Donc le CR, longtemps après
Quand l'association toulousaine SPM avait annoncé en août dernier sur sa page Facebook que Hypocrisy se produirait à Toulouse au Saint des Seins, ça a déclenché de vives polémiques. Les die hard fans ne comprenaient pas qu'un tel groupe joue dans une salle aussi petite et pas du tout au niveau du talent et de la grandeur de Peter Tägtgren, et on a eu droit à de belles énormités du style "quand ils vont voir la salle, ils vont se barrer de suite" et d'autres conneries du genre. Mais bon, c'est Facebook, c'est le terrain de jeu idéal pour écrire n'importe quoi sans prendre le temps de réfléchir

Le fait que les Suédois jouent dans une petite salle n'a pourtant rien de choquant. Ce n'est ni la première fois pour eux, ni la dernière. La dernière fois que je les ai vus, qui commence d'ailleurs à remonter, c'était en 2006 à Paris et ils avaient fait la moitié de la Loco (donc 400 personnes à tout casser) alors qu'il y avait Soilwork en co-headlining. Sept ans ont passé, mais la renommée du groupe est à peu près la même qu'à l'époque donc il ne fallait pas s'attendre à les voir blinder une salle comme le Bikini. Par contre, des interrogations plus légitimes courraient sur la configuration de la salle. Le Saint des Seins est en effet un bar avant d'être une véritable salle de concert. Sa sonorisation n'est pas terrible, la scène est basse, la visibilité gâchée par de grosses poutres et vu le manque de fluidité pour entrer et sortir, on peut s'interroger sur la sécurité de la salle. Et on avait bien vu avec le concert d'Alestorm en mars dernier que le Saint des Seins blindé est limite irrespirable. D'une capacité maximale de 320 personnes (atteinte lors de ce fameux concert d'Alestorm) et d'une capacité raisonnable de 250, on pouvait quand même raisonnablement craindre que Hypocrisy le remplisse bien. Au final, avec beaucoup de gens qui se sont décidés au dernier moment, on en était à 220 entrées payantes, ce qui était parfait pour avoir un concert rentable et une grosse ambiance sans asphyxier. Il y aurait probablement eu plus de monde dans un autre lieu, mais il n'y a pas vraiment de salles intermédiaires sur Toulouse entre les petites capacités du Saint des Seins ou de la Dynamo (celle-ci ayant cependant une bien meilleure configuration) et les 1500-2000 personnes que peuvent contenir le Bikini ou le Phare. Si le concert avait eu lieu au Bikini, il y aurait peut-être eu cent personnes de plus mais ça aurait sonné bien creux... Là, c'était chaud bouillant

Et puis le Saint des Seins a un gros avantage : une proximité unique avec le public. Pour les fans, avoir Peter Tägtgren qui transpire à quelques centimètres en face de soi, c'est un fantasme qui devient réalité
Ce sont les Danois de
HATESPHERE qui ouvrent le bal. Je les avais vus deux fois à Paris, en 2003 en première partie de The Haunted et de Mastodon, et en 2005 avec Kreator et Dark Tranquillity, et les deux fois j'avais trouvé ça quelconque. Sur disque, je n'accroche pas des masses non plus. Du thrash/death mélodique tout ce qui a de plus classique, en fait, bien fait mais sans grand chose pour se détacher de la masse. Mais ils ont quand même un petit succès et, même s'ils ont le même public que Hypocrisy et qu'ils n'ont donc pas ramené un public plus large que ce qu'aurait fait le groupe de Peter Tägtgren tout seul, nombreux sont ceux qui sont venus pour les deux groupes. Comme je suis tout sauf fan, je ne me suis pas pressé et en entrant, en fait, je ne vois que les deux dernières chansons. Le temps de commander ma bière et de profiter de l'happy hour et c'était terminé. Mais quand même, ça avait l'air de bien déménager. Il y avait une belle ambiance et le groupe semblait bien apprécier la proximité du public qu'offre le Saint des Seins. Le chanteur se l'est en tout cas bien appropriée. Après, n'ayant vu que la fin, je ne pourrais pas dire grand chose de plus... Ah si: le son est énorme ! Il faut dire qu'ils bénéficient de l'ingé son de Hypocrisy (qui est également celui de Nightwish), qui a entièrement refait la sonorisation de la salle pendant l'après-midi, d'où un son quasi parfait comme jamais là-bas. Par contre, il a installé la console au milieu de la salle, ce qui fait assez bizarre, en plus de prendre de la place. Mais en tout cas, le rendu sonore est excellent

Petite remarque gratuite en passant, les mecs du Hellfest seraient bien avisés de recruter ce technicien pour sonoriser les Main Stages et les tentes
Comme il fait beau, on se fait l'entracte en terrasse, ce qui est toujours bien agréable place St-Pierre

Puis on se met du côté de la console, où il y a un peu d'espace, pour voir
HYPOCRISY investir les lieux. Le groupe arrive sur un bon "End of disclosure" qui met tout le monde d'accord. Les fumigènes et le gros light show sont là, le public est à fond et c'est la grosse ambiance dans la salle

Ca headbangue en choeur, ça pogote, on a droit à quelques circle pits...

Par contre, Peter n'a pas l'air très à son aise dans une telle proximité. La sécurité s'emploiera d'ailleurs à éviter que des fans montent sur scène (consignes données par le groupe aux organisateurs dans la journée...). A part une plaisanterie sur la forte chaleur qui règne dans la salle, il ne s'adressera d'ailleurs pas énormément au public. Il n'en demeure pas moins d'un grand charisme, et le groupe enchaîne les morceaux comme des perles... Mais ils sont froids ! Ce sont des pros, ils sont ultra-carrés, Horgh tape comme une mule sur sa batterie, mais question communicativité, on repassera. C'est quand même un peu surprenant de la part d'un groupe reconnu qui existe depuis plus de vingt ans et qui n'a pas fait que des Main Stages de gros festivals dans sa carrière (bien au contraire...) et dont les membres se sont également illustrés dans d'autres projets.
Musicalement, en tout cas, il n'y a pas grand chose à redire. C'est parfaitement interprété, sans temps morts, avec une play-list qui balaie un peu l'ensemble de la discographie très conséquente de Hypocrisy. Le seul reproche que je leur ferais (et que je fais également au groupe sur album), c'est d'alterner un peu trop systématiquement les morceaux bourrins et les chansons plus lentes. Mais ce sont des chansons que j'aime bien, donc je ne me plains pas

Et le public suit à fond, quels que soient le tempo et les époques des titres joués ! Si le groupe est plutôt froid, les fans sont chauds patate

Au final, les Suédois quittent la salle à 23h sur "The final chapter". Il faut dire qu'ils devaient terminer tôt: ils devaient prendre le tour bus dare dare car ils jouaient en Allemagne le lendemain ! La route a dû être un peu longue pour eux
Playlist de HYPOCRISY:
End of Disclosure
Tales Of Thy Spineless
Fractured Millennium
Left to Rot
The Eye
The Abyss
Valley Of The Damned
Fire In The Sky
Necronomicon
Buried
Elastic Inverted Visions
War-Path
Roswell 47
Adjusting The Sun
Eraser
The Final Chapter
Voilà donc une excellente soirée

Le Saint des Seins a ses défauts, mais voir des groupes comme Hypocrisy dans un cadre aussi intime, c'est quand même énorme. Et pour les vrais fans, ça n'a pas de prix (enfin si, 15€, ce qui est donné !). Dommage par contre que le groupe n'ait pas tout à fait été en phase avec un public à fond, et que de ce fait, ça donne l'impression que la prestation a manqué d'âme et que les morceaux ont été interprétés de manière certes professionnelle, mais un peu trop machinalement. Par contre des concerts dans cette configuration, j'en redemande

Il n'aurait pas fallu plus de monde, mais l'ambiance et la proximité font que des concerts dans cette salle peuvent être vraiment top
