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L´année dernière, un métaleux relativement connu dans la région de Dortmund (pseudo Goreminister pour ceux qui ont insta) avait réalisé un reportage sur les "difficultés" (doux euphémisme, la merde noire quoi) rencontrées par les tenanciers de différents lieux cultes de la scène dans ce coin-là: des bars lemetal ou punk, la firme artworx qui produit pas mal de t-shirts de groupes (ils faisaient Primal Fear notamment pendant tout un temps) et aussi Sir Hannes, le plus vieux disquaire punk d´Allemagne. En fin d´interview, la question tombe: "que proposes-tu?" Et Sir Hannes de répondre: "alles öffnen. Wer stirbt, stirbt" ("tout rouvrir, qui meurt, meurt"). C´est tout à fait ce que je pense et à l´époque, ça m´avait fait énormément de bien d´entendre cela, je me suis sentie moins seule. Le covid19 est une sale merde mais on n´empêchera pas les morts en fermant tout durablement et en se vaccinant avec des trucs qui ne marchent pas deux fois trop bien à ce qu´il semble. Je n´ai pas de base fiable pour avancer ce qui suit, mais je pourrais m´imaginer qu´on "déplace" les morts: éventuellement on sauve un Jean du Covid mais à la place il y a un Jacques qui se suicide ou qui succombe à son cancer qui aurait été opérable si l´opé n´avait pas été repoussée trois fois. Je ne sais pas si avec la stratégie actuelle on réduit significativement le nombre de décès. Et même si, en tout cas on réduit considérablement la valeur de la vie vécue par pas mal de survivants, rien qu´à lire certains d´entre vous + mon propre ressenti qui va dans le même sens.
Par ailleurs j´ai lu tout récemment une interview d´Eva Horn (elle est entre autres philosophe, a étudié un temps à Paris et enseigne actuellement à l´université de Vienne) dans laquelle elle explique que les catastrophes n´existent pas intrinsèquement. Il existe des faits et notre interprétation en fait éventuellement une catastrophe. Elle parle de la grippe espagnole qui selon elle n´a pas été perçue par la population de l´époque comme une catastrophe (inter)nationale. Parce que c´était à la sortie de la guerre, qui elle avait eu le statut de catastrophe collective avec ses morts, ses invalides et son lot d´horreurs et souffrances diverses, en comparaison la grippe était semble-t-il perçue comme un problème d´ordre privé: on était malade ou on ne l´était pas. Partant de ce postulat, le fait de faire du covid un enjeu global dans lequel nous devrions tous être solidaires, constitue effectivement l´émotionalisation en catastrophe d´une situation pandémique factuelle. Ce qui rejoint, si je l´ai bien compris, le propos de Gandalf:
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Je ne supporte plus le mot résilience depuis Boris Cyrulnik, qui suggère effectivement qu´"yaka" et "fokon", que ça ne tient qu´à nous pauvres traumatisés de s´en sortir...