
Hell's Heroes, Houston TX,
Cela faisait maintenant plusieurs années que l'affiche toujours incroyable de ce festival me faisait de l'oeil. L'idée à commencer à germer depuis la diffusion du programme de cette nouvelle édition, sans être prise au sérieuse, puis, sur un coup de tête en décembre, je prends mes billets d'avion. Première visite dans le Texas en mars 2024, c'est parti...


Jeudi 22 mars 2024 : Jour 1
La journée commence de la pire des manières, et ce malgré une nuit plutôt correcte, malgré les 6 heures de décalage horaire entre le Texas et la France. je me fais réveillé par le son d'une pluie battante. Les prévisions météo ne sont guères rassurantes avec de la pluie annoncée une majeure partie de la journée, mais surtout les fameuses alertes de « severe thunderstorm » et de « tornado warning » qui, pour ceux qui connaissent un peu, ne sont pas du tout à prendre à la légère dans le coin. En plus de cela, le voyage a plus que mal commencé pour moi, puisque je me suis blessé assez salement la veille avant de partir, me forçant à aller aux urgences pour des points de suture, puis à devoir reconsulter en urgence dans la nuit, voyant que ma plaie ne s'arrêtait pas saigner. Résultat j'ai failli annuler mon voyage. Le médecin m'ayant rassuré, me voilà en Amérique, mais ce matin, ma jambe a tellement gonflée que je ne rentre plus dans mes pantalons. Me voilà donc à devoir aller acheter un poncho et un pantalon à 11h le matin dans mon Uber, traversant les rues inondées de Houston.


Ou presque, car je me dirige directement vers la scène principale extérieure, non sans avoir attrapé au vol une bière au bar pour la modique somme de 15$, sans le tip bien sûr. Bref ; Acero Letal est en charge de démarrer les hostilités de manière énergique. En réalité, elles ont déjà commencé lorsque j'étais dans la file dehors. Ce groupe Chilien chante en Espagnol les hymnes en l'honneur de l'acier, et forcément, l'énorme partie du public latino, est déjà en trance. Ne parlant pas cette langue, je ne comprends pas tous les tenants et les aboutissants de la chose, mais il ne faut pas avoir fait espagnol LV1 pour taper du pieds sur les « Duro Metal » ou « Por La Gloria Del Metal » (si si!). Une ouverture sympathique devant un public déjà conquis et participatif.
Pas le temps de glandouiller, je trimballe ma guibolle boiteuse vers la petite scène qui elle se trouve à l'intérieur. Bon, ça allait sûrement les années précédentes, mais cette édition étant proche du sold out pour le première fois, on va vite se rendre compte que l'accès à la salle va vite être congestionné voir impossible tant il y a de monde. Et c'est déjà le cas pour Savage Oath, dont le morceau sorti sur youtube quelques semaines auparavant m'avait convaincu. Et ça fait mouche directement. Pendant la petite demie heure qui leur est alloué, les américains déballeront 2 morceaux de leur EP, et en profiteront pour présenter 3 morceaux de leur nouvel album. Que des hymnes glorieux et épiques en perspective, sublimé par le chant magistral de M. Radigan aux multiples projets.


Set-List Savage Oath :
Knights of the Night
Warlock's Trance
Wings of Vengeance
Savage Oath
On We March
Mais il faut déjà ressortir (pendant quasiment tout le festival les groupes alterneront intérieur / extérieur), et déjà les filles de Girlschool sont en train de faire battre les décibels sous la pluie de la main stage. Pour leur dernier baroud d'honneur aux USA, les Anglaises la joueront en mode best of pendant 40 petites minutes : 4 morceaux de Demolition et 4 morceaux de Hit and Run, 1 petit du dernier album et la classique cover du « Bomber » de Motörhead. Si je les ai connues plus incisives notamment en octobre dernier à Dijon, elles font le job et font hommage à leur (très) longue carrière. Elles quitteront la scène avec le sourire, et il en est autant pour les festivaliers.
Set-List Girlschool :
Demoliton Boys
C'mon Let's Go
The Hunter
Future Flash
Kick It Down
Nothing To Lose
It Is What It Is
Race With The Devil (The Gun cover)
Bomber (Motörhead cover)
Emergency
Autant être clair, tous les groupes sur cette affiche valent le coup, mais il va falloir faire des impasses, surtout avec mon statut d'écloper de service. Je profite donc de ce moment pour aller enfin faire un petit repérage du site. Celui ci n'est pas très grand, je ne connais d'ailleurs pas l'affluence du festival, je dirais entre environ 2000 et 3000 personnes grand maximum. Compte tenu des conditions météos (on en reparlera plus tard), la boue a envahie le site. Pas de chance, une partie se trouve en dénivelé sur du gazon et peut vite s'avérer glissant, autant dire que j'éviterais cette partie. Une chose est sure, le festival ne manque pas de bars. Je n'ai jamais fait la queue pour être servi (les prix ont sûrement dû dissuader les plus saoulards). Gros point négatif en revanche, le merchandising. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, il paraît que ce n'était pas comme ça les années précédentes. Nous avions d'un côté le merchandising officiel du festival, qui de temps à autre, était accompagné d'un autre groupe. De l'autre côté le merch des groupes, tous réunis au même endroit, le tout geré par une seule personne. Et puis de temps en temps certains groupes avaient un stand séparés de ces stands là, à un endroit dont il fallait deviner l'endroit. Evidemment, les stands principaux étaient situés à l'endroit le plus boueux du site. Résultat, facile 1h d'attente le premier jour pour le merch du fest, quand au merch des groupes, une file d'environ une centaine de mètres constante du début à la fin du festival, évidemment dans une marre de boue. Si vous vouliez acheter le disque du premier groupe de la journée il fallait s'enfiler toute la file pour les groupes de tête d'affiche.



Mais place à la musique, avec le premier groupe local de l'étape. Mine de rien, il ne me semble pas avoir revu Helstar depuis plus de 20 ans. James Rivera lui, je l'ai souvent vu, et il semble bien content d'être là, vêtu de sa cape et des plus belles canines pour faire un set Nosferatu, enfin il semblait, mais au final ils n'en joueront que 3 morceaux. C'est au gros son de la légende de Houston que se lancera le premier pit de la journée, pit qui ne s'arrêtera plus jusqu'au dernier groupe du 3ème jour haha ! Ils sont chauds les texans ! James tout sourire, se moque du temps en confirmant ayant avoir commandé la pluie, en tant que bon vampire. A main levé à sa demande, on constate que plus de la moitié du festival n'est même pas des USA, ça n'empêchera pas les gens de connaître leurs classiques et les premiers hymnes retentissent. Au final, nous aurons droit à 2 morceaux de Vampiro de 2016 et 2 de Clad in Black, exclus de la compilation sortie en 2021. Forcément les titres de Nosferatu sont les plus acclamés et « Baptized in Blood » viendra terminer ce court set de manière brutale. Même si j'aurais bien pris un ou deux titres de Burning Star ou encore « Swirling Madness » de Nosferatu, Helstar a delivré un set solide.
Set-List Helstar :
Awaken Unto Darkness
To Sleep, Per Chance To Scream
Harker's Tale (Mass of Death)
To Their Death Beds They Fell
Black Wings of Solitude
Black Cathedral
Baptized in Blood
C'est toujours sympa de se taper 9000 kilomètres pour aller voir Doro qui passe tous les 15 jours à quelques heures de chez nous.



Set-List Doro :
I Rule the Ruins (Warlock cover)
Earthshaker Rock (Warlock cover)
Burning the Witches (Warlock cover)
East Meets West (Warlock cover)
Metal Racer (Warlock cover)
Hellbound (Warlock cover)
Raise Your Fist in the Air
Breaking the Law (Judas Priest cover)
Time For Justice
All We Are (Warlock cover)
True As Steel (Warlock cover)
Fight For Rock (Warlock cover)
Dans le genre, j'adore ce que vous faites, je découvre en même temps que l'affiche du fest, que les bouchers de Cleveland, Destructor, continuent de broyer des nuques avec leur true heavy metal. Et c'est à l'intérieur ; à l'abris de la pluie, que ça se passe. Là aussi je constate qu'ils n'ont rien perdu de leur superbe. Riff assassin sur riff assassin, son en béton armé et bien bien fort comme pour te filer des acouphènes pour une semaine, Destructor n'est pas venu pour rigoler. Nous aurons même droit en exclu à un nouveau morceau qui ne dénote pas par rapport au reste de la setlist, constituée essentiellement de gros morceaux aussi cultes que gras : « Sonic Bullet », « Pounding Evil », « Iron Curtain » et évidemment « Destructor » pour cloturer cette demie heure de pure violence heavy metallistique. Ce fut bien chouette.


Set-List Destructor :
Tear Down the Heavens
Iron Clad
Pounding Evil
Sonic Bullet
Iron Curtain
Destructor
Bien plus que la suite, car avant de sortir je m'achète une belle canette à 15 boules sans le tip, et sort, et là, grosse confusion. On ne peut plus aller nulle part, et énormément de monde est groupé devant la salle. Bon, pas de panique, je me faufile à travers quelques personnes et là quelqu'un de l'organisation nous demande d'évacuer le site. En effet, suite à une alerte tornade assez sérieuse, on nous demande d'aller sympathiquement nous faire emporter par les vents en dehors du site du festival.








C'était d'ailleurs le moment d'aller au stand de merch au retour, mais ne sachant pas comment allait se dérouler la suite des événements, je préfère aller me placer devant la scène pour voir la non surprise la plus évidente du festival : Autopsy qui va faire ce que Autopsy fait de mieux, découper des cadavres par centaine à coup de leur death metal. Qui dit sans surprise ne dit pas mauvais, bien au contraire, armé d'un son qui leur correspond (comprendre cradingue) et dans un bordel et une euphorie générale, « Charred Remains » signe la fin de la récréation. La seule déception de ce concert sera la durée, avec un set considérablement réduit, comme l'avait d'entrée annoncé Chris Reifert (« on était censé joué Severed Survival en entier. Compte tenu des circonstances, on va jouer ce qu'on peut »). Peu de blabla, on est pas là pour ça, à la place 8, oui seulement 8 morceaux, tous tirés du premier album de la bande de Californie. Au niveau de la prestation, rien à redire, c'est putride, dégueulasse, et absolument délicieux à s'enfiler. A noter du coup, la première fois «que « Impending Dread » sera joué live ever. Autopsy nous à livrer exactement ce qu'on attendait eux, une volée sans concession et bien sale, tellement, qu'on aurait voulu que ça ne s'arrête jamais.



Set-List Autopsy :
Charred Remains
Service For a Vacant Coffin
Disembowel
Gasping For Air
Ridden With Disease
Pagan Saviour
Impending Dread
Severed Survival
Night Demon va jouer maintenant dans la salle, mais n'ayant eu vent de quelque changement d'horaires que ce soit, je ne vais pas m'aventurer dans un endroit blindé pour voir Night Demon sachant que j'attends Candlemass plus que tout ce soir. Après tout, il s'agit d'un de mes groupes favoris et j'ai bien mérité de les voir ce soir avec tout ce qui m'est arrivé les jours précédents. Tant pis pour le chatbite à Jarvis, il attendra ! (comprendra qui pourra

C'est donc sous une belle pluie continue que Candlemass monte sur scène 15 minutes après l'heure prévue, devant une fosse plus que bien garnie malgré les intempéries et les événements. D'événement il en s'agit un car ce soir les maîtres du doom viennent pour interpréter Nightfall dans son intégralité. De surprise il n'y aura donc pas sur ce point, puisqu'en toute logique, l'album sera déballé dans son ordre du début à la fin, après cette entrée sur « Well of Souls ». Touché par la maladie il y a déjà un moment, Leif Edling est méconnaissable derrière son énorme barbe grise, lui qui ressemble plus au père noel qu'au cerveau de Candlemass, Krux ou Avatarium. Qu'importe, il semble aller beaucoup mieux, puisque ce soir il bouge bien, à le sourire et semble en forme. C'est le minimum qu'on puisse lui souhaiter. Johan Langqvist n'est peut-être pas le vocaliste le plus emblématique que le groupe ait eu, pas même le meilleur chanteur, de loin pas, mais il s'en sortira plus que bien sur l'interprétation des parties de Messiah, même si évidemment, il ne monte plus dans les aigues. Il sera plus que suppléé par un public venu en masse assister au concert de la tête d'affiche, qui est bien décidé à transformer cette communion en karaoké géant. Forcément les hymnes du groupes sont repris en grande pompe par les combattants de la pluie : « At The Gallows End », « Samarithan », « Bewitched », entre autres, concluant cette partie Nightfall. Tout le monde, groupe comme public est comblé, et ça vaut bien un peu de rabe. Un rappel commençant par « Mirror Mirror », avant d'achever la messe de manière inévitable avec les banderilles de Epicus Doomicus Metallicus, « Crystal Ball » et évidemment « Solitude ». Prestation majuscule d'un groupe énorme qui aura marqué l'histoire de notre musique, et qui verra ce soir, la nouvelle génération lui rendre honneur de la plus belle des manières. Dans un élan d'enthousiasme, les Suédois entameront « Under the Oak » dans une ultime régalade, qui sera vite coupée après la première moitié par faute de couvre feu. Bien tenté, mais l'essentiel était déjà là, Candlemass sont et resteront les masters of doom. Merci messieurs !
Set-List Candlemass :
The Well of Souls
Codex Gigas
At The Gallows End
Samarithan
Dark Are the Veils of Death
Mourners Lament
Bewitched
Mirror Mirror
Crystal Ball
Solitude
Under the Oak (partiel)
En réalité, je n'assisterais même pas à cette dernière demie cartouche, puisque je suis partie pendant les dernières notes de « Solitude » pour me tenter de me frayer un chemin dans la salle (suffisamment pour entendre de loin l’intégralité du morceau avorté) pour assister à l'after party. Le Hell's Heroes propose tous les soirs des after party dans 3 lieux différents, relativement proche de l'endroit du festival, dont un, directement dans la salle adjacente où jouent les groupes en journée.
Ce soir l'after commence avec Morbid Tales, un groupe inconnu au bataillon, mais qui avec un nom pareil, ne laissait pas beaucoup de suspense quand au contenu du set, et effectivement en plein de mille. Pendant une petite heure, un groupe texan balancera une playlist best-of de Celtic Frost, de manière je dois l'avouer plus que sympathique. Le public est toujours chaud et participe avec entrain aux « Procreation of the Wicked », « Jewel Throne », « Deathroned Emperor », « Circle of the Tyrants » et évidemment « Morbid Tales », sagement gardé en clôture d'un concert solide, qui fait un parfait petit en cas d'after.
Et enfin, planquez vos femmes et vos enfants, les frappadingues de Midnight sont chargés de clôturer les hostilités du jour. Pour l'occasion ils feront ce qu'ils ont toujours fait du bien, du gros punk satanic rock'n'roll. Comme toujours, la bande de l'Ohio est en forme et le montre d'entrée. Pas besoin d'avoir de bon son ce soir, et pourtant ils joueront fort, Midnight est venu pour dépoussiérer uniquement des morceaux de sa compile Complete And Total Hell, comprendre uniquement ses démos. C'est cradingue et raw, ça bouger le pit et lever du poing, et il fait une chaleur étouffante dans ce déluge sonore. Marrant de constater que plus le set avancera, plus le groupe ralentira le tempo. Difficile de se rappeler exactement ce qu'ils ont joué ce soir là, tant les titres s’enchaîneront sans aucun temps morts, rappelant le grand temps des Ramones en concert. En vrac « All Hail Hell », « Take You to Hell », « White Hot Fire », « Endless Slut », « Vomit Queen », « Unholy and Rotten » parmi d'autres, et je partirais peu avant la fin pour éviter la foule pour commander mon uber.



Malgré les cafouillages, et une météo qu'on peut dire capricieuse (sans déconner, on a failli finir avec une tornade!) cette première journée de festival aura lancé de bien belle manière ce weekend, ne sachant pas encore à quel point les journées suivantes allaient être incroyables.


