La cronica del concierto de Barcelona
Si, pour diverses raisons, cela n'avait pas pu se faire jusque là, ça faisait longtemps que j'avais envie de faire un concert à Barcelone. Parce que j'adore la ville, parce que le public catalan a une bonne réputation (j'avais été un peu déçu par le public basque espagnol quelques années plus tôt...), parce que Toulouse est à tout juste quatre heures de route, et surtout parce qu'il y a souvent des affiches de malade qu'on ne voit même pas à Paris. Pour preuve ce concert de Judas Priest, qui fait son retour dans la capitale catalane neuf mois après un concert d'anthologie au Palau Olímpic de Badalone, et toujours dans la tournée "Epitaph", censée être la dernière du groupe. Rob Halford et ses congénères ne repassent pas par la France, où ils avaient fait une prestation remarquée mais trop courte au Hellfest et un Zénith de Paris pas rempli en 2010. Par contre, l'Espagne a droit à leurs honneurs, avec en cerise du le gâteau deux premières parties de haute facture, en l'occurrence UDO et surtout Blind Guardian

. Ils font des salles plus petites (celle où ils avaient joué la dernière fois à Barcelone est comparable à Bercy), mais ils y repassent quand même et ce pour les trois villes ibériques (même si pour la date basque, c'est San Sebastian au lieu de Bilbao) où ils s'étaient produits en août 2010. Impossible pour moi de louper ça en tout cas, je tenais vraiment à voir Judas Priest au moins une fois en salle, surtout avec Blind Guardian qui est l'un de mes groupes préférés toutes catégories
Départ de Toulouse vers 13h30 avec Laex, MDT, Talasquin, sa soeur et son beau-frère pour un voyage tranquille et sans trop d'embouteillages sur l'autoroute du soleil... Et pendant lequel on n'aura fait que boire et raconter des conneries

On avait pris un certain nombre de packs de bière pour le voyage, à la fin il n'en restait plus un seul et en prime, on s'était réapprovisionnés dans une station service espagnole

On arrive en tout cas tranquillement à l'auberge de jeunesse où nous avions réservé une piaule pour six personnes pour pas cher du tout, à deux ou trois kilomètres de la salle. Le temps de poser les affaires et on saute dans le taxi pour aller à la salle. C'est même pas pour se la péter bobo que nous prenons le taxi: on est loin des tarifs parisiens, puisque la course nous revient à moins de 2€ par personne, et on est déposés rapidement. Car pour y aller, ça monte ! Le Palau Sant Jordi, dont le club du même nom où a lieu le concert est une annexe, est en effet situé à Montjuic, la colline qui surplombe Barcelone. C'est très haut, très abrupt, et le panorama est absolument magnifique

. Ca ressemble à une mini esplanade du Trocadéro version art moderne, avec des statues biscornues et assez gigantesques et surtout une vue imprenable sur la ville de Barcelone et sur la mer

Bref, c'est un environnement totalement dépaysant qui donne vraiment l'impression d'être en vacances en plus de venir à un concert de metal

A l'arrivée, il n'y a pas tant de monde que ça en apparence... En fait, même s'il aurait pu y avoir plus de peuple, il devait facilement y avoir 3000 personnes (la salle en contient le double), mais comme l'endroit est immense, on n'a jamais l'impression que c'est bondé et on ne fait pas la queue pour entrer. A l'extérieur en tout cas, une spécialité espagnole que j'avais déjà remarquée quand j'avais été à Bilbao: des Latino-Américains qui proposent des tee-shirts officiels contrefaits pour 10€ devant la salle, et d'autres qui parcourent la foule pour proposer des canettes de bière espagnole (de l'Estrella Damm, plus précisément!) à 1,50€. On retrouvera les mêmes à l'intérieur de la salle proposant ces bières pour 4€ DLC
Une fois dedans, en tout cas, on peut constater que la salle est très grande et très longue. On trouve des bars à l'intérieur, et surtout à l'extérieur, où il y a un patio vraiment sympa

. Comme les Citrouilles ont eu la flemme de sortir de leur tanière et sont restées dans leur cambrousse, on n'a pas fait de photos dans les chiottes, mais elles étaient très bien, ce qui est toujours à signaler en Espagne
Par contre, en entrant, on constate qu'il y a de l'avance sur le planning puisque
UDO a déjà commencé. Ce n'est pas trop grave dans la mesure où je l'ai déjà vu deux fois sur cette tournée, à l'Alcatraz Festival en août et à Pau fin octobre. On loupe donc les trois premiers morceaux (à part "Animal house", ce ne sont pas les meilleurs de la carrière solo d'Udo, de toute manière) et ça nous fait arriver au milieu de "Vendetta". ça fait une bonne petite mise en jambe avant que le groupe n'envoie du lourd en enchaînant sur "Princess of the dawn", toujours jouissive d'autant que c'est le premier tube d'Accept de la soirée

Le groupe est en tout cas parfaitement en place et rien ne dépasse... Même en taille, parce qu'ils ne sont pas bien grands

A Pau, j'étais un peu furax parce qu'ils n'avaient pas joué "Metal Heart", cette fois-ci ils l'ont fait pour mon plus grand plaisir. Et après "Balls to the wall", on a eu droit à un final surprise sur "Fast as a shark"

En tout cas les Catalans chantent aussi bien et avec autant de conviction "Ein Heller und ein Batzen" (l'intro "haïe hi haïe ho haïda", quoi!) que les Allemands bourrés

Et ça fait bien plaisir de l'entendre, je ne l'avais eue en live qu'avec Accept au Wacken 2005 pour la tournée de reformation du groupe. des surprises à un concert d'UDO (à part de mauvaises surprise comme quand ils avaient zappé "Metal Heart" à Pau

), c'est quand même assez rare pour être signalé

Le groupe a bénéficié d'un son correct mais sans plus, et sans décorum particulier... Des conditions de première partie, quoi! A l'inverse de mes camarades qui ont fini le concert à boire de la San Miguel au patio extérieur, j'ai beaucoup aimé. ça fait une très bonne mise en bouche pour la suite, quoi
Playlist d'UDO:
Rev-Raptor
Animal House
Leatherhead
Vendetta
Princess of the Dawn
Man and Machine
Metal Heart
Balls to the Wall
Fast as a Shark
Après s'être bien désaltérés (deux ou trois pintes, pas plus

) et avoir fait la connaissance d'un couple d'Anglais sympas, c'est
BLIND GUARDIAN qui investit les lieux. Je suis bien content de les voir, ça faisait quand même presque quatre ans! D'ailleurs, la dernière fois, c'était aussi en Espagne, au festival Kobetasonik 2008 à Bilbao. Mais ça me fait quand même bizarre de les voir en première partie d'un groupe, aussi grand soit-il. Blind Guardian, c'est quand même le groupe qui fait systématiquement les têtes d'affiche des gros festivals à chaque sortie d'album, qui a organisé son propre fest sur deux jours et qui attire le plus de monde à Wacken. Mais Judas Priest, c'est Judas Priest

. Et puis pour une première partie, ils vont quand même jouer longtemps, pas loin d'une heure vingt. Ca commence tranquillement avec "Sacred worlds", seule chanson extraite de leur dernier album en date, "At the edge of time". Ce n'est pas ma préférée, loin de là... Par contre après ça, c'est le sans faute, la jouissance ininterrompue, du headbanging à tout va et une corde vocale pétée à la fin

Dès les premiers riffs de "Welcome to dying" sur lequel ça embraie, ça le fait grave

Certes, Hansi n'est toujours pas le frontman le plus charismatique qui soit, mais je trouve quand même qu'il a fait des progrès. Ca joue comme d'habitude super pro et carré, et le public est toujours réceptif pour reprendre les refrains en choeur. Un concert de Blind Guardian, c'est toujours une grande kermesse du metal où tout le monde chante en choeur et où la bière coule à flots

Comme ils sont en première partie, la ferveur n'est pas tout à fait la même que s'ils étaient tête d'affiche, mais les fans catalans sont bien présents quand même. La playlist est en tout cas bien tournée vers les classiques du groupe, puisque des années 2000 ne seront jouées que "Sacred world" et "Turn the page" (ce qui permet d'échapper à "Fly"!). L'enchaînement "Majesty", "Lost in the Twilight Hall" et "Valhalla" est absolument jouissif

En fait, les tubes s'enfilent comme des perles, sans temps mort, et le concert file à la vitesse grand V sans qu'on s'en aperçoive. Pour chipoter, ils auraient quand même pu ne pas virer "The script for my requiem" et jouer des morceaux speed de "Somewhere far beyond". De cet album, il y a bien sûr l'inévitable "The bard's song", chantée en choeur par le public à la place de Hansi, mais un ou deux autres morceaux plus carton n'auraient pas dépareillé avec le reste de la playlist. Mais ce n'est que mon avis de fan qui chipote

Seul vrai point négatif quand même: le son était un peu étouffé et la voix de Hansi était sous-mixée par rapport aux parties instrumentales. Mais ça restait quand même correct et ça n'a pas gâché la prestation. Maintenant, vivement que je les revoie en tête d'affiche!
Playlist de BLIND GUARDIAN:
Sacred Words
Welcome to Dying
Nightfall
Turn the Page
Time Stands Still (at the Iron Hill)
Majesty
Lost in the Twilight Hall
Valhalla
Bright Eyes
Imaginations From The Other Side
The Bard’s Song: (in the Forest)
Mirror Mirror
Mais j'ai beau être ultra-fan de Blind Guardian,
JUDAS PRIEST, c'est quand même autre chose. Quarante ans d'histoire du metal, une discographie aussi riche que variée bourrée de classiques intemporels, et d'innombrables groupes qui n'auraient probablement jamais le jour s'ils n'avaient pas un jour posé une oreille sur leurs albums

... A commencer par Blind Guardian et toute la scène allemande, d'ailleurs! Bref, si Blind Guardian est un grand groupe, Judas Priest est une légende vivante

Ils vont aussi le montrer par leurs performances live. J'attendais de les revoir avec d'autant plus d'impatience que j'avais été assez frustré au Hellfest l'année dernière. Leur prestation avait été énorme mais trop courte: à peine une petite heure et demie alors que sur TOUTES les autres dates de la tournée (en salle comme dans les autres festivals), les Anglais avaient joué deux heures et quart. Comme je n'ai pas eu la possibilité de voir d'autres dates, j'ai vraiment eu l'impression de voir la moins bonne

Enfin bon, ce temps de jeu réduit a toujours été le défaut principal du Hellfest, quel que soit le groupe... Là, c'est l'occasion de rattraper le coup, avec un résultat au delà des espérances. Par contre, il n'y a pas de surprise à espérer de la playlist: elle reste rigoureusement la même d'une date à l'autre, avec un ordre inchangé pour les chansons. C'est la seule chose que je reprocherais au Priest, d'autant plus qu'ils étaient déjà venus dans la même ville sur la même tournée à peine neuf mois plus tôt. C'est vrai qu'ils ont un show carré avec pleins d'effets spéciaux, comme peut le faire Rammstein dans une moindre mesure, et que ça n'est pas propice à l'improvisation. Mais je pense qu'ils auraient quand même pu sélectionner une quarantaine de chansons pour la tournée et les alterner d'une date à l'autre...
Il faut une grosse demi-heure pour installer la scène, le temps de boire quelques pintes et de taper la discute avec un couple d'Anglais très sympas (un mec avec un tee-shirt Blind Guardian et une fille avec un tee-shirt Sabaton, ça attire forcément la symapthie

), on se retrouve tous à quinze mètres de la scène sur la gauche et ça va être deux heures vingt d'orgasme musical (mais pas anal, malgré Rob

). Après l'intro "War pigs / Battle hymn", le groupe débarque sur un enchaînement "British steelien" avec "Rapid fire" et "Metal God", sous fond de pyrotechnie (ça fait du bien de voir des pyros en salle, d'où l'avantage aussi d'aller voir des concerts hors de France!) et avec sur l'écran de fond une image de ville industrielle ravagée évoquant un Birmingham post-apocalyptique

Le public répond en tout cas bien présent, et Rob Halford est à la fois en forme et en voix. Il n'en est plus à courir partout en tenue SM avec un fouet à la main comme dans les 80's, mais à 60 ans, il n'a forcément plus la même forme physique qu'à la grande époque. Par contre, il tient très bien la scène, sans en faire des tonnes dans les discours. Il va changer de tenue suivant les morceaux (le top étant la cape de grand prêtre sur "Prophecy", et bien sûr la tenue de motard sur "Hell bent for leather"). Niveau décorum, c'est aussi la grande classe, avec un lightshow somptueux, de la pyro, donc, et un écran géant aux images évoquant la carrière du Priest, changeant à chaque chanson. J'apprécie beaucoup plus le visuel qu'au Hellfest. C'est le même, mais ça rend mieux en salle qu'à un festival en plein air où la nuit n'était pas complètement tombée

. Pour ce qui est de la playlist, c'est donc la même, je l'ai déjà dit. Mais enrichie! Avec entre autres "Turbo lover", "Diamonds and rust" (avec une intro magnifiquement chantée a capela par Rob Halford sur cette reprise de Joan Baez

) et un "The sentinel" qui m'a rendu tout chose

, ça prend une autre dimension. Et puis bien sûr, "Blood red skies", "Beyond the realms of death", "Night crawler", "Electric eye", c'est tripant et ça déchire tout

Sans oublier "Painkiller", qui a été chantée sans fausse note (ce qui est loin d'avoir été toujours le cas...)

et "Breaking the law", où c'est le public qui chantait les refrains. Même si on aurait pu mettre autre chose que "Never satisfied", la playlist n'a souffert quasiment d'aucun défaut. On a quand même tous eu un coup de mou pendant les rappels, qui sont de très bonnes chansons mais qui n'ont pas l'intensité de celles qui ont été jouées avant.
Question présence, mention spéciale à Ritchie Faulkner, le remplaçant de KK Downing. Au Hellfest, il m'avait fait bonne impression mais c'était l'un de ses tout premiers concerts avec Judas Priest et il paraissait assez intimidé. Il s'était appliqué à jouer les parties de KK et à prendre ses pauses. Là, il a désormais toute sa place dans le groupe et en plus de jouer toujours à la perfection, il a pris une énorme assurance. C'est même lui qui a fait preuve de la plus grande présence scénique, plus encore qu'un Rob Halford pourtant en bonne forme. Pour le reste, c'est carré et on sent le groupe soudé et content d'être là.
Que dire de plus? Super groupe, super son, super visuel, super premières parties, super salle... Concert de l'année, tout simplement
Playlist de JUDAS PRIEST:
Battle Hymn
Rapid Fire
Metal Gods
Heading Out The Highway
Judas Rising
Starbreaker
Victim of Changes
Never Satisfied
Diamonds and Rust
Prophecy
Night Crawler
Turbo Lover
Beyond The Realms of Death
The Sentinel
Blood Red Skies
The Green Manalishi
Breaking The Law
Painkiller
Electric Eye
Hell Bent for Leather
You’ve Got Another Thing Comin’
Living After Midnight
Après cette boucherie, Talasquin malade juste après le concert (abus d'alcool plus contraste chaud froid) rentre en taxi avec sa soeur et son beauf, tandis qu'avec Laex et MDT, nous descendons à pied les collines de Montjuic. Et comme on a faim, on va se manger une assiette de tapas à la terrasse d'un bar vers 2h du matin

Viva España !
Bref, j'ai adoré cette escapade en terre catalane. Vivement la prochaine fois, et espérons aussi que cette tournée de Judas Priest ne soit pas vraiment la dernière
