C’est un euphémisme de dire que j’attendais ce concert avec impatience !
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La dernière fois que j’avais vu le célèbre bonhomme à la toque de fourrure, c’était sur ses terres natales au Bang Your Head 2019 ! A l’époque, je n’avais pas encore plongé dans sa discographie et ne connaissait que sa participation à ‘Lovedrive’ de Scorpions, album que j’écoute depuis l’adolescence. Et puis voici deux ans, j’ai découvert son premier groupe solo, le Michael Schenker Group, et suis tombé raide dingue du premier album éponyme et de ‘Assault Attack’.
Pour ce qui est de ses années dans UFO, je n’en connaissais que les classiques : ‘Doctor Doctor’ ou ‘Rock Bottom’ même s’il y a quelques années j’avais trouvé à la déchèterie où je travaillais le fameux live ‘Strangers In The Night’ en CD. Album dont la couverture inspire le visuel de cette tournée ‘My years with UFO 1972-1978 50th anniversary celebration’.
Un peu d’histoire, pour celles et ceux qui débarquent sur la planète Rock : UFO se forme en 1969 et a déjà sorti deux albums studio et un live de son Rock Psyché imbibé de fougue Heavy Rock, lorsqu’il tourne en Allemagne en 1972. Pays où il trouve un semblant de succès, comme au Japon où leur reprise de Blue Cheer, ‘C’mon Everybody’ fait un tabac. Hélas, ses trois années ont quelque peu émoussées la motivation de leur guitariste, Bernie Marsden, qui lâche ses acolytes sans préavis en pleine tournée, le salaud ! Phil Mogg, chanteur et Pete Way, bassiste, décident alors de proposer la place à Michael Schenker, guitariste prodige du groupe d’ouverture, Scorpions, âgé d’à peine 17 ans et qui se retrouve ainsi à jouer deux sets chaque soir ! L’année suivante, Scorpions est en pleine crise et stagne, il n’en faut pas plus aux Anglais pour proposer un poste fixe au Schenk’ qui les rejoint, quand bien même il ne parle pas un traître mot d’english ! Malgré la barrière de la langue, cela n’empêche pas le blondinet de hisser le band jusqu’aux cimes du succès à la force de ses poignets, grâce à ses soli lyriques et ses riffs marquants sur les albums ‘Phenomenon’ (1974), ‘Force It’ (1975), ‘No Heavy Petting’ (1976), ‘Lights Out’ (1977) et ‘Obsession’ de 1978, sans oublier l’incontournable ‘Strangers In The Night’, sorti la même année. Hélas et malgré l’avertissement de Michael envers l’instable et parfois violent leader Phil Mogg, une confrontation entre les deux hommes poussera notre guitariste à partir fonder son propre groupe, le Michael Schenker Group, mais c’est une autre histoire…
L’Allemand, qui a fêté ses soixante dix ans en janvier, est devenu une légende. Et cette légende se produit à 5 kilomètres de chez moi !
Alors, je ronge mon frein toute la journée et ne tenant plus en place, je me rends sur le parking de l’Arlequin vers 17 H. Surprise, alors que l’ouverture des portes est prévue pour 18 H 30, il y a déjà une trentaine de personnes qui attendent sagement devant !
Mais plutôt que de faire le plancton au soleil - qui tape le salaud ! - je préfère rester assis dans mon coffre à écouter de la musique et me détendre en compagnie d’une stout bien fraîche, l’occasion de saluer quelques connaissances du village d’à côté qui viennent d’arriver, puis d’échanger avec un Grenoblois et un Creusotin fort sympathiques qui s’étonnent de voir la seconde (et dernière !) escale française de ce plateau dans ce ‘trou paumé’ qu’est Mozac.
Et pourtant, depuis 2013 qu’existe l’association Rock The Night, c’est rien moins que Fish (ex-chanteur de Marillion), Glenn Hughes accompagné de Doug Aldrich, Ian Paice avec Purpendicular, Wishbone Ash, ainsi que d'innombrables tribute band (ce qui me branche moins personnellement même si j'ai un bon souvenir d'une soirée avec des groupes féminins qui rendaient hommage à Motörhead et AC/DC) qui sont venus poser leurs amplis dans la sous-préfecture du Puy-De-Dôme.
D’habitude, c’est à la Puce à l’Oreille ou à la salle Dumoulin à Riom qu’ont lieu ces concerts, mais pour cette date qui a mis trois ans à se mettre en place, c’est sur l’Arlequin de Mozac que Rock The Night a jeté son dévolu, une salle d’une capacité d’environ 900 places qui propose peu de dates de cet acabit et ne sera pas comble ce soir avec ‘seulement’ 700 préventes.
Assis dans le coffre de ma bagnole, à écouter Black Sabbath, Iron Maiden et Rainbow, je regarde passer les spectateurs qui commencent à arriver en masse dès 18 H. Comme un sociologue de comptoir, je remarque que la moyenne d’âge est élevée, pas tant que celle du concert de Wishbone Ash à l’Hippodrome de Longchamp l’année passée, mais pas loin. Mais où sont les enfants et petits enfants de tous ces vieux Rockers assagis ?
J’avoue que ça m’inquiète un peu, moi qui espérais me placer au premier rang devant l’enfant terrible de la Flying V, parce qu’alors que résonne ‘Rock The Night’ de Europe - qui annonce systématiquement le début des festivités lors des concerts de l’asso’ – il y a déjà deux rangs de formé et j’ai l’impression qu’ils ne vont pas bouger…
Gut’s ouvre le bal avec 40 minutes de AC/DC-like. C’est bien exécuté, ils sont content d’être là mais j’avoue que je n’accroche pas à cause du manque de personnalité et d’originalité de leurs morceaux. C’est comme s’ils avaient joué aux Dr Frankenstein du Hard et avaient piqué un riff par-ci, un riff par-là dans le catalogue des Australiens pour assembler leurs propres morceaux. Le guitariste, audacieux, monte sur une baffle à la gauche de la scène pour faire son ultime solo avant que la lumière ne se rallume. Bon, j’avoue que voir AC/DC, je m’en cogne comme de l’an quarante, vu l’état actuel de décrépitude de ce qu’il reste du groupe et le prix prohibitif des places lorsqu’ils daignent venir chez nous. C’est justement ces deux points qui me font adhérer au concept de ‘tribute band’, lorsqu’un groupe n’existe plus/n’assure plus ou lorsqu’il est trop cher/trop rare pour qu’on puisse entendre sa musique live. Mais avec Gut’s, c’est même plus de l’hommage, c’est presque du plagiat ! Malgré tout, y’en a qui y trouvent leur compte et sans doute que ça aura fait vibrer le coeur du public qui a dû grandir avec les mythiques ‘As-dess’.
Human Zoo a commencé lorsque j’arrive dans la salle après avoir soulagé ma vessie. Je crois que même sans qu’on me l’ait dit, j’aurais deviné qu’ils sont Allemands, hé hé ! Ils jouent un Hard/Heavy bien composé, avec en plus l’apport d’un saxophoniste et d’un claviériste. Je passe un bon moment et le public aussi puisqu’il réagit aux sollicitations du chanteur. Ceci dit, une fois le show passé, je l’oublie presqu’aussitôt. Bon, de toute façon, on ne va pas se mentir, c’est bien pour Michael qu’on est venu, hein !
La salle est bien moite et je finis par accepter le fait que je ne serais pas au premier rang devant le Schenk ce soir. La foule est assez compacte, surtout du côté droit de la scène, là où le virtuose prendra bientôt place, ce qui confirme que le public est connoisseur ce soir. D’ailleurs, je sais que certains étaient présents au ‘Combat Hard de l’automne’, lorsqu’en ‘83, Iron Maiden et MSG ont rendus visite à La Maison des Sports de Clermont-Ferrand !
Avec mon ami Evan et son pote Biker, on profite du lancement du concert avec ‘Natural Thing’ pour se frayer un passage dans la foule, non sans s’attirer les foudres de quelques personnes. Mais Fuck! C’est un concert de Rock, bordel, pas une projection privée dans un salon !
Le son est bon même si je trouve que la grosse caisse est trop en avant dans le mix. Pourtant, le groupe est venu avec ses propres ingés son et a pris soin de mettre la batterie derrière des panneaux de plexiglas pour ‘casser’ le son, mais je pense que c’est un parti-pris pour rendre le son plus ‘gros’. Ceci dit, d’après ma pote Rosalind, vers la régie son, c’était parfait. Les trois premiers morceaux passent bien et échauffent tranquillement les vieux os du public lorsque résonnent les premières notes de ‘Doctor Doctor’. Bordel, je ne m’y attendais pas aussi tôt dans le set ! L’ambiance monte d’un cran, les gorges s’échauffent sur le refrein, enthousiastes, avec Evan on se bouscule gentiment. Ce morceau a toujours une saveur particulière pour moi, fan de Maiden devant l’éternel, puisqu’il ouvre chaque concert du groupe. D’ailleurs, la semaine d’avant j’ai vu Blaze Bayley et j’ai eu l’agréable surprise de le voir interpréter ce morceau pour la première fois en cinq concerts ! Sans surprise, la setlist est basée sur le live ‘Strangers In The Night’ dont tous les titres sont repris à l’exception du magnifique ‘Out In The Street’ et ses envolées vocales à donner le frisson à un esquimau. À la place, on a le tout aussi beau et bluesy ‘Lipstick Traces / Between The Walls’ sur lequel Erik Grönwall (ex-H.E.A.T. et ex-Skid Row) sort la guitare acoustique. Sont également interprétés ‘Can You Roll Her’ et ‘Reasons Love’ qui n’étaient pas sur le live avant que ne déboule ‘Rock Bottom’, LE morceau qu’on attendait tous et sur lequel les voix échaudés du public se font le plus entendre. Si sur la version live de 1978, le morceau était rallongé de 5 bonnes minutes avec une intervention solo de chaque musicien, ce soir c’est le Schenk qui a toute l'attention et qui prend le temps de se fendre d’un long et superbe solo sur lequel j’ai le loisir d’admirer sa technique. Quelle fluidité dans son jeu, quelle précision et quelle sensibilité dans la recherche des notes et leur exécution ! Je suis ému d’assister à cette démonstration tant Michael, tel un Midas de la guitare, transforme chaque note plombée, chaque chorus métallique en riff d'or ! Dommage pour les autres musiciens, qui ne sont pourtant pas des perdreaux de l’année, puisqu’ils accompagnent le maeströ de plus ou moins longue date (Bodo Schopf à la batterie a joué dans Michael Schenker Group alors que Barend Courbois et Steve Mann y jouent encore actuellement. Ce dernier l’a même accompagné du temps du MacAuley Schenker Group !).
On pourrait penser que ‘Rock Bottom’ allait fermer la marche, mais Michael prend le micro pour la première fois de la soirée pour présenter ses compères, avant qu’ils ne balancent une doublette qui tue avec ‘Shoot Shoot’ et ‘Too Hot To Handle’, presque comme sur ‘Strangers In The Night’ ! Ça fait plus d’une heure trente que le Rock résonne et nous électrocute et voici que le Schenk range son médiator dans sa poche sous les yeux d’un fan qui agite un panneau sur lequel il demande à obtenir le Plectre de la Destinée, en vain. Moi la question que je me pose c’est pourquoi et comment est-ce qu’il a fait pour garder sa toque de fourrure et son tour de cou dans la chaleur étouffante de la salle !
Les setlists du concert s’arrachent alors que celle de Human Zoo reste posée sur un retour, à portée de main. Certains spectateurs chevronnés attendent encore, dans l’espoir chimérique d’obtenir une signature ou une photo, à quoi répond catégoriquement ‘il ne reviendra pas’ un technicien qui semble désolé.
Un poil déçu mais prévisible car comme l’explique Patrick à un collectionneur près du bar où se masse les derniers soiffards, ça ne serait pas juste pour ceux qui ont payé 200 balles le meet and greet de l’après midi. Parce que c’est juste de monétiser des rencontres et des autographes ? Je ne parle pas du t-shirt de tournée à 35 € parce que ça semble être devenu la norme et puis de toute façon ‘tant qu’y’aura des cons pour aligner les billets, hein…’.
Je rentre chez moi, mange un bout et m’endors, satisfait. Pas complètement, j’aurai aimé être tout devant, j’aurai aimé un son plus clair et équilibré, mais lorsque je me lève, ces petites insatisfactions ont laissé la place à une envie irrépressible de m’écouter ‘Strangers In The Night’ et de le crier dans mon salon : ‘ROCK BOTTOM – ROCK BOTTOM!!!’

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