CR part I
Comme c´est étrange de se retrouver au Metalheadz avec cette sensation d´en avoir été l´an dernier alors que c´était en fait il y a 3 ans quasi jour pour jour. Tout au long du festival j´ai maintes fois commencé une phrase „l´année passée“ pour me reprendre ensuite „la dernière fois“. C´est comme un trou temporel que mon esprit s´évertue à nier.
Les lieux et l´infrastructure sont inchangés par rapport à mon CR de 2019. L´orga est toujours aussi efficace: pas d´attente pour les bracelets, pas ou très peu de retard entre les concerts, toilettes constamment propres et fournies en PQ.
Ce qui n´a pas changé non plus malheureusement, c´est l´attitude du public. Ici il ne s´est pas wackenisé, c´était déjà comme ça: oreilles de Minnie, peignoir de bain, casquettes à hélice, j´en oublie, ça fatigue mon oeil et mon esprit. En soi c´est un détail d´ordre secondaire sauf qu´en fait, ça va souvent de pair avec une mentalité „rien à foutre“, rien à foutre du groupe qui joue: d´une part il y a peu de monde devant la scène la plupart du temps et d´autre part même quand l´infield n´est pas trop vide, le public est mou, consomme passivement le show, peu d´interaction, de participation, peu de poings levés. Dans une interview récente, c´est un point qui est abordé par l´intervieweur. L´organisateur se retranche derrière le fait que 2018 et 2919 ont été tropicales, qu´on peut comprendre le public même si c´est toujours dommage pour les groupes. Ouais...cette année est plutôt frisquette, et s´il y a bien un peu plus de monde devant la scène, la passivité reste de mise. Les groupes locaux bénéficient d´une bonne ambiance, une fanbase ayant fait le déplacement, mais les allochtones n´ont pratiquement aucune chance
Deux changements à noter. D´une part le festival se tient cette année sur 3 jours au lieu de deux. Est-ce que ça va continuer ainsi à l´avenir ou était-ce exceptionnellement à l´occasion de la
3ème édition? Je ne sais pas.
D´autre part le samedi matin une petite brocante Lemetal est organisée dans l´infield: les festivaliers sont invités à venir vendre les t-shirts, vinyls, etc. dont ils ne veulent plus.
Nous faisons l´impasse sur le jeudi. Laisser les chats 3 nuits seuls, même si logistiquement ils ont tout ce qu´il faut – y compris beaucoup de place et des poutres à disposition au grenier pour faire des exercices – pour leur moral, ce n´est pas optimal. Night Demon et Midnight c´est toujours chouette à voir et revoir, mais ça ne m´est pas indispensable. C´est juste dommage pour Bonfire, pas vus depuis au moins 5 ans, j´aurais bien voulu voir comment ça évolue avec Alexx Stahl qui tient bon au chant depuis 2016 et un nouveau batteur tout récemment quand même puisque les changements de lineup semblent vitaux au groupe pour exister. Mais bon c´est comme ça.
Avant de commencer à parler des groupes un par un, notons que 50% du lineup est constitué de groues locaux, soit bavarois soit de l´est du Baden-Württemberg. Si cela a toujours été le cas pour le bas de l´affiche, la scène locale se trouve cette année globalement sur-représentée. Un facteur coût et un facteur difficulté à faire venir des groupes de loin sans doute, conséquences d´on sait bien quoi. Cette constatation objective me conduit à vous parler d´un point relativement subjectif: les Bavarois, et tout particulièrement les Munichois, ainsi que dans une certaine mesure les Souabes habitant à proximité de la Bavière, sont dans leur grande majorité des gens que la modestie n´étouffe pas. J´en ai fait l´expérience lors de mes années à l´EU (il y avait notamment dans la première équipe où j´ai travaillé un Munichois qui refusait d´être secondé par une secrétaire contractuelle, il exigeait une secrétaire titularisée, question de statut – et ce n´est pas ma seule anecdote) aussi bien que dans le milieu du lemetal. Rares sont les groupes bavarois à être sympathiques sur scène, sympas en général et avec les fans en particulier. Par conséquent c´est un point qui va revenir souvent dans la suite de mon CR
Le
vendredi commence avec
Ruynor
déjà vus en 2019.
C´était nul, c´est resté nul. Le trio se réclame du punk et du lemetal. Concrètement ils proposent un mélange indigeste de titres copiés sur Motorhead, Sex Pistols etc. entrecoupés de blabla par le chanteur aux allures de Brice de Nice.
Powertryp
existent depuis 2010 mais n´ont sorti leur premier album, Midnight Marauder, qu´au début de cette année. Ils assurent au pied levé suite à l´annulation de Lynx et Blizzen (pour cause de décès dans la famille du membre commun aux 2 groupes). Le gars au micro, Johannes Korba de son nom, assurait les live d´Atlantean Kodex aux débuts du groupe avant l´arrivée de Markus Becker – juste pour vous situer le genre de voix. Côté compositions on a un brassage intelligent de power et de plein d´influences NWOBH: Satan, Angel Witch et compagnie.
Scéniquement ce n´est pas renversant mais c´est bien, je n´ai pas trouvé matière à critiquer. Le chanteur s´appuie par moment sur une canne un peu gothique/dandy tout en pouvant apparemment s´en passer aussi, j´ai pensé que c´était peut-être juste un accessoire bien qu´ il l´utilisait toujours au stand de merch après. Il souffre possiblement de la goutte
Dans l´ensemble ce n´est pas mal du tout mais il manque le truc qui fait qu´on kiffe vraiment, d´autant qu´on a ici un exemple de plus du Bavarois très content de lui et imbu de sa personne, antipathie de ma part.
Thunderor
je ne connaissais pas et je n´en attendais pas grand-chose , ayant au préalable jeté un oeil à l´encyclopédie métallique dont la seule review donnait 50% à l´unique album du groupe à ce stade.
Et bien ce fut une sympathique petite claque

Certes les compositions n´illuminent pas l´univers d´un jour nouveau, mais live c´est une jolie petite tuerie. Exécution sans faille, très belle voix, énergie à peine croyable. Je ne sais pas s´il y a beaucoup de groupes dont un membre est à la fois batteur et chanteur? Moi en tout cas ce n´est que la deuxième fois que je vois ceci, or si la première expérience n´avait pas été concluante (Pest Empire à Mannheim), ici c´est bluffant.
Edith: Je viens de lire à l´instant un CR en Allemand de qqn qui disait que si le chant passait sur album, live ce n´est pas convaincant en dépit de la performance que c´est. Je retourne sa formule à l´auteur: si dans l´ensemble je suis d´accord avec ce qu´il écrit, sur ce point précis je suis en désaccord total, moi j´ai adoré la voix et Mr.ChaNoir aussi.
A noter que le bassiste présent sur cette tournée n´est pas le même que celui qui a enregistré pour l´album. J´ignore si ça change quelque chose au son, je n´ai pas encore écouté le CD acheté sur place.
Le risque avec ce genre de groupe c´est que les albums se suivent et se ressemblent. Mais n´anticipons pas, on va voir.
Midnight Rider
encore un groupe qui existe depuis des plombes mais qui sort seulement son premier album, après un EP en 2008. En fait il s´agissait au départ d´un projet secondaire de Blumi, guitariste de Metal Inquisitor à l´époque, et de certains membres de Metalucifer. Puis la distance Allemagne-Japon étant ce qu´elle est, Blumi a cherché des musiciens locaux. A la basse il a récupéré Cliff de Metal Inquisitor aussi, au chant c´est un ancien de Wheel (là j´ai vraiment du mal à me représenter le doom de Wheel avec cette voix-là mais bon

), à la batterie un petit jeune.
Leur album Manifestation est encensé de partout. Il faut dire que 50% Black Sabbath + 50% Judas Priest, c´est dans l´ère du temps dans le mille Emile.
Exécution très bien, compos très bien, scéniquement pas mal, conclusion ni oui ni non, bien au contraire.
Je n´aime pas cette façon très travaillée de chanter. C´est cérébral, ça manque de tripes.
Mais je pense que ça plaira à pas mal d´entre vous.
Jameson Raid
ah mais qu´en voilà une belle surprise! Sans Neudi aux fûts, c´est un changement radical de paysage sonore. Le jeu de Jens Gellner (un ancien de Trance également, entre autres) est tellement plus fin, plus doux, mettant bien la magnifique voix de Terry Dark en valeur. Lequel donne la preuve, comme me disait Mr.ChaNoir, qu´on peut occuper bien toute une scène sans faire grand-chose. Sans grand-chose tout court, aurais-je tendance à ajouter, tant il est plus âme que corps ce vieux monsieur. Présence immense, magnétisme, charisme. Humilité aussi, très british, en contraste total avec l´esprit bavarois. Et beaucoup d´émotion avec ça. Quand il se penche vers des jeunes au premier rang qui connaissent les paroles de Titanic sur le bout des doigts, on dirait un grand-père qui chante pour ses petits-enfants.
Ah que je ne suis pas mécontente de les avoir revus pour le coup!
The Night Eternal
Plus ou moins sortis de nulle part, leur premier opus sous la bannière de Ván Records a fait couler beaucoup d´encre élogieuse. Avec raison. Outre une voix qui n´a pas besoin d´aller chercher midi à 14 heures pour en imposer, j´adhère complètement à leur splendide bric-à-brac fait de speed-thrash-gothique-heavy.
Pour l´album en lui-même je donne 9,5.
Pour le live je retire un demi-point voire tout un point, il y a de la marge vers le haut comme on dit en Allemand, pour la raison suivante: il y a une différence visible d´expérience ou en tout cas d´aisance sur scène, le guitariste rythmique aurait besoin d´un coaching. Il s´est tenu tout le gig quasiment au milieu de la scène, empiétant sur l´espace du chanteur. L´autre guitariste semble s´en être aperçu et venait régulièrement faire coucou du côté laissé à l´abandon. Le chanteur ne paraissait pas du tout gêné par ce petit manquement, il doit être né sur scène comme les poissons dans l´eau. Ça fait juste tiquer les spectateurs pointilleux dans notre genre (c´est vrai que – petit aparté – Mr.ChaNoir et moi-même, de par nos formations respectives/sport et art, portons un regard particulièrement critique sur le tableau d´ensemble et les mouvements des corps). Mais franchement pour des débutants relatifs, c´est waow. Leur présence si haut sur l´affiche m´avait surprise, après-coup je peux comprendre - au moins en partie.
C´est juste dommage qu´à partir du 3ème morceau, le technicien son a cru bon de bouger aux réglages qui étaient pourtant parfaitement corrects, avec pour résultat que la bass et la batterie étouffent le chant et la guitare. C´est un problème récurrent tout le long du festival.
A voir et à revoir absolument.
Stand de merch dévalisé.
Mass
est un nom que j´ai souvent lu ces dernières années sur des affiches de fest sans savoir de quoi il s´agit et sans chercher à le savoir. C´était donc l´occasion de remédier à mon ignorance sur ce point. Un très vieux groupe local qui n´a jamais percé probablement en partie faute d´avoir réussi à stabiliser le line up, a finalement cessé toute activité en 1987 d´après Metal-archives, avant d´être ressuscité avec un seul membre d´origine pour le Trveheim 2017. Voilà pour la théorie.
En pratique nous avons vu et entendu un groupe bien dans la veine de ce qui se faisait à l´époque, Scorpions et compagnie. Rien de fracassant mais vraiment très bien. Contrairement aux infos disponibles sur le net, nous ne voyons pas de mâle à la batterie mais une jolie brunette d´une trentaine d´années qui assure grave du tonnerre.
Bien qu´il s´agisse à priori (je dis „à priori“ parce que rien ne dit que tous les membres du line up actuel soient locaux) d´un groupe bavarois, pas trace de gros cou ici, capital sympathie acquis.
Ce que j´ai aimé le plus, c´est le vieil Hammond XB-2 sur scène

Pour la nostalgie – il y en avait parfois dans certaines églises protestantes où mon père officiait dans mon enfance – et parce que c´est devenu rare d´avoir les synthés réellement joués live.
Stallion
je ne vais pas vous faire une tartine, juste dire que leur prestation de ce soir est mille fois au-dessus du show au 7er récemment. Et ce d´autant plus qu´ils ont eu le meilleur son de tout le festival. Plus long aussi. Belle ambiance dans le public.
Waking the Demons
Down and Out
Killing Time
No Mercy
From the Dead
Kill Fascists
Time to Reload
Wild Stallions
Die With Me
Kill the Beast
Underground Society
All In
The Devil Never Sleeps
Macht kaputt was euch kaputt macht (cover)
Rise and Ride
Canadian Steele
Stigmatized
Atlantean Kodex
J´ai décroché de ce groupe depuis plusieurs années pour deux raisons. Le dernier album ne me parle pas et je n´aime pas leur attitude...très bavaroise. Particulièrement Markus Becker n´est pas franchement agréable quand on lui demande une signature au merch.
C´est la première fois que nous les voyons avec la nouvelle guitariste. Quand je l´ai vue arriver sur scène, faire ses réglages etc., j´ai eu une impression de timidité, de manque de confiance en soi, qui m´a rappelé la chanteuse de Chalice passée chez Solstice. Et je me suis dit que ça ne serait sans doute pas optimal. Je me trompais. Une fois qu´elle joue, elle est complètement transfigurée et dégage une force presque mystique. Vu le background du groupe, le mysticisme n´est pas surprenant tout compte fait.
Comme ma tête et mes pieds se liguent contre moi à me rappeler que je suis debout depuis 5 heures du matin et qu´il est minuit, je ne tiens pas plus loin.
Mr.ChaNoir est resté lui, peut-être voudra-t-il bien avec mon aide dire quelques mots de plus.