Décidément, les carrières
solo sont à l'honneur à Paris, en ce moment !
Casé à la dernière minute entre les passages de Steve Hackett à La Cigale le 9 Octobre et Steven Wilson hier soir au Bataclan, puis .U.D.O. ce soir au Divan, le coup de coeur pour la date à Paris était pour moi une première à l'Alhambra, mais surtout l'occasion de découvrir la
Metal Queen sur scène.
À cet égard, j'ai pas grand chose à rajouter par rapport au C.R. de Theli (très bon papier, d'ailleurs !

) :
En dehors de sa plastique irréprochable, je ne connaissais pas non plus la musique de la
Fräulein, mais sa réputation légendaire la devançant, c'est en touriste enthousiaste que je débarquais devant la salle vers 18h45 (merci à l'affichage des sorties du métro pour ce quart d'heure perdu à trouver la rue depuis la Place de la République...

), qui, contrairement à ce qui était indiqué, n'ouvrira ses portes qu'à 19h pétantes.
Les adorateurs de la première heure se sont d'ores et déjà jonchés sur les premières rangées le long l'estrade lorsque je mets les pieds dans la salle, ce qui ne m'empêche pas de m'installer sans difficultés parmi les premiers rangs.
Le public, dont une partie s'est ruée vers l'étalage de
T-shirts à l'effigie de l'affiche "25 Years in Rock ... And Still Going Strong", est encore épars en ce début de soirée, mais ne tardera pas à se densifier rapidement, et au grand dam du vétéran métalleux plus loin sur ma droite qui perdra brièvement connaissance pendant l'entracte, son malaise étant manifestement dû à la température alors élevée dans la salle à la capacité modeste mais à l'acoustique
ad hoc.
Mais la solidarité
TRVE de l'auditoire lui permet bien vite de se relever, et les vigiles d'être aussitôt ameutés à la rescousse.
Plus de peur que de mal pour le
rocker grisonnant, qui reviendra vers les devants de la scène plus tard dans la soirée pour prendre quelques clichés.
Même si le balcon lui est fermé ce soir-là, la première partie et ses
roadies y prenant place après sa prestation, l'assistance n'aura aucune difficulté à couvrir, à vue d'oeil, le parterre de la fosse pour la tête d'affiche, sans pour autant remplir les 600 places de la salle, le groupe ne jouant pas, du moins il me semble, à guichets fermés.
La première partie prend d'assaut l'estrade vers 19h30, et s'offre le luxe d'une entrée théâtrale : les Italiens de
Merendine (j'ai cru déceler un "
Bene !" entre 2 morceaux, sans pour autant avoir pu vérifier la nationalité du groupe) déboulent tous ornés du masque du locataire de la cellule n°5 (
Room V dans les termes de Shadow Gallery), l'hôte de la galerie des ombres, bref, le protagoniste de "V for Vendetta".
Le penchant dramatique cherche peut-être à renvoyer au pendant culturel contemporain de la
commedia dell'arte qui fit un temps la gloire de la botte, mais peu importe : les musiciens interprètent leur premier acte ainsi masqués, et nous donnent à entendre un
Thrash burné que j'ai trouvé somme toute pas dégueu.
Soit, c'est pas original pour un plectre, ni orgasmique pour un
riff, mais les tracés survitaminés ont l'effet escompté : ils remuent le public et mettent le public en forme pour la suite des événements.
Le chanteur évoque tour à tour un Phil Anselmo des grands jours, dont il partage certains traits, malgré un embonpoint clairement nourri au houblon et à la barbaque, mais aussi un Pavarotti du Dimanche, dévoilant à l'occasion derrière ses vocalises
Thrash écorchées, un sympathique
vibrato dans ses montées dans les aigus que ne renieraient pas les chanteurs d'opéra.
Le guitariste et le bassiste font le boulot sans fioritures ni expressivités particulières, tandis que le batteur, d'une précision métronomique et hyper-concentré sur son jeu, posait les bases rythmiques d'une agressivité en conséquence.
Les
roadies s'offrent même le luxe de débouler à l'improviste au cours d'un morceau, ayant entretemps repris les masques sus-mentionnés, pour simuler une rixe prétexte à redresser les micros et les pieds des cymbales, tout en mimant bastonner chaque zicos et en prêtant voix forte aux chœurs, avant de repartir en coulisses aussi précipitamment qu'ils en sont sortis.
Pas de grande surprise, donc, et même si, en toute honnêteté, je n'ai pas l'intention de me plonger dans leur discographie, ça fait toujours du bien par où ça passe !
Merendine :
Dario : Basse
Luca : Batterie
Sigers : Guitares
Zanda : Chant
Et zou : après approximativement 40 minutes de ce hors d’œuvre napolitain, le déménagement de la scène est vite expédié, et on entame le plat de résistance vers 20h40.
Des 2 synthés disposés chacun d'un côté de la scène, seul celui de gauche servira occasionnellement aux nappes exécutées par le guitariste Luca Princiotta.
La mise en scène, reste quant à elle épurée, même si 2 larges bannières hissées sur les flancs de l'estrade de la batterie et un vaste rideau en guise de
backdrop aux couleurs de l'affiche posent un décors en concordance.
La belle blonde ne se fait pas attendre bien longtemps à la suite de ses musiciens, et débarque, comme à son habitude, toute de cuir gaînée, et toujours aussi canon après toutes ces années de tournée, sous un tonnerre d'applaudissements qu'elle nous rendra sans réserve.
Et des fans enjoués sur le bord droit de la scène de s'empresser de lui offrir aussitôt un bouquet d'orchidées dès le premier couplet entonné.
Son excellente humeur ultra-dynamique d'entrée de jeu ne perdra de sa superbe à aucun moment, puisque la dame de Düsseldorf, d'un enthousiasme et d'une communicativité décidément à toute épreuve, se sait aimée, et se montre tout autant aimante en retour :
Cette fille est vraiment impressionnante sur scène : garder une pareille pêche de bout en bout depuis tant d'années, faire montre d'une telle joie de vivre, d'une telle passion, d'une telle vivacité dans son attitude scénique et son jeu est vraiment admirable à voir et à entendre.
Doro est une véritable pile électrique qui se dépense sans compter, sans jamais faiblir pour autant, j'ai rarement vu personne aussi chaleureuse en concert !
Et vas-y que je serre les vagues de pognes et que je tape dans les mains des premières rangées sans relâche, que je prenne furtivement la pose pour des photographies prises à la volée, ça n'arrête pas !
Tenir une telle forme et exhiber une motivation de cet acabit relève d'une prouesse toute aussi pro que mélomane, et un grand paquet de tocards furieux s'éclipsant spontanément de la scène en fustigeant de haine, de
frontmen d'une impassibilité à faire de la peine, devraient en prendre de la graine.
Pour reprendre les mots de Theli, cette gonzesse impose absolument le respect !
Et par mes aïeux, quelle voix !
Les yeux ont beau être rivés sur la sculpturale Allemande (yeux qu'elle avait effectivement maquillés dans des traits orientaux du plus effet), avec raison -fût-il utile d'insister-, ses vocalises s'apprécieraient tout autant les yeux fermés.
Si elle se défend sans problème sur le terrains des refrains accrocheurs entêtants et poignants, elle prend d'autant plus son envol sur la lascivité des mélopées lancinantes de ses
power-ballads.
Le moment fort incarné par "Für Immer", l'atmosphérique "Without You" ou les accalmies mélodiques de la reprise d'"Egypt (The Chains Are On)" qu'elle chante avec
brio -et avec laquelle ses tendres paupières collaient donc à merveille-, en hommage à l'amitié partagée avec le lutin à la voix d'or, sont autant de témoins de son grand talent vocal.
Non contente de s'évertuer à pousser la chansonnette au plus fort de ses cordes vocales, semblant y mettre toute son énergie au faîte du point d'orgue mélodieux de ses refrains, l'adorable ex-effigie du sorcier (auquel la
setlist fait bien évidemment la part belle, et ce n'est pas pour me déplaire, moi qui découvrais, de toute façon) s'efforce même d'interagir en Français entre les titres, faisant ainsi d'autant plus ressortir les attendrissantes sonorités rugueuses de son craquant accent germanique.
Je pense honnêtement qu'on peut difficilement trouver mieux que la beauté, dans toute sa splendeur et tous ses états, pour qualifier la teneur de la soirée que j'ai passée en sa compagnie (façon de parler).
Son teint resplendissant, son sourire étincelant, et son visage éblouissant d'un bonheur singulièrement communicatif auront eu vite fait d'éblouir un public Parisien totalement conquis, sinon déjà acquis, à sa cause.
Bien sûr, ses zicos n'étaient pas pour autant en reste, à commencer par l'impressionnant et ténébreux bassiste Nick Douglas, vêtu aux couleurs de son instrument, et qui accompagne la vocaliste oxygénée depuis une bonne quinzaine d'années, selon les dires de cette dernière.
Du haut de ses 2 mètres et des fondations rythmiques tranchantes qu'il assène, il n'éclipse pas pour autant ses collègues six-cordistes, l'ancien d'After Forever Bas Maas et Princiotta se partageant les
soli à l'envie, et assurant le boulot comme des chefs, envoyant du lourd en approvisionnant l'arabisante salle rouge de son lot de tronçons de l'érable de leurs Gibson ravissantes.
On pourra regretter le passage obligé (et pourquoi d'ailleurs ?) de l'interminable
solo de batterie courtoisement gratifié par un Johnny Dee jovial et enjoué ; mais loin d'être jubilatoire.
Seuls sa bonne humeur, sa volonté de faire participer l'auditoire, et ses quelques rares roulements tribaux de
toms et de caisse claire relevaient un tant soit peu le niveau en nous prenant au jeu rythmique accrocheur, mais l'interlude ne fera pas date dans les a(n)nales.
Le son est quant à lui d'une très bonne qualité tout le long, même si je dois avouer avoir craint un sous-mixage du chant pendant le premier morceau, qui paraissait alors un peu étouffé, hic d'étalonnage qui sera bien vite corrigé dès la deuxième salve.
Le synthé était certes comparativement un peu plus discret, mais on va pas bouder son plaisir, il s'agit de
Heavy et pas de
Rock progressif, alors on va pas pinailler.
Le nouveau morceau, "Raise Your Fist", très entêtant et au refrain mémorisable avant même qu'il n'ait commencé, sans être innovant, porte la foule et fait taper du pied comme tout bon tube digne de ce nom, à l'instar de la totalité du répertoire joué ce soir-là, en fait, dont le meilleur atout est de proposer des chansons accrocheuses et directes, sans être simplistes pour autant, qui véhiculent vigueur et sont le vecteur d'un unisson fédérateur, en témoigne la reprise des chœurs et des refrains par le public d'une seule voix.
On pense au Manowar de la belle époque, l'attitude à chier d'Adams et DeMaio en moins, et le charme féminin en plus.
Un hymne à petite échelle et à part entière, en somme, au même titre que "All We Are" ou le thème du Wacken "We Are The Metalheads".
La reprise du Priest, que je m'attendais à être anecdotique, s'est montrée bien agréable, notamment grâce à son introduction (mais qui reprend pourtant l'intégralité des couplets) en arpèges reposants, mais qui ont bien été joués sans disto ni
overdrive sur Les Paul et S.G., et pas des six-cordes acoustiques à Paris, pour ensuite laisser place au
leitmotiv hargneux qu'on connaît tous, et qui fait toujours plaisir à entendre, quand bien même on le connaît justement par cœur.
Elle nous quittera finalement aux alentours de 22h35 sous une nouvelle salve d'applaudissements fournie et des appels passionnés après malheureusement une petite 1h50 de jeu, pour les raisons évoquées par Christine, une photo d'elle prise au Hellfest offerte par un amoureux transis à la main, reprenant ses courbettes jusqu'en coulisses.
Tandis que le Bataclan a eu droit à l'agaçante tendance à l'arrogance du
leader de Porcupine Tree hier soir, c'est les mirettes pleines d'étoiles que je garderai encore bien longtemps un souvenir impérissable du passage de Doro, toute en modestie en contraste avec la grande richesse de sa carrière prestigieuse et de ses nombreuses collaborations, parmi nous.
Vivement la suite, et
Doro Für Immer !
Setlist :
01) Earthshaker Rock
02) I Rule the Ruins
03) Fight for Rock
04) Running from the Devil
05) Burning the Witches
06) Egypt (The Chains Are On)
07) Night of the Warlock
08) Hellbound
09) Without You
10) Metal Racer
11) True As Steel
12) Wacken Hymn (We Are the Metalheads)
13) Für Immer
14) Haunted Heart / Drum Solo
15) Raise Your Fist
16) You're My Family
17) Breaking The Law
18) All We Are
19) Fight
20) Metal Tango
Doro :
Johnny Dee: Batterie
Nick Douglas: Basse
Bas Maas: Guitares
Doro Pesch : Chant
Luca Princiotta: Guitares, Claviers