Hop compte-rendu. Pour la version avec des photos (pas gégé mais ça change du texte!) et quelques appréciations chiffrées:
http://rocknlied.free.fr/?Luca-Turilli- ... dy-Qantice
Depuis sa séparation en deux entités, Rhapsody n’arrive pas à retrouver le succès qui était le sien : alors qu’ils jouaient facilement au Bataclan (1 500 personnes), voilà que la version « Of Fire » joue au Trabendo (700 personnes) lors de son dernier passage en France, et que la « Luca Turilli’s » joue ce soir au Divan du Monde (500 personnes). Est-ce à dire qu’il y a eu une énorme perte musicale en chemin, qui expliquerait cette désertion des publics ?
[Je ne me prononce pas sur le premier groupe à jouer ce soir,
TEMPERANCE: des problèmes de transports à répétition m'ont fait arriver deux minutes avant la fin de leur dernier morceau, autant dire que je n'ai rien vu. Ces deux minutes m'ont parues assez classiques, mais ça a autant de valeur que si je vous disais qu'elles étaient révolutionnaires. Les commentaires entendus tout au long de la soirée étaient tout à fait élogieux envers eux, c'est sans doute beaucoup plus fondé.]
La pause (et les gens partis chercher une bière) est propice au grapillage de places: en me faufilant un peu, j'arrive facilement au septième ou huitième rang, presque au milieu, vive les petites salles!
QANTICE:
Première remarque: les groupes de heavy qui utilisent un violon sur tous les morceaux et de manière utile, à savoir sans se contenter de quelques jolies harmonies ici et là, c'est rare. Donc appréciable. D'autant que la violoniste sait tout à fait utiliser son instrument, même si j'ai parfois l'impression qu'elle est samplée. Sur certains passages en tout cas: quand on entend plus de notes qu'on n'en voit jouées ou qu'un coup d'archet maladroit mais franc ne produit aucun son, c'est louche!
Deuxième remarque: c'est pas mal, mais il leur manque un petit truc. A priori, je dirais qu'ils cherchent trop à faire "comme". Ca donne des mélodies bien faites, accrocheuses, parfois un peu prog histoire de rappeler que les musiciens sont bons, mais... ça "n'emporte" pas plus que ça. Pour moi en tout cas, qui aime avoir l'imaginaire qui travaille quand j'écoute de la musique, ça n'est pas suffisant: j'ai avant tout l'impression de voir des partitions bien travaillées.
Individuellement, ils ont une bonne attitude, le guitariste veut visiblement se mettre en avant (un type en complet ajusté blanc se remarque facilement quand il est entourré de gens en noir, forcémet), d'un autre côté il est très bon (et on peut parier que c'est lui qui compose dans le groupe), le batteur semble avoir un problème au nez mais il abandonne vite le coton qui l'empêche de headbanguer à souhait, la violoniste a l'air plus timide mais gentille et ouverte. Au plus la bassiste semble-elle se faire une armure/carapace avec son blouson en cuir remonté jusqu'au cou, ce qui n'est pas le mieux sur scène, mais peu importe, ça ne l'empêche pas de bien jouer. Le chanteur fraîchement débarqué est correct, bonne attitude, quelques bons passages... et quand même des petites faussetés. En tout cas apparemment bien meux que le précédent, c'est toujours un bon point.
De bons musiciens, une musique correcte pour une première partie, par contre s'ils souhaitent faire des têtes d'affiche un jour il va falloir qu'ils s'attellent à développer -leur- truc.
A nouveau quelques places gagnées pendant la pause, longue vie aux petites salles! Ceci-dit, pendant le concert, je bougerai beaucoup entre le milieu et la gauche de la scène: de méchants pogos amèneront plusieurs grands qui se feront systématiquement un plaisir de se mettre devant moi. Ce qui est très mal. Un peu à gauche un creux finit par se créer, mais le son y est parfois bizarre, peut-être -parce que- il n'y a personne dans ce creux très précis? D'un autre côté un concert où on ne voit pas grand chose n'est pas agréable: je naviguerai souvent entre les deux positions, me fixant un peu plus à gauche quand les gens se seront suffisamment rapprochés pour que même là le son soit correct!
-De l'importance du positionnement du spectateur dans un concert.-
RHAPSODY:
Petite déception quand ils entrent sur scène: jusque là, tous les groupes ont eu d'excellentes lumières. Je me disais donc que j'allais enfin pouvoir voir Rhapsody avec de bonnes lumières, pas cet excès de saturation qui "brouille" la vue / les expressions! Eh bah non, festival de lumières saturées à nouveau... je ne sais pas pourquoi Luca aime tellement ce genre de lumières, mais vraiment, c'est pas une bonne idée du tout mon bon Luca.
Deuxième déception, bien plus dommageable: jusque là, tous les groupes ont eu un tout à fait bon son, il aura en fait fallu attendre Rhapsody, la tête d'affiche, pour avoir le fameux cocktail batterie-chant! Enfin, au début on entendra correctement le clavier et un peu les guitares (une en tout cas), puis un peu le clavier et pas du tout les guitares, de mémoire c'est au moment du premier solo qu'ils ont dû pouvoir en parler hors scène: quand ils reviennent on entend enfin -tous- les instruments. Le micro d'Alessandro sera un peu bas par rapport aux autres instruments mais ça se règlera vite. Il n'empêche que pendant un demi-concert le son aura été bof, heureusement la musique de Rhapsody est suffisamment riche pour qu'on arrive à se repérer même dans ce genre de conditions... mais ça aurait été tellement mieux avec un bon son dès le début!
D'un autre côté, une enceinte les lâche dès la vidéo d'introduction: après un magnifique "PAF", nous n'avons plus aucun son... des techniciens viennent, vérifient l'ordinateur, relancent la vidéo... et ça marche, miracle! Le parisien étant bon public on s'amuse à réagir aux images, certains proposent de faire la sonorisation nous-mêmes mais finalement cette initiative n'a pas le temps de se mettre en place... Et puis voyons le bon côté des choses: les logos des partenaires auront été montrés -deux fois- dans la salle ce soir!
Dans l'ensemble le public répond bien mais reste un peu passif, heureusement que j'étais dans les premiers rangs: il y a quelques tout fous autour de moi, c'est toujours un plaisir de les admirer. Ceci-dit, il y a régulièrement eu des petits délires typiquement français/parisiens. Par exemple quand ils sortent de scène une première fois et que quelqu'un lance: "Esquimaux,cacahuètes!" C'est pour ce genre d'âneries que j'adore le public parisien... Surtout, il ressort de ce groupe, de ce qu'ils jouent, quelque chose de fondamentalement positif. Peut-être parce que mon imaginaire peut travailler au maximum pendant ce genre de musique, justement? Allez savoir. Toujours est-il que je m'amuse comme rarement: à la fin du concert, j'aurai la tête qui tourne un peu etc., ce qui veut généralement dire que mon esprit a pu complètement divaguer, il me faudra un peu de temps pour revenir sur terre. Indice de bon concert/moment, donc!
Malgré tout, on peut regretter qu'un groupe comme "le Rhapsody de Turilli", avec le passé du groupe "avant le dédoublement", deux albums tout à fait corrects sortis depuis, des prestations sur scène tout à fait bien etc. n'arrive même pas à remplir un Divan du monde: on devait être 350-380 (la capacité maximale de la salle est de 500 de mémoire) Alors oui, The Winery Dogs jouait à guichet fermé le même soir au Trabendo, soit devant 700 personnes. Est-ce que ça suffit à justifier cette désertion du public? N'y a-t-il qu'un petit millier de personnes sur Paris et sa région pour apprécier du hard-rock/metal mélodique? Oui aussi, Rhapsody (avant même de devenir "Of Fire") est monté trop vite sur des grosses scènes et s'est taillé une mauvaise réputation, qui n'aide sans doute pas aujourd'hui... mais oh, ça fait 15 ans maintenant! Vous êtes aussi mauvais dans votre profession aujourd'hui qu'il y a 15 ans? Je ne vous le souhaite pas... Sincèrement, malgré les problèmes de son et les lumières ultra saturées qui empêchent de bien voir les expressions des musiciens (oui j'aime voir les expressions des musiciens en concert, pas pour rien que j'aime prendre des photos de concert...), ça m'a fait mal de voir un aussi bon groupe jouer devant si peu de monde. Après, j'admets, le trip actuel de Turilli de faire des textes multi-langues et qui n'aident pas toujours à se repérer pendant les morceaux (en additionnant des mots dont on ne voit pas toujours le rapport entre eux?), on n'arrive plus à suivre une histoire racontée par les paroles et soulignée par la musique... m'enfin quand même! Les gens en avaient aussi marre que Rhapsody tourne en rond, musicalement: voilà, Turilli propose quelque chose de plus moderne, dans les sons et les structures (même utiliser un nouveau chanteur, très bon mais jusque là quasi-inconu, démontre cette volonté d'aller de l'avant).
Noter qu'Alessandro (chant) a dit être malade vers la fin du concert... vraiment? Si c'est vraiment-vraiment vrai, je veux bien être capable de chanter aussi bien quand je suis malade! D'ailleurs, tout au long, du concert, il y a eu quelques commentaires du type: "ça va, il n'est pas trop mauvais / il se défend le chanteur", c'était mignon. Pour ma part j'ai un peu regretté qu'il se lâche moins qu'auparavant, il n'y a que sur le dernier ou au plus les deux derniers morceaux que j'ai retrouvé l'Alessandro-tout-fou qui s'amuse autant lui-même qu'il s'amuse avec le public. Après, c'est sûr, il a certainement une longue expérience de délires sur fond d'"Emerald Sword", commencés bien avant de rejoindre le groupe... Mais bon, avant il était dans cet esprit tout le long d'un concert, il parlait plus entre les morceaux etc. Par rapport à ça la maladie se faisait peut-être ressentir, oui.
Egalement, j'ai été surprise de constater qu'alors qu'il y avait une violoniste dans un de leurs groupes de première partie, elle n'a pas été intégrée dans le concert de Rhapsody lui-même... j'aurais pourtant été prête à parier que Luca saisirait la première occasion pour intégrer quelqu'un au violon? Ou ça a fait partie des projets mais la tournée générant peu de revenus (...) ça a dû être annulé? D'un autre côté, il y a eu peu de morceaux "typiquement faits pour un violoniste"... voire aucun, en fait. Je n'ai notamment pas pu apprécier ma March Of The Swordmaster (que j'aime d'Amour), entre autres, mais bon, il y avait largement de quoi faire une bonne set-list dans ce qu'ils ont proposé et c'est important de faire tourner les morceaux: pas bien grave. Il y avait deux choristes à grosse voix (même si on a surtout entendu la madame), des films projetés à l'arrière de la scène pendant certains morceaux (surtout des images de synthèse), pas d'effets scéniques particuliers... à vue de nez la limitation des coûts les a obligés à rester sobres, ce qui évite toujours de tomber dans le kitsch.
A la fin du concert j'oublie d'abord la deuxième porte de sortie du Divan du Monde (la force des habitudes...), d'un autre côté rester dans la salle me permet de reprendre/re-réguler un peu mon souffle: depuis une semaine et des poussières, j'ai une vilaine toux qui me vient du tréfond des poumons, "comme par hasard" dès que je reviens dans la verdure de ma banlieue ça part... En général à la fin d'un concert où je me suis tellement évadée j'aime bien rester faire pour faire signer une ânerie aux musiciens (ça donne un peu de temps pour reprendre ses esprits, aussi), mais là "la toux d'un autre monde" revient plein pot: je préfère m'enfuir avant que ça ne tourne vraiment mal! Oui parce que cette saleté peut finir par faire mal... Ca n'aura finalement pas servi à grand chose: arrivée au métro, impossible de valider mon pass (ça se démagnétise ces choses-là?!) J'ai essayé recto-verso, plein de fois, sur les trois "bornes", rien. Et évidemment personne au guichet! J'ai hésité à retourner devant la salle, les poumons m'ont convaincue d'aller une station plus loin... et voir au passage comment avancent les travaux dû côté de l'Elysée-Montmartre: ça fait bizarre de voir cette salle avec une façade sobre, très "arty/hype/in", ça semble plus prendre la direction d'un club select / pour soirées select qu'une salled de concerts "pour musiques modernes". 'Verra bien! Même le vendeur de kebab à côté était fermé, la façade défoncée, tout est en travaux. Quant au vendeur de frippes au coin de la rue, il a maintenant une belle façade pimpante style XIXème, avec un slogan type: "les plus grandes marques à petit prix", un magasin de dégriffe quoi... Si des concerts de metal sont à nouveau organisés à l'Elysée, ça fera bizarre de voir tout ce coin complètement changé!
...mais en même temps ça serait tellement bien, snif...
Un très, très, très bon concert de Rhapsody donc, juste très, très, très dommage qu'il n'y ait eu que quelques centaines de personnes dans la salle... soyez (et RESTEZ) ouverts les gens, ça n'est que comme ça que la musique peut continuer de vivre, quel que soit le genre.
-Ce compte-rendu est sponsorisé par les pastilles Vicks, les pastilles Vicks c'trop bien pour colmater les poumons: la pastille Vicks, n'en abusez pas mais mangez-en!-