CR du concert le 28 octobre à Pampelune.
Michael Schenker est un génie de la guitare, tout le monde s'accorde là dessus. 45 ans de carrière, avec un paquet de chefs d'œuvre, et le Schenk' tourne encore, avec différentes formations selon les tournées. Vu en 2012 pour la 1ère fois, avec Doogie White au chant et 2 anciens SCORPIONS pour une set list SCORPIONS/UFO/early MSG parfaite, puis en 2016 pour un fabuleux concert à Barcelone avec Gary Barden et des musiciens de la grande époque du début des années 80, Ce soir, c’est une tournée encore différente, mais on se rapproche des dates de 2016, avec le même groupe auquel s'ajoutent les 2 autres chanteurs de MSG des années 80, soit Graham Bonnet et Robin Mc Auley. Avec donc en plus Chris Glen et Ted Mc Kenna, anciens compagnons d'armes chez le groupe sensationnel d'Alex Harvey (et aussi chez Rory Gallagher pour Mc Kenna), et un inconnu Steve Mann, qui joue le rôle du Paul Raymond du 21ème siècle.
Direction Burlada, en banlieue de Pampelune, et la belle salle Casa de Cultura, avec gradins modulables, et les rangées de siège de la fosse qui peuvent se ranger sous les gradins fixes du balcon, ce qui sera bien sur le cas ce soir. La scène est un peu basse à mon goût (étant petit, je préfère les scènes plus hautes

), et Schenker jouant souvent penché sur sa flying V, la visibilité est parfois limitée.
Mais place au concert. La salle est pleine, avec un public assez âgé, et connaisseur de la carrière de l’ange blond. Après un court instrumental inédit, très beau et délicat, Gary Barden présente les musiciens et le groupe enchaîne sur un autre instrumental (et ce ne sera pas le dernier !), le classique Into The Arena. C’est donc la première des quatre parties du concert, avec Gary Barden au chant, qui va résumer les albums entre 1980 et 1984 (sauf la parenthèse de 1982, ça sera la partie suivante), la meilleure époque pour beaucoup, avec les plus grands classiques du groupe, ceux qui connaissent le mythique One Night At Budokan savent de quoi je parle.
Dès Into The Arena, le ton est donné, Schenker est déjà éblouissant de classe, tout le monde est sur le cul dès la fin du 1er titre … Barden revient après son apparition initiale de présentation, pour une grosse demie-heure de morceaux d’anthologie (Let Sleeping Dogs Lie, Victim Of Illusion, Cry For The Nations, Attack Of The Mad Axeman et Armed And Ready). Il ne manquait que On And On et Rock My Nights Away pour que ce soit complet, mais on les a eu l’an dernier à Barcelone, on ne peut pas se plaindre.
Le groupe est très au point, et ce qui se dégage de suite est le plaisir que les musiciens prennent sur scène, les sourires barrent les visages tout du long. Les refrains sont repris en choeur par un public ultra enthousiaste, l’ambiance restera incroyable durant les 2 heures de concert, les espagnols ont vraiment le sang chaud (Pança).
Niveau vocal, Gary Barden, qui a toujours été assez limité (il coinçait assez vite dans les aigus en 1981, aujourd’hui à 62 ans, imaginez le résultat …), a l’intelligence d’adapter les parties vocales, il chante plus bas, et évite les aigus. Il n’est pas non plus un grand frontman, mais compense largement avec son énergie et sa sympathie. Les morceaux comportant généralement (généreusement aussi!) deux solos, ça laisse à Michael Schenker le loisir de nous régaler, et il joue avec une aisance et une musicalité exceptionnelles. Après Armed And Ready, surprise, c’est le riff de Coast To Coast, tiré du Lovedrive de SCORPIONS, qui retentit, et c‘est parti pour 5 mn de bonheur, ce titre est un des meilleurs instrumentaux du Hard. Quel pied !
A la fin, Barden présente Graham Bonnet, et la 2ème partie du concert commence, avec les titres du seul album sur lequel il a chanté, Assault Attack en 1982. Bonnet tourne en solo assez régulièrement depuis quelques années, et des critiques existent sur ses capacités vocales. Ce soir, dans la cadre de cette tournée, c’est différent, il est seul en scène pendant 3 morceaux seulement. Dés les premières lignes vocales, on voit qu’il donne tout, avec une voix ultra puissante et précise. C’est bien simple, à la fin du 1er couplet, il reçoit une ovation de la salle, et est est même félicité d’un signe par Chris Glen. C’est donc l’envoutant Desert Song, puis le médiocre Dancer (le single de l’époque), sur lequel Gary Barden et Robin Mc Auley font les choristes de luxe, puis enfin le heavy Assault Attack pour finir. Contrat rempli pour le golden Graham (toujours élégant, en chemise et cravate, loin des clichés du genre). Dernier instrumental de la soirée, c’est au tour de Captain Nemo de nous régaler.
Bonnet présente le 3ème et dernier chanteur de la soirée, Robin McAuley, qui vient défendre les albums de sa version de MSG (qui était devenue le McAuley Schenker Group) sur 4 titres. C’est la période de MSG, autant vous dire que c’est donc la pire à mon goût. Je ne connais aucun titre, mais après le moyen No Time For Losers, je suis heureusement surpris par l’excellent Save Yourself, hard rock up tempo sur lequel McAuley est parfait. D’ailleurs c’est le meilleur vocaliste de la soirée, et il porte bien ses 64 ans, avec son look jeune, habillé de cuir avec chaînes et clous, et une voix au top. Les non-mémorables Bad Boys et Love Is Not A Game font retomber l’ambiance d’un cran, mais c’est maintenant le moment de le dernière partie du concert.
Dernière partie, mais pas la moindre, qui voit les 3 chanteurs réunis pour, non pas des titres de MSG, mais des reprises des classiques de UFO ! Petit retour sur les musiciens : Steve Mann est discret, alternant entre claviers et guitare rythmique, Ted Mc Kenna est très efficace derrière sa batterie, pas du style spectaculaire, et son compère Chris Glen (ils commencé à jouer ensemble en 1971!) est toujours aussi sympathique et enchaîne clins d’oeils aux fans, grimaces et sourires.
C’est Rock Bottom qui débute, fabuleux titre avec un des plus beaux solos du Rock, et les 7 ou 8 mn de solo du Maître sont parmi ce que j’ai entendu de mieux en plus de 30 ans de concert. Barden, Bonnet et McAuley se partagent le chant, dans un esprit remarquable, ils s’amusent, se touchent, se regardent, se font des sourires et s’éclatent sur ces titres légendaires, avec Doctor Doctor, Lights Out (ultra puissant), Shoot Shoot et pour finir Too Hot to Handle. Certaines dates auront eu aussi Natural Thing, mais on n’aura pas cette chance.
En résumé, fabuleuse soirée, du plaisir sur scène et dans le public, un bon paquet de classiques du Hard Rock parfaitement interprétés et un Michael Schenker éblouissant, au sommet de sa forme et de sa classe, 2 heures de bonheur absolu.