CR du 1er jour, je ne sais pas si j'aurai le courage de rédiger le reste
Il n'y avait pas besoin d'attendre le coup d'envoi de la Coupe du Monde de football pour assister à un événement de marque en Allemagne. Le Rock Hard Festival n'est certes pas aussi médiatique mais mérite tout autant qu'on parle de lui. Lançant la saison toujours garnie des festivals le week-end de la Pentecôte, il ne manque pas d'atouts pour attirer les metalleux de tout poil. Il peut en effet s'enorgueillir de se dérouler sur un site agréable – un amphithéâtre à ciel ouvert en bordure d'un canal – et de proposer des groupes de premier plan, ce qui est il est vrai, plutôt courant outre-Rhin. Il a en plus l'avantage de se situer à une distance raisonnable de la France. Que demander de plus ? Pour les allergiques au gigantisme du Wacken Open Air et du Gods Of Metal, qui avait d'ailleurs lieu le même week-end, le Rock Hard Festival est un parfait alternatif pour les boulimiques de concerts. Il ne reste plus qu'aux artistes à faire leur preuve !
Le premier jour a un programme très allégé avec seulement deux combos connus internationalement. "Connus", c'est un bien grand mot, surtout lorsque l'on parle de Morgana Lefay définitivement voué à errer dans l'underground en France malgré pourtant d'excellents albums. Il n'a néanmoins pas l'honneur de fouler la vaste scène en contrabas de l'amphithéâtre : le "warm up" est en effet organisé dans un endroit bien moins grand à quelques encablures. Le lieu ne permet pas à des milliers de personnes d'assister aux concerts mais il se révélera de taille amplement suffisante vu que tous les festivaliers n'ont pas encore débarqué.
ENGEL : avec à sa tête Niclas Engelin l'ex guitariste d'in Flames - ce qui est beaucoup dire car il n'a participé qu'à la tournée Whoracle – et de Marcus Sunesson, anciennement grateux de The Crown, Engel doit maintenant se faire un nom et ce n'est pas gagné. Il n'y a pas de doute quant à l'origine du groupe, c'est suédois et ça sonne comme tel : il est difficile en effet de ne pas penser à In Flames ou à Soilwork à l'écoute de ses riffs death-metal qui sortent tout droit de l'école de Gotheborg. La différence notable se situe au niveau de cette foison de sons électroniques badigeonnés généreusement. Autant dire que ce style n'est pas franchement le préféré de la majorité du public mais ça n'empêche pas la musique de faire son effet sur quelques nuques engourdies. L'ambiance s'étiole tout de même sur la fin ; il semble en effet qu'une petite vingtaine de minutes ait suffit pour que l'on ait à peu près fait le tour du répertoire un brin répétitif des Suédois.
CUSTARD : dans le genre heavy-metal typiquement teuton, il est difficile de trouver plus représentatif que ce quintet endiablé prêt à embraser la foule en dépit d'une interprétation peu rigoureuse. La première remarque qui me vient à l'esprit est en effet le grand n'importe quoi de la mise en place. Entre un chanteur qui met une note sur deux à côté, un batteur qui tape où il peut et des guitaristes qui enchaînent des rythmiques grossièrement déphasées, il y avait à craindre que le spectacle ne tourne au vinaigre. Il n'en est pourtant rien ! Les musiciens réussissent en effet le magistral exploit de tout compenser par leur bonne humeur, leur sens du spectacle et avant tout par une musique diablement efficace. La fosse ne tarde d'ailleurs pas à entrer en éruption, entourée d'une armée de metalleux patchés jusqu'aux oreilles headbangant avec force. La reprise d'Overkill
In union we stand est le point d'orgue d'un concert décidément bien paradoxal.
MERCENARY : les Danois ont arpenté longuement les scènes européennes depuis la sortie de son troisième album "11 dreams" et ses efforts commencent à porter leurs fruits. Ils ont en effet gagné en assurance, présentant maintenant un show rodé dont les plus grandes imperfections ont été gommées. L'alternance incessante des voix claires et extrêmes est aujourd'hui parfaitement gérée mettant subtilement en valeur un death-metal à la fois vigoureux et lancinant. La beauté des lignes mélodiques n'est pas sans rappeler Evergrey bien que Mercenary soit plus directement influencée par toute la scène de death scandinave. Le public ne s'y trompe d'ailleurs pas et ovationne le groupe au terme de chaque morceau. Par ailleurs, la scène est très régulièrement envahie par des metalleux adeptes de stage-diving, profitant de l'inexplicable mansuétude du service de sécurité. Cette pratique est pourtant rare en Allemagne mais il faut croire que certains s'étaient donnés le mot pour l'occasion. Malgré les circonstances, cela n'empêche pas Mercenary de servir une prestation en tous points remarquable et très pro, la meilleure à laquelle j'ai assistée à ce jour.
MORGANA LEFAY : la grosse assistance massée devant la scène prouve que le groupe est très attendu. Morgana Lefay est fidèle au rendez-vous et offre un magistral récital de ce que sa discographie recèle de meilleur. Son heavy-thrash à touches progressives fait rapidement mouche devant une foule de connaisseurs qui ne loupe pas une occasion de s'égosiller sur les refrains. Si l'alchimie s'opère aussi facilement, c'est également grâce à l'inimitable chanteur Charles Rytkonen qui outre ses fantastiques qualités vocales tient le public dans sa main. Ses poses clownesques et ses grimaces désopilantes constituent un spectacle à elles-seules. Il n'hésite pas non plus à asticoter les autres musiciens, recrachant par exemple un plein verre d'eau dans la figure du bassiste qui visiblement ne s'y attendait pas (ou alors c'est un très bon acteur). Pour en revenir à des considérations plus musicales, les titres du dernier opus "Grand materia" passent comme une lettre à la poste :
I roam,
Angels deceit,
Hollow,
Edge of mind... Sans surprise, l'album "Maleficium" est également très bien représenté avec notamment
Source of pain en début de concert,
Master of the masquerade,
Creatures of the hierarchy... sans oublier le morceau titre pour clore cette journée en beauté qui s'est en plus déroulée sous un soleil radieux. A quand une reconnaissance enfin à la hauteur du talent de ce groupe hors-pair ?