Double-live report
Pour ceux qui ont la flemme de lire. En gros, ça a donné...
- pour la première date parisienne
Doro -
Sonata Arctica -
- pour la seconde
Altaria -
Sonata Arctica -
Doro -
30/04 - Trabendo
Les trublions finlandais de Sonata Arctica sont de retour dans la capitale et le public ne les boude pas pour cette occasion. C'est en effet dans un Trabendo complet depuis plusieurs semaines qu'ils remettent le couvert. La salle semble pourtant loin d'être garnie au primer abord, l'arrière de la fosse étant assez dégarnie. Qu'à cela ne tienne, il est beaucoup plus agréable de suivre un concert avec un minimum d'espace vital que comprimé comme une bouteille de gaz. N'oublions pas non plus, ça serait un sacrilège, d'évoquer la venue de Doro, légende vivante du heavy-metal qui a l'occasion aujourd'hui de toucher un auditoire plus jeune. Car mis à part quelques trentenaires venus pour elle, la majorité de la foule ici présente doit à peine l'atteindre (la majorité évidemment). Ce concert prendra donc l'allure d'une opération séduction afin de motiver le plus grand nombre de revenir la voir à la Locomotive le 9 mai toujours en compagnie de Sonata Arctica, mais cette fois en tête d'affiche ! A noter que cette date parisienne et celle de Montpellier miraculeusement maintenue (problème de normes avec le Rockstore) sont les seules de la tournée où Doro n'a pas l'honneur de jouer en dernier. C'est Altaria qui se charge d'ouvrir le bal. Ce nom ne vous dit peut-être rien et c'est bien normal ; sachez seulement qu'il y a eu quelques membres connus en son sein, à savoir le guitariste de Nightwish Empuu Vuorinen et le guitariste Jani Liimatainen qui a participé aux deux premiers albums avant de rejoindre les rangs de Sonata Arctica. N'étant pas extraordinairement convaicus par la qualité de sa discographie, j'ai volontairement trainé les pieds pour faire correspondre mon arrivée avec celle de Doro Pesch et sa clique sur l'estrade du Trabendo.
DORO : la flamboyante allemande, le sourire aux lèvres, commence son show pied au plancher et contre toute attente l'ambiance est d'emblée effervescente. La setlist est heavy au possible, quasiment épurée de toutes ballades, chose qui il faut bien l'admettre avait tendance par le passé à chloroformer l'assistance. Doro n'a pas perdu sa fantastique gnac et ce charisme indomptable qui ont forgé sa réputation de bête de scène et de reine du metal. Sa performance est tout aussi remarquable vocalement, toujours à l'offensive et attaquant les refrains rageusement. Ce ne sont pas les titres redoutablement efficaces du dernier album Warrior soul qui ternissent le tableau, bien au contraire. On aura droit bien évidemment aux grands classiques que sont "Burning the witches", "True as steel", "Always live to win" repris en chœur par les quelques fans de la salle, les jeunots se contentant de dynamiter la fosse. Seul le "Breaking the law" de Judas Priest fera retomber le soufflé de part cette interprétation carrément molle, mais toujours plus burnée que la soupe acoustique servie au Wacken Open Air 2004. Comme à l'accoutumée, cette prestation emballante s'achève avec le tube parmi les tubes, "All we are", entonné par une maigre frange de la foule qui jette ses dernières forces avant de quitter les lieux, pas très chaud pour assister aux turluttes de clavier qui vont suivre. Doro a largement réussi son pari de captiver la jeune garde parisienne, preuve que l'obstacle des générations n'est finalement pas si infranchissable que ça.
SONATA ARCTICA : c'est sous une ovation très bruyante que le quintet venu du froid aborde la scène en esquissant les premiers accords de "Misplaced", premier tire du dernier album studio en date Reckoning night, suivi logiquement par "Blinded no more". Le son est touffu mais se clarifie au fur et à mesure du déroulement du concert. Le groupe semble encore avoir gagné en assurance depuis sa dernière tournée, tout particulièrement le frontman Tony Kakko, bien plus communicatif, qui fait maintenant la différence entre une répète et un concert. Le chanteur aux mèches cramoisies est à même de se hisser à son niveau en studio, y compris sur les anciens titres. Je pensais en effet que des morceaux tels que "Blank file" ou "Wolf and raven" (joués en medley) pouvaient être mis aux oubliettes tant il a eu des difficultés par le passé à les interpréter. Il n'en est rien, preuve de ses indéniables progrès. Le placide bassiste pourrait par contre jouer en backstage pour faire de la place aux autres tant il paraît peu concerné par l'événement, l'air hébété et hermétique à l'enthousiasme du parterre de fans. On aurait pu prévoir un répertoire axé principalement sur les derniers opus du groupe, mais contrairement à certains de leurs compatriotes (qui a dit Children Of Bodom et Nightwish ?), les productions des jeunes années n'ont pas été omises, loin s'en faut. "Fullmoon", "Kingdom for a heart", "Black sheep", "8th commandment", "San Sebastian"... Les aficionados des deux premièrs albums sont gâtés ! Cette déferlante de speed est modérée par "Broken" et "Tallulah" qui donnent l'occasion aux fadas de la fosse de reprendre leur souffle. Afin de ne pas avoir à faire des choix cornéliens dans sa discographie qui contient quelques pièces outrepassant largement les cinq minutes de rigueur, Sonata Arctica nous concocte quelques medleys du plus bel effet (dont un après le rappel), multipliant les ponts entre les fragments de chansons sans pour autant choquer l'oreille. "Destruction preventer", "Power of one", "Revontulet", 'The end of this chapter"... voilà un cocktail explosif qui met tout le monde d'accord. "Don't say a word", "The cage" et le traditionnel mais dispensable "Vodka song" achèvent cette soirée en beauté. Le public est conquis et on le comprend ! Voilà qui va sûrement donner envie à tous ces metalleux de se donner rendez-vous à la Loco pour en reprendre une lampée.

09/05 - Locomotive
On prend les mêmes et on recommence... Après le succès du concert précédent joué à guichet fermé au Trabendo, le trio gagnant est de retour quelques jours après dans une Locomotive bien garnie (largement plus de 500 personnes). Vu la conjoncture actuelle, le succès est plutôt inattendu d'autant plus que le groupe le plus populaire en France parmi les trois, à savoir Sonata Arctica, est relégué en première partie de Doro, comme dans le reste de l'Europe. Est-ce la bande à Doro Pesch qui a rameuté le peuple ou la seule présence des finlandais ? Il suffira de voir le monde restant dans la salle après la performance de Sonata Arctica pour percer le mystère...
ALTARIA : si la foule présente avait froid suite à la chute de températures ces derniers temps, elle peut profiter de la chaleur humaine dans une petite Loco bourrée ras la gueule dans laquelle est relégué le précédent groupe de l'actuel guitariste de Sonata Arctica Jani Liimatainen. Altaria déroule sans enthousiasme un heavy mélodique suranné et répétitif devant une foule compacte d'où bruissent quelques applaudissements polis. Si les musiciens remuaient un temps soi peu leur carcasse, il est certain que l'ambiance serait plus chaleureuse. On peut tout de même donner des circonstances atténuantes à l'adipeux chanteur dont le visage érubescent perle de sueur passé cinq minutes, souffrant manifestement de l'élévation du mercure. Cela s'est d'ailleurs ressenti dans son chant peu assuré et difficilement supportable dans les aiguës. Je préfère donc rejoindre l'étage plutôt que de végéter, loupant paraît-il un morceau sur lequel Doro Pesch a participé. Je pense que je m'en remettrai.
SONATA ARCTICA : je tiens à dire que je ne vais encore pas me faire des amis avec ce compte-rendu. J'ai pourtant soutenu les finlandais à diverses reprises, pas plus tard que lors de leur show au Trabendo, mais je ne pourrai en faire autant ce coup-ci. Tout d'abord un mot sur le son... j'ai beau bouger un peu dans la salle, le constat est le même et partagé par d'autres spectateurs (j'ai demandé, histoire pour vérifier si mes oreilles n'étaient pas bouchées) : la guitare est quasiment inaudible et effacée par des basses exagérément poussées. Certains me diront peut-être que cet instrument n'a pas grande importance dans le metal... j'ai tellement entendu d'absurdités que je ne serais plus étonné de rien ! Il n'y a malheureusement pas que ça à relever. Le début du concert est d'une étonnante mollesse, à croire que les cinq venus du froid viennent de tomber du lit. "Misplaced", "Blinded no more" et "Fullmoon" se révèlent poussifs et sont interprétés assez moyennement. Le dernier titre nommé permet néanmoins faire chanter le public, ce qui n'est pas une mauvaise chose tant le vocaliste éprouve des difficultés. Tony Kakko n'est en effet pas loin de faire une redite de sa catastrophique performance en première partie de Gamma Ray en 2001. Fort heureusement pour lui et pour les fans, il limitera les dégâts par la suite sans pour autant éviter quelques couacs ; il en oubliera même de chanter le début d'un titre (il me semble bien qu'il s'agit de "Broken") provoquant l'hilarité de son compère guitariste Jani. Ce n'est en tout cas avec son charisme quasiment inexistant et ses quelques speachs en finnois (!) qu'il compense. On ne peut pas dire non plus que le bassiste Marko sauve les meubles. Déjà habituellement enclins à tirer la gueule, il se surpasse aujourd'hui dans ce domaine. Il devrait peut-être moins regarder de vidéos de son collègue d'Helloween Mickael Weikath dont il a également repris l'habitude de cloper et de vider des bières entre les morceaux. Quant au claviériste Henrik, il se prend pour David Niven dans Le Cerveau, penchant continuellement la tête d'un côté l'air hagard. Seul Jani, pourtant moins joyeux que d'habitude, comprend qu'un concert ne se réduit pas qu'à l'interprétation d'une partition. Si les fans suivent toujours malgré pourtant une performance plus que moyenne, il faut avouer que l'ambiance est bien moins enlevée qu'au Trabendo. La set-list est évidemment plus courte ; c'est ainsi que les medleys et que "San Sebastian" passent à la trappe mais l'essentiel est conservé. Je dois avouer que je ne suis pas fâché d'entendre résonner les dernières notes de "Vodka Song" pour passer à autre chose.
La salle se vide comme une canette de bière dès la fin du concert, prouvant du même coup aux sceptiques que c'est bien Sonata Arctica qui a attiré du monde ce soir.
DORO : le moins que l'on puisse dire, c'est que la "Metal Queen" n'est pas fatiguée, ni par l'âge, ni par l'heure tardive. Elle déboule en effet comme une tornade sur les planches de la scène, accompagnée de ses énergiques musiciens et l'ensemble lance tambours-battants les hostilités avec "I rule the ruins". C'est le jour et la nuit par rapport à l'attitude pataude des membres de Sonata Arctica ! Doro Pesch nous livre une leçon de chant et de charisme dont beaucoup devraient prendre de la graine. Elle ne baissera le pied à aucun moment et ses interventions entre les morceaux montre de manière limpide le plaisir qu'elle prend à jouer devant ses fans. Son statut d'icône du heavy-metal n'est pas usurpé, je vous le dit ! Au menu, "Burning witches", "True as steel", "Always live to win" qui se transforme l'espace de quelques refrains en "Toujours pour gagner", "Hellbound", "Burn it up", "Fight" et forcément "All we are"... que des tubes en puissance qui font toujours plaisir à entendre ! N'oublions pas d'ajouter à ce tableau "Breaking the law" de Judas Priest en version électrique dont le seul défaut est de commencer sur le rythme de marche d'une tortue rhumatisante. Malheureusement, l'ambiance n'est pas sensationnelle : mis à part quelques motivés dans la fosse qui donnent de la voix, le reste pionce allégrement, mettant en évidence les dangers d'une affiche hybride avec des combos qui n'ont pas du tout la même fan-base. Comme tout groupe de heavy-metal allemand qui se respecte, Doro n'oublie pas de nous livrer un pétillant solo de batterie qui ne brise en aucun cas le rythme endiablé du concert. On ne coupera pas aux quelques ballades qui seront néanmoins moins fréquentes que lors de la précédente tournée. "Für immer" est certes un titre qui est pour beaucoup indispensable mais on peut s'étonner de retrouver "Love me in black", qui plus est en rappel. Toutefois, Doro offre une nouvelle fois une performance de tout premier plan et n'a pas volé la tête d'affiche. C'est bien dommage que le groupe n'aie pas le succès qu'il mérite dans l'hexagone, mais c'est un autre problème...
Pour l'anecdote, au moment ou le batteur Johnny Dee s'apprête à lancer ses baguettes, je dis à quelqu'un que je vais en fixer une dans les yeux pour qu'elle m'arrive dessus. Chose faite quelques instants plus tard : je n'avais plus qu'à me baisser pour la ramasser. Je vais voir si la méthode fonctionne aussi sur les femmes, mais ce n'est pas gagné... Pour finir cette journée, je croise Jean Marie Bigard en train de discuter rue Blanche à 2h du matin. Il y a des jours comme ça...