C’est pas si souvent qu’on nous gratifie de jolies petites affiches dans le secteur, le thrash metal n’ayant pas forcément le vent en poupe. “Et la dernière affiche Testament Annihilator Death Angel alors?” Ouais ben vu le résultat de la soirée, je préfère même pas en parler, parce que les vieux briscards ont pris le melon et traînent méchamment la patte. Une affiche plus jeune me paraît donc bien plus prometteuse, particulièrement les thrasheux de Havok qui ont sorti dernièrement une méga pépite, Conformicide, prouvant avec un line-up solide qu’ils savaient faire au moins aussi bien que leurs aînés, voire même peut-être un peu mieux.
La boucherie commence donc dans un CCO très convenablement rempli (juste assez pour moi, vivable mais avec une bonne ambiance) par les aussies de Harlott, quartet que je pensais assez récent mais qui, s’il n’a rien sorti de concret avant 2013, s’est formé tout de même 7 ans avant. Puisant allègrement leurs influences chez Exodus, les gonzes déploient une énergie considérable et chauffe la salle à merveille. Il faut dire que leur thrash est soutenu et rapide, sans temps mort, et ça fait mouche. Néanmoins, malgré la sympathie et le plaisir évident qu’ils ont à être là, ca reste globalement assez linéaire et on a un peu l’impression d’écouter toujours le même morceau, du revival de leur influence principale, pendant 30 minutes. Pour se mettre en jambe, soyons honnête : c’était bien, mais pas plus.
Véritable ovni sur l’affiche, on se demande ce que font là les ricains de Cephalic Carnage. Rien que le nom, c’est une invitation au voyage... Bon on comprend assez vite que les racines communes de Denver avec Havok et surtout un membre commun en la personne de Nick Schendzielos à la basse n’y sont pas étrangèrs. Les 5 gugus ont l’air complètement à coté de la plaque avant d’envoyer, et pourtant, une fois la machine lancée on en prend la pleine gueule. Bon, c’est franchement pas mon type de metal. Mélange entre du grindcore, du death prog et du Ultra Vomit, faut pas craindre. On sent que les mecs ont de la bouteille (dans tous les sens du terme) et ca joue méchamment, particulièrement à la basse où Nick fait preuve d’une virtuosité qui sera à mon sens un peu gâché par un son assez sourd. Style oblige. On se prend quand même de bonnes barres de rire grâce à Lenzig Leal, qui nous gratifie d’un grunt impeccable et d’un sens de l’humour pas moins excellent. La presta est ponctuée par le groupe en masque black metal (sauf Nick avec un masque de cheval, qui trotte et rue sur scène), on voit que les mecs ne se prennent pas au sérieux malgré l’évidente complexité de leur musique, je pense pas jamais apprécier ce genre de metal mais c’était assez sympa à voir et ca a carrément fait le taf.
Comparativement, Darkest Hour représente une véritable erreur de casting. Leur metalcore / death melo est exactement le style de musique que je supporte pas, et je suis pourtant presque admiratif, parce qu’ils arrivent à faire d’un style somme toute assez agressif comme une impression de guimauve et de pop. Les mecs se regardent carrément jouer, le batteur est tellement gonflé par les stéroïdes que ses bras bougent à peine, jusqu’au moment où ils font carrément les majorettes à se grimper dessus, et là je... euh... j’ai fait un AVC de honte. Si le ridicule tuait, on aurait eu droit à un véritable massacre sur scène. A oublier d’urgence.
Après un tel faire-valoir, Havok ne peut que briller. J’ai un oeil admiratif avant même le début du live quand on voit Webber monter lui-même son imposante batterie avec des mecs de Cephalic, ca pullule pas de roadies dans le coin, 8 piges dans Havok, des tournées internationales, endorsé chez Pearl et Sabian, probablement un des meilleurs batteurs thrash de sa génération, et ca met quand même la main à la patte. Respect. Globalement d’ailleurs les mecs jouent tous sur le même matos, s’entraident, on sent que la tournée fait le nécessaire pour être rentable, voire, ne pas être un gouffre financier. Les temps sont durs...
Le show attaque plein bal avec un titre du dernier opus, Hang 'Em High et on rentre direct dans le bain. Il faut dire que le son est excellent (même si parfois la compression est un peu abusée), et le groupe au taquet. Un petit bémol pour David Sanchez que j’ai trouvé très effacé et assez limite niveau chant. Mais bon, c’est du thrash metal, et s’il se force pas trop, il est pas en galère non plus. Il faut dire que si Webber est concentré et lui en retrait, Schendzielos et Scruggs envoient sévèrement, tout sourire, basse monstrueuse d’un coté, solos furieux de l’autre, on en a pour son argent. Havok, avec ses trois derniers albums (le premier étant un peu moins bon) représente pour moi la quintessence du thrash metal US : des riffeurs talentueux, des solos qui font mouche, et surtout une imposante section rythmique avec une batterie travaillée et une basse technique et très en avant. C’est ce que j’aime(ais) chez Megadeth, c’est ce que je retrouve chez Havok. D’ailleurs les 2 groupes ont le même défaut, à savoir le chant, et s’il est plus hurlé à la Exodus chez les gars de Denver (et encore, sur scène ca ressemble plus à un vieux raclement de gorge d’un dimanche matin fatigué), je préfère de fait le nasillard assagi de Megadave, d’autant que les textes sont bien plus travaillés et bien moins moralisateurs pour ados à deux balles chez ces derniers (définitivement le GROS point noir de Conformicide, il en fallait un). Autre bémol (un ton complet donc), je comprends pas trop comment on peut avoir une Warwick à 9000 dollars, ou une gratte signature, et se réaccorder comme ça entre chaque titre. Ca casse le rythme, et donc les couilles, c’est super lourd... Je ne boude quand même pas mon plaisir une seule seconde, j’ai bangué comme un porc pendant 1h, j’ai bandé comme jamais sur l’intro de FPC avec son slap/tapping à la basse, j’ai beuglé comme un demeuré sur Ingsoc, c’était 1h intense, 1h trop courte, mais putain qu’est-ce que c’était bon, clairement aucun groupe de la nouvelle génération thrash ne leur arrive à la cheville, et ils enterrent clairement la plupart des vétérans. A revoir sans modération.
SETLIST
Hang 'Em High
Prepare for Attack
F.P.C.
Out of My Way
Covering Fire
Masterplan
Point of No Return
Ingsoc
From the Cradle to the Grave
Intention to Deceive
Time Is Up