Et un petit CR de la date toulousaine
L'annonce d'un concert de Slayer à Toulouse il y a six mois avait fait figure d'événement. C'est en effet la première fois en trente ans d'existence que les Californiens passent dans la ville rose, et en plus avec Gojira, groupe régional si l'on peut dire (les Landes sont à 250 bornes, mais c'est le sud-ouest, quoi!). C'était a priori le carton plein assuré en terme de ventes, surtout un dimanche de Pentecôte qui permettait à des gens de venir d'un peu partout sans avoir à poser de jours de congé. Cela s'est vérifié sur place. Des rumeurs de sold out circulaient au cours de la semaine qui a précédé, mais ça n'a pas été le cas car il y avait encore des places à vendre au guichet. Mais 3500 personnes, c'est quand même un succès total et cette affiche aurait aisément pu être déplacée au Zénith. Ca faisait quand même pas loin d'un millier de personnes de plus que pour Alice Cooper en novembre dernier, qui avait justement joué au Zénith. Donc là, c'est au Phare de Tournefeuille, dans la banlieue cossue de Toulouse, que des hordes de metalleux tout de noir vêtus viennent pour une belle soirée thrash... Ce n'est pas ma salle préférée, surtout en grande configuration: manque de convivialité, son souvent limite, et l'espace extérieur prévu notamment pour les fumeurs est tellement exigu que c'est vraiment pénible de sortir prendre l'air entre les groupes tellement il y a de monde et qu'on est étouffé par la fumée. Mais elle a au moins le mérite d'exister et de présenter une alternative au Bikini et au Zénith. Sa modulabilité est un atout certain. En tout cas, je n'y ai jamais vu autant de monde. Quand je suis arrivé, le parking était complet, idem pour ceux du centre commercial d'en face sur lequel on se rabat en général quand le parking officiel du Phare est bondé. C'était prometteur pour la chaleur dans la salle....
En tout cas, il y a une chose que je trouve très limite, c'est pour l'heure de début du concert. Il était annoncé officiellement pour 19h30. Or,
GOJIRA a ouvert dix minutes avant

Les organisateurs de concerts pourraient au moins attendre un quart d'heure ou une demi-heure après l'ouverture des portes pour faire jouer les groupes, afin de laisser arriver les gens. Perso, n'ayant pu arriver avant 20h, je n'ai pu voir que vingt minutes de la prestation des Landais

Troisième fois que je les vois, ils bénéficient d'un son étonnamment clair pour cette salle en forme de hangar où la qualité sonore n'a jamais été le point fort, surtout en grande configuration. Ils ont en tout cas un public bien nombreux et acquis à leur cause, même s'il y a aussi quelques abrutis qui n'ont rien de mieux à foutre que de les siffler ou de les insulter... Dans la mesure où le Phare a un espace extérieur, il est pourtant facile d'éviter de regarder un groupe qu'on n'aime pas

Enfin bref, moi, le peu que j'ai vu de Gojira m'a bien plu, même si ce n'est pas mon groupe préféré à la base. J'ai particulièrement aimé la nouvelle chanson, "L'enfant sauvage". Si tout l'album est dans ce style, ça promet de cartonner

Par contre, j'ai trop peu vu de la prestation de Gojira pour vraiment rentrer dedans. A revoir très vite, en tout cas
Malgré le monde, je retrouve un peu tout le monde (The Fab, les citrouilles, Laex, MDT, Moocher et pas mal d'autres) et une pause assez longue permet de bien discuter... Pas de se rafraîchir, par contre, parce qu'il fait très chaud et que les bars sont pris d'assaut. Quand les premières notes de
SLAYER retentissent, on rentre de suite et, avec The Fab et MDT, on arrive à se positionner devant sur le côté droit. Mais alors que ça commençait doucement avec "World painted blood", pour rentrer tranquillement dans le concert avant que ça commence vraiment avec "War ensemble", un gros problème de son gâche les trois premiers morceaux. Ca devenait tout simplement inaudible

Le public s'est alors mis à hurler son mécontentement, faisant des signes de bras en croix pour montrer à l'ingé son que ça n'allait pas. Heureusement, ça a été réparé à la fin de "War ensemble" sous les applaudissements

Et là, le concert va VRAIMENT commencer

La qualité du son n'atteindra jamais celle de la première partie, mais c'est quand même tout à fait correct. Et surtout, après ces merdes sonores qui ont failli gâcher la fête et ces manifestations de mécontentement, le public est remonté à bloc

Ca headbangue donc à l'unisson d'un bout à l'autre de la salle au rythme endiablé du gros thrash des Californiens. Ceux-ci sont là sans Jeff Hanneman, en convalescence suite à une piqûre d'araignée qui aurait pu l'handicaper à vie. Il est remplacé pour la tournée par Gary Holt d'Exodus, qui s'en sort très bien. Le show en lui-même est relativement minimaliste, dans gros effet de scène ni d'écran comme c'était le cas pour la tournée "Christ illusion", par contre les lights verts sont assez impressionnants et malsains. Le groupe, comme à son habitude, est statique, avec juste Kerry King qui headbangue avec la nuque en pilotage automatique et sans décoler un pied du concert. Par contre, c'est ultra-carré, puissant, et joué avec envie et conviction. Ce qui est le cas une fois sur deux avec eux: au Wacken 2010, par exemple, j'avais été bien déçu par leur prestation de groupe qui vient jouer comme on vient pointer à l'usine et par leur manque de motivation flagrant, malgré une playlist d'enfer. Cette fois, il y a une excellente playlist et l'envie de jouer est revenue, et ça change tout

Tom Araya est dans une forme olympique. Vocalement, il assure et l'approche de la cinquantaine et les poils gris ne l'empêchent pas de pousser le cri qui tue au début de "Angel of death". Et puis surtout, fait rarissime, il est communicatif! Il a le sourire et il plaisante beaucoup avec la salle, croisant les bras en l'air et faisant mine de s'envoler, en référence aux protestations du public en début de show. Je me demande d'ailleurs s'il avait compris ce qui se passait

ça fait bizarre de le voir faire de l'humour alors que Slayer se veut sérieux et malsain, mais c'est cool, et cette bonne humeur est communicative dans la salle.
J'ai eu aussi le plaisir d'avoir deux vieilleries jamais eues en live jusque là, à savoir "Die by the sword" et "Spirit in black", et c'est jouissif

. La playlist est en fait axée sur "Reign in blood" (six extraits) et "Seasons in the Abyss" (quatre extraits). Les nouveaux titres (post "Seasons...", quoi

), bien qu'inférieurs, passent bien au milieu des classiques. Et l'apothéose est bien sûr sur "Raining blood", avec pogos et circle pits dans tout le premier quart de la salle

Slayer a joué 1h25, ce qui est plutôt pas mal pour eux, et ils ont tout pété. Et qu'est-ce que ça aurait été si, dès le début, ils avaient un un son comme celui qu'a eu Gojira
Playlist de SLAYER:
World Painted Blood
Psychopathy Red
War Ensemble
Die by the Sword
Chemical Warfare
Hate Worldwide
Postmortem
Spirit in Black
Mandatory Suicide
Altar of Sacrifice
Jesus Saves
Seasons in the Abyss
Epidemic
Dead Skin Mask
Snuff
Angel of Death
South of Heaven
Raining Blood
Enorme concert, donc, qui aurait pu et dû se produire dans une salle plus grande comme le Zénith. C'est la septième fois que je voyais Slayer, et ce concert était le troisième meilleur pour moi, du fait de l'ambiance, de la playlist et de la motivation du groupe

Quand ils veulent bien s'en donner la peine, ils peuvent encore tout atomiser sur leur passage
