Le CR de Toulouse quand même !
Ce concert de D-A-D a un caractère un peu historique pour la scène metal toulousaine, car c'est l'inauguration de la nouvelle salle d'une capacité de 600 personnes qui manquait tant à Toulouse jusqu'à présent. Car pour les gros groupes, on a ce qu'il faut avec le Bikini et le Phare, ou le Zénith pour les très grosses affiches, de même que pour les petits avec la Dynamo, le Saint des Seins et le Connexion pour les dates à moins de 400 personnes (qui sont quand même monnaie courante dans le metal). Mais il n'y avait jusqu'à présent aucune salle de capacité intermédiaire et on a souvent eu droit ces dernières années à des concerts dans des salles inadaptées et trop petites, ou dans un Bikini ou un Phare sonnant bien vide. Avec le Metronum, la ville rose est maintenant équipée pour tous les types de concerts

On peut donc espérer que ça va attirer encore plus de groupes par ici entre l'Allemagne et l'Espagne
Et puis D-A-D, c'est quand même assez culte comme groupe ! Les Danois fêtent leurs trente ans d'existence avec un double best of sorti récemment chez AFM dont ils font la promo avec cette tournée, qui compte d'ailleurs quatre dates en France. Bref, ça fait une soirée très prometteuse... Encore faudrait-il qu'elle ait une promo digne de ce nom

Parce que bon, on en a parlé sur le forum, on l'a annoncé dans l'agenda concerts de Metal Nemesis (mais on n'a pas des milliers d'auditeurs non plus), c'était annoncé sur le site du groupe,sur le webzine rockmeeting.com et je crois que c'est à peu près tout. Le Metronum vient d'ouvrir et n'a pas encore de site officiel (juste une page Facebook) et jusqu'à la veille, je n'ai pas su qui organisait ce concert. Je n'ai pas vu non plus d'affiches de la date en ville. Bref, cette première date d'inauguration de la nouvelle salle s'annonçait comme un four monumental... Et en fait pas tant que ça ! Avec 200 personnes présentes, un tiers de la salle était rempli et vu la configuration, ça ne faisait pas vide. Les gens présents étant essentiellement des fans, il y a donc eu une belle ambiance.
Un petit mot sur la salle en elle-même, puisqu'elle est étrennée pour l'occasion. Je l'avais visitée à l'occasion des journées portes ouvertes lors de son ouverture fin janvier, et elle m'avait fait une très belle impression. Il me tardait d'y voir un concert. Le Metronum est très bien conçu. Déjà, en termes d'accessibilité, difficile de faire mieux : la salle est au pied d'une station de métro (d'où le nom), terminus de la ligne B juste à proximité de la rocade, avec en prime un immense parking. Extérieurement, c'est un gros bloc de béton avec un écran géant qui diffuse les prochaines affiches. A l'intérieur, il y a un patio très agréable, et une salle à l'acoustique parfaite. Elle a également des marches larges pour permettre une bonne visibilité aux petits gabarits, une grande scène, un bar où la bière n'est que de la Kro mais où ils servent du tariquet (dont le Fab aura usé et abusé, d'autant qu'il habite juste de l'autre côté de la rocade

)

La mairie de Toulouse, qui est en propriétaire, a fait appel aux mêmes architectes et aux mêmes techniciens du son que pour le Bikini, qui est objectivement l'une des meilleures salles de France. Bref, c'est une excellente salle où l'on se sent bien et où les groupes se produisent dans les meilleures conditions

Le Connexion, une salle pas terrible mais qui était la seule de Toulouse parmi les petites à pouvoir accueillir plus de 350 personnes, risque d'être sérieusement ringardisé
Encore un mot sur leur politique des prix. A 16€ maximum, il y avait aussi des tarifs pour les étudiants (11€) et pour les chômeurs (8€). Et finalement, dans la journée, le service culture de la mairie de Toulouse a demandé à ce que tout passe à 8€ et que les gens qui avaient pris des billets à des tarifs plus élevés se fassent rembourser la différence

Une volonté de la nouvelle municipalité de droite pour rassurer les gens par rapport à la politique culturelle ? En tout cas, à l'heure où les tarifs des concerts connaissent une inflation assez lourde, ce genre d'initiative est la bienvenue
La première partie est assurée par les Barcelonais de
'77, qui jouent juste au moment où le Barça est en train de se faire éliminer de la Ligue des Champions par l'Atlético Madrid

A l'origine, ce groupe était l'un des nombreux tribute bands espagnols à AC/DC, spécialisés dans la période Bon Scott. Et puis ils se sont mis à écrire des compos originales et ont sorti deux albums. Enfin compos originales... L'originalité n'est clairement pas la caractéristique principale de '77. Non seulement ils sonnent comme du AC/DC, mais en plus, tous leurs morceaux se ressemblent. Déjà qu'AC/DC n'est pas le groupe le plus varié qui soit à la base... Mais là, j'ai l'impression que tous les morceaux qu'ils ont joué ce soir sont des déclinaisons de "High voltage". J'aime beaucoup cette chanson, mais pendant cinquante minutes, ça fait beaucoup

En comparaison, Airbourne est un groupe varié et originale: eux aussi sont des clones d'AC/DC, mais au moins ils s'inspirent de toutes les périodes de leurs compatriotes australiens, alors que chez '77 ça s'arrête à la mort de Bon Scott
Mais à défaut d'être inspirés, ce sont de bons musiciens qui en veulent, et le chanteur est bon aussi malgré un accent espagnol parfois un peu prononcé. Le batteur n'a pas trop de place sur la scène, celle-ci étant prise par l'impressionnant kit de D-A-D installé en fond, mais il se débrouille comme il peut. Et le groupe se donne bien, avec une bonne communication avec le public, tout le monde bouge et le guitariste s'est même essayé à un tour de la salle avec sa gratte pendant un solo

C'est wok'n'woll mais ça ne suffit pas complètement à masquer le manque d'originalité. Leur musique est décidément trop linéaire pour que je rentre dans le concert, malgré toute la bonne volonté du groupe... C'est une bonne première partie mais ça n'ira jamais plus loin s'ils ne font pas des morceaux plus personnels. Par contre, ils ont joué dans de superbes conditions, avec un son et un lightshow dignes d'une tête d'affiche à gros moyens

C'est là qu'on voit qu'une bonne salle peut vraiment apporter une valeur ajoutée à un concert.
Une pause relativement longue s'ensuit, qui permet de bien profiter du patio du Metronum en ce début de printemps. Puis on se met aux choses sérieuses avec la tête d'affiche de la soirée.
D-A-D n'a peut-être pas beaucoup de fans en France, mais les Danois vont s'employer à leur faire plaisir. Déjà, le simple fait qu'ils viennent... Le groupe n'a jamais cartonné chez nous mais ne s'y est jamais attardé non plus. Là, ils font quand même quatre dates ! Pour ma part, je les avais vus à deux reprises en festival, et plus précisément à Wacken : en 2009, ils avaient joué de jour, j'avais trouvé ça sympa sans plus ; et en 2012, c'était énorme, du grand spectacle avec gros lightshow, pyros et un public à fond. C'est là que je me suis mis à réellement aimer le groupe. Donc leur retour en live à Toulouse me faisait particulièrement envie, surtout que je connais mieux leur discographie maintenant. En plus, c'est l'occasion aussi de les voir en salle, dans une atmosphère un peu plus intime qu'un Wacken... Et tout ça en prime dans une nouvelle salle excellente !
Après un instrumental de quelques minutes en intro, le groupe attaque sur un "Jihad" au refrain repris en choeur par le public

. Le bassiste Stig Pedersen est toujours au top, avec un magnifique perfecto en vinyle avec des trous sous les aisselles

Et puis surtout, il change de basses comme de chaussettes (plus même, puisqu'il ne se déchausse pas sur scène

): la basse transparente bleue à deux cordes, celle en forme de fusée, en forme de manche de guitare... Et quel que soit le modèle, il assure comme un chef

A la guitare, Jacob Binzer est très classe avec son chapeau melon

Et comme frontman, son frère Jesper est excellent et très communicatif. J'avais remarqué qu'il parlait très bien allemand quand je l'avais vu à Wacken s'adresser au public dans la langue de Goethe. Il sait aussi le faire en français. Sans qu'il soit bilingue, il fait en tout cas de bons efforts pour dire autre chose que "salut" "ça va" et "merci", et il arrive même à faire des plaisanteries dans notre langue. En tout cas ces mecs qui ont passé la cinquantaine montrent une nouvelle fois que c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes, et ils peuvent en remontrer à la plupart des jeunes groupes actuels en terme de plaisir de jouer communicatif, de tenue de scène et de maîtrise instrumentale
Comme pour la première partie, les conditions de jeu sont au top, sauf qu'en prime le groupe bénéficie des moyens d'une tête d'affiche, donc la scène entière, ce qui lui permet d'exploiter à fond son magnifique kit de batterie (mais quand même pas autant qu'au Wacken 2012 où là, la batterie s'était surélevée et inclinée en mode Tommy Lee). Comme c'est la tournée des trente ans du groupe, on a droit à une excellente playlist best of. Les onze albums du groupe ne sont peut-être pas tous représentés, mais une bonne partie tout de même. Et puis des titres comme "Bad craziness", "Monster philosophy", "Evil twin" ou "I want what she's got" sont de véritables hymnes imparables, sans oublier bien sûr l'inévitable "Sleeping my day away"

Le groupe finira sur la mélancolique "Laugh'n' a ½" et "It's after dark" (qui est d'ailleurs devenu depuis 2009 le générique de fin de Wacken), après avoir fait l'unanimité des 200 personnes dans la salle
Playlist de D-A-D :
Instrumental (Rin Tin Tin)
Jihad
Evil Twin
Overmuch
Jackie O'
Point of View
Grow or Pay
Reconstrucdead
Monster Philosophy
Everything Glows
I Want What She's Got
Sleeping My Day Away
Bad Craziness
I Won't Cut My Hair
Laugh 'n' a ½
It's After Dark
Voilà un excellent premier concert dans cette nouvelle salle. Pour ce premier concert de metal, le Metronum a bien tenu ses promesses... et D-A-D aussi ! On aurait quand même aimé avoir un peu plus de monde, le groupe le méritait d'autant plus que les tarifs étaient vraiment attractifs. Vivement la suite en tout cas
