
The Battle est vendu tambours battant comme le projet parallèle de Russell Allen (chanteur de Symphony X) et l'infatigable Jorn Lande (chanteur de Masterplan et ex-Ark entre 36 autres), mais oublions le marketing 5 minutes et mettons les choses au point tout de suite : le véritable instigateur du projet, outre le label qui compte bien capitaliser sur la renommée des chanteurs, est en réalité le guitariste Magnus Karlsson du groupe Last Tribe, déjà très impliqué cette année dans l'excellent Starbreaker (avec Tony Harnell chanteur de TNT). Karlsson a visiblement assez de jus pour sortir un autre album 6 mois après, impressionnant quand on sait qu'il s'agit de son 3ème disque paru cette année si on compte celui composé pour Tony O'Hara (ex-chanteur de Praying Mantis et Sweet).
Moins frais et moderne que Starbreaker, The Battle s'éloigne du power/prog metal actuellement accolé à ses vocalistes pour embrasser un hard FM et mélodique qui puise bien entendu sa source dans les années 80. Je pense en particulier à Whitesnake, Journey, Def Leppard et Magnum qui seraient moulés dans un son plus metal avec même de petites aspirations progressives. A partir de là tout est dit ou presque

Hormis que sur The Battle d'affrontement il n'est pas question, puisque plutôt que de forcer un duel vocal risquant de sombrer dans le grotesque le duo préfère se compléter harmonieusement dans l'intérêt des morceaux et des mélodies, sans jamais trop en faire, souvent bien soutenus par de délicates lignes de piano jouées par Karlsson. Sur les 6 morceaux où ils apparaissent conjointement ils alternent les taches sur les couplets avant de conclure à l'unisson sur les refrains, formule concluante sur les tubesques "Another Battle" et "Silent Rage" dont il est difficile de s'ôter le refrain de la tête. Néanmoins si on doit rentrer dans le jeu de la comparaison la voix chaude de Lande a parfois tendance à mieux se fondre dans l'ensemble que celle d'Allen qui doit faire plus d'efforts d'adaptation. Cette impression concerne uniquement les titres où ils apparaissent chacun seul, on y sent un Lande légèrement plus à l'aise sur ce genre de compos calibrées pour lui comme par exemple la ballade "Reach a Little Longer" ou encore "My Own Way" qui aurait très bien pu apparaître sur ses albums solo. Alors que "Ask You Anyway" interprétée par Allen ne m'a pas vraiment convaincu (sans être désagréable), plus ou moins rattrapée par "Universe of Light" où Russell n'a pas trop besoin de forcer son talent, et un "Hunters Night" correct dans lequel on le sent plus à l'attaque. Mais aucun doute pour ma part, la magie opère à son comble dès lors que les 2 se retrouve cote à cote à l'image de l'énergique et irrésistible "Truth of our Time"!
Le concept général n'en reste pas moins séduisant quel qu'en soit le résultat, plus séduisant en tout cas que les paroles qui suintent un peu la guimauve ou les lieux communs. Mais qu'importe, le talent vocal des protagonistes fait passer la dose sans douleur, et entre nous je n'ai jamais écouté du hard/metal FM pour découvrir de nouvelles théories avant-gardistes de physique quantique.
Par rapport à Starbreaker Magnus Karlsson adopte un style plus classique dans ses riffs, très direct voire même purement heavy et n'hésitant pas à muscler le propos de temps à autres comme sur "Come Alive" (avec ses harmoniques certifiées Zakk Wylde), mais en restant toujours extrêmement soigné dans son approche mélodique, plaçant pas mal de thèmes de guitare ici et là entre deux soli pas piqués des hannetons. Le bonhomme est à l'évidence plus que doué.
En revanche il aurait peut-être mieux fait de s'adjoindre les services d'un vrai bassiste pour donner du relief à l'instrument, d'autant que c'est aussi les vaches maigres pour Jaime Salazar (ex-The Flower Kings) qui délivre une prestation correcte mais parfois trop mécanique derrière sa batterie.
C'est ce genre de détails qui me font préférer le projet Starbreaker plus original et plus abouti en tant que (vrai) groupe, ce qui n'empêche pas The Battle de faire passer un très bon moment avec des mélodies sucrées à foison dans des compos bien construites. Je ne pense pas que sa durée de vie sera très longue pour une partie des fans de Allen et Lande mais le projet va sans doute remporter de nombreux suffrages auprès des aficionados de Hard FM, AOR et rock mélodique en général, pour lesquels Magnus Karlsson pourrait bientôt faire figure de nouveau Messie

3,5 / 5
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Extraits :
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