J'étais donc à Francfort, je pense que ce CR intéressera 0,38 personnes (tranche haute), mais je l'écris pour moi
OK je vais être franc d'emblée, Psychotic Waltz est un groupe de "prog" fétiche dans mes goûts de chiotte, hormis Queensrÿche hors concours, mais l'univers de ces derniers est très vaste et ne s'y apparente pas systématiquement.
Alors que Psychotic Waltz est pour moi la véritable définition de la musique progressive rapportée au metal : audacieuse, imprévisible, repoussant sans cesse ses limites, s'autorisant de passer du techno thrash à la ballade folk, technique certes mais surtout capable d'en dégager des émotions fortes, des mélodies cristallines originales, et rarement de la froideur stérile (quelques fois quand même, personne n'est parfait).
Bref la liberté musicale à l'état pur, et ce sans avoir besoin d'inonder de claviers, de chansons de 3 quart d'heures, de soli narcissiques et autres stéréotypes (plus ou moins fondés) du genre.
Certains plans barrés ne sont pas franchement facile d'accès j'en conviens, mais une fois qu'on est dedans, on n'en sort pas. Pour faire une analogie, et toutes proportions gardées, c'est un peu comme pour l'univers (différent) de Blue Öyster Cult : il faut faire un effort certain pour se l'approprier et en décoder la clef de chiffrement, mais au final la récompense est là, du moins si on est réceptif à cette approche décalée bien sûr. C'est en tout cas pour moi LE groupe américain du genre, culte dans le milieu, mais pas que, car ça je m'en fous.
Bon, ce soir la première partie BLEEDING est malheureusement l'archétype des poncifs du genre dont je parlais. Des 3 morceaux que j'ai écoutés avant de finir par sortir écrasé autant par la chaleur que par l'ennui, j'ai retrouvé le groupe typique européen de prog ultra prévisible. Ce qui devrait être incompatible avec toute forme de notion progressive encore une fois. Une partie du groupe allemand officie dans POVERTY'S NOT A CRIME, un combo "culte" (?) du genre chez nos amis teutons, mais bon ça ne m'a pas convaincu pour autant.
Plans techniques écoutables mais sans âme non plus, chanteur limité, mélodies bof, et au final des compos typiques à mort de l'ABCD du prog pour les nuls, et avec lesquelles je ne vois pas ce qu'ils veulent exprimer à part le fait qu'ils savent jouer. OK merci pour l'effort les gars mais je vais me prendre une bière dehors. Vu l'affluence plus importante devant la salle que dedans, on dirait que je ne suis pas le seul de cet avis.
Le meilleur moment de leur prestation : en fait il a eu lieu APRES, c'est à dire pendant le concert de PW, quand Buddy Lackey les a remerciés en soulignant que leur patronyme était un nom d'album de PW.

Hey, ils ont bon goût déjà, je ne vais pas leur retirer ça.
Ensuite arrive les ricains de PW donc, toujours dans la fournaise, l'expression mouiller la chemise prend tout son sens. Le show commence timidement avec notamment des titres de Mosquito et de son supérieur Bleeding, et surtout sans aucun temps mort pendant longtemps, traduisant un petit manque de communication aussi mais une volonté d'en mettre le maximum.
Ça se déride petit à petit et la sauce commence vraiment à piquer quand ils envoient "Ashes", pour ne plus jamais retomber derrière. Une nouvelle chanson très bien accueillie est jouée, sans aucune date de sortie bien sûr, en tout cas elle aurait pu figurer sur Bleeding, mais avec une rythmique plus pachydermique et des soli à tomber comme d'habitude.
Car derrière Buddy Lackey certes pas le showman du siècle mais qui a gardé sa voix et perd 3 litres d'eau à la minute, il y a cette paire sublimissime de guitaristes à ramasser ses dents par terre, et je ne parle pas juste d'acrobaties mais bien d'expression artistique. Juste un délice, avec comme point culminant "Into the Everflow".

Un tel monument est idéal pour que le public entame sa transe de l'espace tandis que Buddy Lackey ose quelques blagues, sort sa flute pour le chef d’œuvre JethroTullien "I Remember", fait du "eye contact" avec les premiers rangs et va chercher les notes plus difficiles quitte à prendre le risque de crever la bouche ouverte.
OK les mecs ne sont pas les plus démonstratifs sur cette petite scène, sourires mis à part, mais ils expriment un vrai sentiment artistique et le public du soir a su l'apprécier à sa juste valeur. En parlant de valeur, les 3/4 du premier album
Social Grace sont envoyés, tous plus marquants en live qu'en studio : l'enchainement final en apothéose "And the Devil Cried" ramone sévère Lucifer, "Halo of Thorns" réinvente le headbanguing à 360° et pour finir "I of the Storm" achève nos corps en décomposition liquide par son psyché-thrash-megatronique-prog-fgernj"r"é_rh't'(àt%£µ^§/aaaaaaaaah

En un seul mot.
A la limite, l'hypnotique "Nothing" ne servait presque à rien ensuite, la messe était dite.
Pas de rappel, le groupe explique pourquoi, et ma foi il a raison (un fauteuil roulant sur scène + le côté surfait...), mais 18 chansons au compteur!
Voilà, ce concert fut pour moi plus prenant que la dernière fois où j'ai vu Fates Warning (donc j'aime beaucoup le dernier album d'ailleurs), et finalement de n'importe quel progogroupe de ces 78 dernières années.