Le CR
Du fait de potes ayant eu la bonne idée de se marier le même week-end à l'autre bout de la France, je n'avais pas pu assister à l'édition 2017 du Pyrenean Warriors Open Air et ça m'avait manqué. Je fais ce festival chaque année depuis sa première édition en 2015 et c'est un rendez-vous immanquable de la fin de l'été. A à peine deux heures de chez moi (ça change !), organisé par des potes et pour les potes dans un très joli cadre et avec plein de bonnes choses à boire, à manger et bien sûr à écouter, c'est le festival que je ferai toujours automatiquement et quelle que soit l'affiche, sauf empêchement majeur comme l'année dernière. A titre personnel, l'affiche de cette année me plaisait bien avec en particulier Medieval Steel qui m'avais mis une belle claque au Keep It True 2017, Grim Reaper qui m'avait fait une très bonne impression au Bang Your Head 2017 et les cultissimes Oz et Attacker qui venaient pour la première fois en France. De tels noms internationaux et renommés dans le milieu heavy underground sont en tout cas révélateurs de l'attractivité croissante du festival. Et au-delà de l'affiche, c'est l'un des festivals où je retrouve le plus de potes venus d'un peu partout en France (les sudistes ne sont d'ailleurs pas une grosse majorité dans le public), ce qui donne l'air d'une belle réunion de famille.
Partis de Toulouse vers 10h, nous arrivons donc à Torreilles aux alentours de midi après un trajet sans souci et sous un beau soleil. Ce beau soleil se retrouvera sur place et c'est une chance, car le site a été inondé deux jours auparavant du fait d'un violent orage. Les organisateurs ont donc bossé d'arrache-pied pour remettre tout ça en état et sur place, il n'y en a plus aucune trace
Et en plus on n'a même pas à galérer pour planter les piquets de notre tente
En tout cas la pépinière de Juhègues et le camping situé dans la pinède sont toujours aussi beaux et agréables
En plus c'est situé vraiment juste à côté de l'infield, ce qui est d'un confort absolu.
Après avoir installé nos affaires et bu les premiers verres d'une très longue série, direction l'infield pour retirer les bracelets, prendre des jetons pour boire, manger un peu (on mange au Pyrenean aussi bien que l'on y boit
) et, accessoirement, voir ce qui se passe sur la scène
Ce qui est bien à ce festival, c'est sa petite taille et le peu de monde (mais quand même sensiblement plus qu'il y a deux ans), ce qui fait que l'on peut tout voir et entendre (d'autant que le son est suffisamment fort pour ça, peut-être un peu trop d'ailleurs) où que l'on soit placé.
Sur la Shark Stage (nom donné à la scène du Pyrenean en l'honneur de Mark "the shark" Shelton, tragiquement décédé cet été), c'est
CITADELLE qui ouvre les hostilités. Originaire de Lacapelle-Marival dans le Tarn-et-Garonne, c'est donc un groupe purement local. Je connais un peu Max, le chanteur bassiste que j'ai croisé à un certain nombre de concerts dans la région, et j'avais écouté quelques morceaux du groupe que j'ai trouvés sympas mais sans avoir pris trop le temps de creuser. C'est du heavy traditionnel avec des guitares épaisses au son limite doomisant, de bons tagadas de basse et un chant en français avec un accent du sud très marqué ! Bien que réticent au chant en français sur du heavy, j'aime bien. Déjà parce que l'accent de Max y donne une coloration particulière. Et surtout, c'est un bon frontman qui se défonce sur scène et qui vit ses chansons à fond. Et sinon, accessoirement, lesdites chansons sont accrocheuses à souhait
En particulier "La mort" et son refrain entêtant qui va être l'hymne du festival
Ensuite ce sont les Belges de
SCAVENGER qui investissent les lieux. Ce groupe a un statut culte car formé en 1982 et auteur d'un unique album, "Battlefields", sorti en 1985. Le groupe a refait surface en 2017. Seuls le batteur et l'un des guitaristes sont d'origine et ils se sont entourés de jeunes pour reprendre leur activité... Dont une (très mignonne) chanteuse, Tine Callebaut, en lieu et place du chanteur. Problème : malgré le plaisir affiché d'être là et l'énergie que le groupe et leur petite chanteuse blonde dégagent, je n'aime pas du tout. Je trouve leurs compos certes rapides et puissances mais linéaires à souhait, et la voix de la chanteuse criarde et désagréable. C'est une bonne frontwoman qui se bouge bien mais vocalement, j'ai du mal. Le son trop fort et un peu brouillon aidera encore moins à apprécier.
Du coup, direction la pinède et tant pis pour les Flamands ! Heureusement que je n'en attendais rien de particulier...
C'est un autre groupe de heavy à chant féminin qui va investir la Shark Stage après ça : les Italiens de
SIGN OF THE JACKAL ! Eux ont non seulement la volonté d'en découdre sur scène (chose que l'on ne pouvait pas enlever à Scavenger) mais aussi et surtout de bonnes compos. Et je préfère très largement la voix de la chanteuse, Laura Coller à la tessiture vocale assez proche de celle de Doro ! Je connais leur deuxième album (sur trois), "Mark of the Beast", que je trouve sympa. Les influences du groupe sont à chercher du côté des années 80 (étonnant
) et notamment Warlock et Mercyful Fate (dont ils feront d'ailleurs une belle reprise de "Evil"). En live, le groupe se défend très bien avec des riffs incisifs, une section rythmique en mode speed, et Laura vit ses chansons à fond. Ils savent de plus varier le tempo quand il le faut, ce qui fait que l'on ne s'ennuie absolument pas pendant leur set. J'aime bien !
C'est un groupe originaire d'un peu plus près qui leur succède avec
VENIN, le groupe de hard de Marseille formé quand-même en 1983 ! Peu friand du chant français sur du hard rock ou du heavy metal, je les regarderai donc de loin. J'avoue pourtant que l'écoute de "La morsure du temps" sorti cette année (et qui est en fait leur unique album, les Phocéens ayant sorti des singles et des démos dans les années 80) m'a été plutôt agréable. Si les sonorités de ma langue maternelle me font toujours un effet bizarre sur ce style de musique, Jean-Marc Battini est un bon chanteur et le groupe propose de bons riffs et des refrains agréables, en particulier "Trafiquant de rock" qui ouvre le show et dont le refrain est excellent. Il n'y a rien à redire non plus sur la joie de jouer et l'énergie que dégage le groupe sur scène. C'est sans prétention ni prise de tête et ça assure. Comme la plupart des vieux groupes faisant leur retour avant tout pour le plaisir, c'est parfaitement en place et ça respire l'envie et la sincérité. Ils bénéficient en plus d'un son très correct, même si (comme quasiment tout le monde à ce festival) un poil trop fort. A signaler que le chanteur a été rejoint sur scène sur un morceau par Antoine d'Electric Schock et Silvermachine et par Max de Citadelle.
Un concert bien plaisant, donc, à défaut d'être mémorable.
Setlist de VENIN :
Trafiquant de Rock
La raison du plus fou
La Morsure du Temps
Pensées Pour Eux
Guet Apens
Passe Temps
L'instant
La Faute Aux souvenirs
C'est ensuite la grande claque du festival pour ma part (du moins musicalement parlant
) avec les Suédois de
AMBUSH. Eux, je les connais assez bien. J'apprécie beaucoup leur deuxième album, "Possessed by Evil" sorti en 2015. Musicalement, ils s'inscrivent dans la lignée des groupes scandinaves tels que les Enforcer, Steelwing, Screamer, Air Raid et autres Lethal Steel qui jouent du heavy à l'ancienne comme dans les années 80 et qui le font très bien. Influences majeures : Judas Priest et les groupes de la NWOBHM ! Pas d'originalité au programme, que de la tradition et le tout avec envie et talent. Mais de toute façon, on ne vient pas au Pyrenean pour avoir des groupes de djent symphonique progressif ou de néo-post-metalcore ! Rien qu'à voir les mecs d'Ambush et leur look, de toute façon, la couleur est annoncée. En particulier avec le chanteur Oskar Jacobsson, torse nu, spandex bleu fluo moule burnes (et il a l'air d'en avoir une grosse
) et sourire ultra-bright : ça peut prêter à rigoler (et ça m'a bien fait rigoler initialement) mais ce mec en impose. Pour moi, c'était clairement le meilleur frontman du festival. Il bouge beaucoup sur scène et est très communicatif avec le public, et descend même parfois jusqu’aux barrières pour chanter avec les premiers rangs. Au delà de son excellente attitude, il est surtout très bon vocalement, tant dans les médiums que dans les screams. Les autres musiciens sont également très mobiles et communicatifs, ce qui n'est pas si fréquent que ça chez les Nordiques. Et puis Ambush a quand même composé quelques bons hymnes qui se retiennent bien et se chantent assez facilement, que l'on connaisse ou non. Les "Possessed by Evil", "The chain reaction", "Southstreet Brotherhood" ou encore "Natural born killers" sont imparables. Pour ne rien gâcher, les Suédois bénéficient aussi d'un son nickel. Bref, Ambush a mis une belle claque. Je trouvais ça sympa sur album, maintenant que je les ai vus je suis vraiment fan
Setlist d'AMBUSH :
Firestorm
Possessed by Evil
The Chain Reaction
Desecrator
Hellbiter
Southstreet Brotherhood
Natural Born Killers
Infidel
Don't Shoot (Let'em Burn)
Après cette belle prestation d'Ambush, c'est en principe au tour des choses sérieuses avec des groupes de pointure internationale. En particulier les Finlandais de
OZ. Formé en 1977, le groupe a splitté en 1991 après quatre albums dont un "Fire in the brain" sorti en 1982 qui a récolté un bon succès. Ils ont refait surface en 2010 et ont sorti depuis deux autres albums de bonne facture. Seul le batteur est d'origine dans le groupe actuel, les autres musiciens ayant rejoint le navire entre 2015 et 2016.
Cette date à Torreilles est leur toute première sur le sol français. En cet honneur, ils jouent l'intégralité de "Fire in the brain". C'est excellent et très bien joué, par contre je les trouve un peu statiques avec des musiciens un peu trop concentrés sur leurs parties. Seul le chanteur est vraiment communicatif. C'est probablement aussi une impression laissée par fait que les Finlandais passent derrière un groupe comme Ambush qui était très en place et où tout le monde était à fond. Après, il faut voir aussi qu'Oz n'est pas un groupe qui se produit souvent sur scène : ce n'est que le quatrième concert de ce line-up en deux ans. En tout cas, ça ne gène pas les fans qui sont à fond sur les hymnes de "Fire in the brain", certains allant même jusqu'à déclencher des pogos (alors que le heavy mid tempo à la Accept pratiqué par Oz ne s'y prête pourtant pas trop).
Setlist d'OZ :
Search Lights
Fortune
Megalomaniac
Black Candles
Gambler
Stop Believin'
Free Me, Leave Me
Fire in the Brain
Heart of a Beast
Bone Crusher
Turn the Cross Upside Down
Restless
Dominator
The Witch
Après Oz, c'est la tombée de la nuit et c'est ATTACKER qui enchaîne pour le première prestation en France avec l'intégrale de "The second coming" au programme. Sauf que la nuit est également tombée sur mon cerveau, bien aidée par l'alcool. Je me souviens avoir pas mal discuté avec des Espagnols mais absolument pas de la prestation des Américains
. J'ai honte
Je reprends mes esprits pour
MEDIEVAL STEEL, autre groupe américain true cult dont c'est également la première date en France. Je suis très fan de leur "Dungeon tapes" et j'avais adoré leur prestation au Keep It True 2017 et l'annonce de leur venue au Pyrenean m'a donc comblé de joie. Le groupe a un bon son et le fait de jouer de nuit apporte un gros plus. Le seul problème est que la setlist est de qualité inégale. Autant les extraits de "Dungeon tapes" tels que "Tears in the rain", "To kill a king" ou l'excellent "Ghost from the battlefield" sont superbes, autant les morceaux de "Dark castle" sont assez dispensables. Pas mauvais, mais on n'en retient rien et la prestation live ne les sublime pas au points qu'on en retienne quelque chose. Et "Lost in the city" a été zappée par le groupe alors qu'elle aurait remplacé avantageusement n'importe quel morceau récent. Le groupe n'a que deux albums (et encore, "The Dungeon Tapes" est plus une compilation de démos qu'un véritable album), l'un est fabuleux et l'autre est tout juste correct. C'est donc dommage que chacun ait été représenté à parts égales. Heureusement, "Medieval Steel" (la chanson) mettra tout le monde d'accord en concluant le set sous forme d'un magnifique karaoké géant.
C'était bien mais c'était un peu long au vu de la playlist.
Setlist de MEDIEVAL STEEL :
Battle Beyond the Stars
The Killing Fields
Tears in the Rain
Mountains Fall
Warlords
Maneater
Gods of Steel
Eyes of Fire
Ghost From the Battlefield
Tyrant Overlord
Circle of Fire
The Man Who Saw Tomorrow
To Kill a King
Thou Shall not Kill
Powersurge
Medieval Steel
GRIM REAPER est la tête d'affiche du festival. J'avais beaucoup aimé les Anglais au Bang Your Head 2017. Par contre, je ne suis plus trop en forme et je ne vais donc pas apprécier le concert à sa juste valeur. Je suivrai donc tout ça de loin. En tout cas, Steve Grimmett est toujours bien en voix. Bravo à lui en tout cas, après tous les problèmes de santé qu'il a endurés et son amputation d'une jambe suite à une morsure d'araignée en Amérique du sud il y a deux ans. Que l'on aime ou non la musique de Grim Reaper, le fait d'avoir repris la scène et continué à assurer comme il le fait mérite un respect éternel
C'est donc sur les dernières notes de Grim Reaper que se terminent les concerts de cet excellente quatrième édition du Pyrenean Warriors Open Air 2018. Un grand merci à l'association Pyrenean Metal et aux Benevils qui ont grave assuré : organisation sans faille, convivialité, bonnes boissons, bonne bouffe, un cadre superbe... Le festival a chaque année de plus en plus d'adeptes (environ 750 personnes cette année) et c'est bien mérité. A l'année prochaine, en essayant de le faire à peu près sobre en 2019 (on peut toujours rêver)