la plus grande incongruité, face à des musiciens un brin décontenancés qui ont toutefois agi gentiment et dans la plus grande diplomatie, en vue d'expulser subtilement les intrus de l'estrade, manifestement gênants pour tout le monde.
Pour la fin en soi de s'en payer une bonne tranche, j'ose même pas imaginer la scène de la réaction de Pete Townshend face à ce trio de délurées, lui qui avait purement et simplement cogné Abbie Hoffman à grands coups de sa Gibson S.G. au concert de The Who à Woodstock pour avoir grimpé sans autorisation ni préavis sur l'estrade, s'exclamant à raison, je cite : "
Get the fuck off my fucking stage!".
Les festivités consommées, passons aux choses sérieuses :
Pour couper court à toute éventuelle appréhension, oui, Manu Livertout a bel et bien su remplacer Luke Cuerden au pied levé (au plancher) sans encombre aucune, reproduisant ses partitions de guitare à l'identique tout en apportant sa part de présence scénique à l'appui d'un jeu charismatique qui lui est propre, et la majorité des musiciens de session recrutés sur le tard pour jouer le rôle de substitut ne peut pas toujours targuer d'être dotée de cette qualité.
Sous son chapeau qui semblerait tout droit issu des plaines texanes, son bouc de baroudeur, muscles saillants sous les sapes décontractées, et du bout du manche de son Ibanez ersatz de Gibson Explorer, le bonhomme tous sourires rempli son office à merveille, et c'est bien tout à son honneur.
Mais n'occultons pas le reste du groupe, la section rythmique en tête, qui soutient la vigueur des morceaux de bout en bout sans relâche avec un tempérament et une détermination à décorner un buffle, le bassiste s'adonnant notamment à l'envie à nous exhorter à nous remuer, tout en restant aussi focalisé que littéralement transporté par son propre jeu.
Ses camarades préposés à la frappe et à la deuxième six-cordes, qui alterne les mélodies solistes et la structure rythmique avec celle de Manu, se font certes moins remarquer de par l'expression de leurs jeux de scène respectifs, mais n'en sont pas moins omniprésents dans l'envol des compos, et certainement pas les derniers pour redonner un coup sec de talon pour faire grimper le climat ambiant de plusieurs crans.
La nouvelle esthétique capillaire de notre vocaliste formateur de son
combo patronymique aura beau n'être effectivement pas du goût de tout le monde, comme le dit l'adage :
dura lex, sed lex, et ce n'est après tout pas la préoccupation primordiale de tout ce beau monde (à l'exception peut-être de l'assistance féminine la plus portée sur le charme du chanteur) qui garnit de prime abord le divan de manière éparse, avant d'en déverser ses reflux sur la totalité du parquet dès le déménagement inhérent à l'entracte.
Et quelle que soit la nature des protéines auxquelles le bougre carbure le matin, force est de reconnaître qu'il demeure toujours très convaincant au micro, sa puissance débridée et sa grande maîtrise du
tremolo pouvant aisément porter à elles seules les compositions en grande partie issues de sa plume, et sa carrure d'athlète sur le retour faisant le reste sans entrave.
On notera qu'il se permettra d'ailleurs de compléter le duo de grattes par ses
riffs à l'occasion de l'ouverture des hostilités, avant d'en retourner exclusivement à l'organe auquel il fait la part belle.
Toute cette belle mécanique bien huilée et infaillible repose aussi bien sur la synchronisation et la cohérence de ce petit orchestre ultra-carré et très professionnel dans chacune de ses sections respectives, qui assure indéniablement du feu de dieux sur les planches dans les plus grandes largeurs possibles, le quintette étant définitivement rompu à l'exercice de la scène qu'il aime tant et dont il ne rate pas une occasion pour se cacher, Lex mettant de ce fait son Français -tout à fait honnête et compréhensible- à rude épreuve, le tutoiement faisant volontiers sourire l'assistance.
Peu avare en remerciements, le groupe ne se fait pas prier pour se lancer dans les rappels, et devant ce public enflammé, nous accorde même le rab généreux d'une clôture de 2 ultimes morceaux on ne peut plus
Rock'n'Roll.
Que ces rappels supplémentaires fîssent partie de la
setlist initiale, le fin mot de l'histoire ne nous le dira pas, ce que l'on connaît pour acquis de conscience en revanche, est le sentiment inaliénable d'avoir passé une excellente soirée de
Hard Rock Revival à la sauce australienne !
Revenez quand vous voulez les gars !
(Je rappelle pour la réthorique de la chose qu'ils assureront la première partie du concert acoustique donné par Wishbone Ash au Forum de Vauréal le 7 Avril [auquel je ne serai malheureusement pas pour cause de Bayley Cooke], et qu'ils seront de la partie au
Nancy On The Rocks aux côtés de Gamma Ray et Scorpions le 2 Juin.)