Le CR tout beau tout chaud
La dernière fois qu'Amorphis était passé à Toulouse, c'était au Phare en novembre 2011. La salle de Tournefeuille, qui est modulable, était en petite configuration soit une capacité maximale de 500 personnes, et sonnait pourtant bien vide. A peine 250 entrées payantes, dont une bonne partie pour la première partie, Leprous, dont le style barré diffère sensiblement du dark metal mélancolique des Finlandais. Sachant que les autres dates françaises n'avaient pas rencontré un immense succès non plus (alors que leur album "The beginning of time" était très bon), je me disais donc que si on voulait les revoir, il faudrait compter sur les festivals plutôt que sur une tournée passant par la France. Et pourtant, j'ai eu l'agréable surprise d'apprendre que leur tournée européenne ne ferait pas que la date parisienne obligatoire, mais qu'ils feraient aussi une escale à Toulouse malgré le four de la dernière fois

Ils ont par contre revu leurs ambitions à la baisse puisque la salle choisie est bien plus petite. La Dynamo a en effet une capacité maximale d'un peu moins de 300 personnes. Mais tant mieux ! Déjà parce que j'adore cette salle, et aussi parce que c'est plus adapté à Amorphis, autant par rapport au nombre de personnes que le groupe attire que pour le cadre. Vu qu'il y avait pas mal de mes connaissances qui se désistaient, qu'il y avait le match retour France-Ukraine et que l'événement Facebook n'avait pas l'air de fonctionner (à peine une soixantaine de gens avaient déclaré qu'ils iraient), je craignais que ça fasse un nouveau flop même dans une salle plus petite. Eh bien en fait, non ! Je retrouve Lily devant la salle, après avoir vainement essayé d'aider Oso à trouver une place pour se garer dans le quartier, et lorsqu'on entre, c'est vraiment bien rempli. Un peu plus de 200 entrées payantes, c'est très bien pour la Dynamo puisque ça la remplit bien, tout en laissant un minimum de place pour circuler et ça garantit une bonne ambiance. Oso ayant fini par trouver une place, on se prend une bière et on monte à l'étage, qu'on ne quittera d'ailleurs pas vu comment on est bien placé pour voir la scène.
C'est
STARKILL qui ouvre les hostilités. J'ai découvert ce groupe américain une semaine auparavant. Ils ont sorti leur premier album, "Fires of life", cette année chez Century Media dans un certain anonymat. Mais c'est suffisamment rare qu'un groupe signe sur un label de ce calibre dès son premier album pour être signalé. Cette tournée avec Amorphis devrait leur faire gagner quelques fans. Ce fut le cas pour cette date toulousaine. Originaires de Chicago, d'une moyenne d'âge très basse (ça ne me surprendrait carrément pas que certains dans le groupes aient moins de 20 ans tant leur aspect est juvénile), il font bien de préciser qu'ils sont américains, parce que leur style sonne à 100% scandinave. Ils pratiquent en effet un death mélodique épique d'inspiration très nordique. Parmi les influences principales, c'est Children Of Bodom et Amon Amarth qui viennent immédiatement à l'esprit quand on les écoute. Mais ils ont des passages également assez festifs (qui n'ont pas manqué de déclencher des circle pits et quelques farandoles

) faisant quelque peu penser à Ensiferum ou Turisas. Ce n'est pas vraiment original mais suffisamment personnel pour retenir l'attention (surtout pour moi qui ai décroché de ce style depuis longtemps et qui ai beaucoup de mal avec les nouveaux groupes du genre). Et c'est remarquablement bien exécuté. Le chanteur guitariste en tee-shirt "Appetite for destruction" de vous savez qui (et qui n'était certainement pas né quand cet album est sorti !) possède une remarquable dextérité à la guitare, faisant des solos sans faute tout en assurant bien son rôle de frontman. Starkill (et Hutch

) ont également bien bossé leurs chorégraphies à la Hammerfall

Le son n'est pas terrible (trop de basses, ce qui est d'ailleurs pénible quand on est au balcon mais qui se ressent toutefois moins en bas) mais ça n'a pas l'air de gêner les gens de la fosse, qui s'en donnent à coeur joie

Ils jouent la quasi-totalité de leur album moins deux morceaux, et ils vont en écouler quelques uns au merchandising à la fin de leur prestation. Bref, Starkill est une première partie bien sympa, à défaut d'être révolutionnaire. Mais ils sont jeunes, ils ont un niveau instrumental remarquable et ils ont le temps de développer leur propre style. Après tout, ils ont à peu près l'âge qu'avaient les mecs de Children Of Bodom quand ils ont commencé il y a quinze ans, et un niveau assez proche (mais pas encore des compos assez personnelles), donc on peut les considérer comme un groupe bien prometteur pour la suite.
Playlist de STARKILL :
New Infernal Rebirth
Immortal Hunt
Fires of Life
Below the Darkest Depths
Strength in the Shadow
Sword, Spear, Blood, Fire
This is Our Battle; This is Our Day
Whispers of Heresy
Après une bonne pause, c'est
AMORPHIS qui investit les lieux. Entouré de gens pas spécialement fans (sauf une fille ultra-fan et à fond dans le truc qui est venue en haut parce qu'elle a des problèmes de dos), je reste donc au balcon, ce qui est finalement pas mal. Il y a deux ans au Phare, Amorphis avait joué tellement de morceaux mid-tempo que le concert était un peu linéaire. Donc bien placé en hauteur, avec une bonne vue, ça peut être tout aussi bien. D'autant qu'ils avaient prévu de faire la part belle à un "Circle" qui ne m'a pas enthousiasmé plus que ça. Ce n'est pas un mauvais album, loin de là, mais beaucoup trop prévisible. Il y a de bons titres, mais rien de nouveau par rapport à ce que le groupe a pu proposer depuis 2006 et l'arrivée de Tomi Joutsen en remplacement de P asi Koskinen. Mais par rapport à 2011, il y a quand même une différence: la salle n'est pas la même ! Et ça y fait énormément. Entre une salle remplie aux trois quarts et une autre qui ne l'est qu'à moitié, même s'il y a le même nombre de personnes, ça ne sonne pas pareil ! Et puis la configuration de la Dynamo, la proximité avec le public qu'implique sa scène basse (qui l'est d'ailleurs un peu trop...), sa déco... C'est bien plus chaleureux que cet ancien hangar reconverti en salle qu'est le Phare. Donc le public est beaucoup plus présent, plus motivé, plus chaud

De ce fait, une belle ambiance règne dans la salle. Tonmi Joutsen, le chanteur au poulpe sur la tête avec un micro en forme de sèche-cheveux orné de knackis, est quoi qu'il en soit un frontman remarquable et très charismatique, qui possède en prime de grandes qualités vocales, passant insensiblement d'un superbe chant clair à des growls death rauques à souhait. Le reste du groupe est assez effacé en comparaison, manquant pas mal de charisme. Ils jouent (bien) leurs parties et ça s'arrête là, quoi... Mais on sent quand même un réel plaisir de leur part, qui n'était pas palpable la dernière fois. Au moins ils bougent la tête et ils ont même parfois le sourire

Mais c'est de toute façon le chanteur-poulpe qui focalise toute l'attention. Le son est impeccable. La part belle est faite au dernier album, avec cinq titres joués sur seize. Mais ils passent finalement très bien l'épreuve de la scène. Ils y prennent en fait une autre dimension. Un titre comme "The wanderer" pourrait d'ailleurs être un futur classique d'Amorphis. Et le reste, c'est que du bonheur, avec la plupart des albums représentés sauf ceux de la fin des années 90 et du début des années 2000 (de "My Kantele" à "Far from the sun"). On a même droit à un extrait du brutal premier album "Karelian isthmus", un "Vulgar necrolatry" que le groupe ressort sur chaque tournée pour relever la sauce et pour bien rappeler que c'était un groupe de death metal à l'origine, et qui fait toujours son petit effet

Là, c'était juste avant les rappels. Et le concert s'est terminé en beauté avec l'hymne "House of sleep", au refrain imparable repris en choeur

Quand le groupe a quitté la scène et que les lumières se sont rallumées, ils ont passé une reprise de cette chanson version humppa par Eläkelaiset qui était bien drôle
Playlist d'AMORPHIS :
Shades of Gray
Narrow Path
Sampo
Silver Bride
Against Widows
The Wanderer
My Kantele
Into Hiding
Nightbird's Song
The Smoke
You I Need
Hopeless Days
Vulgar Necrolatry
Sky is Mine
Black Winter Day
House of Sleep
Voilà donc une belle soirée au succès un peu inattendu mais bien mérité. Et on peut supposer que sans Airbourne le lendemain et sans le match de foot France-Ukraine, il y aurait sûrement eu quelques personnes en plus qui auraient blindé la salle. Amorphis a fait une belle prestation, qui a convaincu quelques réfractaires à leur style tels que Oso. S'ils peuvent repasser à chaque tournée, dans ces conditions, ça me va parfaitement
