Je sors quelque mitigé du Bataclan ce soir.
Des 4 concerts passés en compagnie du gang de Vancouver cette année, à plusieurs égards, c'était la moins bonne.
Qu'on ne se méprenne pas, le concert était très bien dans sa globalité, et j'avais systématiquement pris mon pied aux occasions précédentes, mais là une poignée d'ingrédients manquants a quelque peu terni la performance.
Par acquit de conscience, j'ai préféré débarquer peu avant la montée sur scène de FEAR FACTORY, ne souhaitant pas d'une part m'engager dans le parcours hors-piste des sentiers pratiqués par DAGOBA, trop sinueux pour moi ; et ayant d'autre part encore en travers de la gorge la défection de SYLOSIS de l'affiche.
Et si on ne pourra certainement pas imputer aux Californiens une avarice en énergie déployée, j'ai eu franchement du mal à entrer dans leur
set.
Ne connaissant le groupe que de réputation, je m'étais satisfait de les voir à l'affiche par avidité de satisfaire une curiosité enthousiaste, les ayant par rapport manqués au Download en Juin, où se produisaient également les édifices du D.T.P. .
La faute incombait avant tout à mon ressenti personnel dans la mesure où j'ai eu de grosses difficultés à appréhender leurs titres, trop répétitifs et peu variés à mon goût, quoi qu'également à la prestation de Burton C. Bell dont il a déjà été en effet remarqué qu'il est malheureusement complètement à côté de ses pompes dès qu'il s'agit d'embrayer sur le chant clair, là où ses phrasés gutturaux s'en sortent bien.
Cela étant, il m'a fallu attendre la seconde moitié de leur
set pour que l'ensemble prenne une toute autre tournure, le choix des morceaux aidant certainement, et que, de fait, j'accroche vraiment.
Et ce n'est pas moins que le dépoussiérage vivace d'un "
Martyr" exhumé de leur premier effort remontant à '2, "
Soul Of A New Machine", auquel succède aussitôt le peloton de tête circulant sur les 4 premières voies du concept album "
Demanufacture", qui pour le coup me donnera une sacrée pêche tout en clôturant leur grosse heure de jeu en beauté.
Toujours aussi barré, THE DEVIN TOWNSEND PROJECT se font attendre sous les effluves audio-visuelles déjantées de la Ziltoid T.V. qui diffuse, tour à tour, les satyres de diverses émissions télévisées ou de coupures de pub telles qu'exploitées à outrance aux États-Unis s'étendant par là même jusqu'au Canada également déjà visualisées sur l'ensemble de la tournée.
Devy déballera son lot habituel d'insanités tordantes, sa bonne humeur communicative et ses mimiques cabotines tandis que ses fidèles acolytes Brian, Dave et Jed assurent sans oublier pour autant leur part de présence scénique et de complicité.
L'exécution, comme toujours, est irréprochable, mais c'est surtout par la qualité sonore que le rendu global pêche tant il semble superficiel et lourdement écrasé par la suprématie des graves, la basse sortant comme seule belligérante victorieuse d'un mixage partial.
Ce qui est d'autant plus dommage que les guitares, la batterie et les vocalises du maître de cérémonie, lorsque décelables "à vide" de graves, semblaient tout à fait cristallines.
La pleine appréciation des
soli de six-cordes passait ainsi à la trappe pour les mêmes tristes raisons.
Les morceaux n'en demeuraient pas moins aisément reconnaissables, mais force est d'admettre que cette lacune difficilement passable sous ellipse entachait quelque peu la texture générale du concert, par ailleurs beaucoup trop bref, et j'en viens au deuxième et dernier reproche que je ferais au concert.
1h15 timide et toute tassée, quand bien même les deux groupes étaient plus ou moins partager l'affiche à titre d'hydre bicéphale équitable, ça fait un peu léger, sans compter que comme l'indiquait Devy lui-même, la discographie du jeune homme qui pète la forme mise à part, il y avait facilement de quoi puiser, et pas seulement pour le rappel.
Au moins doit-on reconnaître le mérite qu'a le groupe de faire tourner les
setlists d'une date à l'autre, ce soir nous réservant l'épique et dansant "
Bad Devil" issu de l'"
Infinity" de '98 en guise de finale endiablé.
À cet égard on soulignera d'ailleurs une ambiance très chaleureuse et réceptive dans le public, qui remuait, chantait et dansait à l'env
i, aussi bien pour FEAR FACTORY que T.D.T.P., la masse venue appréciant manifestement autant les co-têtes d'affiche.
En conclusion, un gueuleton de très bonne facture qui donnait malheureusement plutôt l'impression de déguster deux savoureux hors d’œuvre, à défaut d'un amuse-gueule consistant suivi d'un plat de résistance copieux.
Et malgré la proximité des deux dates, comme l'avait judicieusement remarqué Chevelu, ANNEKE n'est pas venue pousser la chansonnette, sans doute accaparée par des répétitions et autres préoccupations logistiques je présume.
FEAR FACTORY :
01) The Industrialist
02) Shock
03) Edgecrusher
04) Smasher / Devourer
05) Powershifter
06) Linchpin
07) Recharger
08) Martyr
09) Demanufacture
10) Self Bias Resistor
11) Zero Signal
12) Replica
THE DEVIN TOWNSEND PROJECT :
01) Supercrush!
02) Truth [Devin Townsend]
03) Om [Devin Townsend]
04) Planet Of The Apes
05) Where We Belong
06) Sunday Afternoon [The Devin Townsend Band]
07) Vampira [The Devin Townsend Band]
08) Lucky Animals
09) Juular
10) Grace
11) Deep Peace [Devin Townsend]
Rappel :
12) Bad Devil [Devin Townsend]