Deuxième partie
La nuit a été assez difficile. Froide, venteuse, humide avec une grosse pluie dont le bruit est bien amplifié sous la toile de tente. Le réveil n'est pas génial non plus : la pluie ne s'arrête pas. On est donc bloqués

Au bout d'un moment quand même on sort la tête dehors, personne n'a trop le moral. Autant quand il y a la canicule, on peut se protéger du soleil et se mouiller pour se rafraîchir (certes ça dépend aussi du degré de résistance à la chaleur de chacun, très variable d'une personne à l'autre) et ça n'empêche pas de bouger. Là, on ne peut juste rien faire. On se parle donc d'une tente à l'autre, certains se réfugient dans des voitures... La tente de Talasquin n'a d'ailleurs pas survécu à la nuit et son duvet, sans être irrécupérable, a morflé aussi. Il nous restait heureusement de la place dans la tente pour l'accueillir pour les nuits suivantes et pour stocker ses affaires qui n'ont pas été inondées. Puis la pluie se calme (sans aller jusqu'à s'arrêter), de manière à ce qu'on puisse sortir et même monter une tonnelle. Nous faisons donc connaissance avec nos voisins franc-comtois, des potes à Psyko Killer bien sympas dont l'émission de radio sur Besançon, la Colère du Peuple, est très proche de Metal Nemesis dans l'esprit

Du coup le moral remonte un peu... Mais Wacken de meeeerde quand même pour l'instant ! D'habitude à Wacken le jeudi matin, c'est tranquille : on se ballade dans le village, on fait les courses au supermarché, on se pose... Vu les conditions, ce ne sera pas possible cette année. Marcher jusqu'au village avec un terrain dévasté alors même que la pluie n'avait pas cessé, c'est tout simplement inimaginable. J'avais envie aussi d'aller voir
IMPUREZA, les représentants français au Metal Battle qui jouaient le matin mais ça n'est pas concevable. C'est dommage, leur brutal death latino chanté en partie en espagnol est assez original. Ils auraient mérité une meilleure exposition.
Toute la matinée et une partie de l'après-midi se dérouleront donc au camping. La pluie finit par s'arrêter un peu avant 14h, donc un peu plus tard que ce qui était annoncé initialement à la météo. A partir de là, le temps s'améliorera crescendo, et, à part quelques averses sporadiques de temps en temps qui n'ont pas vraiment gêné, il ne pleuvra pratiquement plus. Mais le mal était fait. L'arrêt de la pluie est un progrès notable, mais quand des dizaines d'hectares on été ravagés, piétinés, labourés et inondés, la boue reste toujours insupportable.
Une fois prêts à partir, en milieu d'après-midi, direction la navette qui va nous amener sur le site ! Car depuis 2012 il faut prendre la navette quand on est en VIP. Le camping est plus loin (l'ancien emplacement accolé au site étant dédié au cattering et à la technique), les allées que nous avions empruntées à pied la veille sont réservées aux voitures et aux tracteurs (ils pourraient quand même aménager un espace pour qu'on puisse passer à pied sur les côtés

) et cette fois la Sicherheit ne nous laisse pas passer. Donc on ira au site en navette, comme au Bang Your Head quand on campe en hauteur. En principe la navette dépose à l'espace VIP, qui est juste à l'entrée du site. Sauf que là, pour des raisons de sécurité, c'est complètement inaccessible. C'est le samedi, quand le terrain sera en meilleur état, que nous comprendrons pourquoi. En attendant, on ne comprend pas et c'est une galère de plus donc on n'est pas contents

Le bus contourne complètement le festival, traverse le village (ce qui nous permet d'admirer les animations et les Biergärten improvisés dans les jardins des gens, c'est toujours énorme de voir à quel point la population de ce petit village de moins de 2000 habitants est à l'unisson derrière le festival

) et nous dépose... à l'entrée du camping (non VIP), qu'il faut donc traverser

Et c'est reparti pour une longue marche dans la boue ! On en a pour plus de 500 mètres, qui vont paraître plusieurs kilomètres. Car la boue est deux fois plus épaisse, puisqu'il y a beaucoup plus de gens dans ce camping qui ont piétiné le sol, sans compter que tous ceux qui entrent ou sortent doivent passer par là aussi. Et en plus, ce n'est pas plat ! Bref, la galère intégrale

C'est donc un parcours du combattant en mode zombie walk... Après avoir traversé un espace médiéval (le Wackinger) dans un piteux état et sur lequel, malgré tout, des groupes de folk jouaient toujours, nous arrivons à Wacken Plaza, la place centrale (enfin là c'est un océan marron...) entre l'entrée du site, le Biergarten, les stands divers et variés (nous y jetons rapidement un oeil, mais on s'y attardera mieux les jours suivants) et le chapiteau. Et nous y trouvons l'espace VIP, auquel nous accédons par une passerelle masquée par un immense crâne de vache. Et ça fait du bien de s'asseoir, en plus à l'abri

! Ca changé depuis la dernière fois en tout cas, et en bien. On y trouve un grand choix de boissons et de plats, on y est servi rapidement et en plus peut y payer par carte bancaire. La déco est top et ça tend à s'émanciper de l'influence du Hellfest, chez qui ils avaient tout calqué depuis cinq ans à ce niveau-là. Cerise sur le gâteau, un stand Jägermeister distribue plein de goodies, notamment de magnifiques ponchos jäger oranges

Là où le carré VIP s'est amélioré aussi, c'est pour l'ambiance. Dans la journée ça a toujours été tranquille et convivial, mais le soir c'était le grand cirque de la jet-set du metal, où apparaissaient des filles courtement vêtues et très tactiles dès que des artistes commençaient à se montrer. Mais rien de tout ça cette année : ni groupies, ni pétasses le soir, juste plus de monde. On avait plus l'impression d'être dans un bon bar metal qu'au carnaval des pseudo-stars. Ca avait un côté amusant à observer, mais c'est pas plus mal de faire sans.
Pendant qu'on se reposait,
SKYLINE jouait sur la True Metal Stage. C'est la tradition depuis 2009 et l'édition des 20 ans du festival : ce groupe, dont le chanteur est Thomas Jensen, l'organisateur, ouvre le bal sur les grandes scènes le jeudi après-midi. C'est un tribute band qui avait participé à la toute première édition du festival en 1990. Et comme la plupart des tribute bands (pas tous, comme Rock Meets Classic nous le montrera deux jours plus tard), c'est profondément inutile ! Pas désagréable pour autant, les reprises sont plutôt bien faites et il y a toujours quelques guests sympas comme Doro, mais ça n'apporte pas grand chose. Je préfèrerais largement que ce soit un vrai groupe qui ouvre les hostilités...
On va par contre sur le site (dans un sale état malgré tous les copeaux de bois qui y ont été posés) pour voir
U.D.O. , y compris Talasquin, grand fan du nain hurleur devant l'éternel... Ou pas

Je l'ai vu un certain nombre de fois (c'est la neuvième), sans compter que j'ai pu voir Accept aussi quelques fois depuis leur reformation, donc ce n'est pas vraiment de l'inédit. Mais là, il faisait un concert spécial avec les choeurs de l'armée allemande. Il y avait un peu la curiosité de le voir dans cette configuration. Sans être emballé outre mesure à cette idée, car le heavy teuton ultra-basique du père Dirkschneider ne se prête pas trop aux orchestrations symphoniques, a priori. Contrairement à un certain nombre de morceaux d'Accept, d'ailleurs, car Wolf Hofmann est très influencé par la musique classique. Mais là, Udo interprètera peu de morceaux de son ancien groupe : juste "Metal heart" et "Princess of the dawn" expédiés à la fin ! Et ça rendait d'ailleurs plutôt pas mal. Par contre, le reste... C'est bien qu'il joue plus de chansons à lui, en soi. ça fait vingt ans qu'il n'est plus dans Accept (si l'on excepte la parenthèse de la reformation ponctuelle de 2005) et il a même sorti plus d'albums avec son groupe solo. Il n'a pas fait que du bon, loin de là, mais il a aussi quelques bons tubes à son actif qui méritent d'être défendus sur scène. Les "Animal house", "Independance day", "Heart of gold" ou "Man and machine" qu'il a jouées là sont largement au niveau des standards d'Accept. Sauf qu'en version symphonique, ça ne donne rien

D'ailleurs, on le voit bien sur l'écran géant aux mines que font les musiciens de l'orchestre : eux-mêmes ne semblent pas convaincus ! Certains ont l'air de bien s'amuser d'être là vu leurs mines ravies, d'autres ont l'air de s'emmerder comme des rats morts en se demandant ce qu'ils font là
L'intérêt de mélanger metal et classique, c'est que quand ça fonctionne, l'orchestre donne un surcroît de puissance à la musique du groupe. Wacken offrant aux groupes qui y jouent des moyens énormes pour faire des concerts uniques, on y a eu quelques exemples ici. Par exemple, le concert de Dimmu Borgir au Wacken 2012 était fabuleux

Même chose pour celui de Rage en 2007. Sans oublier ceux de Corvus Corax et d'Apocalyptica, dont la musique se prête naturellement à cet exercice. Mais il y avait aussi eu un gros flop en 2004 (oui je sais, cet exemple remonte !) avec Doro, même si la Metal Queen en avait fait un DVD live... C'était quand même bien mauvais ! Pour U.D.O., c'est un peu la même chose que pour Doro : leurs morceaux ne sont pas faites pour être en version symphonique. Trop basiques, pas assez recherchées ni travaillées, ces chansons sont efficaces du fait de leur immédiateté. L'orchestre les ralentit et les alourdit et au final, ça ne donne rien. En fait non seulement c'est kitsch (mais ce n'est pas ça le vrai problème, car Udo EST kitsch à la base

) mais surtout c'est nian-nian... Pourtant ça joue bien. Le groupe est carré, l'orchestre est bien calé dessus mais le rendu n'est pas bon.
En plus le choix des titres est assez discutable. Outre les quelques tubes que j'ai cités plus haut, Udo va jouer des chansons pas vraiment transcendantes et loin d'être indispensables. Deux morceaux sortent du lot quand même : "Cut me out", titre semi-acoustique bien sautillant, et l'excellent et ultra-festif "Trainride in Russia" pour faire le kazatschock dans la boue

Mais on ne peut pas dire que ces interludes fun soient très représentatifs de la carrière d'Udo. Je veux dire, c'est sympa mais ce n'est pas pour ça qu'on va le voir a priori. Et ses morceaux plus traditionnels ne passent pas l'épreuve symphonique

Ca aurait pu être très bien, c'est plutôt un pétard mouillé. En plus une heure et demie, ça fait un peu long. On a largement le temps de se frayer un chemin dans la boue pour aller se prendre des bières ou du wikinger blut ! Ca ne l'a pas fait, mais au final, ça ne surprend personne non plus. Au moins ils auront essayé...
Playlist de U.D.O. :
Star Wars Theme
Das Boot (Klaus Doldinger cover)
Animal House
Future Land
Independence Day
Heart of Gold
Man and Machine
Faceless World
Book of Faith
Cut Me Out
Stillness of Time
Trainride in Russia (Poezd Po Rossii)
King of Mean
Metal Heart
Princess of the Dawn
La suite va être meilleure puisque c'est
IN EXTREMO qui investit les lieux. Je vais me retrouver un peu seul pour les voir, en principe pour du folk metal chanté en allemand, je n'ai pas grand monde avec moi pour m'accompagner

Par contre, j'ai plein de Teutons autour ! Les Allemands adorent ce genre de musique, en général, et In Extremo jouit d'une grosse cote de popularité dans son pays. J'avais été un peu déçu la dernière fois que je les avais vus, ici-même en 2012, car leur prestation était beaucoup moins folk qu'avant et ils se donnaient des airs de sous-Rammstein qui ne leur allaient pas trop. Mais depuis, ils ont rectifié le tir en sortant "Kunstraub", un album bien sympa et largement meilleur que le "Sterneneisen" moyen dont le groupe faisait alors la promo. Et surtout les troubadours fêtent leurs vingt ans cette année. On pouvait donc s'attendre à une bonne playlist best of et peut-être à du grand spectacle. Sur ce dernier point, pas plus que ça : pas de gros show médiéval avec jongleurs et cracheurs de feu. Mais un groupe au taquet, heureux d'être là, qui va redonner du baume au moral après ce début de festival désastreux. Le public était amorphe pendant Udo mais se réveille un peu pour In Extremo. J'ai déjà connu des ambiances plus folles, mais quand on a usé toutes ses forces à marcher des kilomètres avec les pieds qui s'enfoncent dans vingt centimètres de gadoue, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait de folles farandoles après... et malgré tout, il y a de la participation de la part du public. Le chanteur est très communicatif et interagit beaucoup avec le public. Ca chante bien, ça tape des mains et certains s'essaient même à des farandoles malgré l'état du sol ! Un peu toutes les périodes du groupe sont représentées, avec des morceaux festifs et accrocheurs à souhait comme "Frei zu sein", "Spielmannflucht", "Ai vis lo lop" (morceau aux paroles en occitan que le chanteur demande au public de reprendre en faisant "lalalala"

), "Vollmond", "Mein rasend herz"... Dans les hits du groupe, seuls manquent vraiment à l'appel "Herr Mannelig" et "Villman og Magnhild". C'est donc une heure et quart bien sympa que fond passer les Teutons, et qui fait du bien au moral

D'autant plus que le soleil commence à pointer son nez !
Playlist d'IN EXTREMO :
Frei zu sein
Zigeunerskat
Erdbeermund
Himmel und Hölle
Vollmond
Feuertaufe
Spielmannsfluch
Omnia Sol Temperat
Liam
Nur ihr allein
Unsichtbar
Sängerkrieg
Ai Vis Lo Lop
Küss mich
Rasend Herz
S'ensuivra une pause assez longue avec les copains en VIP. Je voulais voir
DARK TRANQUILLITY, qui est l'un de mes groupes préférés, mais avec la perspective de les revoir une semaine plus tard au Sylak Open Air, j'ai passé le tour. Je n'aurais pas cru que je zapperais l'un de mes groupes préférés à Wacken, d'autant qu'ils avaient droit à une heure et quart de temps de jeu suite à une annulation non remplacée. Mais c'était à la Headbangers Stage, sous le chapiteau, et la perspective de traverser la mer de gadoue m'a incité à rester à une place assise bien confortable pour manger, boire, m'y reposer, discuter... Avoir un accès VIP a un côté traître quand même

Il y avait aussi la possibilité d'aller voir
ROB ZOMBIE sur la True Metal Stage... Mais non merci ! Ayant déjà subi ça au Hellfest 2011, où j'avais perdu une demii-heure de ma vie (et c'est déjà bien que j'aie tenu tout ce temps !), je ne tenais pas à renouveler l'expérience. A la limite, on aurait été dans des conditions normales, ça n'aurait rien coûté d'aller jeter un oeil pour voir si la prestation catastrophique du Hellfest d'il y a quatre ans était accidentelle, mais les déplacements dans la boue demandent trop d'efforts, que je ne suis pas du tout disposé à faire et certainement pas pour Rob Zombie

J'aurais été un gros fan d'indus, j'aurais fait le concert de Rob Zombie, que j'aurais accolé à ceux de
NOCTIFERIA (groupe slovène qui jouait juste avant) et de
COMBICHRIST (groupe norvégien qui s'était fait connaître en ouvrant pour Rammstein en 2013, et qui jouait juste après Rob Zombie). Mais n'appréciant le style que de temps à autre, je ne verrai aucun des trois groupes !
Il y avait mieux à faire de toute façon : se reposer, boire, manger, faire le plein d'énergie pour voir LE concert événement de ce festival... et de l'année... et de la décennie... et même du millénaire

La présence pour la première fois du
TRANSSIBERIAN ORCHESTRA à un festival open air européen et surtout le retour de
SAVATAGE sont la principale raison de mon retour à Wacken cette année. Quand j'avais appris ça au moment de l'annonce des premiers groupes à l'issue de l'édition 2014, j'ai sauté au plafond ! Jon Oliva qui disait à longueur d'interview que Savatage c'était fini, que ça lui rappelait trop la mort de son frère, que le TSO lui prenait tout son temps... Eh bien finalement on a droit au retour du Tage avec en prime la présence de TSO à l'affiche

Un voile de mystère avait soigneusement entouré l'événement. Il était d'abord annoncé que le Transsiberian Orchestra clôturerait le festival. Puis lorsque le running order prévisionnel a été dévoilé en avril, Savatage et TSO étaient programmés en même temps sur les deux Main Stages, pour deux heures et quart chacun... Et bien entendu, les organisateurs n'ont pas trop communiqué, histoire d'entretenir les interrogations. Une semaine avant l'événement, ils ont annoncé dans un communiqué que ce n'était pas une erreur de voir les deux groupes annoncés en même temps sur la True Metal Stage et la Black Stage, qu'il y aurait quelque chose de spécial et que ce serait quelque chose d'unique dans l'histoire de la musique, rien de moins ! On aurait presque pu croire que le communiqué avait été écrit par Joey de Maio

Les promesses seront en tout cas tenues au delà des espérances
Avec Spoon, Talasquin, Alex, Lily, Psyko Killer et Léti, nous allons nous placer dans l'axe, à une vingtaine de mètres des scènes. C'était surtout un endroit stratégique pour ne pas avoir à faire le va et vient d'une scène à l'autre, croyant que les groupes allaient s'alterner. Mais en fait, c'était l'endroit idéal pour tout voir, tout simplement. Car Savatage et le Transsiberian Orchestra ne vont pas jouer l'un après l'autre mais... simultanément sur les deux scènes
La nuit est tombée. Les lumières s'allument, le crâne de vache qui surplombe les deux main stages s'enflamme (ce qui réchauffe un peu l'air !) et "The ocean" résonne en intro. Des écrans géants sont installés au fond des scènes histoire qu'on en ait plein les mirettes. Sur la Black Stage, apparaissent des guitares ornées de rosiers, comme sur la pochette de l'album "Gutter ballet". Puis les projecteurs se braquent sur Jon Oliva, les premiers arpèges de piano de "Gutter ballet" (la chanson) retentissent, et c'est parti pour deux heures vingt d'orgasme tellurique

Savatage enchaîne sur une vieillerie avec "24 hours ago", toujours chantée par un Oliva en forme olympique. Il est très en voix, le sourire aux lèvres, et il a dû perdre une trentaine de kilos depuis la dernière fois que je l'ai vu (en 2007 en Belgique, au Pestpop, avec Jon Oliva's Pain : c'était excellent mais on sentait que le moindre geste lui coûtait). Ensuite Zack Stevens vient prendre le micro pour un "Edge of thorns" de haute volée, éclaboussant le festival de toute sa classe. On se doutait que ce serait lui au chant, mais sans jamais en avoir eu la confirmation officielle. Maintenant on l'a ! ça fait un sacré contraste de voir Zack ici en tête d'affiche alors que la dernière fois que je l'avais vu, il jouait à Toulouse dans un Saint des Seins quasiment vide avec Circle II Circle. Et il se montre aussi à l'aise devant 80 000 personnes que devant 60. Et vocalement, il est toujours topissime

Lui et Oliva vont se partager le chant pendant ce premier tiers du set, qui est du Savatage classique sublimé par un light show énormissime (l'un des meilleurs que j'ai pu voir à ce jour) et un son d'une perfection absolue, où chaque petit détail se distingue. Au bout de trois quarts d'heure, Savatage joue "Hall of the Mountain King", en ayant la bonne idée d'en diffuser d'autres images que le clip bien ridicule qu'ils en avaient fait à l'époque

Traditionnellement, que ce soit avec le Tage ou Jon Oliva's Pain, c'est le morceau final. Là, c'est le morceau qui conclut le Savatage ordinaire (si on peut dire que c'est ordinaire vu l'événement et l'immense qualité de la prestation), avant de passer encore dans une autre dimension. Après une courte pause, on bascule à droite sur la True Metal Stage pour trois quarts d'heure de pur Transsiberian Orchestra, avec en gros les musiciens de Savatage, des chanteurs exceptionnels comme Jeff Scott Soto, Russell Allen, Andrew Ross ou la chanteuse top model Kayla Reeves, et en tout une quarantaine de musiciens et choristes pour un énorme show mélangeant hard rock, chansons de noël et musique classique. C'est moins bien que Savatage musicalement, mais visuellement c'est énormissime. Les chorégraphies, les pyros, le light show, c'est absolument grandiose

C'est pro jusqu'au bout des ongles, parfaitement huilé et avec toujours un son puissant et cristallin à la fois. Ca commence avec un nouveau morceau de l'album de TSO qui va sortir cet automne et ça s'enchaîne en beauté. "The hourglass" de Savatage est chantée avec un duo Andrew Ross / Zack Stevens qui vaut son pesant de cacahuètes. Je ne connais pas bien le reste, à part les reprises de morceaux classiques qui font toujours un bel effet, mais c'est bon et surtout c'est un énorme spectacle. Mais c'est à partir de 23h que les choses sérieuses vont commencer pour quelque chose de vraiment unique, avec deux groupes qui jouent simultanément sur deux grandes scènes

Les 125 mètres cumulés de la Black Stage et de la True Metal Stage sont occupés par les deux groupes : Savatage à gauche, TSO à droite, pour jouer ensemble essentiellement sur des chefs d'oeuvre du Tage

Il n'y a en effet pas d'autre mot pour qualifier "Morphine child", "Believe" et "Chance", magnifiques morceaux provoquant des frissons, de la joie et des larmes d'émotion. Surtout dans de telles versions. Zack Stevens qui donne le change à Jeff Scott Soto ou Russell Allen, Al Pitrelli et Chris Caffery à l'ensemble des musiciens du TSO, un batteur sur chaque scène... Ils font ça à l'aveugle, puisqu'ils sont sur des scènes séparées et ne se voient donc pas. Et le tout parfaitement synchronisé aussi bien visuellement que musicalement. Il n'y a pas eu UN SEUL pain, pas la moindre fausse note, même pas un larsen ni une saturation. Tout était absolument PARFAIT

Le festival, Jon Oliva, Al Pitrelli et Paul O'Neill ont mis les moyens pour faire vivre une expérience unique. La préparation du show a coûté plusieurs centaines de milliers d'euros. Le résultat a été au delà des espérances.
C'est difficile de décrire tout ça avec des mots, en fait. Même en connaissant bien les groupes et les artistes qui ont participé au projet, et les chansons jouées. Niveau qualité et niveau émotions, c'était une claque absolument énorme. Un concert sans défaut et génialissime, l'un des meilleurs de ma vie

Rien que pour ça, et même si ça s'est gagné chèrement, ça valait le coup d'affronter la pluie, le froid et la boue

Je comprends tout à fait qu'on n'aime pas Wacken, mais il n'y a pratiquement qu'à ce festival que des groupes peuvent jouer dans des conditions aussi exceptionnelles.
Playlist de SAVATAGE / TRANSSIBERIAN ORCHESTRA :
The Ocean
Gutter Ballet
24 Hours Ago
Edge of Thorns
Jesus Saves
The Storm
Dead Winter Dead
Hall of the Mountain King
Madness of Men
Another Way You Can Die
Night Conceives
Toccata - Carpimus Noctem
The Hourglass
Beethoven
Prometheus
A Last Illusion
The Mountain
Carmina Burana
Turns to Me
Another Way
Piano Solo
Mozart and Memories
Morphine Child
King Rurick
Believe
Chance
Christmas Eve (Sarajevo 12/24)
Requiem (The Fifth)
Après une claque pareille, la terre peut s'arrêter de tourner. Il y a bien le nouveau groupe de Paul Di'Anno,
ARCHITECTS OF CHAOZ, qui se produit sur la Wet Stage. J'aime bien l'album, mais voir Paul Di'Anno après un concert grandiose aurait fait un retour sur terre un peu rude

Alex et Talasquin ont quand même eu le courage d'y faire un tour pendant un petit quart d'heure... Ensuite on va se poser en VIP pour nous remettre de nos émotions, puis retour au camping dans le froid, fatigués mais heureux et la tête pleine d'étoiles
