paté :
Clairement on était pas frais en sortant de l'hôtel.

On arrêtait pas de dire des conneries avec Randy Georges dedans. Comme on avait une heure à tuer on alla s’enquiller une pinte de plus dans un pub local, assez sympa avec un côté “I made this place myself” qui lui conférait un air de squat

. On n’eut pas le temps de commander qu'une matrice se déclencha: le serveur me passa à côté et fit tomber tout le contenu de son plateau sur le sol : cinq ou six verres, des machins et une bouteille de gins. Tout fut éclaté par terre

. J’eus peur que cela fut ma faute mais Mohand, l'ami qui m'accompagnait, me certifia que non. On commanda, on dit des conneries, on filma un machin pour MH et on se dirigea vers le Eventim Apollo.
Eventim Apollo est apparemment une des meilleures salles au monde, du moins une des plus réputée. Elle fut construite vers les années 1930 et a accueilli énormément de grands groupes et de grands noms (Des Bowie, Zappa, Marillion, ACDC etc.) Franchement, elle a la classe, très grande, très haute, avec une grande scène et une disposition du public parfaite, en “plongée, de manière à ce que tout le monde puisse voir les prestations y compris la famille Baggins. Cela fait plus penser à une salle de théâtre qu’à une salle de concert et à juste titre puisqu’il y a principalement ce genre d'événements ici d'après ce qu'on m'a dit. De ce fait il n’y a pas de fosses, que des sièges et les quelques places disponibles pour rester debout se trouvent dans les allées. J’ai eu un peu peur en voyant cela, pensant qu’on allait tous être compressé comme des bestiaux mais finalement non. J’ai l’impression qu’il y a eut peu de tickets de cette catégorie vendu. En regardant sur internet j’ai vu que la capacité de la salle est d'environ 5000 places debout, et 3500 assises (peut-être qu'ils retirent les sièges parfois…). En tout cas cela me permet d'affirmer que nous étions dans les 4000, tous les sièges étaient et énormément de gens se tenaient debout dans les longues allées.
C’est là que l’exercice devient compliqué. Va falloir parler de
Dream Theater en restant juste, objectif au possible et ne pas la jouer en fan aveugle. En général je me débrouille bien donc cela devrait le faire.
Comme je l’ai signalé plus haut: à la base je ne devais pas assister à ce concert à cause de tout ce que j’avais déjà prévu dans le mois puis, au final, je me suis dit que je ne pouvais simplement pas laisser passer ce concert exceptionnel. Surtout quand ce concert exceptionnel est donné par mon groupe préféré. Cela ne fait pas longtemps en plus que j’ai réalisé que Dream Theater était le meilleur groupe de l’univers

. Avant c’était Iron Maiden. Mais un jour, alors que je me régalais un album des progueux, j’ai réalisé que quelque soit leurs albums il y avait toujours des chansons et des passages qui me parlaient, qui me donnaient des frissons, qui me faisaient rêver et dans lesquels j’adorais me plonger. Je ne fais pas ici de classement de groupe basique (:ca c’est mon favoris, ca c’est mon second favoris puis voilà le troisième…) mais s’il y a bien un groupe que je ne lâcherai jamais c’est Dream Theater. Pour moi, pour ce que j’attends de la musique, de cette qualité et cette profondeur que je recherche, de cette capacité à sortir des textes qui me parlent et qui - haters gonna hate

- sont magnifiquement interprétés par James LaBrie Dream Theater est au top du top et, le prouvant à chaque album, reste une valeur sûre pour moi.
C’est aussi un groupe sur lequel les gens adorent taper et souvent gratuitement

. Je suis le premier à reconnaître certains défauts du groupe. Cela va de James LaBrie qui fait parfois la brebis et n’arrive pas à reproduire certaines lignes de chant au solos absurdes et fous de Jordan Rudess qui, selon l’humeur, peuvent agacer ou rendre fou. Par contre quand j’entends des trucs comme “les musiciens jouent dans leur coin” et autre “ce sont des connards prétentieux ils demandent du vin cher” je suis pris d’envie de taper des gens et leur faire beaucoup de mal

… Le concert de ce soir montrera qu’il y a de la complicité dans le groupe et que, jouant du prog donc de la musique complexe, les gars ne vont pas se mettre à courir partout comme des déjantés. Cela n’irait pas avec la musique, c’est pas le Hellfest ici. Qui s’intéresse un peu au groupe sait que John Myung est un petit être taciturne, le mec participe jamais aux interview, on le voit rarement dans les making of et les backstages… Faut pas s’étonner de ne pas le voir sauter partout pendant les concerts. Pour la deuxième déclaration je dirai simplement que cela m’étonnerait que les Osbournes, les Metallica et beaucoup d’autres se contentent de commander des graffenwalders de LDLE et du coca eco+. Bref, il y a pas mal de piques gratuites et de mauvaise foi à mon sens, je ne comprends pas pourquoi et je ne comprends toujours pas pourquoi des gens haïssant le groupe continuent à perdre leur temps à aller les voir ou donner leur avis dessus. J’ai plein de groupes que je n’aime pas ou plus, ce n’est pas pour autant que je vais aller les critiquer gratuitement ou voir leur concerts... Enfin! Tout comme l’immense majorité des fans et le groupe lui même, je ne vais pas chercher à comprendre. Comme on dit chez nous : on va se laisser emmerder par des Conversano
Parlons du concert un peu. Après cinq minutes de recherche avec un arrêt au merchandising pour constater l’abus total des prix (30£ un t-shirt, 60 un sweat…

) on arriva finalement à notre allée qui, a ma grande surprise une fois de plus, n'était pas encombrée et nous offrait une superbe vue sur la scène. Comme souvent les concerts de Dream Theater durant dans les trois heures il n’y avait pas de groupe en support et tant mieux.
Le concert était divisé en trois parties. Une partie concernait un concert disons normal, très axé sur les récents efforts du groupe. La seconde était consacrée à Images and Words et puis arrivait le rappel. Ce qui me chagrina d’entrée (ou du moins à la fin du premier tier) fut que la setlist n’avait pas changé par rapport aux autres concerts de la tournée. J’avais fait la bêtise de jeter un coup d’oeil sur les chansons jouées sur les autres dates en me disait que Dream Theater ferait ce qu’ils ont souvent l’habitude de faire, id est changer les morceaux d’un concert à l’autre. Je ne peux pas en vouloir au groupe, c’est moi qui ait merdé

. Par contre bien que tous les morceaux me furent très agréables y compris l’instrumental “Hell’s Kitchen”, seul titre venu d’un vieil album (Falling Into Infinity), j’ai trouvé le début… Disons bizarre, commencer avec “A Dark Eternal Night” m’a semblé un peu brut… Brut le morceau l’est, typique des dernières années de Portnoy qui avait tendance à proposer un côté plus dense et agressif aux chansons. Nous aurons un autre titre tout aussi brut et terriblement plus Metal avec “As I am” malheureusement coupé avec un morceau d’”Enter Sandman”. J’ai failli dégueuler

. Mon groupe favoris qui mets du Metallica dans ses morceaux, autant pisser dans du Pic St Loup et le boire…

Premier point noir de la soirée. Mo avait par chance choisit ce moment pour aller chercher des bières (le brave m’abreuva toute la soirée afin de rembourser le prix du ticket

). Sans surprise, le public a apprécié ce petit hommage aux Four Horsemen. Ce furent les seuls titres “de Portnoy” joués. Pour le reste : “Bigger Picture” avec son entrée magique et son refrain parfait fit office de second titre. “A Gift of Music” et “Our New World” furent les seuls représentants du dernier album, deux des meilleurs titres de l’album, frais et lumineux et me faisant penser a Six Degrees Of Inner Turbulence (surtout le premier en fait). “Breaking all Illusions” termina cette première partie, ce morceau sert en général à prouver tout le génie et toute la virtuosité de Petrucci qui fait ici un de ces plus beaux solo de guitare.
En seconde partie nous avions donc tout Images And Words, dans l’ordre (qui est parfait pour un concert) et dans son intégralité. On a beau dire, chier sur le groupe ou trouver des excuses Images And Word est un monument du Metal progressif, un monument du Metal, voire un monument de la musique en général. C’est une oeuvre qui créa un genre (ou du moins le fortifia de manière si notable qu’on en vient à penser qu’il l’a créé) et qui ouvrit la voie a énormément de groupes en plus d'être un album grandiose et magique. Si je devais, tel un Maxwell Dragon Georges, faire un top 20 de mes albums favoris il est sur qu’Images And Words serait dans le top 5, si ce n’est premier… Ce que je ne comprends pas c’est qu’une telle tournée pour un tel album se fasse si subitement, limite à l’arrache sans véritable affiche promo (j’en ai trouvé aucune pour Londres par exemple). Dream Theater a annoncé les concerts à peine une paire de mois avant de partir sur les routes. A cause de cela j’aurais pu les louper parce que j'avais déjà prévu autre chose. Sérieux les mecs quand on tourne pour jouer un tel album en intégralité on lance pas sur facebook un “Ah au fait demain on va jouer notre album culte” un dimanche soir avant d’aller se coucher… Foutriquets va!
C’est là que c’est vraiment difficile à décrire. D’ailleurs je ne vais pas m'embêter je ne vais vraiment pas trop essayer

. Essayer juste de vous imaginer dans une salle luxueuse (ou du moins a votre goût), entouré par 4000 fans et devant votre groupe favoris reprenant un de vos albums préférés de tous les temps. Je ne compte pas le nombre de fois oú j’ai eu la chair de poule durant ce concert, le nombre de fois oú j’ai limite eu les larmes aux yeux ou le souffle coupé. Pendant le refrain de “Pull me Under” ou celui de “Metropolis Part I”, en entendant les débuts d’”Another Day” et de “Wait for Sleep”, ou encore celui de “Learning to Live”, ou durant tout le sublime final de ce même dernier titre qui m’a toujours fait - et me fera toujours autant - vibrer. Je pourrais sortir mon dictionnaire de superlatifs, tout vider ici, tentez n’importe quelle combinaison de mots que cela ne suffirait pas à une description qui me comble et expliquer clairement toutes les sensations que j’ai eu pendant cette heure et qui ont réussi à éclipser les petits défauts. Parce que oui on va pas faire comme certains et dire que tout est (une fois de plus!) beau et merveilleux, on va pas se mentir, James LaBrie a quelquefois fait la brebis notamment sur “Surrounded” oú je fis remarquer à Mo de Bui qu’on aurait dit une version heavy/prog d’Obituary : un chanteur qui chante une chanson sans parole. Je pourrais reprocher au groupe d’avoir calé un solo de batterie en plein “Metropolis Pt 1”, titre qui doit s’écouter d’un trait et qui, a mon sens, ne possède aucun temps mort pour y intégrer quoi que ce soit et encore moins une saloperie de solo de batterie. Par contre Mike Mangini m’a vraiment impressionné, d’habitude je m’emmerde pendant ces exercices, là j’étais assez captivé. Mis à part ces petites taches je n’ai rien à reprocher, juste à m’incliner et dire merci.
Quant au rappel on touche encore à Images and Words puisque le groupe nous a joué le titre qui aurait dû figurer sur l’album mais qui, sous pression du label, finit dans un excellent EP : “A Change Of Season”. Là aussi : frissons garantis. Ce fut aussi magique qu’inespéré d’entendre ce morceau.
Et puis c’était déjà fini. Je n’ai jamais vu un si long concert passer si vite. C’était superbe, cela valait son prix, c’était ce que j’attendais d’un tel groupe.
Je mentionne quand même ce jeu de lumière très précis et aidant parfaitement à l’ambiance.
Je souligne une nouvelle fois que le groupe est agréable à voir en live. LaBrie arpentant la scène et prenant Myung par l'épaule. Rudess faisant tourner son clavier, allant enquiquiner Mangini et passant parfois en première ligne. Mangini tout content, tout sourire. Myung… Bon ok Myung il est dans son monde et tant mieux, je me ferai du soucis sinon… Et John Petrucci, tous ces sourires et ces regards amicaux qu’il lançait au public… Après cela qu’on vienne pas me dire que Dream Theater est composé de cinq connards qui viennent jouer en faisant la gueule et sans interaction avec les fans… Labrie était très communicatif, surtout durant Images and Words ou il nous racontait des anecdotes sur la conception album entre les morceaux. Et même entre eux on sent une réelle camaraderie avec énormément de regards complices et autre marques d'amitié.
Bon, je ne vais pas ergoter trois mille ans. Ceux qui ne sont pas aussi fan que moi doivent au moins reconnaître que le concert était bon sans pour autant crier au génie. Le fan que je suis a sûrement fait là son meilleur concert de 2017, peut-être un des meilleurs concerts tout court.
En sortant je voulais encore boire

mais la sagesse prit le dessus

. J’ai un petit trou de mémoire

. Je me souviens du Mc Do bondé de fans de Dream Theater et d'appeler une fille Yennefer à cause de son très beau regard. Mo me dit que je gueulais qu’il fallait mettre tous les Conversanos en PLS

. Ouais au compteur j’avais douze pintes dans le museau, pas étonnant que je fus “content”
